Ah AqME ! Enfin je vais pouvoir m’exprimer sur un groupe qui clive, fait le buzz et m’a posé durant de nombreuses années un problème ! Je vais tenter de l’expliquer brièvement. Tout d’abord il faut que vous sachiez que je suis un metalhead des 90s et que de ce fait j’ai écouté (et écoute toujours) beaucoup de Metal alternatif et de Metal Fusion. Une scène effervescente et à la base de ce que les journaleux et autres acteurs ont à l’époque vulgarisé par le terme Neo Metal. Cependant je fais aussi partie de ce publique Metal qui a pendant longtemps boudé AqME. J’ai pourtant eu l’occasion de les voir à plusieurs reprises aux cours des années 2000 notamment en première partie de Watcha. J’ai d’ailleurs, et c’est assez paradoxal, trouvé leurs prestations live toujours convaincantes et carrées mais je n’arrivais pas à m’intéresser à leurs albums.
Ayant subi la déferlante Neo Metal de plein fouet, leurs gimmicks m’agaçaient quand elles ne m’exaspéraient pas. Là où la musique d’un Eths, par exemple, me parlait celle de AqME glissait inlassablement sur moi et faute de pouvoir m’en imprégner j’ai fini par jeter l’éponge ! Chemin faisant, je me suis mis à découvrir à la même période le Postcore et le Sludge américain et en parallèle à toujours plus m’enfoncer profondément dans les méandres sinueux du Metal Extreme. J’ai quand même été interpelé en 2012 à la sortie et au tournant artistique pris sur Epithète, Dominion, Epitaphe par le groupe. J’avais salué à l’époque leur virage Postcore/Sludge même si je restais toujours hermétique au chant clair de Thomas Thirrion, leur premier chanteur, qui me laissait toujours de marbre.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce qu’avant de donner mon point de vue sur le AqME de 2014, il me semblait nécessaire de vous brosser ce portrait croisé et ce qui m’a amené de nouveau à m’intéresser à leur musique. Je ne suis pas du genre à aboyer avec la meute et je me borne toujours à donner mon ressenti sur l’aspect et le contenu musical. C’est donc avec un peu d’appréhension que je me suis lancé dans l’écoute et la critique de Dévisager Dieu. Le démarrage en trombe de cet album m’a vachement ébranlé dans mes certitudes ! Les trois premiers morceaux "Avant le Jour", "Enfants de Dieu" et "Au-Delà de l'Ombre" sont de véritables bombes d’un Postcore /Metal accrocheur aux refrains immédiats et très efficaces ! Une vraie surprise ! AqME domine sont sujet de A à Z et un constat s’est alors imposé à moi : ce AqME me plait !
Puis "Ce Que Nous Sommes" et "Un Appel" surgissent avec toujours des compositions au feeling et à l’accroche tonitruante mais avec un peu plus d’ampleurs et des poses progressives qui n’interfèrent en rien la dynamique impulsée depuis le début de l’album. AqME déroule avec un étonnant savoir-faire son propos ! Il prend même le luxe de ralentir le tempo sans que ça devienne choquant ou gênant. C’est simple, à la moitié de l’album j’ai eu la crainte que tout ne s’étiole ou ne s’essouffle. Je me demandais après tout cet attelage ce que le groupe pouvait bien encore nous réserver. Malgré mes craintes, il continue sur sa lancée et les morceaux que sont "Entre Louanges et Regrets", "L'Homme et le Sablier" et "Pour le Meilleur, le Pire" sont tout aussi brillants et on arrive à l’ultime "Les Abysses" sans encombre ni malaise ou lassitude comme s’était souvent la cas par le passé.
J’aurais tendance à décrire la musique comme un judicieux mélange de Rock/Noise à la Cave-In, de hardcore évolutif et bourrin à la Converge et de Sludge /Postore à la Isis ou Cult Of Luna. J’ai même souvent pensé à nos Lyonnais de Overmars lors de certains passages ! La voix de Vincent Peignart-Mancini est juste parfaite pour AqME et sa prestation devrait clouer le bec de tous ses détracteurs. Il a trouvé l’équilibre qui sied à merveille à la musique. De par mon expérience passée avec ce groupe je peux vous dire qu’il est bien plus convaincant et qu’il éclipse son prédécesseur ! La locution est parfaite et je sais que s’est une chose bien difficile à atteindre quand on chante en français, à l’instar de Xavier de Malemort, Vincent est brillant dans ce domaine ! Il faut aussi saluer la prestation de chacun des membres ainsi que du staff qui s’est chargé de la production car pour arriver à un tel résultat tout un collectif a dû être mis à contribution.
Dévisager Dieu s’avère être un excellent album entre gravité Postcore, efficacité Metal et légèreté Pop. Plus on l’écoute et plus c’est une évidence : AqME a frappé un grand coup sur la table et nous allons la fermer et applaudir car il en impose !
FalculA (9/10)
AT(h)OME / 2014
Tracklist (41 minutes) 1. Avant Le Jour 2. Enfants De Dieu 3. Au-Delà De L'ombre 4. Ce Que Nous Sommes 5. Un Appel 6. Entre Louanges Et Regrets 7. L'Homme Et Le Sablier 8. Pour Le Meilleur, Le Pire 9. Les Abysses