Archive for septembre, 2012

Hangman’s Chair – Hope///Dope///Rope

Hope///Dope///Rope : une idée fulgurante, trois mots, une sonorité, trois étapes d’une lente et douloureuse descente aux enfers. Le malaise est là, rampant, insidieux, coulant dans les veines, se frayant un chemin jusqu’aux plus profonds recoins de l’être. Le froid te saisit, comme une averse d’une fine bruine qui rend le pavé parisien graisseux et reflète la lumière blafarde des néons. Le propos ? Une biographie, un récit triste. En 52 minutes, le stoner de Hangman’s Chair relate le moment précis entre le baiser du chanvre autour du cou et la chute s’interrompant par un craquement de cervicales et quelques soubresauts. Les souvenirs défilent, les images se succèdent, les textes sont autant de flashbacks. Et pour un tel récit, seul un genre peut convenir : le stoner doom, lancinant, presque apaisé. Aucune poussée de violence, aucune rébellion, mais cette tristesse, ce flot de rancœur trop longtemps contenu et auquel on donne libre une cours une seule fois, une dernière fois avant que le rideau ne tombe. It’s not a time to give birth. It’s a time to die. Cette lumière au bout du tunnel n’est pas l’espoir. C’est l’express de la vie qui se rapproche de toi à du 200 à l’heure, toutes sirènes hurlantes.

Avec ce troisième album, Hangman’s Chair a frappé fort, en parvenant à saisir et à retranscrire en musique tout le désespoir. S’il était une couleur, Hangman’s Chair ne serait pas le noir. Il serait le gris, un noir délavé par les larmes. Un grand chef-d’œuvre.

Mister Patate (9/10)

Myspace officiel

Bones Brigade Records – 2012
Tracklist (52:26) 1. The Saddest Call 2. Open Veins 3. Ain't Living Long Like That 4. December 5. A Scar To Remember 6. Alley's End 7. Hope///Dope///Rope  

 

Digisleeve Deluxe édition​ 2016

A l’image de sa musique, il semble que ce troisième opus de nos compatriotes ait été particulièrement difficile à concevoir et à accoucher. Deux ans après Leaving Paris (2010), les parisiens remettent le couvert et nous replonge la tête la première dans leur Stoner / Doom Metal lumineux et rieur. Amis des drogues, de l’addiction, de la dépression et de l’amour, bienvenue chez vous. Il suffit de voir la pochette pour se rendre compte nous sommes ici loin de l’univers coloré et chatoyant du Moulin Rouge de Baz Luhrmann et que les franciliens s’intéressent plutôt au côté le plus sombre et dégradant de la vie parisienne. L'album ressort cette année sous la forme d'un bel objet, un digisleeve avec trois titres bonus pour séduire les fans.  

Et le voyage sera tout sauf une sinécure, pendant plus de soixante-dix minutes, les plus bas instincts de l’être humain vont revenir à la surface. Le titre du disque annonce tout de suite la couleur, comme la promesse d’un destin brisé en trois actes. La plongée se fera par pallier, de plus en plus sombre et violent. HANGMAN’S CHAIR a décidé de ne rien épargner à son auditeur, sept chansons principales plus trois bonus vous enfonceront la tête sous l’eau encore et encore. Le ton est donné au bout de vingt secondes avec le premier riff qui émerge après une courte chanson d’enfants. Les franciliens manipulent une matière noire et visqueuse d’une lourdeur écrasante. Les rythmes sont tout aussi pesants et viennent contrebalancer le chant tantôt susurré tantôt hurlé de Cedric Toufouti. Ce cocktail détonne et ne pourra plonger l’auditeur quand dans le tourment. Plus c’est long plus c’est bon dirait certains mais avec Hope///Dope///Rope, cette maxime trouve ses limites. Les aprisiens varient avec talent les rythmes et les intensités, ils peuvent alterner des passages atmosphériques et coup de massue quasi funeral-doom en quelques minutes. Il faut être prêt à tout affronter, toute la gamme chromatique entre le noir et le blanc même si la balance penche très nettement du côté du premier.

Ce disque offre un sacré défi, il faut un certain courage et des tripes bien accrochés pour supporter ce traitement. Et pourtant on y revient, toute cette noirceur et cette violence fascine et séduise. L’être humain aime se faire mal et il va être servi avec ce disque. Pour terminer, citons Dante Alighieri et sa Divine Comédie : « Vous qui entrez ici, perdez toute espérance ».

