Messaline (interview d’Eric Martelat – chant – à Paris, mars 2013)
Posted by OshyryaMar 28
01. Peux-tu présenter à nos lecteurs MESSALINE ?
Et bien MESSALINE est né en 2003 sur les cendres d’un groupe de prog qui s’appelait ABSURD. Nous avions sorti à l’époque deux albums et également assuré des premières parties intéressantes comme PORCUPINE TREE en 2003 pour la tournée In Absentia et puis après on a splitté. Avec le guitariste et le bassiste de l’époque ont a remonté MESSALINE fin 2003. Nous avons sorti avant Eviscérer les Dieux deux albums. Les membres du groupe ont changé et nous revenons avec une formation toute neuve, une nouveau line-up avec un nouveau batteur et un nouveau bassiste en 2013 pour ce troisième album.
02. Pourquoi avoir choisi comme patronyme le nom d’une impératrice romaine du Ier siècle après JC ?
Sa réputation sulfureuse ? Nous y avons bien réfléchi et il fallait un nom de groupe qui sonne bien. La symbolique est belle car effectivement comme tu le dis le côté sulfureux du personnage, une impératrice romaine très « sexe drogues et rock n’roll » ! Et bien j’aime pour un groupe de heavy métal avoir un nom très doux. Le contraste me plait, la sonorité est jolie à l’oreille… Et puis un nom féminin pour un groupe métal c’est marrant, quasi tromperie sur la marchandise entre ce que nous sommes et ce que le nom pourrait évoquer. Pas de filles à poil mais du métal…
03. Comment vous sentez-vous quelques semaines après la sortie de votre troisième album Eviscérer les Dieux ?
Sincèrement nous sommes super sereins, c’est notre troisième disque et nous savons faire. Nous avons toujours des choses à prouver mais le groupe est installé, on a fait sur ce disque ce que l’on voulait faire, pas de compromis à l’horizon. Depuis nos débuts, on nous dit : « Pourquoi vous chantez en français ? ». Parce que nous sommes plus à l’aise, la langue est belle et les textes plus intéressants ainsi. Désormais nous assumons à 100 % notre style qui est bien particulier et je pense que nous sommes le seul à le faire : un heavy métal chanté en français avec des textes humoristiques, soignées et on continue contre vents & marées. C’est bien assumé et on est sereins, fiers de notre disque, les mélodies peuvent se chanter aisément… Comme disait Ritchie Blackmore: "un morceau est bon quand tu le siffles sous la douche". Le reste, on s’en fout.
04. Travaillez-vous ce côté attrayant, catchy de vos compositions ?
Oui notre but est d’écrire des mélodies, des refrains qui restent. Contrairement à d’autres groupes, j’écris les textes et après on fait la musique. Je viens avec un texte fini, par rapport à la musicalité des mots et après seulement le guitare s’en inspire, trouve des accords qui se marient bien. Finalement cela me semble logique. Si c’est un texte historique qui évoque des massacres par exemple, on va faire un thème musical un peu lourd et tranchant, si c’est plutôt un texte humoristiques, avec des jeux de mots, on va être plus direct, plus léger… C’est plus intéressant pour nous comme cela et cela garantie que la musique collera mieux ainsi. Le texte donne l’ambiance du morceau.
05. Que peux-tu nous dire des sessions d'enregistrement de Eviscérer les Dieux ?
On a essayé de travailler de la même façon que pour le précédent, In Cauda Venenum, mais on a mis plus de temps car les plannings étaient plus compliqués à gérer. On arrive en studio avec des chansons très avancées, au niveau rythmique c’est déjà nickel, John enregistre au click tout seul pour la batterie puis la basse vient se mettre dessus etc… Et ensuite on commence à délirer. Une fois en studio on va mettre une basse acoustique, avec de la disto et on va enregistrer pleins de trucs. Les guitares pareilles, on va enregistrer quatre ou cinq rythmiques différentes, le chant pareil… Sur le chant pour certains refrains j’ai expérimenté cinq ou six voix différentes, plus ou moins aigus, grave ou médium et après on attaque un boulot énorme de mix. C’est la même d »marche que les mecs de DEF LEPPARD à l’époque, tu enregistres un maximum, tu expérimentes selon ton feeling et puis tu fais tes choix au moment du mix final. J’ai enregistré trois basses mais je vais n’en mettre qu’une, j’ai des pistes de quinze guitares mais celle-ci sonne plus rock. Parfois tu enlèves, parfois tu ajoutes, tel refrains sonnent mieux à trois voix parfois c’est mieux à deux…
C’est du bidouillage mais on ne s’est pas limité, nous avons enregistré ce que nous voulions. Cela prends beaucoup de temps et nous essayerons d’être plus rapides pour le prochain. Là huit ou neuf mois ont été nécessaires mais il faut dire que notre ingé-son est parti deux mois en forêt amazonienne enregistré les sons de de la nature au Guatemala pour le compte du CNRS. Donc une partie du disque a été mixé au Costa-Rica, il est parti avec le disque dur et au casque dans la jungle pour mixer. Avant sa sortie le disque a déjà beaucoup voyagé, c’est marrant.
06. De ton point de vue quelles sont les principales différences entre votre second album In Cauda Venenum & Eviscérer les Dieux ?
Pour moi, tu es plus marqué, le curseur a été poussé à fond. Quand cela doit être heavy c’est plus direct que sur le premier et quand cela doit être catchy, cela l’est encore plus. Le calme est plus calme et le tranchant est plus tranchant.
