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Mister Patate
Oct
28
Ca y est, ils l’ont refait ! Après Natasha, l’EP aux confins du sludge et du doom, les furieux de Pig Destroyer remettent le couvert avec un nouvel EP qui s’écarte franchement des rivages grindcore du groupe et nous emmène dans un univers pesant et radicalement plus lent. On connaît l’efficacité de Pig Destroyer en grindcore, mais le groupe a encore tout à prouver en doom. Alors, pari réussi sur ce Mass & Volume (enregistré à l'époque de Phantom Limb et sorti maintenant sur un vrai format physique dont les recettes iront à la famille d'un employé de Relapse récemment décédé) ?
Oui et non. Dans un sens, cette galette de Pig Destroyer vaut le détour, avec son lot de riffs pachydermiques qui annihilent les esgourdes (on pousse le volume à fond et on fait trembler les murs) et ce chant déformé/torturé presque aussi féroce que le registre plus habituel notamment utilisé sur Book Burner. Mass & Volume, du haut de ses 25 minutes, a donc une force d’impact plutôt efficace.
Toutefois, si on y regarde plus près, on constate que le propos a beau être écrasant, il est aussi plutôt minimaliste. Même si je suis de ceux qui estiment qu’il ne faut pas forcément un mille-feuilles de notes et une armée de musiciens pour sortir un album qui vaut le détour, j’avoue que je reste quelque peu sur ma faim, et d’autres ont déjà su, par le passé, proposer un résultat bien plus convaincant sur la durée avec aussi peu d’éléments. Natasha avait su me convaincre à l’époque, Mass & Volume ne parvient pas à susciter chez moi le même engouement, sans pour autant être vraiment décevant
Mister Patate (5/10)
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Relapse Records / 2014
Tracklist (25:40) 1. Mass & Volume 2. Red Tar
C’est toujours avec un grand plaisir que je retrouve Cornelius Jakhellin et Lazare Nedland dans leurs explorations musicales enivrantes ! Solefald a acquit ses lettres de noblesses avec deux premiers albums magistraux. The Linear Scaffold en 1997 dans lequel le duo norvégien nous proposait des compositions Black Metal Symphonique alambiquées mais très ramassées et déjà influencées par la musique Folklorique, avant-gardiste ou baroque. Le morceau "Red View" figurant sur un cd sampler de Hard Rock Magazine avait traumatisé le Metalhead en devenir que j'étais alors. Neonisme qui suivit courant 1999 marquait un peu le pas en ce qui concerne l'apparat Folklorique pour s'attarder bien plus encore sur leur approche avant-gardiste d'un Metal Extrême toujours Symphonique voire Ambient et qui ne boudait pas un certain sens de la composition progressive rappelant les 70s. Par la suite Solefald n'aura de cesse d'aller et venir sur ses productions entre les deux facettes du groupe à savoir le Metal Folklorique voire Pagan et ce Metal Extreme et Avant-gardiste ou même Jazzy à certains moments. Cependant il gardera toujours une personnalité musicale forte avec un feeling fécond de génie !
Et quand Solefald arrive à agglomérer le tout sur une seule production on débouche automatiquement sur la tuerie Norrøn Livskust de 2010, leur dernier album en date ! Penchons nous à présent sur le cas de ce nouvel EP Norrønasongen. Kosmopolis Nord qui ne sortira qu'au format vinyle d'après ce que j'ai compris. Avant toute chose on est frappé dès la première écoute de ces 5 morceaux. Pas d'éléments issus du Metal Extreme ici et si je devais y accoler une étiquette cela serait un Metal Folklorique prenant parfois des contours postcore et noisy ou electro. Le tout a un effet de transe rituelle par moment et j'avoue qu'avant d'avoir effectué quelques recherches à propos de cet EP j'ai pensé à Wardruna ou à certaines compositions d'Enslaved empruntes de mysticisme. Pas de compos énergique et catchy non plus car Solefald se fait plus intimiste et une ambiance de recueillement se dégage de chaque morceau.
La production est parfaitement taillée pour la musique que Solefald pratique sur cette galette et renforce l'aspect intimiste du tout. Une pléiade d'invité y a également été convié Baard Kolstad (God Seed, Borknagar), Alexander Bøe (In Vain), Petter Hallaråker (ICS Vortex, Rendezvous Point) et Einar Kvitrafn Selvik (Wardruna). Le premier morceau se présente sous la forme d'une longue marche Folk avec de nombreux chœurs, des violons et une orgue hammond nostalgiques ainsi que quelques breaks fantomatiques ou de nombreux rebondissements improbables comme cette mutation postcore aux guitares saturées très noisy et des irruptions de voix Dark. 11:26 minutes de musique folk, psychédélique et mystique ! Quelle entame !
