Avec quelques mois de retard sur sa sortie, je chronique avec un plaisir non dissimulé le troisième album de 4ARM. Si les deux premiers albums semblent être sorti dans l’anonymat général -en tout cas, je n'avais jamais entendu parler d'eux et Google ne connaît presque que ce dernier effort-, ce troisième effort semble bien parti pour faire entrer 4ARM dans la cour « des groupes qui tournent » (à défaut des « groupes qui comptent », ça c'est peut-être pour le prochain album ! ).
4ARM cache, derrière un nom bizarre mais original, des p'tit malins venant d'Australie. Des « petits malins » car ces mecs là semblent avoir compris un truc qui a de l'importance mais qui semblent parfois bien caché sous les couches de conneries qu'on peut voir dans le Metal moderne : l'efficacité, la brutalité, de la simplicité et un truc bien classique mais qui envoie du bois. Bref, 4ARM fait du Thrash, certes contemporain sous bien des aspects, mais les amateurs du genre, dont je suis, reconnaîtrons immédiatement un groupe de gars qui font partie des leurs. On est sans doute en 2012, mais avant la fin du monde, les Aussies n'oublient pas de nous envoyer ce Submisson For Liberty qui sonne comme une régurgitation bien foutue d'une digestion de 30 ans de Thrash.
On trouvera donc sur cet opus tout ce qui fait la réussite d'un bon album Thrash : des riffs bétonnés par une batterie bien lourde et qui soutiennent de beaux soli de guitares « à l'ancienne », c'est à dire, loin des branlettes parfois un brin casse-couilles de certains shredder (non, je ne citerai pas de nom). La voix, bien placée, quelque part entre chant et agressivité emballe le tout dans un joli paquet cadeau qu'on prend plaisir à offrir à nos oreilles. 4ARM est une machine à headbanger, ni plus, ni moins. A propos des musiciens, je voudrais juste signaler que le batteur (Michael Vafiotis) fait un job absolument parfait d'un bout à l'autre. Puissant et subtil à la fois, ingénieux, son jeu ne souffre d'aucune critique majeure, c'est vraiment bien foutu. Que ça soit clair, le reste n'est pas du tout en reste, notamment la guitare lead, tout le groupe joue très bien et de manière très pro, mais Michael Vafiotis ne tombe dans aucun des deux grands pièges du batteur extrême moderne : tout à la double pédale et un jeu totalement absent aux mains (ou alors, basique au possible), les deux allant souvent de paire.
Niveau structure, c'est aussi du classique. Les morceaux sont plus longs que la moyenne (on dépasse régulièrement les 5 minutes), l'agressivité est bien là avec aussi ces passages plus calme qui permettent de faire remonter la sauce vers la moitié du titre. C'est un exercice qui se révèle souvent assez difficile à bien réaliser (il suffit d'écouter au hasard 10 nouveaux albums envoyés par les labels pour s'en rendre compte, ou plus simplement, d'essayer avec son propre groupe), et 4ARM le réussit haut la main.
En fait, je n'ai pas trop de reproche à faire à cet opus. Comme toutes les autres sorties du genre revival Thrash, on pourra toujours un peu se plaindre du manque d'imagination. C'est une critique courante et facile à l'encontre des musiques qui se veulent rétro. Si elle n'est pas sans fondement (4ARM n'invente pas l'eau chaude), elle est aussi un peu futile car, sonner « comme dans les années 80 mais avec une touche contempo'», c'est bien un peu le but du jeu… Mais, et c'est la qu'est la petite astuce chez 4ARM, alors que certains groupes sont redondants et chiants au possible et le tout dans un style très éculé, 4ARM réussit à jouer dans un style très classique et bien balisé tout en ajoutant les « petites choses » qui changent tout. L'approche parfois mélodique n'y est sans doute pas pour rien : elle permet d'éviter qu'on se lasse à l'écoute.
On pourrait éventuellement regretter aussi -mais c'est affaire de goûts- une production trop clinquante. On sent que derrière ce skeud, il y a du budget et quelqu'un aux manettes qui sait comment faire sonner du Metal en 2012. Pas de surprise à ce niveau là : il s'agit du célèbre Matt Hyde, qui s'est déjà fait remarquer pour son boulot avec Machine Head, Slayer, Children Of Bodom et bien d'autres.
Avec ce Submission For Liberty, je pense que 4ARM vient de rentrer d'un grand coup de riff bien rugeux dans le peloton tant envié des groupes qu'il faut suivre. Et ce n'est pas réservé qu'au nostalgique du Speed/Thrash des 80's. Tout fan de Metal trouvera dans ce troisième album des Australiens de quoi satisfaire son envie de musique énergique.
Poney [8/10]
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Rising Record – 2012
01. Sinn Macht Frei, 02. While I Lie Awake, 03. Raise A Fist, 04. Submission For Liberty, 05. The Oppressed, 06. I Will Not Bow, 07. Taken Down, 08. My Father's Eyes, 09. The Warning, 10. Blood Of Martyrs