ARCANIA (interview de Guillaume Rossard, basse – juin 2014)
Posted by OshyryaAoût 23
01. Peux-tu présenter à nos lecteurs ARCANIA ?
Nous sommes avant tout un groupe constitué de potes d’enfance créé il y a quinze ans de cela, nous avions alors treize ou quatorze ans avec la volonté de faire une musique proche des groupes que nous aimions, dont nous regardions les vidéos live, les METALLICA, les PANTERA ou encore SLAYER. Nous voulions faire pareil et donc on s’est mis tous ensembles alors que nous ne savions pas jouer de musique. Donc nous nous sommes un peu repartis les instruments et chacun à bosser, à gratouillé pour apprendre et grandir tous ensemble en tant que musiciens. Le batteur de l’époque pratiquait déjà depuis un ou deux ans mais au niveau guitare et basse nous sommes partis de zéro.
02. Trois mots pour résumer le groupe et pourquoi ?
Rires : nous passons notre temps à nous amuser et à prendre la vie par le bon bout. L’ambiance est excellente entre nous. C’est le plus important pour moi. Tu dois faire face à assez de galères au quotidien pour ne pas faire de la musique comme une corvée en plus.
Travail : Nous bossons quand même beaucoup entre nous et chacun avec son instrument pour arriver là, rien ne vient tout cuit il faut s’investir à fond pour avancer et progresser. Pour le troisième, je ne sais pas trop…
03. Je peux te suggérer « adversité », c’est assez marquant en lisant la bio du groupe…
Oui nous avons expérimentés des hauts mais surtout de sacrés bas dans notre parcours jusque là et ces moments difficiles ont aussi construit notre identité et de ce que nous sommes. Et c’est ce passé qui fait aussi que nous rigolons beaucoup entre nous et que nous profitons au maximum de toutes les opportunités.
04. Que retiens-tu de la période Sweet Angel Dust ?
Ce album représente pour moi un gros pas un avant, une étape très importante pour nous, la possibilité après presque dix ans d’existence à proposer un produit fini, professionnel, enregistré dans un vrai studio, avec une énorme rigueur des compositions finement travaillées et abouties, des cds pressés, un label, une distribution, la boucle se bouclait. Ce fut un vrai changement de cap dans la bonne direction.
05. À la sortie de Sweet Angel Dust vous êtes-vous fait le délire cliché d’aller chez votre disquaire découvrir votre album dans les bacs ?
Oui bien sûr, carrément. Le kiff d’aller le chercher oui bien sûr mais surtout le plaisir de tomber dessus par hasard chez un disquaire d’une autre ville et cela s’est cool. Tu n’y vas pas pour cela, tu flânes et tu peux voir ton disque. Là c’est vraiment le pied… C’est l’aboutissement de quelque chose. Nous ne sommes pas devant la grille du magasin le matin même surtout que les dates de sortie sont fluctuantes mais tu y passes quelques jours après te faire ce petit plaisir.
06. Quelques semaines avant la sortie de ce deuxième album comment vous sentez-vous vis-à-vis de ces chansons ?
C’est Season of Mist qui nous distribue et il devrait être disponible pour tout un chacun pour le Hellfest sur leur stand. On tout cas nous croisons les doigts. La sortie officielle dans les bas est prévue aujourd’hui au 7 juillet. C’est long je sais… Le sentiment qui prédomine chez nous est nettement de l’ordre du soulagement de pouvoir le faire écouter à tout le monde. Nous avons hâte d’enfin le présenter à ces nombreuses personnes qui nous suivent depuis nos débuts et qui n’en peuvent plus d’attendre de découvrir ces nouvelles chansons. Cela représente un cap important pour nous.
07. De ton point de vue, quelles sont les principales évolutions musicales entre Sweet Angel Dust et ce Dreams are Dead ?
Nous avons surtout essayé de pousser toutes les manettes à l’extrême, d’un point de vue brutalité ou technique, ce qui n’était pas le cas sur Sweet Angel Dust mais aussi du côté mélodique et ambiance. Cet équilibre était important à nos yeux. Ensuite les progrès sont importants ne serait-ce qu’au niveau de la connaissance et de l’apprentissage de nos instruments. De mon côté j’ai du modifié ma façon de jouer ou mon approche de la basse pour proposer et ensuite pouvoir exécuter certains plans. La remise en question s’est avérée nécessaire.
