Archive for août, 2012

Testament – Dark Roots of Earth

Dixième album du groupe californien qui n'a plus rien à prouver. 25 ans de carrière au compteur pour ce survivant du Thrash que bien peu auraient cru voir sur le devant de la scène de nos jours. Testament c'est à l'instar de Spinal Tap un groupe qui a « consommé » un nombre invrai-semblable de batteurs (dont Dave Lombardo pour n'en citer qu'un), le dernier en date, Paul Bostaph à laissé la place (divergences, tendinite…) au phénoménal Gene Hoglan.
Et on n'y perd pas au change en matière de matraquage de fûts. Au delà de ça, le line up d'origine est conservé à 80 %. La première claque vient vite avec le percutant « Rise Up », on y constate d'emblée que le son est moderne et massif, façonné par un expert en là matière, Andy Sneap. 

Chuck Billy l'affirme, il a encore quelque chose à dire, on veut bien le croire, mais on peut toujours craindre le radotage avec les vieux de la vieille… En tout cas l'album Dark Roots Of Earth, à défaut d'apporter quelque chose de nouveau, met en valeur le passé du groupe, dans toutes ses facettes. L'approche musicale rappellera avant tout d'ou vient le groupe qui ne renie rien. Le groupe nous sort une longue ballade – « Cold Embrace » qui semble tout droit sortie de The Legacy. Reconnaissons à ces quelques moments de douceur dans un disque de brute d'être bien ficelés. Et la tonalité reste tout de même assez rugueuse pour ne pas ramollir l'ensemble de l'album.

Tandis que les compos les plus brutales dont « Rise Up » qui entame magistra-lement l'album, sont bien présentes. On peut en compter une bonne moitié sur l'album qui vont martyriser les conduits auditifs pour le plus grand plaisir des thrasheurs. Deux d'entre elles sur cinq se distinguent dans l'agression, « Native Blood » et « True American Hate » qui sont agrémentées de blasts dévastateurs. Un régal.

Testament assume tout son passé, le chant de Chuck Billy sur « A Day In The Death » et la structure rythmique du titre rappelle l'album Practice What You Preach. « Throne Of Thorns » se situe dans le même état d'esprit. Alex Skolnick et Eric Peterson ne sont pas en reste pour nous livrer des solis de hautes volées, sur « Rise Up », « Throne Of Thorns », ou sur le titre éponynime de l'album. Hé oui contrairement à une légende urbaine persistante, les deux guitaristes se sont équitablement répartis les soli… Eric Peterson, toujours principal compositeur du groupe, voulait mixer les aspects mélodiques de l'album précédent et les aspects brutaux de The Gathering, dans l'ensemble on ne peut que lui donner raison. 

On sera un poil plus circonspect en revanche sur les titres en bonus, la version rallongée de « Throne Of Thorns » n'apporte pas grand chose. Le triturage brutal de titres de Scorpions et Queen passe moins bien que la reprise d'Iron Maiden. L'album, et c'est heureux, est nettement plus intéressant. Les fans, et les amateurs de thrash old school, y trouveront leur compte, du thrash à l'ancienne, solide et varié. Le thrash en provenance d'Allemagne nous a démontré en cette année 2012 sa vitalité, à n'en pas douter la réponse de la Bay Area se situe à la hauteur.

Hamster (08.5/10)
 
 
 
Nuclear Blast / 2012
 
Tracklist (50:48, 74 minutes avec bonus) : 01. Rise Up 02. Native Blood 03. Dark Roots Of Earth 04. True American Hate 05. A Day In The Death 06. Cold Embrace 07. Man Kills Mankind 08. Throne Of Thorns 09. Last Stand For Independence 
 
The Dark Roots of Earth CD/DVD
Bonus: 10. Dragon Attack (QUEEN cover) 11. Animal Magnetism (SCORPIONS cover) 12. Powerslave (IRON MAIDEN cover) 13. Throne Of Thornes (extended version) + Bonus DVD

Grave – Endless Procession Of Souls

Nous voici donc aujourd’hui en présence d’Ola, chanteur et guitariste de Grave. Ola, Endless Procession Of Souls va bientôt tomber dans les bacs. Que peux-tu nous en dire ?

– Je pourrais te faire le discours promo standard, « c’est l’album le plus heavy qu’on ait jamais enregistré », et te laisser des étoiles plein les mirettes en te racontant à quel point on voulait faire le lien avec l’essence même de notre genre, l’époque You’ll Never See, tu vois, mais bon, on va pas tortiller du fion pour pondre un hareng fumé, c’est du Grave pur jus, coco, aucune évolution, aucune prise de risque, le business comme d’hab’, quoi, tranquillou gros.

C’est bien beau, tout ça, Ola, mais ne crains-tu pas une certaine lassitude du fan de base, d’autant plus que de nouveaux groupes suédois pondent aussi des albums de Death suédois old school franchement efficaces ?

