Il n'y a bien que Michael Müller, pour donner un peu de crédibilité historique au Jaded Heart actuel. Car les deux membres historiques du groupe allemand, les deux frères Michael Bormann et Dirk Bormann ont quitté le navire depuis belle lurette ; le batteur Axel Kruse n'est lui démissionnaire que depuis peu. Et pour enfoncer le clou dans la discontinuité, Jaded Heart a troqué son hard mélodique à tendance FM pour un heavy beaucoup plus teigneux, emmené par un cheveu au coffre vocal indéniable : le suédois Johan Fahlberg. En témoignage de cette nouvelle orientation, un artwork grisâtre, un titre d'album se voulant vindicatif, des barbes de plusieurs joueur sur les photos du groupe et des paroles vigoureuses (« Nightmare's Over », « Terror In Me »). Ce n'est pas forcément pour me déplaire, même si je trouve le tout un peu « forcé ».
L'essentiel de la question reste musical : le groupe de Müller est-il crédible dans une telle optique ? À mon avis, il est moins bon que le Jaded Heart des débuts, celui de l'époque Bormann et des albums comme Trust (2004), celui de l'inspiration franchement mélodique. Ici le gros grain de guitare, la production massive et les refrains assez virils me paraissent légèrement forcés. Et surtout assez banals : il n'y a aucun morceau franchement transcendant.
Toutefois, le savoir-faire est là : je ne vois pas de gros point faible sur de Fight The System, si ce n'est peut-être une certaine monotonie des tempos, toujours intermédiaires. Une vraie speederie aurait été bienvenu en quelque sorte. Sinon, les quelques irréductibles suivant le groupe depuis une quinzaine d'années ne bouderont les compositions bien agencées que sont « Control », « Not In A Million Years » et autres. Pourquoi le leur reprocher ?
Tracklist : 01. Schizophrenic 02. Control 03. Not in a Million Years 04. I Lost My Faith 05. Nightmare's Over 06. Never Free 07. Till Death Do Us Part 08. Terror in Me 09. Haunted 10. Crying 11. In the Shadows
Il est étrange de constater que les allemands d’ORDEN OGAN semble peiner à se faire un nom dans notre pays malgré des albums de qualités et des tournées incessantes sur nos terres. Espérons que ce 2015 change cette triste constatation alors que nos amis publient un nouvel album, Ravenhead, que voici et qu’ils se produiront au moins deux fois dans la capitale avec HAMMERFALL ces jours-ci et avec POWERWOLF à l’automne.
Ravenhead enfonce le clou et renforce encore l’impression très positive laissé par son prédécesseur, To The End (chronique ici), publié en 2012. Bien sûr la bande de Seeb ne révolutionne par le petit monde du Power métal mais ils abattent continuent de progresser en proposant des chansons résolument classiques mais très puissantes, mélodiques et franchement bien foutues. Si vous aimez les GAMMA RAY et autres HELLOWEEN, difficile de résister à un « The Things We Believe In » du précédent opus ou encore au premier single extrait de Ravenhead, « F.E.V.E.R. ». Et puis leurs tenues de scènes empruntées aux accessoiristes des films Mad Max en feront sourire plus d’un, les musiciens eux-mêmes avant tout. Seeb le chanteur et guitariste assure avec classe ses deux casquettes et il démontre un vrai talent pour pondre à la chaine des hymnes forts et fédérateurs. Et les bougres travaillent durs enchaînant les tournées éreintantes et les sorties d’albums à un rythme régulier, tous les deux ans. Ils restent pour beaucoup dans l’hexagone des seconds couteaux et pourtant ils peuvent désormais légitimement aspirer au statut de groupe confirmé.
Ce nouvel album commence sur les chapeaux de roue avec une intro instrumentale grandiloquente à souhait avant que les choses sérieuses ne débutent vraiment avec une succession de brulots comme le groupe sait les proposer. Les guitares claquent et tranchent, soutenues par une grosse section rythmique avant que le chant de Seeb ne vienne ajouter le glaçage final. Je vous mets au défi de ne pas taper du pied et secouer la tête à l’écoute des premières chansons de ce disque. Les mélodies sont supers accrocheuses, les refrains font mouche et les chœurs apportent une emphase plus que sympathique. ORDEN OGAN reste très sage et applique la recette du parfait groupe Power métal mélodique mais le talent et la maestria sont bien au rendez-vous. Même les plus blasés, comme votre serviteur, salue et loue le travail des allemands.
La progression d’ORDEN ORGAN est impressionnante et les observateurs ne manquerons de remarquer que le groupe se bonifie année après année en engrangeant de l’expérience. Le groupe semble plus fort et solide que jamais puisque Ravenhead s’avère être un vrai travail collectif avec des contributions de chacun de ses membres. Ajoutez à cela une pochette soignée signé du célèbre Andreas Marschall et vous trouverez bien des raisons de prendre votre pied avec ce nouvel album.
Tracklist (48:30 mn) 01. Orden Ogan 02. Ravenhead 03. F.E.V.E.R 04. The Lake 05. Evil Lies In Every Man 06. Here At The End Of The World 07. A Reason To Give 08. Deaf Among The Blind 09. Sorrow Is Your Tale 10. In Grief And Chains 11. Too Soon
Le groupe Apophys a mis en écoute le titre "Requiem For The Absurd", extrait de l'album "Prime Incursion" dont la sortie est prévue le 06 avril 2015 en Europe :