Archive for juin, 2015

Son : Excellent et fort
Lights : Superbes
Affluence : Faiblarde vue l’affiche
Ambiance : Excellente
Moments forts : Ambush, Asgard et The Rods

Photos de Mr Patate cliquer ici.

La résurrection de ce festival mythique initiée en 2013 propose une nouvelle fois cette année une affiche particulièrement alléchante (pour peu que l’on soit fan de Heavy-Metal) constituée de nombreuses formations étrangères, et ce pour un prix particulièrement modique (20 Euros en prévente).

Outre la joie de découvrir en live Seven Sisters et Ambush, que je ne connais que sur disques, j’ai le bonheur de rejoindre Mr Patate qui nous conduit en terres Flamandes, avec cette fameuse langue incompréhensible qui permettra au non initié que je suis de commander une assiette de crudités au lieu d’une dose de protéines rendues nécessaires par l’absorption massive de boisson gazeuse… 

La salle de bonne dimension est bien équipée avec une scène de belle taille, un light show soigné et surtout un système de son parfait, car tous les groupes bénéficieront d’un son excellent !

Seven Sisters ouvre les hostilités. Ce jeune groupe Anglais, qui n’a que la démo « The Warden » à son actif délivrera un bon concert fait de revival 80’s, même si il est évident, notamment au niveau du chant, que le groupe se cherche encore un peu. Une belle prestation en tout cas qui donne envie de revoir les jeunots.

Les Italiens d’Asgard, bien rôdés par les nombreux concerts donnés ces dernières années, délivrent pour leur première venue en Belgique une excellente prestation. Sans aucun temps mort le groupe enchaine les hits piochés dans ses deux albums, avec une légère préférence pour le premier opus « The Seal of Madness » (2011) dans une puissance et une rigueur qui viennent démontrer, une fois encore, que ces jeunes formations transalpines sont totalement aptes à subir la comparaison avec celles de n’importe quelle autre nation.  Mace, particulièrement en voix, impressionne et confirme qu’il est définitivement l’un des tous meilleurs chanteurs de Heavy Metal. 

Sacral Rage enfonce le clou : décidément la sélection des groupes qui paraissait bonne se révèle imparable. En effet les Grecs qui officient dans un Speed / Heavy-Metal, qui vient parfois lorgner du côté de Mercyful Fate, assurent comme des chefs, avec un très haut niveau d’exécution, et seuls les côtés parfois alambiqués, voire démonstratifs, de leurs compositions viennent parfois déstabiliser. 

On continue notre périple Européen avec les Suédois d’Ambush. La jeune formation né il y à peine deux ans, qui a sorti son premier album « Firestorm » l’année dernière, pratique une Heavy-Metal très influencé seventies. Force est de constater qu’en live la puissance monte d’un cran avec un côté Judas Priest bien senti. Sur les planches c’est très pro et les cinquante minutes qui leurs sont allouées passeront à la vitesse de la lumière, sans qu’aucune baisse de régime ne soit constatée : un groupe d’avenir ! 

Leurs compatriotes d’Air Raid, bien que très jeunes, font déjà figure d’anciens tant cette scène revival est vivace. Depuis leur concert du Keep it True il y a deux ans, les Suédois ont changé de chanteur, et même si la cohésion semble bien meilleure, l’on ressent néanmoins un léger manque tant la voix du prédécesseur d’Arthur W Andersson avait un timbre particulier la rendant unique. L’amalgame entre les morceaux piochés dans les deux disques du groupe est très cohérent, et là aussi la prestation est d’un excellent niveau. 

Au tour de Skull Fist de prendre possession de la Scène. Les Canadien de retour pour une tournée Européenne après quasiment un an et demi d’absence, vont piocher essentiellement dans leur EP et dans le premier album pour nous sortir un concert old-school de toute beauté. L’arrivé du batteur JJ Tartaglia a fait un bien fou à la formation, et désormais les hits s’enchainent sans temps mort. Visuellement le groupe est toujours au top, partageant avec le public son plaisir d’être là ! A voir absolument si vous en avez la possibilité !