– Attends, coco, tu te fous de moi ou quoi ? Sont marrants, ces petits nouveaux, ils pondent une galette passable et ils se croient déjà dans le pays à leur mère. Merde, quoi, j’ai chié You’ll Never See quand ils étaient encore une vague idée dans les couilles de leur père. Et puis, entre nous, tu aimes le Thrash ?

Euh oui, clairement, mais je vois pas le rapport.

– Attends, tu vas comprendre. Le dernier Suicidal Angels, il est comment ?

Pas mal, il avoine bien, bon feeling…

– … Mais ça vaut pas Kreator ou Slayer, non ?

Mmouais, t’as marqué un point, Ola.

– Voilà, t’as tout pigé. Grave, c’est un des quatre piliers du Death old school suédois, inébranlable depuis des lustres. Les années passent, les modes changent, et on est toujours là. Tu pensais quoi ? Que j’allais me faire une mèche et me mettre au Deathcore ? Beh non, Grave fait du Death. Ça vole pas haut, c’est pas original, mais on est toujours là, ce qui prouve qu’on a encore de beaux restes, non ? Et puis, entre nous, quand t’as écouté l’album, t’as réussi à ne pas secouer la tignasse comme un con, tout seul avec ton iPod dans le train ?

Non.

– Beh voilà, mission accomplie. T’as beau te dire qu’on fait toujours la même chose, il y aura toujours cette petite voix au fond de toi, qui te murmure à l’oreille « envoie la mousse, grosse ! », t’exhorte à headbanguer à t’en péter la nuque et court-circuite ton sens critique. Et tu sais que tu aimes ça. Et puis, tu voulais du changement ? Regarde la tracklist : tous ces noms de morceaux, beh c’est du neuf, des titres qu’on n’avait jamais utilisés ! Et la pochette, hein ? Beh ouais, coco, là aussi, c’est du neuf. Plus rien à demander ? Allez, dégage et retourne te secouer la tête sur Endless Procession Of Souls !

(Note du chroniqueur : bien entendu, cette interview est purement fictive. J’ai pris la liberté de faire dire à Ola ce que je pense de cet album. Au final, Grave n’a plus rien à prouver, le propos a beau ne pas varier fondamentalement, l’efficacité est au rendez-vous… mais avouez qu’une chronique standard aurait eu le mérite d’être aussi chiante que le dernier album de Suicide Silence).

Mister Patate [8/10 sur l’efficacité, 2/10 sur l’originalité]

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Century Media Records – 2012
Tracklist 1. Dystopia 2. Amongst Marble and the Dead 3. Disembodied Steps 4. Flesh Epistle 5. Passion of the Weak 6. Winds of Chains 7. Encountering the Divine 8. Perimortem  9. Plague of Nations 10. Epos

 

Devilish Impressions – Simulacra

« Icaros », premier titre de ce nouvel album du groupe polonais Devilish Impressions, entame les hostilités de manière attrayante pour tout amateur de Black metal symphonique, agressif et bien produit. Les riffs de guitares classiques mais efficaces accrochent les conduits auditifs, làs on n'en dira pas autant des parties de chant clair qui font office de sortie de route et dérangent plus que tout. N'est pas Vortex (ex Dimmu Borgir) qui veut…
« Legion Of Chaos » et son riff à la limite de l'emprunt à la rythmique de Beneath The Remains (Sepultura), est un poil plus brutal et brouille les pistes, Devilish Impressions ne se cantonne pas seulement dans le Black metal symphonique, le groupe aime le Death semble t-il… « Lilit » arrive, et là c'est le drame un titre qui se traine, avec orchestrations de rigueur, et un chant clair toujours aussi peu convaincant… le Black Metal qui frôle la guimauve, c'est un peu incongru. Mais avec leur troisième album Devilish Impression  semble y parvenir.
Au fil de l'écoute on se demande à quoi peut bien correspondre l'étiquette, « Avant garde Black Metal ». Le groupe oscille entre l'option brutale et l'option symphonique sans vouloir vraiment trancher dans le vif, et le chant clair, loin d'être une réussite hérisse les poils dès qu'il apparait.
Dommage, le groupe maîtrise l'art du tabassage en règle des esgoudres, sans pour autant se distinguer d'illustres confrères de la même contrée, plus percutants. C'est l'écueil majeur auquel se confronte le groupe, il emprunte un chemin balisé, au point que les titres défilent sans imprimer leur marque. Il reste quelques bonnes idées, bien produites, bien exécutées, mais auxquelles il manque cruellement l'inspiration.
 
Hamster (06/10)
 
 
 
 
Lifeforce Records / 2012
 
Tracklist (40:00) : 1. Icaros 2. Legions of Chaos 3. Lilith 4. Fear No Gods 5. Scream of the Lambs 6. Spiritual Blackout 7. Vi Veri Vniversum Vivus Vici 8. The Last Farwell 9. Solitude (instrumental)