Archive for mai, 2013

Deep Purple – Now What ?!

deep_purple_now_what_640_80Les vieux groupes encore fringuants sont rares. Et encore plus les très vieux groupes. Et Deep Purple est, en fait, de ceux là, tout comme Yes, Uriah Heep ou Bad Company. Car après quarante cinq ans de carrière et huit formations différentes, le groupe de Ian Gillan et des siens est rentré dans le grand âge. Il faudrait le classer parmi les « seniors » d'un genre, le hard rock, certes fécond mais ancien. Pourtant, à la différence des autres groupes cités, Deep Purple reste crédible. Sur scène évidemment, car le groupe sillonne le monde et notamment l'Europe dans tous les sens sans décevoir. Mais ce n'est le plus significatif : la plupart des dinosaures du hard rock se contentent de donner des concerts avec un savoir-faire qui comble la plupart des afficionados venus entendre les classiques des classiques.

Non : la crédibilité est celle d'albums que Deep Purple ne rechigne pas à défendre sur scène puisqu'il n'est pas rare d'entendre lors d'un concert du Pourpre Profond un « The Battle Rages On » ou « Rapture Of The Deep » à côté d'un titre culte ou d'une vieillerie judicieusement exhumée comme « Into The Fire » ou « Hard Lovin' Man ». On envisage un nouveau disque de Purple non avec la commisération due aux vieillards jadis méritants mais comme un groupe standard, avec ses atouts et ses travers.

Il a fallu attendre huit ans pour les musiciens de Purple se retrouvent de nouveau en studio, à Nashville cette fois, pour donner un successeur à un Rapture Of The Deep honnête mais inférieur à Abandon (1998) et surtout au meilleur disque de l'époque Steve Morse, Purpendicular (1996). Or avec ce Now What ?! capiteux nous avons sans doute un disque du calibre de Perpendicular. C'est dire… 

Inspiration au beau fixe

Rarement l'inspiration a tant été au beau fixe. Car sur Abandon ou Bananas, certains titres péchaient clairement à côté de chansons d'un très bon niveau. Ici je ne vois pas grand chose à jeter. Même le bonus track, la reprise du « I'll Will Be There » de Jack Clement, dans un registre rock hard bluesy musclé et classieux, sonne très bien et, à vrai dire, mérite mieux que son statut. Le reste est constitué de hard rock accrocheur (« Weirdistan » ou « Hell To Pay » et son refrain catchy), de ballades aussi simples que majestueuses (« All The Time In The World » très dépouillée ou « Blood From Stone » avec une belle montée en puissance lors du refrain) et surtout de titres renouant avec des aspects complexes et progressifs que le groupe avait largement abandonnés depuis sa reformation en 1984. Ian Gillan et Ian Paice ont confié en conférence de presse que le groupe avait cette fois-ci débuté le processus de composition à partir d'une base instrumentale, quitte à élargir les plages musicales. 

On le réalise dès l'entrée en matière : sur « A Simple Song », le raffinement de l'introduction amène parfaitement la montée en puissance électrique. Plus tard, ce sont « Above And Beyond » et surtout « Uncommon Man » qui multiplient les parties instrumentales de bon aloi, les chorus de clavier et de guitare, à l'unisson rappelant sur de nombreux points le rock progressif « simplifié » du Genesis de l'époque Duke et Abacab.

Cela impliquait de laisser une vraie marge d'expression à Don Airey. C'est le cas avec non seulement les passages citées mais aussi à l'occasion de solo aussi nombreux qu'inspirés. Avec ce Now What ?!, Airey prouve qu'il est bien plus que le « remplaçant de » tout en conservant l'esprit des interventions de Lord à l'époque bénie des In Rock et Machine Head. Comme Steve Morse est toujours aussi bon, cela donne des solos de haute volée notamment sur « Out Of Hand » ou « Hell To Pay » où les accélérations en aller-retour au médiator sont profondément étourdissantes de maîtrise et de qualité dans le phrasé. Dans un genre mélodique beau à pleurer, on peut citer le solo de Morse sur « All The Time In The World » et ses tirés somptueux. Voici pour le bilan impeccable des (relatifs) nouveaux venus.

Les plus anciens ne sont pas les moins méritants

Les plus anciens n'ont pas démérité pour autant. Roger Glover est irréprochable à la basse et il ne m'étonnerait pas qu'il ait beaucoup composé de riffs sur l'album, tant certains font penser à In Rock, un album qui est largement son œuvre. Ian Paice reste un des meilleurs batteurs de hard rock en activité, le poids des ans ne se faisant pas sentir quant à la qualité de sa frappe de de sa technicité. Les rythmes groovy qu'il adopte avec la plus parfaite aisance sur « Body Line » sont là pour le rappeler.

