Shining – IX – Everyone, Everything, Everywhere, Ends
Posted by Mister PatateAvr 14
Niklas Kvarforth est un fou. Ou un génie. La frontière est floue, ténue. On se souvient d’un Niklas davantage réputé pour ses frasques sur scène que pour son talent musical, de shows annulés, d’autres concerts où l’on attendait le moment où il disjoncterait invariablement. Au fil des ans et des sorties, ceux qui doutaient encore du talent du gaillard ont dû se rendre à l’évidence que Shining ne se limitait pas à provoc et automutilation. Après un 8 ½ qui tenait plus de l’exercice de style que du véritable album, Shining revient avec IX, « la somme de toutes les expériences et des évolutions musicales de Niklas », comme nous le dit le feuillet promo joint à l’album. Et ce ne sont pas de vains mots, pour une fois.
Parce que Shining a encore passé un palier, et ce dès l’opener instrumental « Den Påtvingade Tvåsamheten ». Un instrumental, comme si Niklas laissait le soin à ses compagnons de dresser le décor… Épique, mélodique, cette intro nous plonge, lentement mais sûrement, dans le bain avant un premier assaut, avec un Niklas tout en hargne, histoire de nous rappeler qui est le patron, qui dirige la barque. « Vilja & Dröm » nous ramène vers un Shining mordant, accrocheur, avant de basculer dans la mélancolie sinistre de « Framtidsutsikter ». Niklas souffle le chaud et le froid, nous mène par le bout du nez, comme si tout cela n’était qu’un jeu pour lui, comme s’il voulait brouiller les pistes. Du Black des débuts aux influences prog, jazz, voire presque pop qui sont venues tout doucement se greffer à la musique de Shining, il n’y a qu’un pas pour Niklas. Comme sur scène, Niklas cherche ses limites pour mieux les repousser.
Les responsables promotion chez Season Of Mist ont vu juste : IX est la synthèse de tout ce que Shining a fait de bon au cours de son existence. Épurée de ses défauts, sa musique atteint à nouveau des sommets. Shining nous tire vers le haut, plus près des étoiles, pour ensuite nous enfoncer le museau dans la fange et la douleur. Si je n’avais qu’un reproche à faire, ce serait celui de ne pas avoir fini l’album sur « Inga Broar Kvar Att Bränna », la plage la plus réussie à mes yeux, où l’apaisement des instruments vient se heurter de front avec la rage et le désespoir du chant de Niklas… Voilà un prétendant sérieux au titre de l’album de l’année.
Mister Porn (9,5/10)
Season Of Mist Records / 2015
Tracklist (xx:xx) 1. Den Påtvingade Tvåsamheten 2. Vilja & Dröm 3. Framtidsutsikter 4. Människotankens Vägglösa Rum 5. Inga Broar Kvar Att Bränna 6. Besök Från I(ho)nom
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