Archive for août, 2012

Il est des groupes dont l'on se souvient surtout pour le parcours ultérieur de leurs musiciens. C'est largement le cas de Grand Prix, un groupe de hard mélodique britannique à la croisée du hard rock, du pomp rock et de l'AOR. De nos jours Grand Prix est surtout associé à Robin Mc Auley qui fut le deuxième chanteur du groupe avant de chanter pour Michael Schenker dans MSG et Phil Lanzon, l'actuel claviériste d'Uriah Heep. Mais en 1983, nous n'en étions pas là et la maison de disque du groupe, Chrysalis, avait beaucoup d'espoirs pour Grand Prix, malgré les ventes décevantes du deuxième opus des Anglais, There For None To See. Et on peut le comprendre à l'écoute de cet ultime essai, Samourai, que réédite judicieusement Rock Candy. 

Emmené par la voix déjà très classieuse de Robin Mc Auley, et les compositions de Phil Lanzon et de Michael O'Donoghue (guitares), Samourai, s'avère un disque de Hard mélodique de haute tenue. Certes il ne faut pas être allergique aux claviers nombreux et souvent prédominants (« Give Me What's Mine » dans une veine très « pomp hard rock ») et aux chœurs souvent marqués de l'influence de Queen (« Countdown To Zero ») pour apprécier Grand Prix. Mais si cette orientation ne rebute pas et si on est sensible à la maîtrise techniques des interprètres, il faut reconnaître que les titres cités ou que les « Here We Go Again », « Somewhere Tonight » etc., sont tout à fait irrésistibles. Le groupe s'autorise même une échappée à la lisière du heavy et du progressif sur les sept minutes et demi d'un « Samourai » en clôture de disque. Après une entrée en matière plutôt calme, une embardée saisie le lecteur pour ne plus le lâcher jusqu'à la fin. Mais ce cas particulier mis de côté, Samourai est exempte de toute influence New Wave Of British Heavy Metal.

C'est peut-être une des causes de l'échec du groupe, échec qui entraîna un split définitif. Grand prix sombra par la suite dans l'oubli, jusqu'à ce Rock Candy décide de rééditer son premier disque en 2009. Pour ce Samourai, encore une fois le travail de réédition de Rock Candy a été exceptionnel : interview des musiciens, remastering excellent et deux titres lives constituent encore d'autres arguments pour découvrir un excellent disque. 

Baptiste [8/10]

 

Rock Candy / 2012

Tracklist (53:52) : 01. Give Me What's Mine 02. Shout 03. 50/50 04. Here We Go Again 05. Countdown To Zero 06. Somewhere Tonight 07. High Time 08.Never Before 09. Freedom 10.Samurai Bonus track : 11. Keep On Believing (live) 12. Feels Good (Live)

Linkin Park – Living Things

Comment générer l’hostilité de 80 % de la communauté métal en deux mots ? LINKIN PARK. Sans que je ne comprenne encore complètement pourquoi, ce groupe semble cristalliser le ressentiment de biens des métalleux. Il suffit de lire les commentaires assassins sur Blabbermouth par exemple pour se rendre compte du phénomène. Déjà, l’album précédent avait créé la polémique et divisé profondément. Notre rédaction n’y a d’ailleurs pas échappé, c’est un euphémisme de dire que certains n’ont pas apprécié (cf la chronique ici). Patate développait de nombreux arguments recevables et pourtant j’ai été séduit par A Thousand Suns qui m’a scotché avec ces compositions comme « Waiting For the End » ou « The Catalyst ».

Tout le monde le sait désormais, LINKIN PARK ne fait plus vraiment du métal mais plutôt un rock alternatif très très fortement orienté électro. Les puristes vont hurler, le groupe est effectivement désormais assez loin des riffs tranchants, des rythmiques plombées et du chant agressif d’un Hybrid Theory. Mais franchement, quand je vous l’état de la scène Nu-métal, je me dis que les américains ont eu cent fois raison d’évoluer vers autre chose. LIMP BIZKIT s’auto-parodie lui-même, KORN n’en fini pas de dépérir et les autres ont disparu des écrans radars. Pour être honnête, seul DEFTONES semble avoir encore un avenir. Et LINKIN PARK a su conserver les qualités qui ont fait sa force auparavant : des mélodies ultra accrocheuses, des refrains efficaces au possible et une énergie enthousiasmante. Joe Hahn (platines, effets) a pris l’ascendant sur Brad Delson (guitares) mais le mélange reste tout aussi savoureux.

