Lord K, tête pensante de The Project Hate MCMXCIX, est en quelque sorte un « cas à part » dans le monde du Metal : sûr de lui, frisant l’arrogance, jamais avare en réparties cinglantes, il a coupé les ponts avec Season Of Mist, dernier label connu de TPH pour faire ce qu’il voulait, comme il le voulait, sans contraintes, ni comptes à rendre. Un tel projet a un coût et, sans les dons des fans, l’album dont il sera question ici n’aurait jamais vu le jour. Cet album, les fans l’auront attendu pendant de longs mois, guettant chaque jour le forum officiel du groupe où Lord K les informait de l’état d’avancement de l’opus. Les annonces étaient fracassantes, le ton employé était débordant de confiance, à tel point que l’on pouvait craindre un pétard mouillé, une déception… Mais le résultat dépasse, et de loin, tout ce que l’on pouvait attendre.
Au niveau purement musical, The Cadaverous Retaliation Agenda est certainement un des albums les plus complexes qui aient squatté mes platines. Pour s’en rendre compte, il suffit de se pencher sur la version instrumentale fournie avec l’album. Chaque piste est dense, détaillée mais sans tomber dans le fouillis : chaque élément s’intègre parfaitement avec ce qui le précède ou le suit, rien n’a été laissé au hasard. Sur ce plan, TCRA est un chef-d’œuvre, et la production signée Dan Swanö vient encore magnifier ces pistes : chaque instrument, chaque élément occupe sa place et parvient à s’exprimer librement, sans se retrouver à l’arrière-plan. Ainsi, la basse, habituellement reléguée en coulisses, joue un rôle important et jouit d’un son énorme sans être envahissant. Par ailleurs, les samples, soli de guests (du beau monde) et autres parties instrumentales (je pense plus particulièrement aux interludes instrumentaux) apportent réellement une valeur ajoutée, que ce soit en termes de lien entre les morceaux ou d’apport aux instruments « basiques » (le trio guitare-basse-batterie).
Au niveau du chant, pourquoi changer une équipe gagnante ? Comme sur l’opus précédent, le tandem Ruby – J fonctionne à merveille, le chant clair de Ruby constituant un contrepoint efficace au chant Death de Jörgen (et niveau vocalises d’ours en rut, Jörgen fait très fort). On regrettera peut-être quelques effets sur certaines parties de chant de Ruby, mais il s’agit vraiment de minuscules détails. Cerise sur le gâteau, l’intervention de Peter Dolving (un des nombreux guests sur cet album) vers la fin de « I Feed You the Flesh of Your Poisonous Christ » : certes classique, mais ce petit plus est appréciable.
Libéré de toute contrainte, The Project Hate a sorti l’album ultime de sa discographie. Ambitieux, complexe, The Cadaverous Retaliation Agenda fait partie de ces albums qui risquent fort d’en rebuter plus d’un à cause de sa richesse : de nombreuses écoutes seront en effet nécessaires pour dompter ce monstre qui, pour l’heure, n’est disponible qu’au format électronique sur le site officiel du groupe. Indispensable !
Jäkelunge (9,5/10)
Autoproduction – 2012
Tracklist (78:12) 1. DCLXI 2. I Feed You the Flesh of Your Poisonous Christ 3. DCLXII 4. We Watch in Silence As the Earth Turns to Blood 5. DCLXIII 6. Conquering the Throne of the Cadaverous 7. DCLXIV 8. The Great Retaliation Is Upon Them 9. DCLXV 10. Carving Out the Tongues Which Speak of Salvation 11. DCLXVI 12. Welcome the Judas Agenda