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01. Pour presque paraphraser le titre d’un des albums de GENESIS, “puis ils furent deux”… Que penses-tu de la situation actuelle où Timo et toi êtes les deux seuls membres restant du line-up classique du groupe ?

Oui nous sommes les deux survivants du groupe de 1995, c’est vrai c’est un fait et cela a eu un impact sur le groupe bien sûr. Notre son a beaucoup changé avec les nouveaux membres qui ont été intégrés mais cela a été notre façon d’évoluer et de rester « frais », cela a amener du sang nouveau via des compositeurs nouveaux. Tu as raison, en même temps, nous pouvons ressentir une certaine mélancolie en retrouvant d’anciennes cassettes de 1996 ou 1997 ou au moment de Visions of Europe… Si cette période te manque, tu regrettes aussi le fait d’avoir vieilli et de ne plus vivre comme à l’époque cette ère vibrante et foisonnante au niveau du mouvement Power Métal. Nous quittions les années grunge pour aller vers autre chose. Cela a duré quelques années et notre musique est entré en crise et le groupe avec. Vers 1999-2000 les groupes clones ont commencé à pulluler, avec la technologie ils pouvaient aussi faire du Power Métal comme nous.

Pour revenir à ta question, je regrette cette période du milieu des années 90 car je ne vis plus la même excitation dans ma vie. En 1992, le genre métal semblait moribond, il n’y a avait plus grand-chose en dehors du Grunge ou des artistes mainstream comme MADONNA… Les gens rejetaient la vague glam et donc nous sommes repartir de rien musicalement en 1992. Vers 1995, cette vague a commencé à émerger, sans que STRATOVARIUS n’y soit pour grand-chose et nous avons su alors saisir notre chance.

 

02. A la fin du dernier concert avec Jörg (ndlr : Michael ex-batteur), vous n’avez jamais eu de doute quant à l’avenir du groupe ? Le nouveau batteur (Rolf Pilve) est près de 25 ans plus jeune que toi !

C’est un très bon musicien qui aime jouer de très nombreux styles différents. C’est assez amusant car il écoutait STRATOVARIUS quand il était plus jeune, il n’avait alors que 5 ou 6 ans. Il était fan du groupe et il a grandi en écoutant les groupes de cette vague dont nous parions à l’instant. Et il a en fait partie également car peut-être que sans cette résurgence dans les années 90, il n’aurait pas commencer à jouer de la musique. Tout est connecté finalement.

Effectivement je suis le seul rescapé avec Timo du line-up de Visions mais à quoi ressemblerait le groupe avec le line-up de l’époque. Tolkki serait toujours le patron et donc il imposerait ses vues et donc ses chansons. Nous aurions sans doute proposé un album comme Saana, cet opéra. Je ne dis pas que c’est mauvais mais avant nous n’exprimions qu’une voix, la sienne. Et désormais nous pouvons faire preuve de diversité avec des musiciens tous différents qui proposent es chansons différentes. Notre façon de faire est complétement différente. Jusqu’ici tout va bien.

 

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03. Que peux-tu nous dire des sessions d’enregistrement de Nemesis et dans quel état d’esprit étiez-vous par rapport à la période Elysium ?

Notre processus de travail et notre état d’esprit était assez proche de ceux de l’époque d’Elysium. Bien sûr nous avons encore progressé, les choses étaient mieux organisées, définies. Cela couvre aussi des petits détails techniques, un album est comme un puzzle et il faut avoir toutes les pièces en main pour pouvoir réussir. L’inspiration en vient pas si facilement, c’est un vrai travail et ce que nous avons fait de mieux cette fois c’est d’être assez patients pour vraiment avoir assez de titres de très bonne qualité avant de fixer une date pour rentrer en studio. Tout le monde met la main à la patte et compose de son côté puis nous rassemblons l’ensemble et nous vérifions que nous avons assez de matière pour faire un album. C’est pour moi la première chose que nous avons très bien faite avec Nemesis.

La deuxième chose concerne la batteur. Il nous fallait trouver la bonne personne ce qui est un long et complexe processus en lui-même, c’est un élément important du puzzle. Nous avons publié une annonce demandant aux gens d’envoyer des vidéos. Puis il fallait tout regarder, cela a pris des semaines de débats de discussions, nous avons demandé leur avis aux uns et aux autres… Ce fut long mais bien fait.

Et la troisième chose que nous avons bien faite en comparaison avec Elysium c’est qu’à partir de ces 2h30 de musique accumulée, avant d’enregistrer une note, nous avons pu faire une sélection et descendre à 65 minutes de matériel que nous allions retravaillé et peaufiner. Nous ne nous sommes pas dispersé sur le reste que nous avons rejeté. Ce fut un travail collégial, chacun a pu donner son avis et dire quelles démos lui plaisaient ou pas. Ce tri a été salvateur pour ne pas perdre du temps et travaillé pour rien sur des chansons jamais publiées. Cela a aussi signifié moins de stress, nous sommes allés à notre rythme sans tenir informé le label de nos progrès jusqu’à être sûrs d’avoir amassé assez de supers chansons à enregistrer. Bref nous étions mieux préparés et ces petits détails administratifs font une sacrée différence. La musique nous savons faire mais le reste est moins évident et tout peut vite devenir chaotique.

