Gavin Harrison est, bien sur, très réputé pour son travail dans Porcupine Tree, il a également joué pour des pointures comme King Crimson, Manfred Mann, Paul Young ou même Iggy Pop. Son comparse, 05Ric est bien moins connu, sauf des amateurs de bassistes dérangés qui trainent sur Youtube.

Cet album n'est pas le premier réunissant ces deux touche-à-tout de la musique, en 2009 était en effet sorti le très bon Circles et en 2007 un non moins excellent Drop, passés malheureusement sous le radar de la plupart des web/magazines et donc, des auditeurs. 

Incontestablement l'un des meilleurs batteurs du monde (élu l'an passé "best progressive drummer" par les lecteurs de Modern Drummer), au style particulièrement reconnaissable en quelques demi-mesures, et avec un métronome en lieu et place de coeur, Gavin Harrison fait partie de ces musiciens qui font rêver. Véritable bouffée d'oxygène sur album et en live, il arrive toujours à placer un petit quelque chose là où vous ne l'attendiez pas. Mieux, on sait que si il est très fin, il peut aussi sans problème rentrer dedans, comme on dit, si la musique le nécessite (celle de Porcupine par exemple).

L'opus démarre de manière tout à fait originale. Sur une rythmique syncopée tout à fait dans le style de Garvin, doublée par la basse slappée de 05Ric, les instruments s'arrêtent d'un coup brusque pour laisser place à une petite musique douce qui laissera au bout de quelques secondes 05Ric prendre l'avant plan avec sa voix. Hyper jazzy et hyper prog' à la fois, «Prize» annonce en fait directement la couleur. Si Miles Davis avait du avoir un enfant avec Messhugah et que Frank Zappa avait du l'élever en compagnie de Trey Gunn, ça aurait sans doute ressembler à ce que vous écoutez alors que The Man Who Sold Himself tourne sur votre chaine HiFi. Pas de place pour le 4/4 ici, quasiment pas de place pour les mesures simplement binaires d'ailleurs, cherchez plutôt des 19/8, 18/8 ou encore 5/8. De quoi larguer largement l'écrasante majorité des musicos, surtout les habitués à Metalchros. Le jazz/prog, c'est toute une histoire.

Pourtant, et c'est à ça que, a mon avis, on reconnait un bon album de musique qui se veut très pointue et technique, c'est qu'on ne s'y emmerde pas. Il m'est souvent arrivé d'écouter des trucs (non je ne citerais pas de nom) qui me donnait l'envie de jeter l'album par la fenêtre, ou de m'en servir de déco moderne tendance Valérie Damidot, et de les pendre à une ficelle depuis mon plafond. Bref, de faire en sorte que plus jamais, ne fut-ce que par erreur, ce genre d'ovni finisse dans ma platine. Ici, rien de tout ça. Si les brutes de base qui sévissent sur ce webzine risque d'être totalement imperméables à ce genre de délires, je pense que toute personne aimant réellement la musique complexe, voir la musique "tout court", trouveront ici de quoi satisfaire sa curiosité.

Je regrette personnellement une chose : l'album a du mal à décoller, il reste dans un registre assez calme. On attend un brin de folie supplémentaire, du coté de l'énergie cette fois-ci, qui ne vient jamais et au contraire, l'album se calme avec la fin. Au bout du compte, on est un peu frustré car on sait que tant Gavin que 05Ric étaient, et sont  toujours, capable de franchir cette dernière marche qui les séparaient de l'album parfait. Mais ils ne l'ont pas fait. Pourquoi, je ne sais pas, sans doute un regretable choix délibéré.

[08/10] Poney

Myspace 05Ric : myspace.com/05ric

Mypace Gavin : myspace.com/gavharrison

Myspace du groupe : myspace.com/gavinharrison05ric

Soundcloud du label, avec l'album montagehttp://soundcloud.com/kscopemusic/gavin-harrison-the-man-who

Kscope – 2012

01. Prize 02. Identitas 03. The Man Who Sold Himself 04. Own 05. Body Temple 06. 107 07. Wherewithal 08. Awake 09. Water Slips 10. Way

Line-up : Gavin Harrisson – batterie, percussion, piano, guitare / 05Ric – chant, ERB basse, guitare