Archive for janvier, 2014

oshy_12012014_AmphetamLe premier EP des Rémois d’AMPHETAMIN, Substitute (chronique ici), avait su, en 2010, toucher et émouvoir notre petit cœur de métalleux. Après un tel apéritif, les convives étaient en droit d’espérer un plat principal roboratif, conservant la subtilité et la large palette de saveurs des bouchées précédentes. La pochette donne d’entrée de jeu le ton, ce n’est pas encore cette fois que nos amis contribueront à améliorer l’humeur pessimiste du moment. L’ambiance générale reste, comme sur Substitute, propice à la mélancolie, au repli sur soi. Cette introspection sera forcément éprouvante mais peut s’avérer salvatrice.

Avec application, par petites touches, couche après couche, AMPHETAMIN construit son univers sonore et nous embarque dans un lourd voyage. Les guitares posent les bases et se voient complétées, enrichies des claviers et du chant. La batterie, juge de paix, marque le tempo et fixe les limites du cadre musical. Les cuivres sont très utilisés et apporte une touche supplémentaire, un contact froid et métallique. Les voiles mélodiques se retirent pas à pas pour finalement dévoiler un paysage intérieur entre violence et découragement. Les Rémois marrient à merveille ces deux dimensions et parviennent à trouver un bel équilibre entre riffs rageurs et passages plus aériens, atmosphériques. Cette subtile horlogerie nécessite un soin constant, exercice pleinement maîtrisé par Sebastian, J.B. et Morgan. Un beau travail a été réalisé sur le chant et les progrès par rapport à l’EP précédent s’avèrent impressionnants. Sebastian susurre moins et se permet même l’audace de véritablement chanter, d’alterner au sein d’une même composition la hauteur et les intonations pour coller au plus près aux émotions du moment. C’est une vraie réussite sur « E-rased » pour ne citer qu’un exemple.

Les influences THE CURE et JOY DIVISION sont bien toujours présentes mais AMPHETAMIN a aussi su élargir son horizon pour se rapprocher d’un ANATHEMA, ou même d’un MARILLION parfois dépressif période Brave. Sans renier les touches progressives et post-rock de leur musique, le groupe avance et continue à développer son identité. Ils expérimentent et prennent des risques, ici en proposant un titre éponyme, fleuve, de plus de treize minutes. Exercice casse-gueule par excellence, nos compatriotes s’en sortent haut la main via une nouvelle très belle prestation d’ensemble, avec mention spéciale pour le chanteur. Soulignons aussi la qualité de l’enregistrement, le son s’avère limpide et rend vraiment hommage à toutes les subtilités des compositions proposées.

Après un gallot d’essai prometteur en 2010, AMPHETAMIN enfonce le clou et confirme tout le bien que nous pensons d’eux. A la fois inspirés et talentueux ils pourraient en surprendre plus d’un. Plus j’écoute At the Dawn of Twilight plus l’image d’un OPETH époque Damnation (ou KATATONIA) s’impose à moi. Pas sûr que cela rentre dans les projets du groupe mais il serait intéressant de voir les Rémois se frotter à un registre plus agressif et lourd. Un sacré bon disque en tout cas, disponible gratuitement ou au prix que vous voulez (histoire de les soutenir) sur la page bandcamp du groupe.

Oshyrya (8,5/10)

 

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Autoproduction / 2013

Tracklist (45:30 mn) 01. Lunae Lumen 02. E-rased 03. Pain(t)ful Memories 04. Wish & Fall 05. At the Dawn of Twilight 06. Autumn III 07. A Shadow on Me

Atlases – Upbringing (EP)

oshy_12012014_AtlaseUpbringing où les premiers pas musicaux des britanniques d’ATLASES. Ici s’arrête les bonnes nouvelles car la suite se gâte assez largement. Originaires du Berkshire en Grande-Bretagne, nos amis ont eu la mauvaise idée de n’être qu’un groupe de metalcore de plus, sans valeur ajoutée ni originalité. Formation très jeune, née début 2013, ils ne font pour l’instant que copier, « singer » si je voulais être méchants, leurs grands frères. Les influences sont à chercher du côté des BRING ME THE HORIZON pour ne citer qu’un de ces groupes qui polluent régulièrement nos esgourdes.

