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Mister Patate
Août
23
C’est la crise, le système est pourri, tout se casse la gueule… un terreau idéal pour des groupes contestataires désireux de faire passer leur message avec force. L’exemple le plus flagrant est, certes, Napalm Death, mais au rayon des formations ressentant le besoin de ventiler leur point de vue, Martyrdöd marque des points avec un album dévastateur.
Sorti chez Southern Lord Records (ze label au nez creux qui nous réserve souvent d’excellentes surprises), cette nouvelle livraison de ces furieux Suédois cogne là où ça fait mal. Paradoxalement, point de son de guitare à la Entombed (son pourtant affectionné par les formations américaines sur le même label), mais un son plus neutre, plus passe-partout. Les rythmiques, quant à elles, sont basiques : du D-beat en continu. Innovation nulle, certes, mais aucune difficulté pour suivre le rythme ! Et le chant ? Ici aussi, on a droit à la base : un seul timbre, aucune variation, une hargne non feinte pendant 11 pistes. Sur le papier, voilà qui n’est pas vraiment tentant, reconnaissons-le.
Et pourtant…
Ce caractère basique constitue justement la force de l’album. Sans le moindre chichi, sans complexité ni complexes, Martyrdöd balance la purée sans répit. Et ça marche. Tout se met parfaitement et le résultat est convaincant. Vous me direz que combinez trois trucs est plus simple que faire du Origin (un des rares groupes qui recrutent son batteur sur la base de ses connaissances en physique quantique) et que faire du Crust/Punk/D-Beat/Hardcore est à la portée du premier con venu, mais je vous mets au défi de faire aussi efficace. Con comme un table, mais efficace. Un peu comme votre voisin, vous savez, celui qui arrive pas à écrire « dictionnaire » mais qui n’a pas son pareil pour détruire un mur. Voilà. Vous avez compris. Martyrdöd a pas inventé l’eau chaude, mais il abat les murs. On ne lui demande pas plus.
Mister Patate [7/10]
Myspace officiel
Southern Lord Records – 2012
Tracklist 1. Nog Är Nog 2. Överkom Er Rädsla 3. Klassfienden 4. Hör Världens Rop 5. Ett Hjärta Av Eld 6. En Tragisk Zeitgeist 7. Det Sker Samtidigt 8. Paranoia 9. Köttberg 10. Avbön 11. Varje Val Har Sitt Pris
Dix millions de disques vendus et une pelletée impressionnante de disques de platine dans les années 80 ; des prestations live hautes en couleur servies par l'énergie indéniable de musiciens canadiens compétents à défaut d'être géniaux ; une somme de hits AOR très accrocheurs, construits sur quelques mélodies habiles et un sens inné de ce qui attire l'oreille de l'auditeur des radios US. Voici sans doute, ce que l'on retient des canadiens de Loverboy, plus de trente après leur premier album, l'éponyme Loverboy (1980). Ces hits sont présents en force sur ce Rock 'n' Roll Revival – neuf pour être exact – qui n'est donc pas un vrai nouvel album mais qui relève de la trop fréquente pratique du réenregistrement par un groupe de ses classiques. Nous ne sommes donc pas du tout devant un nouveau disque, succédant Just Getting Started (2007). On ne connaît pas les raisons officieuses d'un tel choix : désir de reprendre un contrôle sur des morceaux qui échapperaient à leurs auteurs ; besoin d'une nouvelle parution avant une tournée avec Journey… qui sait ?
Le groupe nous propose donc de nouvelles versions des si connus « Turn Me Loose », « Working For The Weekend », « Lucky Ones » ou « Lovin' Every Minute » (et j'en passe). Ces titres profitent d'un réenregistrement sous la houlette de Bob Rock, ce qui fait qu'ils jouissent d'un contexte sonore quand même meilleur que ce que l'on faisait il y a trente ans. Les musiciens ont par ailleurs apporté quelques modifications à leurs chansons, notamment au niveau des parties de guitares plus rock et plus étoffées (c'est patent sur « Turn Me Loose »). On constatera en outre que cela entraîne un certain allongement des durées sur certaines chansons, l'effet étant particulièremen raté sur un interminable « Hot Girls In Love », affublé d'une pseudo jam pesante et d'un solo de basse à faire se retourner dans sa tombe le malheureux Jaco Pastorius. L'ambition était louable mais s'avère au final ratée.
