Archive for mars, 2014

Skyliner – Outsiders

oshy_16032014_SkylinSans vouloir être d’entrée désagréable avec SKYLINER, aussi bien le fond que la forme semble un peu poussiéreux et daté au premier abord. Le logo du groupe, la pochette et la longue introduction nous ramène vingt ans en arrière, au début de la scène power métal prog. Je vous rassure, la suite s’annonce prometteuse et surtout plus un chouia plus moderne malgré un ancrage traditionnel évident. Et finalement cette philosophie adoptée par les américains pour un premier album n’est pas scandaleuse. Certains voudront tout bouleverser dès le début alors que d’autres préfèreront s’installer et prouver ce dont ils sont capables avant d’essayer d’innover.

Les choses sérieuses commencent avec un « Symphony In Black » rapide et tranchant. Encore une fois n’attendez pas ici de révolution mais une mise en pratique appliquée de la recette du bon power métal tradition européenne. Les riffs sont soignés, la mélodie et le refrain se veulent accrocheurs. La section rythmique se donne à fond, basse et batterie impose une course effrénée. SKYLINER n’a pas voulu se cantonner à un seul style à n’hésite pas à complexifier ses chansons leur donnant ainsi une petite touche progressive. Enfin n’imaginez pas des tombereaux de claviers partout, cela reste très power métal et la guitare se taille la part du lion. Les compositions sont dans l’ensemble assez longues, parsemées de nombreux breaks. Malgré leur jeune âge, nos trois compères assurent et font déjà preuve d’une belle maturité. Jake Becker au chant et à la guitare tient bien son groupe et s’avère être un chanteur de qualité. Il sait varier son chant et insuffler la puissance nécessaire.

Les chansons s’enchainent sans temps mot ni grosses faiblesses. Vous ne trouverez pas sur Outsiders de qui vous relever la nuit mais un disque de power métal made in USA solide et bien foutu. J’ai parfois pensé à PRIMAL FEAR voir RAGE à l’écoute de SKYLINER. Pour un jeune groupe, ces références sont assez gratifiantes. Et puis les américains surprennent un peu en concluant cet album avec un titre fleuve de plus de vingt-une minutes. Exercice casse gueule au possible il faut avoir de la bouteille pour mener à bien un tel projet. Le visage le plus progressif de SKYLINER réapparait alors plus clairement même si le naturel power reprend vite les rênes de l’aventure. Quelques longueurs auraient pu être évitées et finalement l’impression de patchwork émerge petit à petit. L’auditeur trouvera ici presque trois chansons entremêlées. L’impression s’avère un peu mitigée.

Limb Music continue d’essayer de dénicher de nouveaux talents et de les faire émerger dans la lumière. SKYLINER semble être une bonne pioche et laisse percevoir bien des promesses. Le potentiel est là.

Oshyrya (6,5/10)

 

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Limb Music / 2014

Tracklist (75:52 mn) 01. Signals 02. Symphony In Black 03. Undying Wings 04. Forever Young 05. Aria Of The Waters 06. The Human Residue 07. Dawn Of The Dead 08. The Alchemist 09. Worlds Of Conflict

The Exploited – Repos forcé

exploited_members1Les dernières nouvelles concernant le groupe punk étaient bien inquiétantes, le chanteur Wattie Buchan avait eu un malaise cardiaque lors d'un concert le 13 février 2014 à Lisbonne, forçant le groupe à annuler le reste de la tournée.

Wattie va mieux, il a désormais la permission de quitter l'hopital pour se reposer chez lui. Il n'y pas de date définitive pour un triple pontage.  The Exploited va retrouver le chemin des studios mais tout plan d'enregistrement, et toute tournée sont repoussés d'un an. 

En attendant les rééditions promises par Nuclear Blast sont en train de sortir. Pour mémoire il s'agit de "Beat The Bastards" (+ "Official Live-Bootleg" Bonus DVD), "Fuck The System" (+ 4 titres bonus), "The Massacre" (+ 4 titres bonus).

www.the-exploited.net

 

Aborted – The Necrotic Manifesto

402934Après un Strychnine .213 décevant aux yeux de la majorité des fans, Aborted avait pris le temps de revenir avec un album qui remettrait les pendules à l'heure. Le résultat, on le connaît : Global Flatline, une méchante claque, un album qui fleurait bon la filiation avec Goremaggedon. Hélas – et comme d'habitude, aurais-je envie de dire – le line-up a depuis lors de nouveau connu deux modifications, les deux guitaristes de Global Flatline ayant quitté le groupe. Qu'à cela ne tienne, pour ce nouvel album, Sven a su s'entourer de deux gratteux de talent, Mendel bij de Leij (qui a son propre projet, notamment) et Danny Tunker (ex-God Dethroned, ex-Prostitute Disfigurment, guitariste live de Spawn Of Possession où il se paie même le luxe de jouer un morceau en live les yeux bandés et guest sur les albums de Hannes Grossmann et de The Project Hate MCMXCIX, rien que ça). Les fans pouvaient donc dormir sur leurs deux oreilles, le résultat allait être à la hauteur de leurs espérances.