Attention, je ne dis pas qu’ATLASES n’a pas de talent, ils font preuve d’une certaine maîtrise à travers quelques riffs et quelques mélodies, déjà entendues, mais quand même sympathiques. Les hurlements de Jack Parsons derrière son micro trouvent par contre beaucoup moins grâce à mes yeux mais il s’agit là d’une des marques de fabrique de cette (triste) scène metalcore. Le son est puissant, bien rentre dedans mais cela ne suffira pas à soulever l’enthousiasme des foules. Etre en colère et un peu brut de décoffrage c’est bien mais sonne un peu artificiel ici. « Betrayer » peine à convaincre, trop simple et basic, même chose pour « My Testament ». « Secret Keeper » relève un peu le niveau à travers une plus grande variété.

Vous remarquerez que je fais bien des efforts pour trouver le positif dans cette mélasse car ATLASES est jeune et encore inexpérimenté, on peut encore leur pardonner certaines choses de ce premier EP. Nous pourrions être moins indulgents s’ils persistaient dans l’erreur. Enfin, toute cette scène est une erreur donc je n’attends vraiment pas d’épiphanie à court ou moyen terme.

Oshyrya (05/10)

 

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Autoproduction / 2014

Tracklist (24:04 mn) 01. Betrayer 02. Secret Keeper 03. My Testament 04. The Deepest Dark 05. You Dreamer, You Fool 06. Consume/Deny

REO Speedwagon MoondanceIl est des groupes totalement inoffensifs : voyez REO Speedwagon. L'AOR très poppy du groupe de Kevin Cronin a toujours manqué et manque toujours de mordant et de « niaque ». Ce caractère outrageusement mélodique a garanti toutefois à You Can Tune A Piano But You Can't Tune A Fish (1978) et surtout à Hi Infidelity (1980) des ventes plus que conséquentes puisque le dernier disque cité s'est vendu à plus de 9 millions d'exemplaires outre-Atlantique. Depuis, comme pour beaucoup de groupes phares de l'AOR, l'étoile a pâli et le groupe se contente d'arpenter les villes US ou des cohortes de nostalgiques viennent acclamer et entonner « Don't Let Him Go » ou « Can't Fight This Feeling ». Live At Moondance Jam est une des expressions de ce type de tournée où aucun titre postérieur à 1985 n'est joué alors que le plus ancien date de 1971 : « Riverside Avenue » – un classique du groupe.

C'est dire qu'il n'y a pas lieu de se réjouir outre mesure et ce d'autant plus qu'en lançant les hits trop soft de Hi Infidelity au début de concert, REO Speedwagon a tendance à ramollir l'ambiance. Le public des quinquagénaires apprécie sans doute mais l'auditeur plus jeune sera circonspect. Pourtant, ce live vaut le détour malgré tout, du fait de professionnalisme évident du groupe et de la grande aisance qui se dégage. Et puis, certains titres passent bien mieux le cap des années, comme « Back On The Road Again » issu du plus confidentiel Good Trouble (1982) qui s'avère d'une énergie inattendue. En outre, quand le groupe étend significativement des morceaux comme le hit « Roll With The Changes », le résultat est plus que plaisant du fait du savoir-faire évident. 

Un live pour les amateurs mais qu'un néophyte peut écouter avec intérêt, sans que pour autant il reste dans les annales du genre. 

Baptiste (7/10)

 

Frontiers / 2013

Tracklist (76:00) : 1. Don't Let Him Go 2. Keep on Loving You 3. In Your Letter 4. Take It on the Run 5. Keep Pushin 6. Golden Country 7. Can't Fight This Feeling 8. Like You Do 9. Time for Me to Fly 10. Back on the Road Again 11. Roll with the Changes 12. Ridin' the Storm Out 13. 157 Riverside Avenue.