Quant à Ian Gillan, le résultat est surprenant, surtout de la part d'un chanteur qui n'a jamais arrêté franchement de fumer. Certes il se montre plus à l'aise sur les passage les plus lents et on remarquera que sa voix chevrotte à certains passages exigeants mais ce n'est pas nouveau. Ce n'est plus le vocaliste impétueux et brillant du début des années 70. Une fois ceci acté, on ne peut que reconnaître son gros savoir-faire et son sens de la mélodie qui fait que le disque accouche d'excellentes lignes vocales et d'un lot de bons refrains inespérés. En outre, on retrouve l'humour légèrement décalé de Gillan sur un morceau dédié à un des acteurs cultes de la Hammer : « Vincent Price » qui a donné lieu à un clip humoristique. Tout comme dans le clin d'œil à la langue française d'« Après Vous » aux paroles un soupçon grivoises. Cela sied parfaitement à un album au titre assez incongru par ailleurs.

En parlant d'« anciens », c'est à un producteur de leur génération que les musiciens de Deep Purple ont fait appel : Bob Erzin. Assurément, s'il fallait aller à Nashville pour travailler avec Ezrin, le jeu en valait la chandelle. Chaude, dynamique, très respectueuse de l'équilibre des instruments, la production d'Ezrin est merveilleuse. Depuis les années 70, le groupe n'avait mieux sonné. 

Toutefois Ezrin n'a pas fait d'une citrouille un carosse : la qualité des compositions et des musiciens pavaient d'emblée la voie à une réussite aussi intempestive qu'éclatante. Finalement le départ de Blackmore est sans doute ce qui pouvait arriver de mieux à Gillan et les siens. Et ils viennent encore une fois de le montrer. La chose est d'autant plus importante qu'il est très possible que Now What ?! soit le dernier disque du groupe anglais tant on imagine mal Gillan, Glover et Paice remettre le couvert à soixante dix ans passés, si le groupe s'en tient à son rythme de croisière. Cela serait alors une parfaite conclusion à une carrière remarquable. 

Baptiste (8,5/10)

 

Site officiel

Verycords / 2013

Tracklist (60 minutes) : 01. A Simple Song 02. Weirdistan 03. Out Of Hand 04. Hell To Pay 05. Body Line 06. Above And Beyond 07. Blood From A Stone 08. Uncommon Man 09. Après Vous 10. All The Time In The World 11. Vincent Price 12. It Will Be Me (bonus track)

ImpDanPoBThEn matière de musique, j'aime à penser que je suis objectif. Entendons-nous bien, « objectif » comme on peut l'être en journalisme musical, c'est à dire, quand je pense d'un style de musique ou d'un artiste que c'est de la merde, c'est non seulement vrai parce que je le dis (cela va de soi) mais aussi parce que j'avance des arguments. Arguments bien entendu fondés sur une pratique musicale plus longue que ma pratique scolaire (et les mauvaises langues diront que j'y suis déjà resté bien trop longtemps), mes gênes familiaux de musiciens -pro et amateurs- et tout simplement mon bon goût qui n'est plus à débattre.

Ce génie musical qui est le mien à cependant un talon d’Achille : le Thrash-metal. Dès que j'entends du Thrash (du bon hein, faut pas déconner non plus), je deviens comme une pucelle face à un homme nu et bien bâti (par exemple, moi) sous la douche : je pouffe, je sautille, je souris naïvement, je deviens tout humide, je me dandine sur mes fesses, j'imagine ce qu'il pourrait me faire si je m'approchais un peu plus. Je fini par en rêver la nuit -des rêves torrides- et ces souvenirs restent gravés en moi comme l'est leur première fellation pour les hommes (j'ai décidé d'être très classe aujourd'hui).

Vous l'avez peut-être senti venir, Impalers fait du Thrash et, bon Dieu de jouissance, du Old School Fucking Thrash Metal Inspired By The Thrash Bay Area And The Goddamn German Fucking 80's Trash Metal Scene (record personnel d'étiquette !). Et attention, pas du mauvais, non, du bon. C'est bien sur très vrai puisque c'est moi qui le dit. Voyez plutôt la suite. Si, comme moi, vous avez une érection à chaque fois que Kirk Hammet démarre son solo dans « No Remorse » (sur l'album Kill'em All, faut-il le préciser?), vous serez servi. Bon, ok, sur ce solo en particulier, Kirk est un peu jeune, un brin optimiste, joue sans doute une ou deux fausses notes, mais bordel… Quelle énergie ! Quelle pêche ! Quelle main dans la gueule ! BAM ! On voudrait tant qu'il(s) n'ai(en)t pas changé ! Et bien, bonne nouvelle, au petit jeu des soli qui démarrent à toute vitesse, Impalers mène la dance (« See What I See » ou l'éponyme « Power Behind The Throne »). On retrouve même un petit côté Slayer au niveau de la folie de ces solis.