07. Comment doit-on comprendre le titre, Eviscérer les dieux ?
Un titre presque death métal. Il faut le comprendre comme un contraste. Si on avait été un groupe de Black suédois on aurait dit éviscérer le Dieu et on aurait été anti-chrétiens… Là c’est bien au pluriel. Je n’ai rien contre les religions, la référence s’adresse plus aux religions polythéistes de l’Antiquité mais pas seulement, cela résonne parfois de nos jours. Malraux disait : « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas. ». Et il a bien raison, notre temps est spirituel, mystique à bien des niveaux. Cela ne se passe plus trop à l’église mais dans les sectes ou dans d’autres types de croyances : le dieu-foot, dieu-fric et dieu-télé réalité. J’éviscère ces dieux-là, je conchis The Voice et « j’emmerde » Beckham au PSG. Et puis éviscérer appelle l’organique, les tripes, c’est très corporel alors que les dieux appellent le spirituel. Le contraste entre le matériel et le spirituel, intéressant pour un titre l’album.
08. Que peux-tu nous dire de la pochette ?
C’est un extrait d’un tableau classique. Il est représenté presque en totalité on a juste rajouté un petit bord orange pour le côté visuel. L’œuvre est de Franz von Stuck un peintre allemand symboliste et expressionniste fin du XIXème, début du XXème siècle (voir ici). C’est intéressant car si on regarde bien, la femme a un serpent autour du cou et tous nos textes parlent indirectement du corps de la femme, dominatrice devant, nous en filigrane derrière. Nous l’avons un peu retravaillé mais on peut y voir pleins de choses, un certain érotisme se dégage.
09. Etes-vous désormais en dehors de toute influence prog ? Christian Descamps (ANGE) fait un duo avec toi, vous faites une référence dans le livret au Vae Victis de GALAAD. Comment le comprendre ?
La référence était pour nous une évidence. Avec Mickaël (NDLR : Colignon) qui est le compositeur principal du groupe, nous sommes tombés amoureux du Vae Victis de GALAAD quand il est sorti. Pour nous c’est la pierre angulaire du rock en général. Il fait partie de mes deux ou trois albums cultes avec Rising de RAINBOW. Il me hantera jusqu’à la fin des temps et c’est l’inaccessible étoile. Si on peut faire des clins d’œil ici ou là on ne s’en prive pas. Je reste en contact avec Pierre-Yves (NDLR : Theurillat ex-chanteur de GALAAD) , un mec qui écrit super bien. Je sais pas trop où ils en sont avec leurs projets solo donc on verra. Mais nous recherchons la même sincérité dans la musique.
10. Comment est né la collaboration avec Christian Descamps d’ANGE ?
Christian c’est un ami. Il y a vingt ans j’étais fan, depuis 15 ans nous sommes amis, témoin de mariage réciproque… On va chez les uns et les autres, on s’organise des bouffes où l’on parle de la vie et des conneries que l’on voit à la télé et on parle presque plus de musique. Donc pour ce troisième album, nous avons eu envie de collaborer et j’ai proposé un duo. Le titre choisi est fort symboliquement, sur le temps qui passe, un ange est éternel… Lui a 67 ans et continue à faire du rock. Ce titre sur le temps qui passe, la peur de la mort me semblait adapté. Il a voulu que l’on enregistre le duo en condition live en studio. Pleins de groupes demande des guests, cela coûte 2000 dollars le solo alors que l’a on s’est vu trois jours, on a fait la bringue et simplement réservé un studio une après-midi et c’était réglé en deux prises. On a jamais aussi bien chanté tous les deux, avec cette émulation entre deux amis.
11.Comment voyez-vous la scène métal française ?
Les groupes collaborent un peu mais le hard rock est presque mort en France. On ne peut plus faire de tournée, il faut multiplier les dates ici et là mais c’est vraiment dur. J’ai remarqué que plus les groupes sont important, plus ils sont sympas et plus ils sont underground et plus ils ont le melon et nous font chier. C’est ce que je retrouve dans les concerts, c’est exactement cela. VULCAIN par exemple est composé de gentlemen mais des merdeux avec une démo quatre titres te prennent de haut…
12. Quels sont tes espoirs et tes attentes pour MESSALINE ?
Nous aimerions bien pouvoir plus jouer sur scène, décrocher une première partie sur une tournée dans le pays. Pouvoir faire une date à Paris serait bien aussi pour faire connaître notre musique. Mais c’est du coup par coup. Nous serons à Reims en mai, cinq dates en juin dans notre coin puis d’autres concerts en septembre en Lyon, Marseille. Notre problème est que nous sommes trop gros pour jouer dans des bars mais pas assez pour des salles de 300-500 personnes. Et entre les deux, il y a assez peu de salles disponibles. Je veux plus faire le bistro du coin, il nous faut une jauge de 200-250 personnes.
Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:
1. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques,…) ?
« Child in Time » de DEEP PURPLE
2. Premier album acheté ?
Perfect Strangers de DEEP PURPLE
3. Dernier album acheté ?
Suppléments de mensonge d’Hubert-Félix THIEFAINE
4. Quel son ou bruit aimez-vous ?
Lorsque l’on débouche une bouteille de vin
5. Quel son ou bruit détestez-vous ?
La craie sur le tableau
Tradition oblige, on vous laisse le mot de la fin…
Un grand merci. Faites-nous exister, on aime ou on déteste mais il faut découvrir. Prenez du temps pour chercher à écouter de nouveaux groupes.
Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)
Chronique de l'album ici
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