Avec cet album, le quatrième en plus de vingt-cinq ans de carrière, les italiens d’ADRAMELCH mettent une touche finale à leur aventure en commun. Les fidèles Vittorio Ballerio et Gianluca A. Corona ont décidé de tourner la page après une dernière aventure collective. La vie du groupe n’a jamais été un long fleuve tranquille comme le démontre sa discographie en pointillé. Mais reconnaissons aux transalpins une passion sans faille qui force le respect de tous. Il leur restait maintenant à terminer sur une bonne note et Opus leur donne cette opportunité.
Depuis Lights From Oblivion publié en 2012 déjà chez Pure Prog Records, ADRAMELCH a évolué, passant d’un métal progressif à la QUEENSRYCHE vers des rivages plus calmes mais pas moins riches et protéiformes. Autant la réédition de leur premier disque, Irae Melanox (chronique ici) devenu culte dans le milieu underground de la Botte, ne m’avait pas vraiment plu, autant l’écoute d’Opus révèle petit à petit bien des charmes, bien des subtilités. Dans un style plus posé et moins flamboyant, ADRAMELCH parvient à atteindre de nouveaux sommets où la mélodie et l’émotion passent avant tout le reste. L’introduction des claviers renforcent les ambiances et offrent une vaste palette d’humeurs et de sensations. Autant le chant très aigu de Vittorio Ballerio avait pu m’agacer par le passé, autant sans fois-ci dans une démarche plus retenue, il déploie tout son talent et offre une très belle prestation. On croirait parfois entendre Ralf Scheepers (ex-GAMMA RAY, PRIMAL FEAR).
Gianluca A. Corona a toujours été le capitaine artistique de ce navire en composant toute la musique mais les années passant, il a su parfaire son art et simplifier son propos. Des titres comme « Long Live the Son » ou encore « Pride » s’avèrent être très réussis et vont donner bien du plaisir aux amateurs. Le point faible du groupe a toujours été la production avec un son souvent faiblard et brouillon desservant la musique. Cette fois-ci, ADRAMELCH a fait appel à un producteur extérieur en la personne de Guido Block. Sans être absolument génial, le son reste correct mais si nous sommes encore loin des meilleures productions européennes. Enregistré au “Lo Studio” de Milan, Opus accueille deux chanteurs invités, ce même Guido Block et Simona Aileen Pala qui interviennent sur quatre titres. Là encore cela apporte une belle variété vocale à cet album.
ADRAMELCH tire sa révérence mais on peut sans aucun doute affirmer que les italiens le font avec un certain panache. Opus s’avère être un album solide et très agréable dans une veine rock progressive. Nous étions loin de nous attendre à une telle performance de la part de nos amis. Mieux vaut tard que jamais annonce l’adage populaire. C’est vrai même si cela ne peut que laisser certains regrets quand vient le moment de se retourner sur la carrière passée du groupe. RIP
Tracklist (66:40 mn) 01. Black Mirror 02. Long Live The Son 03. Pride 04. Northern Lights 05. Only By Pain 06. A Neverending Rise 07. Fate 08. Ostinato 09. As The Shadows Fall 10. Forgotten Words 11. Trodden Doll 12. Where Do I Belong
La scène folk métal celtique ou nordique continue de générer de nouveaux groupes qui ont souhaité reprendre le flambeau et suivre dans leurs démarches des groupes à succès comme ENSIFERIUM et ELUVEITIE. Cela devient plus étonnant que cela vient de groupes originaires de pays moins évidemment celtiques. L’Italie voit émerger une scène assez vivace avec des formations qui comment à poindre le bout de leur nez comme FUROR GALLICO, DRAGR et aujourd’hui ARTAIUS. Originaire de Modène, le septuor n’en est pas ici à son coup d’essai puisque l’aventure a débuté dès 2008 avec l’idée de mêler métal et approche folk. Après un EP autoproduit, ARTAIS fait ses grands débuts discographiques en 2013 avec la parution d’un premier album, The Fifth Season. Ainsi armés, les transalpins ont pu multiplier les apparitions scéniques aux côté de grands noms comme ARCTURUS, PRIMAL FEAR ou SKYFORGER. Histoire de poursuivre sur cette belle lancée, les voici de retour avec un second opus, chez Bakerteam Records, Torn Banners.
Après une première écoute de ces chansons, on se dit que finalement ARTAIUS est resté sage et évolue dans la droite ligne de groupes phares cités ci-dessus. Les gros riffs de guitare sont là, les lignes folks typiquement celtiques également ainsi que l’alternance entre le chant féminin clair et les growls masculins. Nous sommes alors dans le connu le classique. Et puis, petit à petit, ARTAIUS introduit de nouveaux éléments dans l’équation, comme ces claviers très prog rock seventies ici et là comme comme sur « Daphne » ou ces gimmicks empruntés plutôt à la scène modern métal. Ces petits twists enrichissent la musique et apportent une variété bien agréable à l’ensemble. Les transalpins ont eu une riche idée en tentant ainsi d’un peu de démarquer de la masse car ils vont de toute façon avoir bien des difficultés à émerger sur cette scène très concurrentiel et ne font pas encore le poids face aux mastodontes du genre. Signalons la présence de quelques invités sur ce disque avec les contributions de Tim Charles (NE OBLIVISCARIS), Lucio Stefani (ME, PEK E BARBA) et Dario Caradente (KALEVALA). Torn Banners tient bien la route au niveau du son grâce au travail du groupe bien sûr, mais également de Riccardo Pasini qui s’est chargé de l’enregistrement, du mixage et du mastering au Studio 73.
Avec Torn Banners, ARTAIUS propose un travail honnête qui offre de vrais bons moments. Les titres s’enchainent sans temps mort ni faute de goût mais il manque quand même les quelques chansons imparables qui permettraient à ARTAIUS de sortir de ses frontières et de toucher un plus large public. Rome ne s'est pas faite en un jour et le groupe doit continuer à progresser pour franchir de nouveaux caps.
Tracklist (54:27 mn) 01. Seven Months 02. Daphne 03. Leviathan 04. Eternal Circle 05. The Hidden Path 06. Pictures of Life 07. Pearls of Suffering 08. Dualità 09. By Gods Stolen 10. By Humans Claimed 11. Torn Banners