Archive for septembre, 2014

Interpol – El Pintor

140922-MC-interpol-el-pintorQuatre ans après leur album éponyme, les plus britanniques de la « Grosse Pomme », Interpol, reviennent avec El Pintor, un album compact en forme de retour aux sources. Dès "All The Rage Back Home", le ton est donné : une ambiance sombre, portée par une section rythmique qui renvoie aux plus belles heures de la cold wave et du post punk, aérée par des guitares lumineuses comme un orage d’été. Après plusieurs mouvements de personnel, le gang est désormais réduit à un trio : Paul Banks à la basse, Daniel Kessler à la guitare (tous deux membres originels du groupe) et Sam Fogarino à la batterie. Comme s’il y avait vraiment besoin de plus dans un groupe de rock…

La formule reste donc au mid tempo qui n’en finit jamais de monter et dont on attend désespérément qu’il daigne enfin exploser, comme une délivrance. Mais non ! Interpol préfère encore et toujours tenir l’auditeur sur la corde raide. Le chant de Daniel Kessler, comme une supplique, porte cette volonté de rupture avortée, comme un heureux coïtus non interruptus. "Breaker 1" constitue une parfaite illustration de cette tension palpable, mur sur lequel la tête se heurte sans répit.

Renouant avec la nervosité angoissée de Turn On The Bright Lights, ce El Pintor, incandescent brûlot de dix titres, revient à l’essentiel. Interpol s’est retrouvé. Ancient Ways ne dit pas mieux.

Nathanaël Uhl (08/10)

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Matador records / 2014

Tracklisting (39 :50 min) : 1. All the Rage Back Home 2. My Desire 3. Anywhere 4. Same Town, New Story 5. My Blue Supreme 6. Everything Is Wrong 7. Breaker 1 8. Ancient Ways 9. Tidal Wave 10. Twice as Hard

 

Raff

oshy_22092014_RafA posteriori, il est amusant de noter que sur le plan musical, l’Italie des années 80 s'avère nettement plus connue pour la pléthore de chansons commerciales qui trustaient alors les sommets du Top 50 (la vague italo-disco à la DEN HARROW) que pour sa scène métal. Et pourtant les groupes locaux foisonnaient mais se retrouvaient vite devant un mur, devant affronter un certain anonymat vis-à-vis du grand public et l’absence de structures pour se produite sur scène dans ce bonnes conditions. De mémoire de spécialistes, RAFF avait laissé, à l'époque, une bonne impression au sein du milieu underground transalpin.

Né sous le nom de TRANCEFUSION à Milan en 1978, RAFF a vraiment su s’épanouir à Rome, changeant de nom et connaissant l’apothéose en 1981 en assurant la première partie pour les concerts italiens d’IRON MAIDEN. Il s'agissait alors de la première tournée avec Bruce Dickinson derrière le micro. Mais les écueils furent nombreux, les italiens sont obligés de se débrouiller et publient en indépendant un premier opus, Gates of Fortune, en 1983 puis un EP éponyme deux ans plus tard. Sans soutien, l'aventure prend fin en 987. Et c’est en 2012, que RAFF renait  des ses cendres avec l’intégration du guitariste Tony Arcuri aux côtés des deux frères historiques, Chris et Fabiano Bianco. Voici le résultat de leur travail, un second album, lui aussi éponyme.

Les italiens ont décidés de reprendre les choses là où ils les avaient laissées au milieu des années 80. L’influence de la NWOBHM et d’IRON MAIDEN est évidente, on se croirait revenu trente ans en arrière. Ajoutez à cela quelques touches AC/DC et vous aurez un bonne idée de ce qui vous attend. La basse est omniprésente, les riffs de guitare finalement assez simples tout comme la mélodie et les refrains qui se veulent être les plus attrayants possibles. Cela devrait beaucoup amusés les fans de l’époque tant ces dernières décennies semblent n’avoir jamais existées. Il n’y a pas que la musique qui renvoie vers le passé, la production malheureusement aussi. Difficile de croire que ce disque est né au vingt-et-unième siècle. Les plus optimistes diront que cette démarche est volontaire mais j’ai peine à le croire. Quelques chansons sortent du lot et émergent (« Running Like Hell ») mais l’impression générale demeure mitigée. Nous sommes en présence d’un groupe sérieux, de bons amateurs mais RAFF ne parvient pas à s’approcher des standards modernes.

