En cette rentrée 2014 certains groupes établis manquent de jus et d'inspiration, c'est le cas de quelques combos suédois qui ne sont pas de notre point de vue au meilleur de leur forme au regard de leurs dernières livraisons… Il en va autrement pour le combo Nord Américain originaire de Boston, Revocation, dont le nouvel album Deathless n'a rien d'un coup de fatigue. D'autant que cet album sort pile an après la précédente livraison chez Relapse.
A la limite certaines mauvaises langues pourraient invoquer ledit coup de mou à l'écoute d'un album qui lache une avalanche de notes, d'entrée de jeu, jusqu'à sa conclusion après 52 minutes. On pourrait encore dénigrer l'absence de prise de risque du groupe dont l'exercice demeure somme toute balisé.
Entre Death technique et Thrash qui tabasse agrémenté d'envolées mélodiques, le groupe déroule, avec un son massif concocté par Chris "Zeuss" Harris. Le savoir faire et le cv du bonhomme parlent pour lui (Chimaira, Hatebreed, Shadows Fall, Kataklysm…).
Il n'empèche, le groupe est terriblement efficace, avec une maitrise et un savoir faire au dessus du lot. Le groupe sonne parfois comme un Annihilator virtuose qui aurait ajouté une bonne dose de brutalité dans son propos. Virtuosité et agressivté vont de pair naturellement avec Revocation, le résultat sonne juste. Quelque soit le tempo, le groupe est redoutable, Revocation te saute aux conduits auditifs et ne te lache plus. Pas de faiblesse à signaler tout au long de l'album, seul le titre instrumental "Apex" se distingue, un poil plus calme. Il aurait pu figurer en conclusion de l'album. Le groupe à choisi de terminer par une séquence tabassage et solis mélodiques pour achever l'auditeur.
Le titre "Deathless" est une bonne carte de visite qui démontre tout le savoir faire du groupe, le Death metal technique teinté de thrash mené tambour battant, énergique, frappe fort. Revocation démontre au passage que le Massachusetts n'est pas qu'un cimetierre de groupes metalcore cultes. Un cinquième album sans doute classique, mais toujours solide et efficace.
Track listing (52:30)
1. A Debt Owed to the Grave 2. Deathless 3. Labyrinth of Eyes 4. Madness Opus 5. Scorched Earth Policy 6. The Blackest Reaches 7. The Fix
8. United in Helotry 9. Apex 10. Witch Trials 11. Sworn to the Black (Morbid Angel cover)
WOLVE est un groupe de rock francilien formé en 2013 autour de Julien Sournac (guitare – voix) et David Dutoit (basse). Les voici qui se présentent à nos yeux (et nos oreilles) avec ce disque (EP ou album difficile de savoir) en guise de carte de visite. Et le premier contact avec le groupe est loin d’être désagréable. A part quelques passages un peu plus énervé nous sommes ici assez éloigné des rivages métal, nos compatriotes évoluent plutôt dans une veine post-rock, rock alternatif ou rock progressif dans la foulée des KARNIVOOL, JOLLY ou THE PINEAPPLE THIEF. Ils ne se fixent pas de limites stylistiques et déploient leur créativité dans toutes les directions.
Sleepwalker est une invitation au voyage intérieur, à la réflexion sur soi-même et ce qui fait notre nature humaine. Comme le dit le groupe, « WOLVE raconte un voyage initiatique qui conduit l'Homme vers sa part animale ». Il faut s’immerger dans ces circonvolutions sonores et se laisser guider. Tout commence par une petite introduction acoustique, tout en douceur avant que les choses sérieuses ne commencent via un « Cassiah » de plus de onze minutes. Les atmosphères sont le fruit d’un travail méticuleux, une horlogerie de précision qui vise à ne conserver que l’essentiel sans fioritures ni artifices. WOLVE se présente à nous dans le plus simple appareil et se dévoile progressivement. En majorité très calme et atmosphérique Sleepwalker se laisse approcher et apprivoiser petit à petit. Il faudra apprendre la patience mais les efforts seront récompensés. L’auditeur doit faire le gros du travail en menant une réflexion sur lui-même aidé, guidé par ces six chansons. « Ocean » accélère un peu le rythme et ouvre de nouvelles perspectives. Il en est de même pour un « Color Collapse » plus attentif et recueilli.
