Voilà le genre d’album difficile à appréhender. Là où certains s’efforcent de rentrer dans le cadre qui leur est imposé par « la mode », dans un monde de la musique où d’aucuns optent pour le « prêt-à-écouter » qui ratisse large, il subsiste des groupes qui ne font aucun compromis. Des groupes qui entrent dans la démarche inverse. Certains optent pour la technique à outrance, Celeste a choisi une autre voie. Celle de la violence brute du post-hardcore. Impitoyable. Le propos n’est pas forcément des plus compliqués, certes : à l’instar d’un Amenra, Animale(s) déverse un océan de rancœur sans fin sur fond de rythmiques pesantes, de riffs de plomb et de cordes vocales déchirées. Mais il n’en est pas moins redoutablement efficace. Sur ce double album, Celeste nous prend par la main et nous emmène dans son monde, un monde sombre, dur, rugueux.
Animale(s) ne s’écoute pas avec plaisir. Animale(s) est une épreuve. Un peu comme si vous allumiez une allumette et que vous essayiez de la garder le plus longtemps possible entre vos doigts, jusqu’à la morsure de la flamme. Beaucoup n’adhèreront pas à la démarche et trouveront ce double album indigeste. Personnellement, et pour la première fois depuis des années, je tiens entre les mains un double album qui ne souffre pas du fameux « syndrome du double album » : aucun filler, aucun coup de mou, juste une déferlante de douleur et de violence sans répit. Parvenir à maintenir une telle tension sur une telle durée n’est pas une prouesse. C’est un art. Beaucoup de groupes devraient en prendre de la graine.
Mister Patate (8,5/10)
Denovali Records / 2014
Tracklist (69:14) Disque 1 1. Laissé Pour Compte Comme Un Bâtard 2. Au Pied D'Une Bicoque Peu Séduisante 3. Sans Crainte De S'Avouer Un Jour Naufragée 4. (X) 5. Tes Âmes Soeurs Immaculées 6. Dans Ta Salive, Sur Sa Peau Disque 2 1. D'Errances En Inimitiés 2. Cette Silhouette Paumée Et Delabrée Qui Sanglote Et Meurt 3. Empreinte D'Érotisme 4. (Y) 5. Serrés Comme Son Coeur Lacéré 6. Outro