Tel n’est sans doute pas l’objectif, les italiens se font plaisir et réussiront sans doute à combler leurs fans nostalgiques de l’éopque. Tout le monde a pris de l’âge et il ne faut pas prendre tout cela trop au sérieux. La gloire de RAFF a été très éphémère mais cette première partie d’IRON MAIDEN ne pourra jamais leur être enlevée. Un album propre mais qui sonne trop passéiste pour convaincre.

Oshyrya (5,5/10)

 

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Jolly Roger Records / 2014

Tracklist (40:53 mn) 01. Raff Force Commandos 02.Running Like Hell 03. I Trust 04. Rocker 05. Live It Loud 06. Watch It 07. Dreamer 08. Signal From Hell 09. All For One (I Want You Now) 10. Driven Mad 11. Gates of Fortune 12. Rock the World (Bonus Track)

Gunfire – Age of Supremacy

oshy_21092014_GunfirUn grand philosophe (un ami éméché de votre serviteur) a un jour déclaré que la musique avait bien des points communs avec la cigarette et en particulier l’addiction qu’elle crée chez l’être humain. Comme les anciens fumeurs qui, bien qu’ayant arrêté parfois depuis des décennies, doivent toujours résister à la tentation en voyant quelqu’un fumer à côté d’eux, une fois que vous avez goûté à l’inspiration créatrice de la musique, difficile de ne pas plus jamais succomber à cette passion dévorante. Les italiens de GUNFIRE sont un bel exemple de cette affirmation.

Le groupe est né à Ancône (Italie) en 1983 et dès l’année suivante ils enregistrent un premier mini LP éponyme (4 titres). Le groupe se sépare deux ans plus tard et chacun vit sa vie avant que l’envie ne soit trop forte et que le phénix renaisse de ses cendres en 2000 avec les membres d’origine à l’exception du batteur. Aidé d’un second guitariste, les transalpins achèvent leur premier véritable album, Thunder of War, qui sort chez Battle Cry Records. Les voici de retour avec un second opus, Age of Supremacy, chez Jolly Roger Records.

Fidèle à son identité, GUNFIRE s’épanouit à travers un heavy métal classique très typé années 80 où les guitares règnent en maître et les riffs puissants et fédérateurs règnent en maître. Mais pour éviter la sclérose, les italiens n’ont pas hésité à prendre des risques et à s’attaquer au périlleux exercice de l’album concept. Age of Supremacy entrainera l’auditeur dans les étoiles au beau milieu de la lutte entre les enfants d’Heron et la civilisation de Mossh. Pour mener à bien son projet, GUNFIRE n’a pas hésité à enrichir sa musique de chœurs, de quelques touches de claviers ici et là, sans exagération, histoire simplement de donner plus de corps, d’épaisseur à la musique proposée. La base heavy métal reste bien présente et constitue les fondations solides de la musique du groupe.

Pour être honnête, nous n’attendions pas grand-chose de ce disque et nous pouvions même craindre la catastrophe au vue du passif de certains groupes venant de l’autre côté des Alpes. Et pourtant GUNFIRE s’en sort avec les honneurs, Age of Supremacy ne contient pas de faute de goût et la production est au niveau. Chaque musicien a travaillé avec sérieux et les italiens ont su éviter tous les pièges. Même les titres fleuves de plus de dix minutes comme « Exodus » et « Voices from A Distant Sun » passent bien l’épreuve du feu.

Sans atteindre la maestria des allemands, l’écoute de cet album m’a parfois fait penser au Somewhere Out in Space de GAMMA RAY, un résultat inattendu et une belle réussite pour GUNFIRE. Tout ici respire le sérieux et le professionnalisme et il faut saluer le travail accompli. Les italiens pourraient en surprendre plus d’un avec Age of Supremacy, les amateurs éclairés feraient bien de jeter une oreille sur cet album, ils pourraient être sacrément surpris.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Jolly Roger Records / 2014

Tracklist (67:53 mn) 01. Prelude 02. War Extreme 03. Man and Machine 04. The City of Lights 05. Hammer of God 06. Voices from A Distant Sun 07. The Wizard 08. Superior Mind 09. Fire in the Sky 10. Exodus