Archive for janvier, 2015

Midnight Masses – Departures

oshy_04012015_Midnig_MassTout est fait pour me plaire sur ce disque. Avant même d’avoir enfourné la galette dans mon lecteur, j’ai envie d’aimer, d’adorer ce disque et d’en faire le numéro un de ma playlist favorite de 2014. Je trouve par exemple la pochette totalement hypnotisante avec cette forme complexe et sombre et ce halo de lumière tout autour. J’ai une imagination débordante et je suis déjà en train de construire des scénarios de science-fiction délirants. Mais la réalité reprend rapidement le dessus et elle fait elle aussi envie.

L’aventure MIDNIGHT MASSES a débuté en 2008 et a pris la forme d’une tentative de catharsis pour son chanteur Autry Fulbright. Projet collectif débridé avec des musiciens très changeants, le projet accouche d’un premier EP, Rapture, Ready, I Gazed At The Body, en 2009. Depuis plus trop de nouvelles même si deux de ses membres ne se tournaient pas les pouces au sein de …AND YOU WILL KNOW US BY THE TRAIL OF DEAD. Jason Reece en est l’un des membres fondateurs et Fulbright les a rejoints à partir de 2011 (album Tao of the Dead). Après cinq ans de silence discographique, revoilà les MIDNIGHT MASSES avec une formation (un peu) resserrée à quatre membre ce qui n’empêche pas ici des contributions d’une dizaine d’autres musiciens.

Retour sur Terre dès le début du disque avec chansons subtiles d’une grande sensibilité. De nombreux genres se voient ici intelligemment mêlés au sein de ce rock évolutif, protéiforme aux influences autant psychédéliques, krautrock qu’électro. Les musiciens ne se sont fixés aucune limite et laissent leurs cœurs et leurs âmes mener les débats. Le groupe s’est regroupé au sein du Sonic Ranch pour immortaliser ces chansons, un hommage au père disparu de Fulbright ainsi qu’à leur ami Gerrard Smith, bassiste des TV ON THE RADIO, emporté en 2011 par un cancer des poumons. Une certaine tristesse, une nostalgie et une grande mélancolie s’exprime à travers cet album, en particulier des titres fort émotionnellement comme un « Am I A Nomad? » qui n’est pas sans me rappeler les britanniques d’ARCHIVE. Departures repose sur un équilibre délicat, un effort collectif qui a accouché d’une horlogerie très fine. Presque chaque chanson apporte une ambiance particulière comme le récit du quotidien d’un voyageur. Fulbright a fait le choix de vivre une vie nomade, constamment sur les routes, écrivant sans cesse des chansons et cela se ressent ici très nettement.

A l’image de sa pochette énigmatique, Departures constituera un défi pour chaque auditeur qui prendra le temps de s’y intéresser. Ce disque ne se laissera pas facilement dévoilé mais l’effort sera récompensé par la découverte de chansons d’une rare émotion. Tout n’est pas génial, chaque composition ouvrant un nouveau champ des possibles. Mais les membres de MIDNIGHT MASSES y auront investi beaucoup d’eux-mêmes. Cette démarche à elle seule force le respect.

Oshyrya (7,5/10)

 

Facebook Officiel

 

Superball – Century Media / 2014

Tracklist (47:54 mn) 01. Golden Age 02. Am I A Nomad? 03. All Goes Black 04. Broken Mirror 05. Departures 06. Clap Your Hands 07. Everywhere Is NowHere 08. If I Knew 09. Hollywood Death Forever 10. Be Still 11. There Goes Our Man

Benighted Soul – Kenotic

oshy_04012015_Benight_SouNos compatriotes de BENIGHTED SOUL ont bien des choses à offrir aux fans de métal symphonique comme ils ont déjà pu le prouver à travers le deux premières sorties appréciés de cette rédaction: Anesidora (chronique ici) en 2008 puis surtout Start From Scratch (chronique )  paru en 2011. Mais les autres auront au moins la satisfaction d’avoir appris un mot et ainsi enrichi leur vocabulaire grâce à de deuxième album, Kenotic. Le terme français « kénotique » est un adjectif emprunté au vocabulaire théologique pour parler d’un phénomène relatif à la kénose c’est à dire au mouvement d’abaissement par lequel Jésus-Christ quitta ses attributs divins pour rejoindre l’humanité (merci Wikipédia). Bref, l’écoute de cet album touche au divin et mérite doc une écoute attentive de chacun d’entre vous.

En effet, après trois années de silence, les français n’ont pas fait les choses à moitié et nous reviennent inspirés et ambitieux. Saluons déjà la très belle pochette à la fois belle, subtile et complexe. Un grand bravo au groupe bien sûr mais surtout à Pierre-Alain D. de 3mmi Design (site ici). Mais la forme ne serait rien s’il n’y avait pas de fond et c’est dans le meilleur état d’esprit possible que l’auditeur s’émergera dans cette musique. BENIGHTED SOUL n’a jamais succomber à la tentation de tomber dans une démonstration technique stérile a toujours su intelligemment favoriser le feeling et la mélodie. Pour autant, Kenotic ne manque pas de complexité, les lignes mélodiques se mêlent et se démêlent avec grâce subtilement enrichis de nappes de claviers, d’orchestrations et de choeurs. La dimension visuelle du groupe n’a jamais été aussi prégnante, tout auditeur normalement constitué verra surgir devant lui des paysages et des scènes invoquées par des chansons de caractère comme « Halcyon Days » ou « Too Far Gone ». Ce petit goût d’Orient sombre et mystérieux ajoute encore aux charmes de ce disque qui nous invite à voyager à travers les mythes et les religions qui imprègnent notre culture moderne.