Par rapport à Elysium, Polaris était encore plus bordélique mais pour d’autres raisons, nous étions au milieu d’une bataille judiciaire…

 

04. Donc tu es en train de me dire que vous avez des heures et des heures de démo inachevées dans vos tiroirs ? Ne gardez-vous rien pour de futurs albums ?

Oui pour Nemesis nous avons rejeté 1h30 de musique car cela ne convenait pas. Cela ne serait jamais publié mais en ce qui me concerne, ainsi que Matias, nous avons conservé des idées de telle ou telle partie de chansons inachevées pour Polaris et Elysium pour les retravailler et en faire autre chose à même de mieux convenir au groupe. Polaris était si chaotique que j’ai redécouvert des mélodies et réutilisé des idées de cette époque. Et ce n’est pas un trésor caché car ces heures de démos n’étaient pas assez bonnes pour les enregistrer.

Et finalement la dernière chose que nous avons amélioré avec Nemesis ce sont les chansons elles-mêmes, après deux albums nous nous connaissons beaucoup mieux les uns et les autres et l’alchimie a encore été plus aboutie. Matias connait bien mieux le voix de Timo et ses compositions sont plus adaptées à ses capacités vocales.

 

05. A l’écoute de cet album je me suis dit que STRATOVARIUS montrait deux visages très différentes à travers tantôt des titres supers attrayants, presque pop comme « Unbreakable » et des compositions plus complexes et moins faciles d’accès. Est-ce une démarche consciente et assumée ?

Tu peux dire qu’il s’agit d’une démarche consciente car il s’agit du résultat d’une discussion, d’un équilibre entre l’opinion de 5 personnes différentes. Mais par hasard les chansons qui apparaissent sur l’album sont simplement celles qui nous plaisaient le plus, nous cinq. L’équilibre vient de l’esprit collectif et peut-être que d’autres titres très complexes n’ont pas recueillis l’agrément de tous. Nous verrons la réponse du public envers cet album et si Nemesis rencontre un grand succès ce sera aussi la validation de ce processus créatif mené tous ensemble. Si tout le monde déteste le disque, c’est que cette démocratie n’aura pas été efficace et remettra en cause notre façon de bosser. Mais je suis confiant, les réactions face aux 2 précédents disques tendraient à conforter nos choix. Nous n’avons pas besoin d’un producteur pour nous dire de choisir ceci ou cela et les avis que j’ai accumulé tous ces derniers jours sont très bons. Les fans trancheront…

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06. Vous tournez régulièrement des clips vidéos. Est-ce déjà prévu pour cet album ? Aimes-tu cet exercice ?

Nous le ferons pour une de ces chansons mais je ne sais pas laquelle. Et cette fois-ci nous proposerons peut-être une autre concept que les vidéos habituelles, je ne sais. Espérons que cela soit moins « douloureux » que précédemment. Ce fut parfois sacrément éprouvant. Le pire pour moi fut pour « SOS ».. ah non pour « Hunting High and Low ». Nous avons passé des heures dans cette putain de piscine avec une eau à 4 degrés. Tout le monde a attrapé la crève suite à ce tournage, ce n’a vraiment pas été drôle. Nous n’étions pas équipés avec des pieds humides pendant 16 heures dans ce studio… ce fut très mauvais à vivre. « Eagleheart » aussi a été dur avec ces constamment ces lumières aveuglantes et très chaudes, nous avions des écrans gris derrière nous et avoir la même intensité lumineuse partout ils ont utilisés des projecteurs très brillant. Et l’autre chose « amusante » sur ce denier clip est que pour obtenir l’effet de vitesse que l’on peut voir sur la vidéo finale, nous avons tout enregistré à vitesse de lecture réduite au niveau de la musique. Il y a de quoi détester une chanson si tu dois la supporter pendant 15 heures à mi-tempo. Une torture…

 

07. Comment travaillez-vous sur la pochette et avec l’artiste en charge de la réalisation ?

En fait je m’en occupe au sein du groupe. Cette fois-ci nous lui avons donné le titre de l’album et il est revenu vers nous avons des propositions de dessin et nous en avons discuté. Il était très occupé et nous avions la tête à l’enregistrement donc ce n’a pas été facile d’avancer sur la pochette. Il est finalement reparti de zéro pour proposer ce que vous pouvez voir sur la pochette de l’album. Son nom est Gyula Havancsak (http://www.hjules.com), il est hongrois et il travaille aussi bien à la peinture qu’à l’ordinateur et il fait tout lui-même. Il a réalisé nos trois dernières pochettes et nous en sommes très contents.