Oshyrya (7,5/10) 


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Music Fear Satan Records / 2012
Tracklist (70:10 mn) 01. The Saddest Call 02. Open Veins 03. Ain't Living Long Like That 04. December 05. A Scar To Remember 06. Alley's End 07. HOPE///DOPE///ROPE Bonus 08. I am the Problem 09. The Rest is Silence… 10. Gallow’s Dance

S'il y a bien un chef d'œuvre dans la discographie d'Helloween et plus globalement dans la pléiade de disques de speed mélodique, le voilà assurément. Plus généralement, on peut dire que Keeper Of The Seven Keys Part I est du niveau des grands disques d'Iron Maiden et de Judas Priest. Son successeur, Keeper Of The Seven Keys Part II, reste aussi de haute volée mais affiche quelques titres faibles que ne contient pas la première partie. 

Pourtant, réussir un sans faute après un premier disque aussi prometteur que Walls Of Jericho, n'était pas si évident pour le groupe de Kai Hansen. Une première difficulté tenait à un bouleversement dans la composition du groupe. Car à la suite de l'enregistrement du single « Judas » et de nombreuses tournées, Hansen choisit d'abandonner le chant pour se consacrer entièrement à la guitare. Et il ne s'agissait pas de lui trouver un ersatz : à l'écoute du titre « Queen Of The Reich » de Queensrÿche, le groupe décida d'opter pour un chant beaucoup plus lyrique et mélodique. Deux pistes se dégageaient : celle de Ralf Scheepers que soutenait Kai Hansen et celle d'un tout jeune homme, âgé de 18 ans, Michael Kiske, qui avait les faveurs de Weikath. Ce fut finalement Kiske qui fut choisi, l'histoire racontant que Weikath dut déployer des trésors de conviction pour lui faire accepter de quitter son groupe de l'époque Ill Prophecy. Hansen n'oubliera pas pour autant Scheepers qu'il recontactera plus tard pour lancer Gamma Ray. 

Un choix de chanteur déterminant

Le choix de Kiske aura des conséquences à court et à long terme décisives pour le groupe. À long terme, l'ego du jeune chanteur accélèrera l'éclatement du groupe au tournant des années 90. Mais à court terme la voix formidable du chanteur blond va permettre de négocier un tournant musical qui fera de Helloween une des plus grandes figures du heavy européen. Même si Kiske ne chantera que quatre albums avec les citrouilles, sa voix extrêmement lyrique, à la fois puissante et mélodieuse, dotée d'une incroyable tessiture de quatre octaves, influencera toute une cohorte de chanteurs dans les années 90 (Tobbias Sammet, Andre Matos et j'en passe). Si certains lui reprocheront d'avoir dénaturé le groupe, Kiske et sa voix conservent énormément de fans qui ont évidemment frémi lorsqu'ils purent entendre son nouveau projet sérieux, Unisonic, après des années de semi-retraite.

La voix de Kiske tranche notamment sur un point : si elle est puissante et vigoureuse, elle n'est pas franchement agressive et se prête ainsi à des compositions plus mélodiques. Elle était donc parfaite pour donner une crédibilité à un tournant dans l'orientation musicale de Helloween. Le groupe décida d'abandonner une partie des éléments thrash que l'on pouvait trouver sur Walls Of Jericho pour peaufiner une musique assurément rapide et heavy, mais plus proche des horizons du Iron Maiden de Powerslave que du Metallica de Ride The Lightning

Kai Hansen totalement aux commandes

Une deuxième idée taraudait Hansen et les siens : proposer un double album, structuré autour de deux pièces musicales très longues et épiques, narrant un récit nimbé d'heroic fantasy. Ce seront les réticences de Noise, leur maison de disque, qui leur imposèrent de scinder en deux parties Keeper Of The Seven Keys. Au final, on peut juger que ce fut sans doute une bonne chose car les deux disques ont des spécificités propres qui, mélangées, auraient sans doute rendu l'ensemble un peu confus. 

Michael Weikath souffrant d'une dépression nerveuse qui l'empêcha de participer de manière significative à la composition au delà d'un seul titre, la très belle ballade « A Tale That Wasn't Right », c'est Kai Hansen qui prit en charge la composition de la première partie de Keeper of The Seven Keys. Il se chargera aussi de toutes les guitares rythmiques, tant Weikath était mal en point. Outre, la ballade sus-citée et un bon titre proposé par Michael Kiske, « A Little Time », démontrant des capacités de compositeur qu'on lui a trop souvent déniées, toutes les autres compositions sont signées par Kai Hansen. Et elles sont en elles-mêmes des classiques : du furieux « I'm Alive » en ouverture avec son refrain de folie et ses solos somptueux, en passant par le tube par excellence d'Helloween, « Future World » jusqu'au magistral « Halloween » qui clot (presque) l'album, Hansen marque de son empreinte totalement le disque.

