Quatre ans après leur album éponyme, les plus britanniques de la « Grosse Pomme », Interpol, reviennent avec El Pintor, un album compact en forme de retour aux sources. Dès "All The Rage Back Home", le ton est donné : une ambiance sombre, portée par une section rythmique qui renvoie aux plus belles heures de la cold wave et du post punk, aérée par des guitares lumineuses comme un orage d’été. Après plusieurs mouvements de personnel, le gang est désormais réduit à un trio : Paul Banks à la basse, Daniel Kessler à la guitare (tous deux membres originels du groupe) et Sam Fogarino à la batterie. Comme s’il y avait vraiment besoin de plus dans un groupe de rock…
La formule reste donc au mid tempo qui n’en finit jamais de monter et dont on attend désespérément qu’il daigne enfin exploser, comme une délivrance. Mais non ! Interpol préfère encore et toujours tenir l’auditeur sur la corde raide. Le chant de Daniel Kessler, comme une supplique, porte cette volonté de rupture avortée, comme un heureux coïtus non interruptus. "Breaker 1" constitue une parfaite illustration de cette tension palpable, mur sur lequel la tête se heurte sans répit.
Renouant avec la nervosité angoissée de Turn On The Bright Lights, ce El Pintor, incandescent brûlot de dix titres, revient à l’essentiel. Interpol s’est retrouvé. Ancient Ways ne dit pas mieux.
Nathanaël Uhl (08/10)
Matador records / 2014
Tracklisting (39 :50 min) : 1. All the Rage Back Home 2. My Desire 3. Anywhere 4. Same Town, New Story 5. My Blue Supreme 6. Everything Is Wrong 7. Breaker 1 8. Ancient Ways 9. Tidal Wave 10. Twice as Hard