Archive for décembre, 2014

Deux ans ont passé depuis la sortie de The Cadaverous Retaliation Agenda, le premier effort de The Project Hate à avoir vu le jour à la suite d’une campagne de crowdfunding, et le moins que l’on puisse dire, c’est que Lord K n’a pas chômé pendant cette période. Quelques semaines plus tard, il reprenait sa guitare pour composer un digne successeur à TCRA. Après une nouvelle campagne de récolte de fonds et un nouveau passage dans les studios de Dan Swanö, The Project Hate MCMXCIX a frappé fort, le jour de Noël, en sortant un des albums les plus ambitieux que j’ai jamais entendus.

Sur le plan de la composition, The Project Hate a encore franchi un palier. On pouvait taxer Lord K de vantardise et d’autosuffisance avant d’entendre ce nouvel album, mais je ne peux que lui donner raison : cet album est vraiment unique. Chaque plage est truffée de détails, de petits éléments disséminés ici et là et pourtant si bien intégrés à l’ensemble. Rien n’est gratuit, rien n’est fortuit, tout se tient parfaitement. Là où tellement de groupes s’égarent dans la complexité, TPH garde une cohérence magistrale.

Autre atout indéniable de cet album : la qualité de la production. On connaît le talent de Dan Swanö, mais le résultat final, en l’occurrence, est superbe. L’écoute de cet album au format FLAC avec un casque de qualité est un vrai régal pour les oreilles. Chaque instrument est à sa place, puissant, clair, sans pour autant empiéter sur ses voisins. La basse, par exemple, cette éternelle oubliée dans trop de productions, bénéficie ici d’une place à part entière et d’un son monstrueux.

Mais ce son ne serait rien sans la qualité des différents musiciens, et à ce niveau, deux performances ressortent selon moi du lot. Tout d’abord, celle de Dirk Verbeuren à la batterie. Aucun record de vitesse n’est battu, certes, mais l’ensemble de sa prestation est précise et variée en diable. Lord K avait dit vouloir s’entourer des meilleurs, et le choix de Dirk est en effet plus que judicieux. Ensuite, il y a le travail de composition de Lord K à la guitare, et là, on touche au sublime au niveau du riffing et des ambiances (raaah ces passages de guitare sèche sur « You I Smite », par exemple), le tout étant encore magnifié par les soli composés pour l’occasion par Lars Johansson (Candlemass). Rien que sur le plan instrumental, cet album est déjà une réussite insolente. Ça tombe bien, la version instrumentale est fournie aussi.

Et le chant, dans tout ça ? Les growls de J sont toujours aussi impressionnants, et je trouve même qu’il a gagné en clarté, comme si ses lignes de chant étaient plus articulées. La différence majeure par rapport aux opus précédents, par contre, est le chant féminin. Une fois de plus, Lord K a changé de chanteuse et a jeté son dévolu sur Ellinor Asp. Comme à chaque changement de chanteuse, j’imagine qu’elle aura ses partisans et ses détracteurs. Personnellement, je trouve que son timbre plus éraillé s’intègre mieux à la musique du groupe que celui de toutes les autres chanteuses qui ont participé aux albums précédents, mais je pourrais comprendre que certains apprécieront moins. Une question de goût. Au niveau des guests, on notera notamment l’apparition d’Erik Rundqvist (Vomitory), Ross Dolan (Immolation), Richard Sjunnesson (Unguided)  et de Lawrence Macrory (F.K.Ü./Darkane)… Que du beau monde, en somme !

Loin des labels, sans véritable promotion et en comptant uniquement sur ses fans, Lord K a su concrétiser sa vision, la traduire en un album prodigieux. Actuellement uniquement disponible au format électronique via http://www.theprojecthate.net/, There Is No Earth I Will Leave Unscorched devrait, comme son prédécesseur, voir aussi le jour au format CD à un tirage très limité. On regrettera qu’un album d’une telle qualité reste confidentiel alors que les labels nous survendent de la merde ou de vieilles gloires sur le retour. C’est la vie. Et la vie est une pute.