La pochette n’a plus autant d’importance qu’avant car les gens savent ce qu’ils veulent et ils peuvent écouter des titres en streaming ou des extraits ici et là avant la sortie. Mais cela reste un élément du contexte de l’album, du « produit » comme dit le label. Ce sentiment reste précieux, l’illustration donne des indications sur l’humeur et l’orientation du disque. Chacun va avoir une autre interprétation de ce dessin alors que finalement tout tourne autour de la poitrine, les seins de ce personnage féminin ah ah ah. Sur les premiers essais, il y avait beaucoup plus de petits anges et nous avons voulu nous concentrer sur le personnage principal.

Plus sérieusement, c’est une question de confiance avec l’artiste, il va créer quelque chose à partir de nos indications et nous espérons que cela va s’imbriquer naturellement avec l’album. Les histoires de fin de monde faisaient la une des médias à ce moment-là…. La question est : cet ange féminin est-elle furieuse du chaos sur Terre ou a-t-elle elle-même causé ce chaos…

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08. Ces dernières années deux légendes du hard rock/heavy métal ont disparu. Jon Lord a été une grosse influence pour toi et tu as travaillé avec Ronnie James Dio sur Lock Up the Wolves en 1990. Que peux-tu nous dire sur eux ?

En réalité je n’ai jamais pu parler à Jon Lord mais il a été une grosse influence pour moi au début de ma carrière. Sans lui et DEEP PURPLE je ne sais pas si j’aurais commencé la musique et décidé d’en faire une carrière. Sa mort est une tragédie et les gens qui le connaissait n’ont que du positif à dire sur lui. Je ne peux que souligner son impact sur ma musique.

En ce qui concerne Ronnie, j’ai fait partie de son groupe pendant un an ou un an et demi. Et c’était génial. Avec moi il était gentil, professionnel, un vrai bonheur. Musicalement c’était incroyable, je devais me pincer pour m’assurer que je travaillais bien avec lui. Malheureusement pour lui, et pour moi, cet album est sorti au mauvais moment quand cette vague grunge a tout submergé. Après ce disque il dissout DIO et rejoint BLACK SABBATH, il s’est investi dans d’autres projets… Comme lui j’ai bifurqué vers d’autres horizons, moins métal, et multiplié les expériences jusqu’à 1995-96 où j’ai rencontré STRATOVARIUS en pensant collaborer peut-être pour un album et 17 ans plus tard je suis toujours là. Pour Lock up the Wolves, Ronnie avait l’idée de poursuivre dans les années 90 en conservant l’esprit des années 80 mais l’industrie soufflait dans un autre sens. Il a été déçu de la réception et du succès de l’album et a, alors, essayer autre chose. Il a lui aussi dû patienter jusqu’au milieu des années 90 pour retrouver un équilibre et revenir à ses racines heavy-métal.

Après Lock up the Wolves, il a fait un album avec SABBATH puis l’album Angry Machine qui a été très controversé. Moi je trouve que le disque est génial, mais c’est peut-être par ce que j’aime beaucoup Ronnie, il avait trouvé le son qu’il cherchait déjà avec Lock up the Wolves. Il voulait faire partie de cette nouvelle vague sans perdre son identité. Je crois que les dernières années de sa vie ont été heureuses car il était à nouveau au sommet et non pas une star déclinante du passé.

 

09. Pour parler d’une autre grande figure métal, tu as joué avec Yngwie Malmsteen au somment de sa carrière et de sa créativité. De l’extérieur le personnage semble un peu fou. Quels souvenirs conserves-tu de cette période ?

Je n’ai que des bons souvenirs, en tout cas de la première période à partir de 1982, je crois l'avoir rencontré à Noël 1982. Peu après il m’a demandé de le rejoindre en Californie pour RISING FORCE. Mes souvenirs de lui sont très positifs, un putain de guitariste un peu fou mais nous étions tous dingues à l’époque. Nous étions suédois, tournant et travaillant avec des américains donc nous étions une bande, nous parlions suédois entre nous, buvant comme des trous et ayant le comportement d’imbéciles finis… Nous nous sommes tellement amusés mais nous n’avions que 19 ans Mais à la fin cela n’a plus fonctionné car au niveau du business et des finances c’était le chaos, Malmsteen buvait de plus en plus et moi de moins en moins. Il devait difficile à gérer. Nous n’étions plus sur la même longueur d’onde et je ne pouvais plus rester dans le groupe. Nous avions encore beaucoup en commun mais l’environnement du groupe était devenu trop chaotique. Et puis j’ai reçu la proposition de DIO, c’est le genre de chose que tu ne peux pas refuser.

 

10. Dernière question, je suis toujours surpris par la position de ton clavier sur scène. Pourquoi cette installation clavier vers le public ?

C’est juste une question de spectacle, le but est de divertir le public en montrant ce que je joue. Il ne faut rien chercher d’autres, ce n’est pas un problème pour moi au niveau technique, cela ne modifie que très peu ma façon de jouer ou mes habitudes. Je m’amuse ainsi.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

Chronique de l'album ici

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