Ostrogoth est un habitué de ce festival, et les vétérans Belges justifient sans mal leur présence à l’affiche. En débit du décès du guitariste Rudy Vercruysse qui les a frappés cette année, le groupe qui était attendu de pied ferme par une bonne partie des musiciens des autres groupes sera fort convainquant. Quelle meilleure façon de rendre hommage à ce six-cordiste d’exception ?

J’ai vu FIST il y a quelques semaines au Keep it True et n’ayant pas été convaincu j’en ai profité pour faire ma coupure repas… et manger mes crudité…

J’en profite pour dire que ma seule déception du festival était la bière blonde à la pression qui n’était vraiment pas terrible… un comble pour la Belgique… je me suis donc, comme beaucoup, rabattu sur la Kriek Cerise qui était bien meilleure…

Retour aux affaires : Tête d’affiche logique, The Rods, que l’on ne voit que trop rarement en Europe, auront comme à leur habitude bluffé tout le monde. Ce trio, dans la force de l’âge, s’y connait pour enchainer ses tubes avec une efficacité incontestable. L’alternance de chant entre le guitariste et le bassiste est un vrai plus pour l’intérêt du groupe, et que dire de Carl Cannedy dont la performance est une perpétuelle démonstration. L’énergie est au rendez-vous, et seule la venue de Veronica Freeman (Benedictum) pour trois morceaux hommage à Dio en guise rappels divisera quelque peu les avis. En effet même si la jeune femme chante bien, sa tenue outrageusement sexy n’était absolument pas nécessaire. En ultime chanson nous auront droit au génial « I Just Wanna Rock » tiré du dernier album des Américains… une belle claque de plus !

C’est fini… snif…

Voilà le deuxième et dernier bémol du festival : la salle étant en centre-ville, point de camping et il faut donc rentrer juste après, alors que vu la qualité de la journée, ou tous les concerts ont été simplement parfaits, la plupart des fans auraient bien aimé poursuivre la fête…

En tout cas un grand bravo aux organisateurs pour cette édition de haute volée et aux groupes qui ont été magistraux !

Facebook officiel : www.facebook.com/HeavySoundFestival

Murder-One

Quand  on est amené à parler de Heavy Metal traditionnel et de son histoire on en vient immanquablement à évoquer la NWOBHM des 80s et ses fers de lance Iron Maiden ou Manowar mais on oublie bien souvent de parler d’une formation évoluant hors de la scène britannique comme Manilla Road et de son infatigable leader/songwriter/chanteur/compositeur Mark 'The Shark' Shelton ! C’est une sacrée injustice selon votre humble serviteur ! Je fus assez ébranlé de constater que Metalchronique n’y avait accordé aucun article d’ailleurs. C’est chose réparée maintenant ! Surtout quand on constate l’emprise qu’a eu Manilla Road tant par ses lyrics que par sa musique sur tout un tas de courant du Metal tel que le Heavy Metal bien entendu mais aussi le Thrash Metal ou le Doom Metal voire aussi de L’AOR/Hard FM. En effet nombreux sont les artistes qui sont devenu par la suite des acteurs majeur de ces courants du Heavy Metal/ Hard Rock à avoir avoué vouer un culte à la formation de Mark Shelton tels que James Hetfield, Kirk Hammett de Metallica, Dave Mustaine de Megadeth ou des membres de Candlemass pour ne citer qu'eux.


Je ne vais pas vous faire une rétrospective de la carrière de Manilla Road mais je vous invite grandement à aller faire un tour dans leur discographie qui à mon avis est bien fourni et de grande qualité. J’ai toujours un fort penchant pour des albums que j’ai découvert dans les 90s comme Crystal Logic, Open the Gates, The Deluge, Mystification, Atlantis Rising ou le très 70s Mark Of The Beast qui était composé de longues dates puisque dans les placards dès 82 mais qui est sorti qu’en 2002.

