Archive for septembre, 2013

The Answer – New Horizon

theanswer_newLors de ma chronique du précédent disque de The Answer, l'excellent Revival, je m'interrogeais du pourquoi du comment du manque de succès commercial du groupe irlandais. Il faut se rendre à l'évidence : il y a toutes les raisons de penser que les choses vont continuer. Et ce malgré les qualités des disques et des prestations live du chanteur Cormac Neeson et des siens. Le succès commercial n'est toujours pas au rendez-vous, peut-être du fait d'un nouveau changement de maison de disque. Qu'importe : le plaisir d'écouter un nouveau disque de The Answer est encore là. Le groupe n'a pas baissé les bras et propose encore un excellent disque de « classic hard rock ».

On pointera toutefois ici deux-trois légères faiblesses. Le première est anecdotique : le premier single « Spectacular », s'il est indéniablement efficace, n'est pas le meilleur titre du disque, loin de là. En faire une vidéo était-il indispensable ? La deuxième est un chouïa plus significative : le disque ne fait que 38 minutes. C'est peu quand la qualité est là, surtout de nos jours. La troisième faiblesse n'en est pas franchement une : les influences eighties, judicieusement intégrées dans Revival, ont disparu ici. Le propos est plus celui d'un Machine Head que d'un Slide It In, pour faire une analogie. Mais certains ne le regretteront pas car la musique reste bonne. 

Car indéniablement elle l'est : il n'y a pas de temps faibles dans les dix titres de hard seventies des Irlandais, du brûlant « New Horizon » en ouverture jusqu'à la conclusion « Scream A Louder Love ». Soutenues par une production impeccable, laissant plus d'espace que d'habitude à l'excellente section rythmique constituée de Micky Waters et James Heatley, les réussite que constituent la power ballade « Speak Now » ou la furieuse « Burn You Down » ne pourront que ravir l'amateur du groupe.

S'il est peut-être un peu moins bon que le disque précédent du groupe dont New Horizon n'arrive pas à égaler la qualité – d'où une note légèrement inférieure –, le nouvel opus des Irlandais fournit du plaisir à la pelle. Plaisir qu'on imagine aussi en live, dans deux mois. Le groupe a décroché le Trabendo. Il s'agit maintenant de le remplir ! 

Baptiste (8/10) 

 

Site officiel

Napalm Records / 2013

Tracklist : 01. New Horizon 02. Leave With Nothin' 03. Spectacular 04. Speak Now 05. Somebody Else 06. Concrete 07. Call Yourself A Friend 08. Baby Kill Me 09. Burn You Down 10. Scream A Louder Love

Ministry – From Beer To Eternity

379823La lente agonie de Ministry, épisode 2437. Le papy Jourgensen semble bien décidé de ne pas lâcher le morceau et nous offre sur un plateau un énième dernière album à l’efficacité plus que douteuse. On le sait, Ministry est coutumier des « derniers albums qui n’en sont pas », mais plus le temps passe et plus cette plaisanterie éculée prend une tournure pathétique. Certes, le décès de Mike Scaccia vient s’ajouter à l’équation et rend un éventuel retour du groupe encore plus incertain, mais à combien de splits avons-nous déjà assisté ?

S’il doit être vraiment le dernier album du groupe, From Beer To Eternity est une épitaphe peu glorieuse. Mis à part quelques rares éclats de fulgurance, cet album tente en vain de captiver l’auditeur. C’est mou, tiré en longueurs sur certains passages… Comment un groupe qui a craché Psalm 69 à la face du monde a-t-il pu tomber si bas ? Où sont passées la violence, la saleté, la hargne du groupe ? Tout ça est bel et bien fini. Quelques passages pourraient faire illusion, mais le tout est noyé dans une ambiance morne, molle, comme si papy Jourgensen essayait en vain d’insuffler à lui tout seul une nouvelle vie dans son groupe alors qu’il a déjà du mal à tenir debout. Ministry n’impressionne plus, Ministry n’intéresse plus, Ministry était déjà mort avec le départ de Paul Barker, le décès de Mike Scaccia risque bien – espérons-le – de lui donner le coup de grâce.

La retraite pour Ministry ? Au vu du passif de leur frontman en matières de substances illicites, j’aurais penché pour l’euthanasie. Just one (last) fix.