J’ai dû modifier par exemple ma position de poignet et mon relâchement pour gagner en rapidité ou passer tel ou tel passage plus technique, pour avoir plus d’impact. Pouvoir suivre la double de la batterie au mediator il a fallu que je m’adapte. Pour tout ce qui est plus mélodique je le joue au doigt pour avoir un son plus global, j’utilise du slap pour les parties plus percutantes sinon j’utilise aussi du tapping. Cette variété est importante pour me faire plaisir et apporter une valeur ajoutée au son et à la musique proposée en général. C’est un défi pour moi de jouer à la basse ce que font la guitare et la batterie. Je veux proposer un jeu intéressant.
08. Etait-ce naturel pour vous de retravailler avec David Potvin au Dome Studio (Lyzanxia, One Way Mirror, Phaze 1) ?
Oui ce fut naturel mais on s’est quand même posé la question d’avoir voir ailleurs pour obtenir autre chose. Mais entre les deux albums nous avons beaucoup évolué, nous avons gagné en maturité artistiquement parlant et en expérience d’enregistrement. Donc nous sommes arrivés avec un projet réel et ficelé en disant à David nous voulons ça, ça et ça et surtout pas ça, ça et ça. Nous avons discuté avec lui, il était ok et donc c’est parti comme cela.
Nous arrivons en studio avec des compositions bouclées terminées, nous ne pouvons pas laisser d’inconnus en entrant en studio. Nous nous laissons par contre une petite marge au niveau des arrangements, mais sinon tout le reste est fixé au poil près. Et donc pour Dreams are Dead nous avons dû prendre une semaine voir une semaine à demi pour tout mettre en boîte avec quasiment tout le monde en studio pendant tout le process. Pour les sessions de batterie, nous avons consacré trois jours. Notre guitariste soliste habite Quimper donc difficile d’être là en permanence pour lui. Pour les autres, nous devions être quasiment tout le temps pas très loin des studios.
Les guitares ont été enregistrées tout seul avec David, même chose pour moi à la basse… Cela dépendait des possibilités de chacun. Pour la suite je ne sais pas du tout, nous sommes très satisfaits de son travail, c’est un réel plaisir et c’est à côté de chez nous. Nous n’avons pas à aller à l’étranger ou de l’autre côté de la France pour avoir un bon son.
09. Comment fonctionne la magie au sein du groupe ou la composition des nouvelles chansons ?
Cyril notre guitariste chanteur compose de son côté et nous propose des structures de chansons très abouties, terminées ou quasiment terminées de A à Z. Les arrangements guitares sont déjà en place reste à travailler les autres arrangements : chœurs, voix, synthés si besoin. Une boite à rythme donne une trame rythmique, bref le titre fini. Il nous envoie cela, chacun fait sa popote de son côté avec son instrument et définit comment il voit son instrument dans le morceau et nous mettons tout en commun dans notre local de répétition.
Le squelette reste le même et tout le reste se fait ensemble en répétition. Pour notre guitariste solo, Niko, il se pose sur les structures existantes et pour l’album il s’est concentré en particulier sur les solos. Nous bossons à trois les noyaux des morceaux, nous habitons proches les uns des autres. Nous bossons beaucoup les bases basse et batterie pour fixer de solides fondations pour que les autres puissent développer et se lâcher sur cette base. C’est très important.
10. Comment trouvez-vous l’équilibre entre l’approche purement thrash et les touches plus mélodique, certains diraient progressives ? Comment travaillez-vous cela ?
Très bonne question car nous nous sommes toujours faits, depuis le départ, un point d’honneur à vraiment garder le côté mélodique, partout partout, un coup avec la guitare, un coup avec la basse ou avec le chant ou via les arrangements avec des chœurs en fond ou via la batterie qui peut rehausser un peu la trame principale. Même si nous proposons parfois des parties assez brutales, la mélodie ne sera jamais très éloignée. Parfois avec le recul nous revenons sur certains passages en trouvant cela trop mélodique ou trop brutal mais il faut travailler pour trouver le bon équilibre.
Cela passe parfois par un besoin de remonter le click ou voir quel instrument pourrait apporter le petit plus nécessaire. La trame est déjà là, tout est réfléchi et penser avec précision par Cyril et donc nous ne faisons que des ajustements. Si le morceau n’est pas cohérent, il ne nous le présente même pas.