Décrire la musique du groupe est un exercice périlleux. En plus des groupes cités en introduction, il convient de mentionner THE PORCUPINE TREE ou même le travail de Steven Wilson en solo pour se faire une idée de ce qui vous attend sur Sleepwalker. La source originelle reste à la même et on devine aisément que WOLVE n’est pas insensible aux charmes des britanniques. Nous ajouterons une pointe de Jeff Buckley ici et là pour parfaire le tableau. Vous conviendrez qu’avec de tels parrains et un talent évident, WOLVE possède bien des atouts pour se faire assez largement connaître. Souhaitons que Sleepwalker ne soit qu’une première étape et que la suite arrive rapidement.
A l’aune de la rédaction de cette chronique il est difficile de faire abstraction du fait que le buzz qui entoure ce groupe vienne de la présence dans ses rangs de Dave Lombardo, le célèbre et charismatique ex-batteur de SLAYER. Alors qu’il a déjà fait des merveilles au sein de divers projets comme FANTOMAS, GRIP INC ou APOCALIPTICA, le voici qui monte ce nouveau groupe en 2012 avec Gerry Nestler et Pancho Tomaselli. Le trio ouvre son tableau de chasse avec Harmonic cette même année et les voici de retour avec le deuxième chapitre de leurs aventures, Fire From The Evening Sun.
Et comme d’habitude Lombardo et ses camarades vont prendre le public par surprise et proposer un album métal assez surprenant, loin des disques plats et formatés qui pullulent et nous polluent les cages à miel. Dès les premières notes de « Train », l’auditeur va se trouvé pris dans un maelstrom heavy rock assez barré. Pas sûr que beaucoup retrouvent leurs petits tant la démarche déstabilise et risque d’aliéner une bonne partie du public. Ceux qui sont familiers des expérimentations du sieur Lombardo au sein de FANTOMAS seront habitués à cette approche out-of-the-box et pourraient être séduits. Votre serviteur reste, quant à lui, circonspect. Les racines rock classiques sont assez évidentes mais les trois musiciens n’ont pas hésité à tout renverser pour sortir des sentiers battus. Nous nous plaignons assez dans ses pages du manque d’originalité de la quasi-totalité de sorties pour ne pas saluer la prise de risque et louer la démarche. Le niveau technique est assez exceptionnel, chaque musicien fait la preuve de son talent et impressionne par son savoir-faire. Gerry Nestler s’en sort avec les honneurs derrière le micro et n’hésite pas à alterner les registres du plus soft au plus agressif. Nos amis se sont fait plaisir et cela s’entend.
Maintenant reste à savoir si vous saurez vous immerger dans ce drôle de bouillon et prendre du plaisir à son écoute. Personnellement je suis resté sagement sur le bord, presque totalement hermétique à ces compositions complexes et étranges. Quelques rayons de lumières éclairent ici et là Fire From The Evening Sun comme cette mélodie de « Lion’s Pit » ou quelques passages de « Lady of the Lake » mais l’album reste en majorité pour moi un grand mystère, à la fois attirant mais indéchiffrable. J’encourage tout le monde à se confronter à cet album difficile d’accès, certains y trouveront la lumière.
UDR Music / 2014 Tracklist (52:04 mn) 01. Train 02. Fire From the Evening Sun 03. Lady of the Lake 04. Lion’s Pit 05. Silver Queen 06. We Sail At Dawn 07. Omniscience 08. Fanboy 09. Luxhaven 10. Blue Dragon 11. Turn in the Sky 12. Corner Girl