Archive for janvier, 2014

Casablanca – Riding A Black Swan

Casablanca-–-Riding-A-Black-SwanLa vie musicale de chroniqueur est parfois faite de bonnes surprises au milieu d'un océan de choses mille fois entendues. Voyez Casablanca : à moitié inconnu dans nos contrées, le groupe suédois de « classic hard rock » vient de sortir un deuxième disque aussi revigorant qu'inattendu – Riding A Black Swan.  À la croisée du glam des années 70, du premier Def Leppard ou de Thin Lizzy (notamment du fait d'un gros travail au niveau des guitares), la musique de Casablanca est définitivement rétro jusqu'à son son que n'aurait pas renié Martin Birch en 1982. Voici un cahier des charges assez lourd à endosser, mais il faut reconnaître qu'il est rempli à la perfection : Riding A Black Swan est tout bonnement capiteux.  

Certes Anders Ljung n'est pas le meilleur des chanteurs mais sa personnalité, son savoir-faire et ses mélodies vocales constituent un apport essentiel aux chansons telles que « Riding A Black Swan », l'excellent titre d'ouverture « The Giant Dreamless Sleep », « Hail The Liberation » ou le tout en nuance « Just For The Nite ». Ryan Roxie (guitariste d'Alice Cooper) constitue le deuxième point fort de Casablanca. Associé à Erik Stenemo, le guitariste assène riffs et thèmes, souvent à l'unisson, avec une créativité étonnante dans un style quand même tout sauf neuf. Il n'y a pas lieu de citer un titre à l'appui : tous les morceaux confortent ce constat. Si on peut dire qu'un disque est un disque de guitares au bon sens du terme, c'est bien ce Riding A Black Swan

Ici pas de batterie triggée ou de basse slappée : Josephine Forsman à la batterie et Mats Rubarth à la basse se placent plutôt dans le sillage de la section rythmique du UFO de la période Strangers In The Night (1979). C'est tout à fait à propos tant ils participent d'une cohérence musicale exemplaire et jouissive. 

Un régal.

Baptiste (8,5/10)

 

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Gain Music / 2013

Tracklist : 1. The Giant Dreamless Sleep (4:01) 2. Hail the Liberation (3:42) 3. Dead End Street Revisited (3:21) 4. It’s Alright (4:10) 5. Barriers (4:06) 6. Riding a Black Swan (3:29) 7. Some Misty Morning (3:25) 8. Heartbreak City (2:29) 9. No Devil In Me (3:37) 10. Just For the Nite (4:16)

 

Tant qu’il y aura du buzz

Dans les légendes urbaines colportées à notre sujet sur la toile, il y en a quelques-unes qui sont particulièrement savoureuses. On a déjà parlé du rapport étrange qu'entretiennent quelques groupes et responsables de labels au sujet de l'objectivité, il est vrai que c'est tellement plus agréable de se faire encenser… Voilà que certains se répandent sur le fait que nous aurions délibérément massacré leur travail dans une chronique dans le seul but de faire du buzz. Du BUZZ. Le mot est lâché.

Hé bien c'est vrai. Chaque vendredi, je consulte les statistiques et je convoque les chroniqueurs, à charge pour eux à la lecture des mots-clés qui amènent au site de proposer un article qui fera le buzz à coup sûr. Le prochain d'ailleurs, je vous le délivre en avant-première bande de veinards, sera consacré à ces ringards de metalleux qui arborent fièrement une coupe mulet, et qui cherchent sur la toile "les mystérieuses cités d'or – hentai". 

Plus sérieusement, derrière le mot Buzz, il n'y a rien de tout cela. Je suis désolé d'avouer que nous n'avons pas de stratégie concertée de publicité sauvage. Parfois, c'est même agaçant, quand on a écrit un article avec soin, de le voir relégué à des centaines de lectures par un démontage en règle du dernier album d'Emmental Eviscération qui se retrouve en tête des chroniques les plus lues du mois. 

Agaçant mais pas plus que cela : après tout, les articles du site quels qu'ils soient sont faits pour être lus. Et ce n'est pas la régie publicitaire qui s'en plaindra, quel que soit le buzz, c'est toujours bon à prendre. Pour autant, je réfute toute volonté de s'acharner sauvagement sur des "petits" groupes qui ont sué sang et eau pour sortir un disque. Quel que soit le statut du groupe dont l'album est chroniqué, ce n'est pas pris en compte lorsque l'article fait le buzz. Christopher Johannsson de Therion peut en témoigner, nous n'avons pas ménagé sa dernière sortie discographique, et nous sommes sur la même longueur d'onde lorsqu'il explique que même un mauvais buzz est bon à prendre.