11. Pourquoi avoir pris tant de temps entre les deux disques ?
Plusieurs raisons, d’abord il nous faut du temps pour composer, travailler, arranger et enfin enregistrer tous ces morceaux. Nous n’avons pas d’urgence et donc nous faisons ce qu’il faut pour obtenir le bon résultat. Il a aussi fallu du temps pour pouvoir défendre Sweet Angel Dust sur scène convenablement. Et puis les changements de line-up retardent aussi les choses. Notre premier guitariste, Nicolas Alberny, a du quitté le groupe, il a fallu trouver un nouveau gratteux. Trois ans ce n’est finalement pas énorme, la sortie en bas après ne dépend pas forcément de nous.
12. Le chant en anglais est-il une évidence ?
La question s’est posée puisque sur nos premières démos, le chant était en français. Mais nous sommes finalement assez vite passé à l’anglais. Cela s’est fait naturellement, les débats ont été ouverts, Cyril aimait bien moi je n’étais pas très favorable au français… L’anglais s’y prête bien mais on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir, c’est un choix global.
13. Que peux-tu nous dire de la pochette plutôt sympa, comment avez-vous travaillé avec l’artiste ? Pas très thrash pourtant, vouliez-vous brouiller les cartes ?
Pour casser les codes, nous voulions un visuel assez éloigné des images habituelles utilisées par les groupes qui évoluent dans la même veine que nous. Nous voulions un dessin qui nous représente, sur nos choix à nous, nos influences… Cela a pris beaucoup de temps car d’abord nous n’étions pas d’accord entre nous sur ce que nous voulions voir sur la pochette et ensuite il y a aussi eu des débats sur le rendu final. Pour celle-ci c’est le frère de Cyril qui a fait en peinture la lune et le personnage et Niko Beleg, notre guitariste soliste, qui est aussi infographiste a finalisé la chose. Notre ancienne pochette était l’œuvre de notre ancien batteur. Le titre est le visuel est plus sombre, plus pessimiste si l’on veut…
14. Vous semblez avoir une relation étrange avec GOROD. Comment se passe-t-il ?
Ce sont de très bons copains depuis 2004, depuis que nous avons enregistré notre maxi là-bas. Nous avons un super contact avec eux et Nicolas Alberny, notre (ancien) guitariste était de Bordeaux alors que GOROD cherchait un guitariste et son intégration s’est faite assez naturellement. Mais tout va pour le mieux mais il y a une longue histoire commune entre eux et nous. On rigole énormément avec eux, nous avons partagé quelques dates avec eux et ce fut à chaque fois un plaisir.
15. Vous avez partagez des scènes avec des groupes divers et même participé au Hellfest. Comment cela s’est-il passé et qu’avez-vous retiré de ces expériences ?
C’est à chaque fois une expérience importante mais très différente car chaque groupe à sa propre personnalité et tu accroches plus ou moins avec les autres musiciens. GOROD se sont des amis, nous venons de le dire, même chose pour TREPALIUM, BLACK BOMB A nous ne les avons pas vu, ils jouaient après nous, ULTRA VOMIT super contact également, nous avons ouvert pour eux. Cela reste un petit milieu et donc tout le monde se connaît. L’ambiance est bonne et plutôt positive.
16. Comment voyez-vous la scène métal française vue d’Angers ?
De façon très positive, la scène française pullule de très bons groupes, franchement mais le gros point noir reste de trouver des dates de concerts. C’est l’horreur et surtout de pire en pire. Les structures qui accompagnent bien et positivement les groupes sont très rares. Nous arrivons à la catastrophe, c’est un peu n’importe quoi.
17. Quels sont tes espoirs et tes attentes pour ARCANIA ?
Nous espérons recevoir un très bon accueil pour ce nouvel album et que cela nous permette de tourner, de donner un maximum de concerts un peu partout. Les jalons sont posés, nous discutons et nous avons certaines perspectives avec GOJIRA bientôt, avec DAGOBA à l’automne… Tout sera annoncé via Facebook.
Et enfin "Le Quizz De Métal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview
1. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques…) ?
« Ars Moriendi » de MR BUNGLE
2. Le déclic qui t’a fait de lancer dans l’apprentissage de la basse ?
Le son de l’instrument m’a plu dès le début. Le déclic est venu de PANTERA.
3. Premier album acheté ?
J’hésite entre Appetite for Destruction de GUNS N' ROSES et le premier IRON MAIDEN.
4. Dernier album acheté ?
Deux tournent beaucoup en ce moment : The Parallax II: Future Sequence de BETWEEN THE BURIED AND ME et Earth Rocker de CLUTCH.
Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)
Chronique de l'album ici
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