Mister Porn (9,5/10)

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Autoproduction / 2014
Tracklist (79:51) 1. Holy Ground Is Not Safe Anymore 2. Behold As I Become The Great Cold Betrayer 3. You I Smite, Servant Of Light 4. Defy Those Words Of Who Was, Who Is And Who Is To Come 5. Into The Mouth Of Belial 6. The Gospel Of The Flesh And All His Sins

 

Mysticum – Planet Satan

2014 aura été une année riche en comebacks de tout genre, avec son lot de mauvaises surprises et d’amères déceptions, rarement tempérées par quelques bonnes surprises. « Être et avoir été », voilà la phrase qui pourrait le mieux décrire cette tendance. Aujourd’hui, penchons-nous sur Mysticum, une formation norvégienne qui avait mis la clé sous le paillasson il y a perpète et qui revient aujourd’hui avec un nouvel effort sous le bras.

Remarquez, dans le cas présent, même s’il est question de comeback, j’ai l’impression de découvrir un groupe, parce que je dois avouer que je ne m’étais jamais intéressé à ce groupe. Exit les a priori et les attentes démesurées, donc, et c’est peut-être ce qui joue en faveur de ce Planet Satan plutôt efficace. La prod’ peut sembler hasardeuse, la batterie a beau avoir un drôle de son (ça sent la BAR), mais la sauce prend relativement bien dans le genre « black déshumanisé ». C’est froid, clinique, stérile et ça ne laisse aucun répit. Planet Satan déverse sa haine et ses blasphèmes avec un entrain certain, et ces petits ajouts électro ici et là rajoutent encore un petit plus à l’album, une touche plus mécanique, moins organique.
 

Planet Satan est un bon album. Pas forcément innovant, pas forcément indispensable, mais suffisamment bon pour se distinguer de la masse de sorties de l’année 2014 et pour s’y attarder le temps de quelques écoutes. À mi-chemin entre le trve BM et les formations comme Anaal Nathrakh, Mysticum a su (re)trouver sa place.

Mister Porn (7/10)

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Peaceville Records / 2014
Tracklist (xx:xx) 1. LSD 2. Annihilation 3. Far 4. The Ether 5. Fist of Satan 6. All Must End 7. Cosmic Gun 8. Dissolve to Impiety

 

Internal Bleeding – Imperium

Jetez-moi la première bière : j’ai vraiment (re)découvert Internal Bleeding l’année dernière dans un obscur café de Flandre lors de leur passage avec les Maltais de Beheaded et les ricains de Disgorge. Les raisons de ce désintérêt ? Elles sont nombreuses : un rythme de sorties moins important que ses concurrents, une exposition médiatique moindre… et finalement, la sortie de leur nouvel album a failli aussi m’échapper, et c’est un peu par hasard que je suis tombé sur Imperium.

Et j’aurais raté quelque chose.

Parce que mine de rien, à une époque où la tendance est aux productions énormes et à la course au toujours plus extrême, Internal Bleeding a su conserver une touche plus organique, plus traditionnelle. Le growl est plus « faible », les riffs sont moins écrasants que ceux de la concurrence, la batterie ne donne pas l’impression d’être tirée de l’arsenal de l’armée américaine… En fait, sur le plan de la production, Internal Bleeding fait petits bras. Le seul gagnant, en fait, serait la basse, bien plus audible que sur 90 % de tous ces nouveaux albums de Death à tendance brutalo-brutale.

Cependant, les apparences sont trompeuses. Le son a beau être moins dévastateur, cela ne signifie pas pour autant que nous sommes en présence d’un album faible. Ce qui fait avant tout la qualité d’un album, c’est la qualité de ses compos, et à ce jeu-là, Internal Bleeding n’a pas perdu de son talent et nous assène neuf pistes comme autant d’uppercuts, dans son plus pur Death Metal avec un petit je-ne-sais-quoi de Suffocation. Internal Bleeding n’a pas besoin d’une prod’ en béton en guise de cache-misère. Avec une production moderne, Imperium serait une machine de guerre… mais paradoxalement, il perdrait aussi de son charme. C’est difficile à expliquer, mais ce feeling plus honnête ajoute un plus à cet album, et le dénaturer en rendant le son plus artificiel serait regrettable. Je faisais le parallèle avec Ingested, et ma conclusion serait la même : Internal Bleeding touche une corde sensible et livre un album solide. Que demander de plus ?

Mister Porn (8/10)

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Unique Leader Records / 2014
Tracklist (xx :xx) 1. Fabricating Bliss 2. The Visitant 3. The Pageantry Of Savagery 4. Patterns Of Force – Act I – The Discovery 5. Patterns Of Force – Act II – Plague Agenda 6. Patterns Of Force – Act III – Aftermath 7. Placate The Ancients 8. (In The) Absence Of Soul 9. Castigo Corpus Meum