Comme sur Start from Scratch, comment ne pas être impressionné par le savoir-faire et la subtilité de la musique proposée ? Le groupe a encore su progresser pour offrir des chansons complexes mais toujours attrayantes. Le chant de Géraldine Gadaut prend une nouvelle ampleur et elle évoque de plus en plus Charlotte Wessels (DELAIN) voir Anneke van Giersbergen (ex-THE GATHERING), surtout quand elle double sa propre voix. Les touches de chant extrême masculin apportent une épaisseur supplémentaire de bon aloi. A l’écoute de Kenotic j’ai pensé tout à tout à l’Into the Electric Castle d’AYREON et au V: The New Mythology Suite de SYMPHONY X, deux albums absolument monstrueux. Sans atteindre la maestria du néerlandais et des américains, BENIGHTED SOUL s’en rapproche et ce n’est pas un petit exploit. Saluons également le travail de production très professionnel et tout à fait au standards européens.

Finalement, Kenotic montre un groupe au meilleur de sa forme et la performance est un quasi sans faute. A l'image de Start from Scratch, il me semble que l’album souffre de quelques longueurs et aurait été encore plus compact et efficace en retirant deux titres (les deux derniers et surtout « Bound » aux envolées disons maladroites). Mais pour le reste c’est du tout bon et il faut maintenant espérer que BENIGHTED SOUL puisse, grâce à Kenotic, se faire un nom au niveau européen et toucher un beaucoup plus large public. En comparaison des albums de DELAIN, WITHIN TEMPTATION, DIABULUS IN MUSICA, AMBERIAN DAWN… sortis cette année, nos compatriotes n’ont plus de complexe à faire.

Oshyrya (08/10)

 

Site Officiel

Facebook Officiel

 

Savage Prod – Season of Mist / 2014

Tracklist (68:04 mn) 01. Halcyon Days 02. Too Far Gone 03. Si Se Non Noverit 04. Only Make-Believe 05. Martingale 06. Pent-up 07. Enlightenment 08. The Shallow and The Deep 09. Let You Win 10. Threshold Exceeded 11. Bound 12. One Last Harvest

oshy_04012015_Seaso_o_GhosSEASON OF GHOST où l’alliance improbable entre la Grèce, l’Italie et le Japon. En effet, les gens de bons goûts avaient eu l’occasion de découvrir le talent et surtout le joli brin de voix de Sophia Aslanidou via sa participation à l’album εpsilon (chronique ici) des BLOOD STAIN CHILD. C’était la voix féminine qui répondait et contrebalançait le chant extrême masculin de RYO. L’aventure n’a duré malheureusement que deux ans mais la belle hellène (drôle non ?) n’aura pas chômé depuis en prenant part à différents projets du label italien Coroner Records (comme ZOMBIE SAM ou Imaginary Flying Machines) Mais voici la pièce maîtresse du retour de Sophia sur le devant de la scène sous la forme de ce premier disque de son nouveau groupe SEASON OF GHOSTS.

The Human Paradox est une entreprise artistique née en octobre 2013 et qui regroupe Sophia donc ainsi que la crème des artistes transalpins de son label Coroner Records: Ettore Rigotti (DISARMONIA MUNDI), Zombie Sam et Neroargento. SEASON OF GHOSTS a été imaginé comme le réceptacle d’une musique inventive et originale mélangeant allégrement musique extrême, sons électroniques, et lignes vocales enivrantes, le tout dans un contexte mêlant science-fiction et film d’horreur. Je devine que cela peut sembler bien brumeux mais tout fait sens à l’écoute de ces douze nouvelles compositions. Le travail de la chanteuse au sein des japonais de BLOOD STAIN CHILD apporte déjà bien des clés pour saisir la démarche mise en œuvre ici.

La continuité entre les deux groupes est évidente. L’approche est assez similaire même si le chant clair féminin a nettement pris le pas sur les quelques touches extrêmes masculines. La musique de SEASON OF GHOST ressemble à un jaillissement de couleurs et d’énergie, la dose d’adrénaline est impressionnante. Des riffs puissants et rapides s’enchainent à haute vitesse, très efficacement soutenus par une section rythmique endiablée et enrichis de boucles et sonorités typiquement électro. Si vous ajoutez au mélange la voix chaude et riche de Sophia Aslanidou, vous obtenez une boisson énergisante qui ferait pâlir le taureau rouge. Sans pouvoir vraiment l’expliquer, The Human Paradox contient encore une belle touche nippone malgré l’origine européenne de ses géniteurs. Le côté bande-originale est très présent, la musique proposée possède une dimension très visuelle et a rappelé à votre serviteur les superbes BOF de mangas. N’y voyez surtout pas là une critique tant l’animation japonaise recèle de trésors musicaux (l’œuvre de Yoko Kanno pour citer une référence géniale). Le groupe excelle aussi dans une approche plus douce et subtile comme le prouve la chanson titre ou le presque techno « [NE]: MESIS – The Kiss Of Justice ».

Franchement, SEASON OF GHOST apporte un vent de fraicheur salvateur par son côté lumineux, ébouriffant. Tout n’est pas parfait avec quelques chansons un peu en deçà mais l’impression générale reste très très très positive. Cela faisait longtemps que je n’avais pas reçu une telle claque, une dose d’adrénaline directement dans le cœur.

Oshyrya (08/10)

 

Site Officiel

Facebook Officiel

 

Coroner Records / 2014

Tracklist (48:31 mn) 01. Nothing Disappears Without A Trace 02. Genesis – The Phoenix Syndrome 03. Time Travellers 04. Dream; Paralysis 05. The Human Paradox 06. [NE]: MESIS – The Kiss Of Justice 07. Beautiful Eternal Things 08. Dreaming In The Gray Lands 09. The Road To Acheron 10. Quantum – Through The Looking Glass 11. Reincarnation 12. There And Back Again