 
Je ne décèle aucune faute de goût ! Même le très décrié Progressif et presque FM The Circus Maximus qui ne devait pas sortir sous le nom de Manilla Road à la base vu qu’il s’agissait d’un effort que Mark Shelton dissociait du reste de leur discographie avant de céder à la pression de leur label d’alors. L’incident incita le groupe à faire une pause studio qui dura près de dix ans entre 1992 et 2001. Les productions sorties dans les 2000s et qui marquèrent le retour aux affaires de Mark et sa bande sont elles aussi hautement recommandable. J’ai aussi adoré Playground of the Damned (2011) et Voyager (2008) des albums ou Manilla Road faisait souffler son Heavy Metal aux élans  tantôt Epic et ultra Heavy tantôt Progressif et mélodique aux frontières du FM. Le tout sans chichi avec ce son brut et intemporel qui caractérise Manilla Road et où la dynamique rythmique se fait toujours captivante même dans les instants calmes. J’ai fait l’impasse sur Mysterium sorti en 2013 faute de temps. A noter aussi Hellwell le projet de Mark Shelton Heavy Metal / Doom Metal Progressif (presque Thrash Death par moments) vraiment excellent et très proche de la musique et de l’esprit de Manilla Road (album en streaming intégral sur Bandcamp ici).


Ce nouvel album se présente sous la forme d’un double Cd avec l’album The Blessed Curse sur le premier et After The Muse sur le second cd composé de divers inédits qui sont quasi tous orientés plus acoustique et « tranquillou » que l’album au contenu très Heavy comme nous allons le voir. Le lineup de Manilla Road n’a pas changé depuis 2011 et s’articule autour de Sir Mark Shelton guitares / Chant  et de Bryan "Hellroadie" Patrick au chant avec Josh Castillo à la basse ainsi que le dernier venu le tantaculaire Andreas Neuderth à la batterie. S’il fallait donner deux adjectifs pour qualifier les compositions du Manilla Road ce serait sans conteste : simple et efficace !

 
Si vous avez du mal à cerner le terme Heavy Metal et les concepts rythmique et musicaux qui en découle, l’écoute des brûlots que sont  « Kings of Invention », « Truth in the Ash », « The Dead Still Speak », « Kings of Invention » et sa basse titanesque, « Reign of Dreams », les majestueux mais viriles « Luxiferia's Light » , « The Blessed Curse » ou « Sword of Hate », vous les ferons rentrer dans le crâne à grands coups de riffs, de vrombissements de basse, de roulements de batterie et de solos enlevés. La dualité du chant clair de Mark et celui plus rocailleux et puissant de Bryan fonctionne toujours à merveille !


La face mélodique et progressive de Manilla Road n’est pas en reste puisque elle s’exprime sur une bonne partie de l’album par le biais de Power ballades vraiment bien senties où les guitares acoustiques se font nombreuses tel que le superbe et entêtant « Tomes of Clay » aux leads celtisant et à l’emphase Pagan Metal. D’autre power ballades m’ont énormément plu comme celles plus acoustiques qui composent la quasi-totalité du second Cd ou d’autres tels que « Falling » et la très réussie au progressif 70s « The Muses Kiss » qui clôture le disc1. Le splendide et très épique « All Hallows Eve 2014 » avec ses quinze minutes au compteur vaut son pesant de cacahuètes et m’a remémoré de grand moment de la carrière du groupe !


Bref cet album est un indispensable pour qui ce dit apprécier un tant soit peu le Heavy Metal ! Le vrai ! Celui qui coule dans les veine de ce grand groupe depuis tant d’années et dont la source ne s’est jusqu’à présent jamais tari ! Non Manilla Road n’est pas mort contrairement à bon nombre de ses contemporains ! Gloire à Manilla Road qui toise tout le monde du Heavy Metal avec beaucoup d’aplomb et de majesté !