Living Things est un album très solide, beaucoup trop court et pas exempt de défauts, mais j’ai pris mon pied en l’écoutant. Le premier single « Burn It Down » fait mouche et il reste gravé dans ma tête. C’est la même chose pour « Lost in the Echo » ou encore « I’ll Be Gone ». Nous sommes parfois plus proche d’un PRODIGY ou insulte suprême, d’un SKRILLEX. Franchement quelle claque ! A l’écoute d’un « Victimized » on se dit que LINKIN PARK n’a rien perdu de sa rage mais il l’exprime différemment, avec talent. La paire Bennington et Shinoda fait encore des merveilles et illumine avec classe tout l’album.

Il me semble assez triste de brûler aujourd’hui les idoles d’hier. La vague néo est passée et semble désormais vouée aux gémonies. Tout le monde ne jure plus que par cette vague deathcore sans grand intérêt. Plutôt que de disparaître, LINKIN PARK a choisi d’évoluer quitte à laisser une grande partie de son public au bord de la route. Certains diront suicidaire, d’autre courageux mais personnellement j’adhère 100 % à cette démarche.

Oshyrya [8,5/10]

 

Site Officiel

 

Warner Bros / 2012

Tracklist (37:04 mn): 01. Lost In The Echo 02. In My Remains 03. Burn It Down 04. Lies Greed Misery 05. I'll Be Gone 06. Castle Of Glass 07. Victimized 08. Roads Untraveled 09. Skin To Bone 10. Until It Breaks 11. Tinfoil 12. Powerless

Katatonia – Dead End Kings

A l’entame de la rédaction de cette chronique, je suis pour le moins perplexe. J’hésite, ne sachant pas trop à quel saint me vouer. KATATONIA enfonce le clou et confirme plus que jamais son virage vers des cieux toujours aussi troublés et déprimant mais beaucoup moins violent dans leur forme. La parenté avec Watershed d’OPETH par exemple est assez évidente dans l’esprit. Et mon désarroi vient de la ressemblance de Dead End Kings avec son génial prédécesseur Night is the New Day. Faut-il, comme le label, saluer la continuité ou se désoler de ce manque d’ambition et d’inspiration ?

Le grand changement notable pour KATATONIA se situe au niveau du groupe lui-même. Pour ce neuvième opus, Nystrom et Renkse se sont entourés de nouveaux camarades avec l’arrivée du guitariste Per Eriksson et du bassiste Niklas Sandin. Pour le reste, on prend les mêmes et on recommence avec la collaboration de Frank Default qui enrichit avec talents les compositions du groupe de samples à même d’approfondir les ambiances. Car on ne peut que louer le talent des suédois pour offrir des mélodies envoûtantes capables de transmettre énormément d’émotions. La mélancolie du chant de Renkse est poignante et ne peut laisser insensible l’auditeur. Sa maîtrise est impressionnante. A l’image d’un « Forsaker » sur le précédent album, KATATONIA fait preuve d’un immense talent sur « The Parting » ou encore « Dead Letters ». Mais ces deux superbes compositions sont un un l’arbre qui cache la fôret. Sans jamais tomber dans l’insipide, les autres chansons oscille entre l’agréable et le très moyen sans jamais réussir à susciter l’enthousiasme. La présence de Silje Wergeland de THE GATHERING sur « One You Are Looking for is Not Here » est également un des points culminants du disque. Les deux voix se marrie à merveille et apporte une touche de douceur dans l’univers particulièrement déprimant des suédois.

Même s’il n’est pas présenté comme cela, il m’apparait que Night is the New Day et Dead End Kings sont les deux faces d’une même pièce et ces deux albums explorent des horizons assez semblables. C’est un peu triste car en prenant le meilleur de chacun d’eux, nous aurions obtenu un album homogène et absolument fabuleux. Nystrom et Renkse ont un talent fou c’est évident mais avec Dead End Kings, ils semblent s’être contentés de reproduire les recettes du passé. Attention à la crise de foie.

Oshyrya [07/10]

 

Site Officiel: http://katatonia.com/ & http://deadendkings.com/

Myspace Officiel

 

Peaceville / 2012

Tracklist (48:46 mn): 01. The Parting 02. The One You Are Looking for is Not Here (with Silje Wergeland) 03. Hypnone 04. The Racing Heart 05. Buildings 06. Leech 07. Ambitions 08. Undo You 09. Lethean 10. First Prayer 11. Dead Letters