Si réussir à insérer dans un album avant tout épique et lyrique, quelque chose d'aussi sautillant et gai que « Future World », sans déséquilibrer l'album tenait déjà de la gagueure, ce sont les treize minutes d'« Halloween » qui forcent mon admiration. Sur ce titre, nous sommes à la lisière du progressif, tant la construction en tiroir, les envolées techniques et lyriques, les embardées soudaines et nerveuses font de ce titre un chef d'œuvre du heavy. Si un clip en garantit la popularité, il faut lui préférer la version complète et non tronquée qui lui confère toute sa splendeur. L'histoire racontée commence lors d'une fête d'Halloween qui bascule dans le fantastique et le merveilleux, lorsque son personnage principal, ouvrant une porte mystérieuse, se voit proposer de devenir le « gardien des sept clés » et le sauveur de l'humanité. La fin de la quête du gardien trouvera sa conclusion (temporaire) sur l'opus suivant, lors du morceau éponyme, lui aussi doté de treize minutes.

Chant et production à l'unisson

Le deuxième homme fort de l'album est de manière inattendue Michael Kiske : voici un jeune homme de tout juste 19 ans propulsé au devant de la scène métallique, qui fait plus que jouer honnêtement son rôle sans trembler. Car Kiske imprègne de son talent tout le disque, se livrant à des acrobaties vocales étincelantes (écouter le refrain de « A Tale Wasn't Right » ou surtout celui de « Twilight Of The God »), mais aussi proposant des lignes vocales ensorcelantes et totalement fédératrices. Les refrains de « Future World » ou d'« Halloween » sont sur ce point exemplaires. Pour ne rien gâcher, Kiske se révèlera très à l'aise sur scène, dégageant un gros charisme. On comprend les conflits d'ego qui se déclareront par la suite. 

Le troisième homme est plutôt un binôme : Tommy Newton et Tommy Hansen à la production. Si Noise avait rechigné à sortir un double album trop risqué commercialement, le label germanique était conscient du potentiel d'Helloween. Avec de conséquents moyens, les deux Tommy aux manettes donnèrent au disque un son très bon pour l'époque : puissant, nerveux et clair. Le soutien du label s'étendit aussi au support lui même : les efforts de design parsemant de citrouilles marrantes le vinyl de l'époque, sont évidents. Les effets ne se firent pas attendre car Helloween vendit 100 000 copies de son disque en Allemagne en l'espace de huit semaines. 

Pour une fois, le succès commercial ne faisait que rendre justice à une démarche musicale exemplaire : novatrice, ambitieuse et fédératrice, la musique ce Keeper of the Seven Keys Part I allait changer la face du metal. Tout ce qu'ont pu écrire les Stratovarius, Angra ou Edguy dans les années 90 provient de là, tout simplement.

Baptiste (10/10)

 

Noise / 1987

Tracklist (37:08) : 1. Initiation (1:19) 2. I'm Alive (3:23) 3. A Little Time (4:00) 4. Twilight of the Gods (4:30) 5. A Tale That Wasn't Right (4:44) 6. Future World (4:03) 7. Halloween (13:20) 8. Follow the Sign (1:47)

Evocation, groupe de Death Metal à l'ancienne, originaire de Suède nous ressort des oubliettes 14 titres dont un inédits et 3 vidéos.  Nous nous retrouvons avec une compilation des deux démos “The Ancient Gate Demo” (les 4 premiers titres) et Promo 1992 (titres 5 à 9). Sans oublier 4 titres dont l'intérêt est très relatif.
Les oreilles chastes devront à tout prix se prémunir de l'écoute des titres issus de répétitions, On A Journey To Heaven, Where The Headstones Shine, Spiritual Affinity, Veils Were Blown. Autant on y perçoit le talent d'execution indéniable de ce groupe trop longtemps resté au frigo (de 1993 à 2005), mais la production est ignoble, le remastering n'a semble t-il pas eu d'effet.
C'est du brut de décoffrage qui ne peut qu'intéresser des fans. Au delà cela risque de passer inaperçu. Les autres titres exhumés se portent mieux du point de vue sonore et devraient en revanche titiller agréablement les conduits auditifs des amateurs de Death Metal à l'ancienne, quand Entombed était la seule référence locale majeure, et que personne n'était foutu de situer Gotheburg sur une carte. La cerise sur le gâteau débarque à la fin avec Genesis, compo écrite en 1992 et enregistrée en 2012. Le livret de 32 pages promis par Century Media devrait achever de convaincre les amateurs de Death metal collectionneurs compulsifs.

Hamster (05/10)
 
 
 
 
Century Media / 2012
 
Tracklist (57 minutes)
01. A Wind Has Risen 02. Through The Darkened Peril 03. The Ancient Gate 04. Desolated Spirits 05. On A Journey To Heaven 06. Where The Headstones Shine 07. Veils Were Blown 08. Spiritual Affinity 09. Outro 10. On A Journey To Heaven (rehearsal) 11. Where The Headstones Shine (rehearsal) 12. Spiritual Affinity (rehearsal) 13. Veils Were Blown (rehearsal) 14. Genesis (previously unreleased)