Vous vous souvenez tous de votre première fois, du pic émotionnel que vous avez alors connu, de la peur de mal faire et de ne pas être à la hauteur de l’enjeu. Vous étiez alors tout rouge et cela avait bien du mal à entrer. Et puis tous ces cris, dur dur quand ce n'est pas son habitude… Et bien ce jour est arrivé pour moi, me voici en train de rédiger ma première chronique de Black Métal (vous pensiez à quoi gros déguelasses ?). Alors les plus connaisseurs diront qu’il s’agit d’un gentil Black Métal avec les allemands de THULCANDRA et ils auraient raison. Dans le genre, il y a bien pire pour mes oreilles chastes de progeux. THULCANDRA est originaire de Munich et l’aventure a débuté en 2003 par les guitaristes Steffen Kummerer et Jurgen Zintz. Avant ce nouvel opus, ils comptent déjà deux albums à leur tableau de chasse: Fallen Angel’s Dominion (2010) et Under a Frozen Sun (2011).
Malgré quatre années de silence, le style des allemands resurgit naturellement après quelques minutes. Dès « The First Rebellion », les amateurs retrouveront ces riffs leads atmosphériques, ces rythmiques tranchantes et sombres et enfin cette batterie endiablée. Loin de foncer dans le tas, THULCANDRA n’hésite pas à varier les plaisirs et les atmosphères pour tisser une ambiance mélancolique, emprunte d’un certain recueillement. Ajoutez à cela le chant extrême de Kummerer et vous obtenez des compositions protéiformes franchement séduisantes. THULCANDRA respecte les fondamentaux du Black Métal tout en conservant ce petit côté mélodique qui pourra séduire un plus large public. Les allemands savent faire preuve d’une belle subtilité lors des quelques interludes instrumentales ou pendant ces breaks nichés au cœur de certaines compositions. Nous sommes loin du rouleau-compresseur sans âme de certains groupes extrêmes. L’obscurité possède toujours un côté fascinant et séduisant pour peu que la prise de contact ne soit pas trop rude.
THULCANDRA fait le boulot et propose ici un album solide et appliqué. Tout n’est cependant pas parfait, la lassitude pointe rapidement le bout de son nez pour les petits nouveaux comme votre serviteur. Ils restent d’évidence un cran en dessous des ténors du genre. Il manque quand même le brillant, les orchestrations lumineuses et d’un DIMMU BORGIR ou d’un BEHEMOTH pour espérer aller encore plus haut. Surtout pour les boétiens peut habituer à ce genre de friandises.
Oshyrya (07/10)
Napalm Records / 2015
Tracklist (45:53 mn) 01. The First Rebellion 02. Throne of Will 03. Deliverance in Sin and Death 04. Demigod Imprisoned 05. Interlude 06. Exalted Resistance 07. The Second Fall 08. Sorrow of the One 09. Ascension Lost 10. Outro