Archive for novembre, 2012

Zuul Fx – Unleashed

Quatrième album studio de Zuul Fx, Unleashed sort 18 mois après The Torture Never Stops, qui avait marqué un tournant dans l'histoire du groupe. Cet album s'annonce d'entrée comme une suite logique de l'opus précédent, avec la même méthode de travail, le groupe produit lui même sa musique, suffisamment sur de lui pour obtenir ce qu'il cherche en guise de son. Et de ce côté là, pas d'inquiétude à avoir, le groupe conserve sa force de frappe. En guise de matière première, Zuul FX exhume des morceaux travaillés initialement pour l'album précédent, faute de place et de cohérence, ils n'avaient pas eu leur chance. 

Retravaillés, remis au gout du jour, les voilà en bonne place. Au delà des changements de line up, de maison de disque, c'est avant tout l'occasion d'entendre de la part d'un groupe bien ancré dans la scène metal hexagonale, une nouvelle facette. La trame reste la même, du Thrash / Death qui claque, le lien avec le metal industriel inspiré par Fear factory est toujours là (notamment sur « Soul Seeker »). Mais on décèle d'autres influences qui sont plus marquantes, notamment dans les solis de Karim dignes de Pantera. On note aussi une place plus importante accordée à l'équilibre entre vocalises brutales et chant clair, tendance sombre, faut pas déconner non plus, ici on ne parle pas d'un groupe US de metalcore prépubère en pleine mue… Avec une ambiance de fin du monde, la thématique morts vivants, n'allez pas imaginer pour autant que le groupe se contente de lacher des riffs gras, et binaires à toute vitesse. Zuul Fx à pris de l'épaisseur et quelques années, mais c'est aussi un poil plus technique. Les amateurs de brutalité et de solis de guitare à la sauce texane apprécieront le sommet de l'album Zombie Followers, d'autres seront plus sensibles au charme mid tempo et l'ambiance glauque de « Betrayed ». Et vous retrouverez en fin d'album une ballade acoustique, oui c'est joliment exécuté, Steeve maîtrise le chant clair, on peut chanter au coin du feu… mais c'est un générique de fin en somme, on peut la zapper sans regret si l'on n'est pas amateur… Au delà de cette fin anecdotique, on retiendra tout le reste, à savoir un album varié et solide, au son qui dépote.  Zuul Fx trace sa route, elle vaut le détour.

Hamster (08/10)
 
 
 
 
 
Verycords – Warner / 2012
 
Tracklist (53:31) : 01. First Interlude 02. In The Light Of Darkness  03. Break  04. Under The Mask 05. Second Interlude 06. Unleashed 07. Betrayed 08. The Fight 09. Zombie Followers 10. Soul Seeker 11. Fuck Thee 12. Resist To Persist 13. Battlefield14. Third Interlude15. Life In Me
 
 

 

Helloween – Chameleon

Dans l'enfer de la Divine Comédie de Dante, il y a plusieurs cercles. Je ne se sais pas où il faudrait loger le dernier disque de Helloween avec Michael Kiske, Chameleon, en châtiment des péchés commis. Peut-être au neuvième cercle, dans les marais glacés de Cocyte, accueillant… les traîtres. Trahison (et déception) fut mon sentiment et celui de beaucoup de fans en 1993, face à un disque qui n'avait quasiment plus rien à voir avec l'identité du groupe déjà écornée sur Pink Bubbles Go Ape. Les ventes furent très mauvaises (pour le Helloween de l'époque toutefois car elles dépassèrent les 400 000 exemplaires vendus), la tournée avorta au bout de sept dates après des concerts ratés, de gros problèmes de stabilité mentale d'Ingo Schwichtenberg et une infection de voix (sans doute diplomatique) de Kiske. Les deux seront limogés du groupe rapidement et Kiske en tiendra une hostilité définitive envers Weikath. Plus dramatiquement, Ingo Schwichtenberg, en proie à la schizophrénie et aux problèmes de drogue, se suicidera en 1995. C'est dire le contexte. 

