"Sturm und drang", dans la langue de Goethe (vous voyez pas ? Si je vous dis dans le jargon de Till Lindemann ça vous parle ?). Tempête et passion, tout un programme pour ce septième album du groupe. Oui, il s'agit bien du septième, en respectant le fait que le groupe ne tient pas à prendre en compte l'album "Burn The Priest", seuls selon eux comptent les albums sortis par le groupe sous le nom de Lamb Of God. Dont acte. Le groupe revient après un hiatus en 2014, à la suite de la crise subie par le groupe lors de l'incarcération en Tchéquie de Randy Blythe en 2012. Le procès gagné, les poches vides, et une année de repos et voilà le groupe de nouveau d'attaque.
La signature sonore du groupe n'a pas changé, pour tout amateur du groupe depuis des années, c'est l'option gros son propre qui claque qui est de mise, avec les riffs habituels et une section rythmique qui claque. Randy lui, n'a pas manqué d'évoquer dans l'album son expérience carcérale, tandis qu'en guise de fil conducteur ce sont des évènements en république Tchèque qui servent de toile de fond, que ce soit l'assassinat du dirigeant SS Reinhard Heydrich ("Anthropoid"), ou l'immolation de l'étudiant Jan Palach, en 1968 pour protester contre l'invasion des forces du Pacte de Varsovie ("Torches").
Dès l'ouverture de l'album dans un titre de facture classique, mais efficace. On retrouve ces références à la prison dans "512" (le numéro de sa cellule, ou Footprints (empreintes digitales). Musicalement; l'album se trouve dans la veine de Resolution et Ashes Of The Wake, l'épisode Wrath est laissé aux oubliettes. On pourrait headbanguer en cadence, tout heureux de retrouver une routine confortable. Mais le groupe ne se contente pas du confort. On a droit a quelques surprises, tel le titre Embers ou figure le chanteur de Deftones, Chino Moreno. Un titrte percutant qui termine en douceur. Bien ficelé. Autre invité, Greg Puciato de Dillinger Escape Plan, vient pour sa part pousser la chansonnette sur le dernier titre, "Torches". ce qui parait à l'entame être une ballade molle du fondement s'avère bien plus musclée et rageuse par la suite, une conclusion intéressante. Du côté de la furie auditive, Lamb Of God garde de beaux restes, des titres comme "Footprints", "Anthropoid", ou le dévastateur "Delusion Pandemic" sont efficaces et accrocheurs. La rage est intacte, et le groupe conserve sa capacité à aligner uppercuts avec des riffs un poils complexes dans les conduits auditifs. Mais il reste encore un titre qui détonne dans le paysage, entre fureur de l'agneau et Alice In Chains, Overlord se distingue, et tient la route, avec en cerise sur le gateau des solis mélodiques à souhait et un final massif et qui saute à la gorge. L'ensemble de l'album est solide, bati sur des fondations qui ont fait leurs preuves, ce septième effort ne fera pas tâche dans la discographie, bien au contraire. Lamb Of God a survécu à la tempête et revient plus que jamais prêt à en découdre. Du coup, dans la rédaction, un débat estival fait rage, faut il mettre en taule nos groupes de metal favoris qui se ramollissent à vue d'oeil pour qu'ils renouent avec la furie d'antan ?
Hamster (08/10)
Epic Records – Nuclear Blast records / 2015
Tracklist : (48:17) 01. Still Echoes 02. Erase This 03. 512 04. Embers (feat. Chino Moreno) 05. Footprints 06. Overlord 07. Anthropoid 08. Engage the Fear Machine 09. Delusion Pandemic 10. Torches (feat. Greg Puciato)