Mister Patate (1/10)

 

Site officiel 

13th Planet Records / 2013

Tracklist (54:43) 1. Hail to His Majesty 2. Punch in the Face 3. PermaWar 4. Perfect Storm 5. Fairly Unbalanced 6. The Horror 7. Side FX Include Mikey's Middle Finger (T.V.4) 8. Lesson Unlearned 9. Thanx But No Thanx 10. Change of Luck 11. Enjoy the Quiet

 

SHINING-frontAvec Redefining Darkness, un pâle halo de lumière s'était levé sur la Suède. Il a permis de découvrir les ténèbres sous un nouveau jour. Loin d'être contradictoire, cet album a porté à un degré de tourment inouï la musique du all star band nordique. Une finesse intéressante s'en dégageait, en est il autant de ce Feberdrommar ? Pas exactement…

Niklas n'a jamais rien fait comme les autres, et c'est encore le cas avec ce nouvel « album ». Il est composé de démos issues de Livets Ändhållplats et de Angst, qui datent respectivement de 2001 et 2002. Plus de dix ans déjà… Mais il ne s'agit en aucun cas d'un « worst of ». Ces chansons étaient déjà disponibles sur la compilation The Darkroom Sessions. Plutôt que de les sortir brutalement de lu formol, quelques ajouts ont été réalisés. Et rarement des mortes se sont montrées aussi attirantes. De nouvelles pistes de basses et de guitares sont présentes, Lars Fredrik Frøislie se charge des claviers. Et surtout, 6 vocalistes différents se partagent le chant. Les morceaux sont retravaillés, non pas dans leurs structures, mais dans les détails – avec la précision d'un scalpel. Pendant que certains se demandent très sérieusement comment voyager avec un saumon, Shining cherche à savoir comment faire du neuf avec du vieux.

Pour être franc, ma première inquiétude est aussi ma première source d’excitation: la répartition du chant. Je redoutais une production estampillée « Niklas & Friends, Suicidal Guignol's Band ». Un peu comme quand j'écoute un album de Hip Hop, et que la moitié des morceaux sont des featurings tout à fait dispensables.

Mais c'était sans compter sur la qualité des guests. Sont à l'œuvre dans cette danse macabre: Famine, Attila Csihar, Pehr Larsson, Gaahl, Maniac et Niklas Kvarforth himself. Du TRÈS beau monde donc. Surtout que certains sévissent dans leur langue maternelle. C'est le cas par exemple, de Mc Famine, qui ouvre le bal par "Terre des anonymes". J'en attendais beaucoup, trop peu être. Il devait abattre des forêts, le premier taillis le fout à genoux. Peu con.

À défaut de brûler des voitures, Famine brûle d'envie de faire du rap. Soit, l'idée ne me dérange pas. Au contraire c'est même plutôt rock'n'roll –  et tout ce qui peut faire gueuler les metalheads me fait plaisir. Mais putain, ces paroles… J'ai l'impression que dès qu'il ne parle plus des juifs il n'a plus rien à raconter. Et il est capable de dire que c'est de leur faute… Elles sont d'une lourdeur qui rend le morceau infirme, c'est terriblement dommage car il pouvait faire mieux. Le phrasé est bon, le travail autours de l'ambiance musicale aussi… mais merde, ça ne prend pas.

Dans un registre différent, Pehr Larsson livre une prestation beaucoup plus posée. Sa voix est très en retrait, pour n'être que nappe de brouillard au milieux des riffs lancinants. Le mixage met beaucoup en valeur les nouveaux éléments apportés aux chansons; le fait d'avoir un chanteur qui se place en retrait permet de donner un autre point de vue à l'exercice de style.

La performance de Gaahl, entre hurlement et voix parlée, est également très convaincante. Accompagné par des guitares acérées, qui distribuent des arpèges en pluies acides, « Selvdestruktivitetens Emissarie » est la preuve que l'idée de réenregistrer ces morceaux est séduisante. Maniac transcende aussi "Black Industrial Misery" (originellement Svart Industrial Olycka). Le riff du début tranche dans le vif, et l'ancien vocaliste de Mayhem remue le couteau dans la plaie.  

On se prend alors au jeu et on compare les différentes versions. Le travail exécuté sur les arrangements est très précis et vraiment prenant. Ré-insuffler de la vie dans ces morceaux cultes, et nous entraîner toujours plus bas, est le véritable exploit de cet album. Pour une rétrospective c'est une réussite. Et c'est comme cela qu'il faut voir Feberdrömmar I Vaket Tillstånd. Bel et bien comme un album « 8 1/2 ». Un exercice de style. Techniquement imparable, même si la magie n'opère pas de la même façon.

Il ne reste plus qu'à espérer que le prochain album sorte vite. La durée de vie d'une rétrospective est toujours courte. Clairement, si ce recueil avait été présenté comme le neuvième album du groupe cela aurait été une franche déception. Comme je le disais, il faut plus le voir comme du bonus, un privilège. La présence de Niklas est palpable, mais rien n'égale ses prestations sur son propre territoire. Kvarforth fait au passage un admirable « fuck » à l'auditeur. Il semble qu'avec un sourire en coin il ait décidé de laisser « Through Corridors Of Oppression » telle qu'on la connait. Ce n'est pas pour me déplaire, elle est tellement parfaite.

Ymishima (7/10)

 

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Dark Essence Records / Karisma Records / 2013

Tracklist (48:07) 1.Terres Des Anonymes 2.Szabadulj Meg Önmagatól 3.Ett Liv Utan Mening 4.Selvdestruktivitetens Emissarie 5.Black Industrial Misery 6.Through Corridors Of Oppression