L'intérêt de ce Rock 'n' Roll Revival pourrait apparaître très relatif et, pour découvrir la musique du groupe, on pourrait plutôt conseiller l'excellent live Live, Loud and Loose qui contient tous ses meilleurs morceaux, dans un cadre de concert très dynamique. Toutefois, sans doute conscients des critiques qui allaient leur être adressées, les gars de Loverboy ont ouvert leur disque par trois nouvelles compositions : « Rock 'n' Revival », « No Tomorrow », « Heartbreaker ». J'ai été franchement étonné de constater la qualité que pouvait accrocher le groupe de Mike Reno trente ans après les Get Lucky et Keep It Up de jadis. Il y avait sans doute quoi mitonner un album de rock mélodique de haute tenue, s'inscrivant parfaitement dans une discographie que beaucoup jalouserait. Voilà encore une occasion de regretter le statut au final trop bâtard de ce Rock 'n' Roll Revival. Au moins sommes-nous tenus intéréssés par Loverboy et ce que le groupe pourrait de nouveau proposer à l'avenir.
Baptiste [6,5/10 pour la démarche]
Site Officiel
Frontiers / 2012
Tracklist (58:16) : 01. Rock ‘N’ Roll Revival (4:14) 02. No Tomorrow (4:42) 03. Heartbreaker (3:57) 04. Turn Me Loose (5:57) 05. Working For The Weekend (3:53) 06. Lovin’ Every Minute (5:23) 07. Kid Is Hot Tonight (4:32) 08. Lucky Ones (4:05) 09. Always On My Mind (3:42) 10. Queen Of The Broken Hearts (4:03) 11. When It’s Over (5:34) 12. Hot Girls In Love (7:57)
Franchement nos amis de KRYPTOS ne font rien pour se faciliter la vie. Entre un nom et un surtout visuel qui évoque un death métal ben bourrin difficile de se présenter dans de bonne condition à la communauté métal. Bien sûr la caractéristique principale du groupe vient de son pays d’origine, l’Inde. C’est la première fois que j’entends parler d’une formation indienne mais ce n’est finalement pas surprenant pour le deuxième pays le plus peuplé et le septième pays le plus grand du monde. Au sein des 1,2 milliards d’habitants il y a forcément de bons musiciens et des fans de métal. KRYPTOS est né en 1998 et reste considéré comme un des leaders de scène locale. Ils ont déjà signés deux albums : Spiral Ascent en 2004 et The Ark Of Gemini en 2008. Voici le troisième opus, The Coils Of Apollyon.
Nos quatre amis proposent un heavy métal somme toute assez classique mâtiné ici et là d’influences et de riffs typé thrash. Les indiens s’en donnent à cœur joie et envoient la sauce sans ménagement. Tous les ténors du genre des années 80 sont représentés, on trouve ici et là des influences IRON MAIDEN, BLACK SABBATH, MERCYFUL FATE ou encore JUDAS PRIEST. Pas de jaloux, KRYPTOS tend à ressembler la grande famille du métal. Le chant de Nolan Lewis est particulièrement hargneux et évoque parfois Mille Petrozza de KREATOR. KRYPTOS est le premier groupe indien à avoir intensément tourné en Europe et on sent bien qu’ils ont pu soigner leurs compositions à l’aune de cette expérience. Sans trop simplifier leur propos il parviennent à offrir des mélodies efficaces et facilement mémorisables. Certains des riffs sont mouches et seraient loin de faire tâche pour des groupes plus installés. Finalement le cœur de KRYPTOS semble se nicher au niveau de ce mariage entre une musique assez classique et un chant agressif. Rien de révolutionnaire là-dedans mais une fraicheur et une honnêteté artistique plaisante à écouter.
Pour les curieux d’entre vous, KRYPTOS pourrait être une bonne surprise. Ce groupe indien n’est pas timide et vient se frotter avec un certain talent aux ténors du genre. The Coils Of Apollyon est un album très encourageant. Le potentiel de leur pays est énorme. Et si Bollywood se mettait au métal ?
[07/10] Oshyrya
Site Officiel
AFM Records / 2012
Tracklist (47:36 mn) 01. The Mask Of Anubis 02. The Coils Of Apollyon 03. Serpent Mage 04. Nexus Legion 05. Eternal Crimson Spires 06. Spellcraft 07. Starfall 08. Vision Of Dis 09. The Isle Of Voices