 
FalculA (8,5/10) 


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Golden Core Records / 2015
Tracklist cd1 The Blessed Curse (47:55) : 1. The Blessed Curse 2. Truth in the Ash 3. Tomes of Clay 4. The Dead Still Speak 5. Falling     6. Kings of Invention 7. Reign of Dreams 8. Luxiferia's Light 9. Sword of Hate 10. The Muses Kiss.
Tracklist cd2  After the Muse (50:36) : 1.    After the Muse 2. Life Goes On 3. All Hallows Eve (1981 Rehearsal) 4. In Search of the Lost Chord 5. Reach 6. All Hallows Eve 2014.

Je dois parfois me torturer pendant des heures pour pondre 10 malheureuses lignes sur un nouvel album. Souvent parce que ledit album est quelconque, certes, voire médiocre. Ici, avec ce premier single de Lindemann, le projet de Till Lindemann (Rammstein) et Peter Tägtgren (Pain, Hypocrisy), j’ai l’impression que je pourrais écrire une page sur tout ce qui ne va pas avec ce morceau.

Par où commencer ?

Tout d’abord par le volet purement musical, confié à Peter Tägtgren, un musicien au talent indéniable, qui a su s’avérer convaincant dans trois genres différents (parce que beaucoup oublient que Peter a aussi joué dans « son » groupe de Black Metal, The Abyss, et que ce projet vaut le détour). Mis à part peut-être Catch 22 (et encore, je ne fais pas vraiment partie des détracteurs), Hypocrisy frôle le carton plein, et on peut en dire autant au sujet de Pain. Sur le papier, on pouvait donc s’attendre à quelque chose de solide. Hélas, « Praise Abort » est loin d’être aussi passionnant. Le refrain est loin d’être mémorable, le propos manque de punch (on est loin du rouleau compresseur teuton)… Sur ce plan, Lindemann peine à décoller, et si le premier titre choisi pour promouvoir l'album est si faible, on est en droit de s’inquiéter.

Cependant, Lindemann (le projet) est aussi le naufrage de Lindemann (le songwriter). Avec Rammstein, Till a fait des merveilles en matière de textes. Certes, d’aucuns me rappelleront « Te Quiero Puta » et « Pussy » dont le niveau était très proche de la ceinture, et je ne peux pas leur donner tort, mais le reste de la discographie de Rammstein comporte son lot de textes travaillés, recherchés, comme la relecture du conte Erlkönig sur le morceau « Dalai Lama » que l’on retrouve sur Reise, Reise. Même « Mein Teil » évitait l’écueil de la provoc stupide en jouant avec les mots (le double sens de « Er hat mich zum Fressen gerne » n’aura pas échappé à ceux qui maîtrisent la langue de Goethe). Et si Till est un si bon songwriter, c’est parce qu’il manie sa langue maternelle avec brio. Ici, le passage à l’anglais a sensiblement réduit son efficacité. Chanter en allemand ? Ce n’était vraisemblablement pas une option, le parallèle avec Rammstein aurait été encore plus facile à faire. « Praise Abort » verse dans la provoc facile, habilement emballée avec de gros moyens dans un clip qui ne laissera pas indifférent. Mais en grattant un peu, on ne peut pas ignorer la faiblesse de ce morceau sur le plan textuel aussi. Et pour ne rien arranger, l’accent de Till est loin d’être convaincant. Il parle anglais comme quelqu’un qui dirait « Ach, si mes ancêtres avaient été plus efficaces en 40, tout le monde parlerait allemand et je n’aurais pas dû apprendre cette langue de Yankees » (1)

« Praise Abort » est donc censé nous teaser, nous emballer jusqu’à la sortie de l’album programmée d’ici peu. Personnellement, ce titre suscite chez moi bien plus d’interrogations que d’attentes. Si tout l’album est du même tonneau, on pourra en conclure que 1. Till et Peter ont fait ce qu’ils voulaient, sans se soucier des modes, des tendances et des attentes et 2. cela risque de faire bien des déçus.  Mon impatience s’est muée en inquiétude. J’ai l’impression que je suis sur le point d’assister au premier faux-pas de deux géants qui, au final, ne seraient donc que deux colosses aux pieds d’argile.


(1) Vous ne rêvez pas, c’est un point Godwin parfaitement assumé, et je me déçois presque de l’avoir sorti si tard dans ce texte.