Un disque qui porte bien son nom

Assurément Chameleon n'est pas un bon disque et cela explique qu'il soit totalement renié par le groupe. Mais il a bien au moins une qualité principale : son titre annonce la couleur. À l'écoute des douze morceaux proposés, on a l'impression que le groupe a voulu détruire son identité, sans toutefois chercher forcément à vouloir en reconstruire une autre, stable. Cela explique peut-être l'indigence d'un artwork réduit à quelques couleurs sur un fond blanc : une tentative artistique qui verrait un peintre jeter quelques idées disparates sur une toile blanche, en espérant que les couleurs associées trouveront bon gré mal gré une certaine unité. C'est loin d'être le cas ici et l'incohérence musicale est poussée encore plus loin que sur Pink Bubbles Go Ape. Toutefois à la différence de ce dernier, Chamelon est très bien produit. Tommy Hansen s'est surpassé. 

L'implication du producteur bien différente de l'attitude de Tsangarides sur Pink Bubbles Go Ape, explique que le groupe ait profité d'un contexte propice pour effectuer un gros travail. Car si le disque n'a pas de direction claire, il profite d'un gros effort de composition et d'arrangement. Et de tous, cette fois. Weikath a repris un peu de couleur et compose un tiers du disque, soit quatre titres. S'il y a une vague filiation sur ce Chameleon avec le passé de speed mélodique du groupe, c'est en partie grâce à Weikath. L'exhumation d'une de ses vieilles compositions refusée par Hansen à cause de ses paroles niaises, « First Time », permet une ouverture de disque dynamique. Malgré un côté plus « hard rock » que « heavy » dans la production, ce titre rapide et « helloweenien » m'avait fait espérer à l'époque un certain retour aux sources. Las, il n'en sera rien. Il faudra attendre le somptueux « Giants » (toujours de Weikath), pour retrouver la verve de jadis.

Car dès le second titre très mélodique et truffé de cuivres, « When The Sinner », l'auditeur ne retrouve plus son Helloween, mais plutôt un groupe de hard mélodique, limite FM. Ok : c'est très bien chanté et interprété et la clarinette est très bien venue, mais aucune chatte n'y retrouverait ses petits. Ce morceau composé par Kiske est bien représentatif de nouveaux goûts du chanteur qui se tournait alors de plus en plus vers la pop. La ballade acoustique de Grapow « I Don't Wanna Cry More », gentillette au possible, est d'un intérêt relatif. Le fond est cependant touché avec la pseudo-berceuse « Windmill », railleusement rebaptistée « Windshit » par un Ingo Schwichtenberg exécrant avec raison ce titre composé de manière inattendue par Weikath (qui le revendique toujours haut et fort). 

Plus qu'un mauvais disque, un disque hors sujet à l'époque

Pourtant toutes les autres chansons de ce Chameleon sont loin d'être un si piètre acabit : malgré l'abondance des ballades (quatre au total) et la durée excessive du disque qui le rend vite ennuyeux (71 minutes), on y trouve de bonnes choses. Au milieu de ce bazar on fera l'impasse sur le pseudo hard mélodique FM de « Step Out Of Hell » qui sonne comme un sous-Dokken ou sur un hard rock 'n' roll incongru comme « Crazy Cat » malgré ses cuivres rigolos. « Revolution Now » de Weikath est plus intéressante, bien que l'influence hard 70 soit un peu écrasante et trop marquée pour Helloween. La citation du « San Francisco » de John Philipps sur le break est toutefois plaisante. Dans un genre « hard seventies », « Music » est convenable, bien que le morceau soit trop lent et long. L'épique « Believe » de Kiske me semble mieux tenir la route bien que son break heavy se fasse un peu attendre. On remarquera l'apparition d'un orgue d'église et de chœurs d'enfants pour un résultat… satisfaisant. Kiske est plus à l'aise encore sur la ballade de clôture, « Longing », où il se montre très en verve.

En disséquant un par un les morceaux de ce Chameleon, on se rend compte que rares en sont les compositions franchement catastrophiques. La plupart tiennent plutôt la route, en partie grâce au chant toujours excellent de Kiske. Mais le refus d'interpréter du speed mélodique et l'incapacité à aller dans une direction claire, ne pouvait qu'entraîner une chute soudaine de popularité. Alors que Megadeth sortait Countdown To Extinction et Anthrax Sound Of The White Noise, pendant que Nirvana et Soundgarden bousculaient les charts, la musique du nouvel Helloween, vaguement FM, vaguement seventies, apparaissait encore bien plus décalée que celle de Gamma Ray. 

