Execration fait un peu figure d’énigme à mes yeux, tout simplement parce que Morbid Dimensions sonne comme un album d’il y a vingt ans. Voire même plus ancien. Que ce soit au niveau des compositions, du son, voire même de l’artwork un peu cheap, Execration dégage une impression de vieux, et la difficulté aujourd’hui sera de déterminer si c’est un compliment ou, au contraire, une critique.
Au niveau des compos, donc, Execration est à l’opposé de tous ces groupes de Death moderne pour qui la musique est devenue une course à la vitesse ou un concours de brutalité. Execration joue davantage la carte de l’ambiance et délivre un Death posé, majoritairement lent et porté par la guitare. Le riff ne tronçonne pas les tympans : au contraire, dans de nombreux passages, il s’avère presque mélodique, mais pas dans le sens « suédois, regardez comme je suis doué » du terme. On se rapproche plutôt du Black, un Black ambiancé, loin du radicalisme de certaines formations « tout au taquet ».
Et le son ? Le son est presque « fragile ». La prod’ de Morbid Dimensions ne donne pas l’impression d’un mur indestructible. Au contraire, la batterie sonne étonnamment naturelle, la guitare ne prend pas le dessus, la basse est en retrait (comme sur bon nombre d’albums, me direz-vous) et le chant s’intègre parfaitement au reste. Bien équilibré, donc, mais un poil faiblard. J’ai même l’impression que certaines formations étaient capables de sortir un son bien plus bourrin il y a plus de vingt ans.
Personnellement, je trouve pourtant que cet album a une saveur particulière. À une époque où le petit jeu de « qui aura la plus grosse prod’ » débouche parfois sur des galettes défigurées (je pense particulièrement à Fallujah et son dernier album presque inécoutable), Execration mise davantage sur le songwriting et livre un album bien équilibré et, paradoxalement, plus intéressant que bon nombre d’autres sorties parce qu’il a su sortir de cette course en avant, faire ce qu’il voulait et nous proposer quelque chose de différent, de plus posé, de plus recherché. Une bonne surprise.
Mister Porn (7/10)
Duplicate Records / 2014
Tracklist (60:29) 1. Cosmic Mausoleum 2. Ritual Hypnosis 3. Doppelgangers 4. Morbid Dimensions 5. Tribulation Shackles 6. Vestiges 7. Ancient Tongue 8. Miasmal Sabbath 9. Funeral Procession
Moonspell est un de ces groupes que je n’écoute jamais spontanément. Mettez moi une quinzaine d’albums devant le nez et glissez parmi eux un Moonspell et les chances que je me penche sur le cas des Lusitaniens sont infimes. Il aura donc fallu que l’ensemble de la rédac ignore somptueusement Extinct et qu’un ami me parle de la sortie imminente du même Extinct pour que je me décide enfin à m’intéresser à Moonspell de manière volontaire. Tout ça pour dire que vous pourrez me reprocher mon ignorance crasse tout au long de la chronique si je dis une connerie à vos yeux, car je pars d’une page blanche, sans véritable connaissance du sujet ni véritable a priori (enfin si, quand même un peu).
Voilà une bonne surprise, le genre de surprises qui n’arrivent que trop rarement, malheureusement, le genre d’albums que l’on ne peut simplement pas ne pas aimer si on est amateur du genre. Cette fois, il est question de Black symphonique, et l’heureux élu, celui qui m’a pris en traître n’est autre que Carach Angren, dont le dernier album, This Is No Fairytale, n’a rien à envier à d’autres grands noms à la renommée bien mieux établie.