Mais, Impalers ne joue pas que des soli vite. Ils jouent aussi des riffs qui ont en commun la finesse d'un éléphant et la vitesse d'une Formule 1. La chanson (si bien nommée) « Agressor » est un hymne au Speed Metal teinté de Thrash. Le titre commence par un gros riff bien couillu avant d'encore accélérer. Coup du lapin garanti si vous ne prenez pas gaffe à votre headbanging. Seul bémol, la batterie qui semble un peu trop artificielle, mixée en arrière, sans groove, sans rien. Bon sang, un ordi aurait fait (presque) aussi bien. Un autre titre joué à la vitesse du TGV est « Nuclear Nights ». Avec Metallica ou Slayer, l'influence de Kreator ressort comme un nez au milieu de la figure. On ne va, bien entendu, pas s'en plaindre.

Après deux ou trois titres dans la même veine (répétitifs diront les grincheux), le groupe s'offre un truc en petite vitesse, histoire sans doute de sauvegarder la mécanique intacte : « When the World Hunger » est aussi lancinant que son titre le laisse supposer. Ca commence avec des petits arpèges à la basse, puis à la guitare rythmique avant que ne s'installe une guitare aérienne et tout ça fini dans un riff un peu lourd, très lent, très Metallica encore. Bon, le talent en moins. Tout le monde ne peut pas écrire « Fade To Black ». Remarque : le titre est instrumental, sans doute histoire d'accentuer la misère des pauf'-ti-n'enfants qui crèvent de faim dans le monde. Et pour crier sa colère, rien de tel que finir le morceau en haussant le ton, le rythme, les riffs. Bon, je taquine bien sur, mais le titre est tellement prévisible rien qu'en lisant le titre que s'en est dommage (bon, « Agressor » aussi est prévisible, mais je préfère l'agressivité quand j'écoute un truc sensé être gratuitement bourrin).

Le groupe fini sur un « Death In Fire » qui n'est pas une reprise d'Amon Amarth (dommage?) et qui est du bon vieux Thrash comme on l'aime. Back to basics, to the roots et tout le Saint Tremblement. Voilà qui est mieux, et voilà un très bon album qui finit et qui, malgré quelques imprécisions, plaira aux fans du genre. Les autres trouveront de quoi rechigner, mais on les emmerde. Non ?

Poney (7.5/10)

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Myspace

HPGD Productions – 2013

Tracklist (44:35) :  01.Fear, 02.Power Behind the Throne, 03.See What I See, 04.Aggressor, 05.Nuclear Night, 06.We Are Nothing, 07.Army of Darkness, 08.When the World Hungers, 09.Death In Fire,

Enabler – Shift Of Redemption

a0465874969_2En sortant All Hail The Void, les ricains d’Enabler nous avaient laissés avec une joue gauche endolorie et une furieuse envie d’en entendre encore plus. Bon, au vu de leur productivité, on se doutait que l’attente ne serait pas longue et, en effet, moins d’un an après cet album percutant, les voilà déjà avec un nouvel EP qui allie concision et efficacité.

Au menu, quatre titres dans la droite lignée des efforts précédents. Le hardcore proposé par Enabler transpire la haine et saisit l’auditeur à la gorge pour ne plus le lâcher. « Fuck you, fuck you, fuck you forever » : s’il ne fallait retenir qu’une seule phrase des textes de cet EP, ce serait bien celle-là, une violente éruption de colère à la face du monde, un défouloir radical qui vous laissera vidé, exténué… et impatient d’entendre la suite.

On regrettera dès lors la durée de cette sortie (un petit quart d’heure), d’autant plus que l’on sait que le groupe est en mesure de proposer un album entier de la même trempe. Ceci dit, vu le rythme auquel ces gars bossent, je doute que nous devions attendre longtemps avant d’encore entendre parler d’eux… Fans de Trap Them, de Black Breath, si vous n’avez toujours pas mis l’oreille sur ce groupe, bougez-vous le cul et prenez votre claque. Vous me remercierez plus tard…

Mister Patate (8/10)

Bandcamp officiel 
Facebook officiel 

Think Fast! Records / 2013
Tracklist (xx:xx) 1. Shift Of Redemption 2. Live Low 3. Sacrifice 4. Fallselflessly