Je m’amuse déjà à l’idée d’écouter dans quelques décennies, quand je serai vieux et à moitié grabataire sur ma chaise roulante (ou à gravitation en 2060), le revival des années 90 et 2000 que ne manqueront pas de déverser les groupes contemporains (du futur) dans nos véhicules. On verra bien alors ce qui sera resté musicalement parlant de ces décennies, bien souvent le pire. En attendant, en 2014, il faut se farcir un paquet de groupes qui tentent de faire revivre le rock des années 70. Notre candidat du jour se nomme SPIDERS et vient, comme bien souvent, de Scandinavie, du Göteborg en Suède en particulier. Autant cette ville est vécue par beaucoup comme la Mecque du Death Métal mélodique autant cette vague revival rock semble prendre mois après mois de l’ampleur.
Le quatuor est composé d’Ann-Sofie Hoyles, John Hoyles, Olle Griphammar et Ricard Harryson. L’aventure débute en février 2010 sur les chapeaux de roue avec des apparitions sur scène, malgré l’absence de disque. Cet écueil va être rapidement réparé dès janvier 2011 avec le sortie d’un EP 10” vinyle et un single en Europe d’abord puis outre-Atlantique dans un deuxième temps. En mai 2011, ils rentrent à nouveau en studio pour donner naissance à un premier véritable album, Flash Point. Ainsi bien armés, ils donnent un maximum de concert, principalement en Scandinavie aux côtés de KVELERTAK puis en Europe avec BLOOD CEREMONY. Voici le deuxième chapitre de leur aventure sous la forme d’un nouvel album, Shake Electric.
Ce revival rock me laisse pour le moins circonspect. La plupart des groupes qui émergent sont plutôt bons et font preuve d’un solide talent mais tout ceci n’apporte finalement pas grand-chose. Il s’agit bien souvent que d’un recyclage, bien fait certes, mais d’un recyclage quand même de ce qui a été fait il y a quarante ans de cela. Déjà que plus d’un pense que tout a été fait en matière de rock… SPIDERS apporte une (petite) touche d’originalité avec la présence d’Ann-Sofie Hoyles derrière le micro. Elle y met beaucoup d’énergie et de vigueur et offre une prestation de qualité avec un timbre de voix assez grave. Le quatuor n’a pas à rougir du travail effectué sur Shake Electric, un album rempli de dix titres solides mais dans une once d’originalité. Ce hard rock seventies enrichi de touches blues voir même punk ne risque pas de bouleverser la planète rock.
Les suédois étant signés sur une major en Scandinavie, vous ne trouverez ici rien à redire sur le fond et la forme, la production est soignée, léchée sans faute de goût majeure. Mais vous ne m’enlèverez pas de l’idée de SPIDERS l’a joué petit bras avec des compositions aussi faciles que « Mad Dog » par exemple. Impossible, la plupart du temps, de résister à ces riffs simplissimes et ces mélodies diaboliques mais il ne faut pas être dupe et rester critique sur ce recyclage en règle des grands anciens. Vous avez forcément déjà entendu ces chansons qui s’apparentent à des variations d’une recette vieille de quarante ans. SPIDERS ne manque pas de talent et propose un Shake Electric très efficace. Mais sans mémoire, nous sommes condamnés à reproduire encore et encore les mêmes choses. Naïvement, sans doute, je crois au progrès.
Oshyrya (05/10)
Universal – Spinefarm Records / 2014
Tracklist (33:39 mn) 01. Mad Dog 02. Shake Electric 03. Bleeding Heart 04. Only Your Skin 05. Lonely Nights 06. Back On The Streets 07. Control 08. Give Up The Fight 09. Hard Times 10. War Of The World