On en oublierait presque le buzz positif engendré par une chronique qui a plu au groupe ou au label et dont la diffusion n'a rien à envier aux diffusions sujettes à polémique.

Faire du buzz pour faire causer, pour exister ? Cela ne tient pas la route. Certes, certains articles mis en avant provoquent une hausse des connexions -sur une durée très limitée – mais il n'y pas d'utilisation abusive de notre part : les chroniqueurs sont libres de proposer des articles susceptibles de faire le buzz, dès lors que le sujet est pertinent. 
Au contraire de certains sites, nous ne publions pas des dossiers qui touchent le fond du genre les "50 chanteuses les plus sexy du metal" qui doivent provoquer bien des connexions de métalleux mâles. Voilà une occasion manquée de faire du buzz pourtant…
Lorsqu'il s'agit de chroniques, la maîtrise du buzz en question est très relative, cela dépend d'abord de vous lecteurs, puis des groupes concernés, qui jouent le jeu, ou pas.

 

Indica – Shine / Akvaario

indicaIl fut un temps, pas si lointain, où être signé chez Nuclear Blast était le couronnement de la carrière de tout groupe de Metal. Une époque où la maison Donzdorf était encore un gage de qualité. Hélas, les temps changent, et ce label qui, à ses débuts, a su donner ses lettres de noblesse à tant de groupes, fait des choix stratégiques de plus en plus discutables sur un plan purement musical (par contre, d'un point de vue purement bizness, je comprends tout à fait la logique). Ainsi, outre les quelques groupes de Metalcore et de Deathcore absolument indispensables pour faire les yeux doux à toute cette frange de fans de la vague « -core », Nuclear Blast semble avoir trouvé avec Indica l'arme absolue pour toucher un public-cible inattendu : la femme du fan de Metal. 

Oui, parce que la femme du fan de Metal n'apprécie pas forcément le bruit qu'écoute sa brute d'amour. Elle voue pour Slayer la même haine que celle que toi, fan de Metal, tu voues à Britney Spears. Indica est censé être un moyen d'écouter à la maison un produit ayant un vague rapport avec le Metal (je cherche encore le rapport, je n'ai pas trouvé) sans pour autant que madame ne tire la gueule. Bref, Nuclear Blast a signé un groupe de pop sympho poussive, dont le seul attrait est le joli minois des demoiselles sur la pochette. J'ai fait le test à la maison : j'ai mis la galette, j'ai attendu la réaction de Madame Patate et je me suis rincé l'œil en matant la pochette. Deux morceaux et un genou dans les couilles plus tard, j'ai repris mon iPod, chaussé mes écouteurs et écouté du Slayer en évitant de penser à la douleur qui irradiait de mon entrejambe.

Paroles mièvres, mélodies calibrées au millimètre pour passer sur les grandes ondes, Indica est douloureusement mielleux. « On va finir par croire que le seul métal qui reste à Donzdorf, c'est les entrepôts et les flippers du label », me disait le boss. Il croyait pas si bien dire. Histoire de rendre l'outrage encore plus sublime, Nuclear Blast nous propose l'album en deux versions (un peu comme Korpiklaani en son temps) : une version anglaise et une version finlandaise. À vrai dire, la version finlandaise remporte mes suffrages : au moins, on ne se rend pas compte à quel point les paroles sont naïves. 

Indica est au Metal ce que la Kriek est à la bière : un pâle ersatz qui n'a rien de commun avec « the real thing » et qui plait surtout aux femmes. Le seul avantage de ce disque est que maintenant, j'aurais plus de difficultés à me moquer des groupes de Guillaume Bideau, parce que j'ai trouvé plus sucré que lui. En même temps, on ne pouvait pas attendre mieux d'un groupe taillé sur mesure pour représenter la Finlande à l'Eurovision…

Mister Patate (où j'ai bien pu mettre mon insuline ?/10)

 

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Nuclear Blast Records / 2013

Tracklist : 1. Mountain Made Of Stone 2. Uncovered 3. A Definite Maybe 4. Goodbye To Berlin 5. Run Run 6. Here And Now 7. Missing 8. Hush Now Baby 9. Behind The Walls 10. A Kid In the playground 11. War Child 12. Humming Bird (digipak Bonus) 13. Lucid (iTunes Bonus)