Weikath prit avec son élégance coutumière la décision qui s'imposait sans doute : il limogea le malheureux Ingo et l'égocentrique Kiske et embaucha pour les remplacer Uli Kusch et un vieil ami, Andi Derris, pour relancer un bateau en plein nauvrage. Il était temps. Mais, malgré les efforts de Weikath et de Deris, jamais le groupe ne se rétablira au point de retrouver sa popularité de la fin des années 90. Il y a des plaies qui ne se cicatrisent pas si facilement. Voire jamais.

Baptiste (4/10 si on le remet dans le contexte de la carrière du groupe, plus si on veut en faire abstraction)

 

EMI / 1993

Tracklist (71:15) : 1. First Time 2. When The Sinner 3. I Don't Wanna Cry No More 4. Crazy Cat 5. Giants 6. Windmill 7. Revolution Now 8. In The Night 9. Music 10. Step Out Of Hell 11. Believe 12. Longing

L'an passé, j'avais déjà exprimé toute ma joie à l'écoute du dernier album de Vicious Rumors, ce vieux groupe de la fameuse Thrash Bay Area. Sorti tout droit de sa léthargie, Vicious Rumors avait pondu un album qui frappait fort. Aussi, je n'avais pas raté l'occasion de les voir sur scène quelques semaines plus tard (j'étais sur, à ce propos, d'en avoir fait un compte rendu mais il semble avoir disparu, à défaut de n'avoir jamais existé…). Ceux qui ont pu assister à cette tournée savent que le groupe était en pleine forme. L'une des grandes inconnues était les capacités sur scène de Brian Allen, le nouveau chanteur et, dans une moindre mesure de Kiyoshi Morgan à la 6 cordes. Mais cette double inquiétude était vite balayée par la pèche et la performance du groupe en live.

Quoi de plus normal alors pour le groupe que d'en publier un album live ? C'est certes classique, mais ça fait toujours plaisir. Alors que j'avais pu voir le groupe seul sur scène (avec un groupe Hollandais en première partie), les enregistrements présents ici sont issus de la tournée de Hammerfall, dont Vicious Rumors faisait la première partie.

La première chose que l'on remarque en regardant la set-list est l'absence bizarre de « Razorback Killer », titre éponyme de l'album sorti en 2011. Je n'ai aucune explication sur son absence et je la regrette vraiment. Pour le reste de la set-list, on retrouve sans grande surprise les classiques du groupe dont les deux « Soldiers Of The Night » et « Don't Wait For Me », qui d'ailleurs se suivent, et qui ont fait la célébrité (toute relative) du groupe il y a près de 20 ans de ça.

Au niveau performance générale, je salue celle du groupe tout entier, qui fait preuve d'une belle capacité à rendre avec toute la puissance nécéssaire ses titres en live. Brian au chant, je le trouve plutôt bon. Même si je ne suis pas un grand fan des voix type castra, son registre est tellement étendu que j'aurais du mal à le critiquer. Il passe allègrement du chant clair aigu, très haut perché, au grave et parfois presque au growl (sans aller jusque là toutefois). Il est en tout cas très percutant, il chante juste la plupart du temps. Bref, il tient plutôt bien sa place même si on ne pourra s'empêcher de remarquer que sur certains titres (les plus vieux notamment) il semble un peu perdu.

Le son, lui, est comme on le souhaite pour un live : un peu brut, pas trop retravaillé. Ceci permet d'en prendre plein les cages à miel, c'est un régal de mon point de vue.

Curiosité pour terminer. Il s'agit de deux reprises et comme à mon habitude, je m'en serais volontiers passé. Je ne suis pas fan du genre et je ne trouve pas que les Californiens s'en tire super avec brio, tant au niveau du chant (Dio et Halford, faut aller les chercher aussi…) que des guitares (pareil, les sons de Tommy Iommi et K.K. Downing en sont pour beaucoup dans les chansons). Surtout, on se retrouve au final avec un album live de 11 titres mais avec 2 reprises studios, ce qui rend le tout un peu avare, d'autant plus que, comme je le disais, on regrette l'absence de certains titres.

Bien donc, mais peu mieux faire.

Poney (6.5/10)

 

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Steamhammer/SPV / 2012

Tracklist (56:00) : 1. Replicant / Digital Dictator 2. Minute to Kill 3. Murderball 4. Lady Took A Chance (intro) / Down To The Temple 5. Abandoned 6. Let The Garden Burn 7. Hellraiser 8. Soldiers Of The Night 9. Don't Wait For Me 10. Sign Of The Southern Cross (cover-version Black Sabbath) 11. Running Wild (cover-version Judas Priest)