Au niveau de l'artwork, j'avoue être mitigé. Celui de Global Flatline me plaisait bien, cette touche apocalyptique/zombie apportait un petit plus. Ici, le chirurgien/boucher mutant me déçoit un peu. À la limite, je préfère encore l'artwork de l'EP Scriptures Of The Dead, plus so(m)bre. "Six Feet Of Foreplay", l'intro, nous plonge dans une ambiance connue, avec les cris, les bruits d'ustensiles coupants motorisés ou non, cette montée en puissance qui n'est pas sans rappeler l'intro de "Meticulous Invagination", ce "Hey" à 00:57 qui nous renvoie au "Hey, I think you should know I killed a lot of people" en intro de "Dead Wreckoning" et ces trois mots en prélude à l'avalanche de brutalité :

I

AM

PAIN

Non, Aborted ne perd pas de temps en politesse et assène en guise de premier contact "The Extirpation Agenda", un morceau dans la plus pure lignée des brûlots ultraviolents qu'Aborted a su distiller au fil de sa discographie. Mendel et Danny ont su s'intégrer parfaitement dans le groupe, à saisir l'esprit Aborted, le son de guitare, à tel point qu'il est pour ainsi dire impossible de dire que toute la section "guitares" du groupe a changé depuis 2012. Certains diront qu'Aborted fait toujours la même soupe et sonne comme du Aborted, je m'émerveille à chaque fois de voir à quel point ce groupe parvient à garder son identité malgré les nombreux changements de line-up. Au niveau rythmique, Ken Bedene affiche une forme insolente et enchaîne les morceaux avec une précision et une virulence rares. Le groupe a certes vu passer des batteurs de haut niveau (Dan Wilding, qui martyrise maintenant les fûts de Carcass et Dirk Verbeuren pour citer les plus illustres), mais Ken déroule sur cet album une prestation particulièrement bluffante, à plus forte raison parce qu'il sait alterner les assauts supersoniques et les mid-tempos pesants ("Die Verzweiflung", par exemple).

L'alternance : voilà justement ce qui rend cet album si plaisant. Certains groupes s'égarent dans la course à la brutalité. Toujours plus vite, toujours plus bourrin et, au final, un furieux mal de crâne. Aborted sait ménager la chèvre et le chou. Oui, The Necrotic Manifesto contient quelques-uns des morceaux les plus ravageurs de la carrière du groupe, mais il sait aussi lever le pied, diffuser une ambiance. Cette capacité, le groupe l'avait déjà dévoilée sur l'album précédent avec "Extirpation Euphoria" et "Endstille", mais on atteint ici des sommets avec "Cenobites".

Et Sven, dans tout ça (parce qu'on oublie presque de parler du chant) ? J'aurais envie de dire "comme d'habitude". C'est pourtant très réducteur, car on connaît ses capacités, et il livre lui aussi une nouvelle prestation de très haut niveau sur ce nouvel opus. En fait, en tant que moteur du groupe, Sven sait mener sa barque, sait guider ses troupes, et le résultat ici est un des albums qui m'ont enthousiasmé le plus sur les 10 derniers mois, bien plus que le dernier Benighted, par exemple (qui était pourtant une de mes excellentes surprises du début 2014).

Alors, The Necrotic Manifesto, meilleur album du groupe ? Difficile à dire. Personnellement, je pourrais lui reprocher à la limite l'absence d'un véritable single qui ressort clairement du lot, mais c'est peut-être justement la force de cette galette : aucun morceau ne ressort du lot parce que tout l'album est à un niveau de qualité très élevé. Quoi qu'il en soit, si vous avez aimé Global Flatline, vous vous ruerez sur ce Necrotic Manifesto maîtrisé de bout en bout. Une belle réussite.

Mister Patate (9/10)

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Century Media Records / 2014
Tracklist (42:34) 1. Six Feet of Foreplay 2. The Extirpation Agenda 3. Necrotic Manifesto 4. An Enumeration of Cadavers 5. Your Entitlement Means Nothing 6. The Davidian Deceit 7. Coffin upon Coffin 8. Chronicles of Detruncation 9. Sade & Libertine Lunacy 10. Die Verzweiflung 11. Excremental Veracity 12. Purity of Perversion 13. Of Dead Skin & Decay 14. Cenobites