J’avoue, je faisais partie de ces nombreux chroniqueurs / fans qui avaient déversé une bonne tonne de merde sur le coin de la gueule de Cryptopsy lors de la sortie de The Unspoken King. Je ne regrette rien. Strictement rien. J’ai réécouté récemment cet album et je persiste et signe plusieurs années après les faits : The Unspoken King n’est pas bon. Caca. Beurk. Depuis, beaucoup d’eau a passé sous les ponts, et Cryptopsy avait disparu de nos radars jusqu’à il y a peu et l’annonce d’un nouvel album éponyme qui sortirait sans l’aide d’un label. Pour un groupe qui nous a pondu None So Vile, repartir de si bas pourrait passer pour une humiliation, certainement quand on voit les groupes de merde signés par certains gros labels et les comebacks moisis orchestrés par d’autres… et à l’écoute de ce nouvel opus, je pense que certains doivent être en train de se mordre les doigts.
Cryptopsy a beau avoir critiqué les « haters » au moment de leur mue musicale, il a tout de même revu sa copie. Le groupe s’est pris quelques bonnes gifles ? Il en a pris bonne note, et nous a attendus au tournant pour nous rendre la monnaie de notre pièce. Revenge is a meal best served cold : voilà comment Cryptopsy aurait pu (aurait dû ?) intituler ce concentré de furie sonore. Oublié le Deathcore merdico-basique du précédent opus, adieu les tentatives de chant clair (le chanteur se cantonnant désormais à un growl certes basique mais efficace), les Canadiens passent immédiatement à l’attaque avec un album où la brutalité et la technique cohabitent en parfaite harmonie… et cette harmonie retrouvée vient peut-être simplement du nouveau line-up : exit la claviériste (oui, il y avait une claviériste), exit le sieur Auburn à la gratte et surtout, souhaitons un bon retour à Jon Levasseur, guitariste des débuts du groupe jusqu’à l’album live. Avec Jon et Flo dans le groupe, on retrouve deux pièces maîtresses du combo, la machine à riff dans le coin gauche et un batteur d’exception dans le coin droit. Jetez une oreille attentive à ce que nous délivre Flo : sans en faire autant qu’un Longstreth, son jeu alliant force de frappe et finesse est un vrai régal, loin du bûcheronnage de base de bon nombre de batteurs de Death. Et que dire de ces petites incursions jazzy qui, sans casser la dynamique du morceau, permettent de souffler quelques secondes à peine avant de reprendre une nouvelle salve dans les dents !
Et dire que les labels sont réputés pour nous proposer les meilleurs nouveaux groupes, les meilleurs artistes, les meilleurs comebacks… Tous sont passés à côté d’un Cryptopsy qui, après des années de vaches maigres, vient de se tailler un bon steak dans les miches de toutes les maisons de disques en balançant un des albums les plus renversants et certainement le comeback réussi le plus inattendu de l’année.
Mister Patate [9/10]
Autoproduction / Clawhammer PR – 2012
Tracklist (34:53) 1. Two-Pound Torch 2. Shag Harbour's Visitors 3. Red-Skinned Scapegoat 4. Damned Draft Dodgers 5. Amputated Enigma 6. The Golden Square Mile 7. Ominous 8. Cleansing the Hosts