S'en suit le deuxième titre avec son rock progressif aérien mais légèrement saturé et articulé autour d'un beat Trip-hop presque Jungle à mi parcourt. Ce morceau est psychédélique, hypnotique voire carrément spatial ! La troisième plage est courte de 1:33 minute en guise d'interlude et elle reprend le thème folklorique du premier morceau. Le quatrième titre est semblable à une longue incantation spectrale avec sa boucle bruitiste qui revient inlassablement, on touche presque à la musique Drone là ! Le EP se clôture sur une ritournelle légère, Folk et Post-rock qui se mute en une litanie bruitiste et noisy. Une vraie réussite cette mise en abîmes lancinante ! J'en redemande bordel !
On récapitule ! La musique est toujours complexe mais rompe carrément avec les codes du Metal traditionnel et est plus proche du Postcore et du Postrock voire de la musique Noise ou Drone tout en restant Folklorique du début à la fin. Fidèle à lui-même Solefald expérimente et de cela ne comptez pas sur moi pour lui en faire un quelconque grief ! Mais à mon avis le Metalhead lambda qui pouvait encore jusqu'à Norrøn Livskust se raccrocher aux éléments Metal et catchy se retrouvera un peu largué et seul les plus téméraires suivront. Je fais partie de ces derniers et j'attends la suite avec une grande impatience. Merci à Solefald d'être ce qu'il a toujours été tout au long de sa carrière, un génie sans limite ni frontière musicale !
FalculA (09/10)
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Indie Recordings / 2014
Tracklist (37:38 ) Side A 1. Norrønaprogen 2. Det Siste Landskap 3. Norskdom Side B 4. Norrøna: Ljodet Som Ljoma 5. Songen: Vargen
Mais dans quelle galère se sont embarqués les finlandais de SONATA ARTICA ? Qui a eu l’idée saugrenue de vouloir réenregistrer quinze ans après le premier album ? D’après les interviews, cette divine initiative viendrait du label japonais qui aurait mieux fait de la fermer ce jour-là. Revenir sur le passé, tenter de refaire les choses quinze ans plus tard n’est jamais une bonne idée. La nostalgie est amusante deux minutes mais la déception est souvent présente au bout du chemin. Allez, je vois deux scénario pour lequels cette démarche pourrait faire un peu sens : une production d’époque pourrie ou inadaptée ou encore un bouleversement complet de style qui justifierait une relecture selon les standards contemporains du groupe. Et encore cette deuxième hypothèse est un peu capillotractée.
Donc nous voici avec un Ecliptica réenregistré et franchement on s’en serait bien passé. C’est assez simple, tout sonne moins bien. Il semble que les finlandais aient voulu trop en faire et cela s’entend. Le disque d’origine tient franchement bien la route et cette resucée 2014 ne vient finalement que souligner que le meilleur du groupe est passé depuis longtemps. Oui je peux être taxé de vieux con mais l’apogée du groupe se situent (selon moi) entre 1999 et 2003 avec Ecliptica, Silence et Winterheart's Guild. Depuis les finlandais se cherchent et peinent à convaincre malgré un gros travail et des standards de qualité élevés.
Ecliptica en 1999 était d’une fraicheur admirable, un nouveau groupe enthousiaste qui en voulait et qui faisait ce qui lui plaisait s’en s’inquiéter des contraintes du music business. En 2014, cette magie s’est envolée et on sent un groupe plus clinique, cette brise rafraichissante a disparue. Les compositions restent bien sûr excellentes mais quelle est la valeur ajoutée de ces réinterprétation cuvée 2014 ? Si ces chansons avaient été totalement bouleversées pourquoi pas mais ici seuls quelques détails ont été modifiés et pas forcément pour le meilleur. Tony Kakko en fait des tonnes derrière le micro et gâche en peu le plaisir. Il ne peut plus monter aussi haut dans les aigus et compense avec une certaine agressivité. Bof si vous voulez mon avis. Cela apparait bien plus poussif à l'oreille. Certains soli de guitares ont été légèrement modifiés ainsi que le son de certains claviers. Oui cela fait un peu moins bontempi mais cela perd autant en charme et en fraîcheur. La batterie est très avant dans le mix et cela n’apporte, là aussi, pas grand-chose. Des merveilles comme « Replica » perdent un peu de leur lustre et c’est dommage de toucher ainsi à des idoles. Terminons par cette reprise de GENESIS sans aucun intérêt dont on se demande ce qu’elle fout là.
Vous l’aurez compris cette resucée 2014 d’Ecliptica aura déplu et même froissé le fan des débuts que je suis. On ne touche pas impunément au passé surtout si la valeur artistique des reprises s’approche du zéro absolu (il faudra m’expliquer l’étiquette « revisited »). Les fans conserveront précieusement leur album d’origine et regarderont avec dédain cette mauvaise plaisanterie. Je crains le pire si Silence & Winterheart's Guild subissent le même traitement.
Oshyrya (triste nostalgie/10)
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Nuclear Blast / 2014
Tracklist (51:41 mn) 01. Blank File 02. My Land 03. 8th Commandment 04. Replica 05. Kingdom For A Heart 06. Fullmoon 07. Letter To Dana 08. UnOpened 09. Picturing The Past 10. Destruction Preventer 11. I Can’t Dance (Bonus – Genesis cover)