Archive for juillet, 2015

Shuffle – Upon the Hill

oshy_14072015_shuffJe reste admiratif des nouveaux groupes qui se lancent dans le grand bain ces dernières années alors que le marché semble plus que saturé et que l’espoir de pouvoir vivre de son art s’amenuise de plus en plus à moins de bénéficier du soutien d’un label puissant. Et pourtant, mue par une passion, ces aventuriers sautent le pas et tentent leur chance.

Voici le cas des manceaux de SHUFFLE. Après un premier EP et plus d’une centaine concerts sue toutes les scènes de Navarre et même d’ailleurs, le quintet décide de donner corps à son projet en enregistrant un premier album que voici, Upon the Hill. Mais ce fut un chemin semé d’embûches qui a nécessité le lancement d’une campagne de crowfunding (complété à 105 %) pour être mené à bien. Upon The Hill a été réalisé par Arnaud Bascuñana (DEPORTIVO, NO ONE IS INNOCENT Luke…) aux Studios Soyuz & 180 à Paris.

La musique du groupe se veut un cocktail personnel mêlant des influences très variées allant de KARNIVOOL à PEARL JAM en passant par NICKELBACK et RAGE AGAINST THE MACHINE. Le tout prend la forme d’un rock alternatif / atmosphérique très américain dans l’esprit. Les guitares mènent bien sûr les débats mais les claviers et les samples ne sont pas en reste pour apporter à cette force et cette agressivité une épaisseur et un relief supplémentaire. Les atmosphères s’avèrent primordiales et chaque composition apporte sa pierre à un édifice émotionnel plus large. Les chansons sont dans l’ensemble assez courtes et calibrées autour des 4/5 minutes et vont à l’essentiel. Comme leurs modèles américains, l’accent est mis sur des mélodies et surtout un refrain accrocheur à même d’emporter l’adhésion de l’auditeur en quelques écoutes. Les manceaux apportent un petit côté vintage assez sympathique en parsemant leurs chansons de nappes d’orgue Hammond. Coup de chapeau également à Jordan qui assure très bien derrière le micro même si son accent ressort un peu trop nettement parfois.

Oui SHUFFLE reste un groupe jeune mais toute l’expérience emmagasinée lors de ces dizaines de concerts fait des merveilles. Le travail du groupe porte ses fruits et on devine que chacune de ces chansons a pu être testées et peaufinées soir après soir pour n’en garder que les meilleures. Upon the Hill contient son lot de bonne chanson et saura apporter du plaisir aux auditeurs les plus exigeants.

Oshyrya (07/10)

 

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MusikBox&Shuffle – M&O Music / 2015

Tracklist (43:14 mn) 01. Tomorrow’s Relics 02. Mr. Boom 03. No Time 04. Withdrawal 05. Nobody Cares 06. Better For Both 07. Schizophrenic 08. Is It Real? 09. Northern Lights 10. Crazy

Orakle – Eclats

oshy_14072015_OrakJ’en vois déjà crier au scandale face à une musique élitiste et absconse en voyant arriver ce nouvel album des parisiens d’ORAKLE. Comme quoi la connerie n’a pas vraiment de limite si essayer d’être un peu plus subtil et fin que 75% de la production contemporaine devient une tare. Car effectivement, nos compatriotes ont une conception assez tranchée de leur musique et n’hésitent pas à mettre tout leur cœur dans un prog métal extrême exigeant et toute leur tête dans des paroles recherchées, emplies d’une certaine profondeur. Eclats s’avère être le troisième opus du groupe qui avait un peu disparu de nos radars depuis la publication de Tourments & Perdition (en 2008 et Holy Records) et Uni aux cimes (en 2005 chez Melancholia Records). Après sept ans de silence, les voici de retour au sein de l’écurie d’Apathia Records.

Cet album aura nécessité, de la bouche même de ses auteurs, près de cinq années de travail afin de peaufiner les chansons et mener à bien toutes les expérimentations prévues. Car oui, en sept ans, bien de l’eau a coulé sous les ponts, le groupe a gagné en maturité et en bouteille sans renier le passé. Les marques de fabrique d’ORAKLE restent bien présentes et les fans auront plaisir à retrouver quelques clins d’œil au passé (le début « d’Incomplétudes »). Cependant, le black métal épique et sophistiqué des débuts a subit une grosse mutation au profit d’une approche plus atmosphérique et accessible. Le chant se veut plus varié, clair et hurlé, les rythmiques délaissent les blast-beats pour des structures plus imbriquées, surprenantes. Chaque chanson ouvre de nombreuses portes en même temps et il faudra une certaine dose de courage et d’ouverture d’esprit pour percer tous les mystères d’Eclats. ORAKLE a clairement pris une orientation expérimentale et fait voler en éclats tous les cadres habituels. Ils jouent des dissonances, prennent un malin plaisir à désorienter l’auditeur à travers des structures particulièrement tortueuses. Finalement, les défenseurs de la vague djent à la PERIPHERY devrait trouver ici de quoi se satisfaire.

Eclats contient deux pièces de résistance sous la forme de composition plus longues que sont « LE sens de la Terre » et « Humanisme vulgaire ». En chaque fois plus de dix minutes, les franciliens déploient sous nos yeux une tapisserie d’une grande richesse mais encore une fois d’une belle complexité. Nous sommes lâchés sans boue dans un maelstrom touffu fait d’arabesques mélodiques imbriquées au possible. Peureux s’abstenir car le voyage risque d’en laisser plus d’un sur le carreau. Ce n’est qu’après plusieurs écoutes qu’un schéma général transparait en filigrane. Cela se veut ténu et seuls les plus courageux seront récompensés. ORAKLE n’a encore pas choisi la facilité et ne peut s’adresser qu’à une petite niche de fans téméraires au sein du public métal. Votre serviteur continue de s’interroger et l’écoute d’Eclats ouvre plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.

Terminons enfin cette chronique en soulignant la beauté simple de la pochette du disque. Cette sculpture signée de l’artiste français Robert Le Lagadec s’avère être tout simplement superbe et interroge chacun de nous sur notre identité et notre place dans ce monde. Il s’agit d’un magnifique écrin pour un album déroutant.

Oshyrya (07/10)

 

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Apathia Records / 2015

Tracklist (59:53 mn) 01. Solipse 02. Incomplétude(s) 03. Nihil incognitum 04. Apophase 05. Le sens de la terre 06. Aux éclats 07. Bouffon existentiel 08. Humanisme vulgaire

Max Pie – Odd Memories

oshy_14072015_Ma_PiAutant nos amis belges de MAX PIE avaient rapidement enchainer les soties de leurs deux précédents opus, Initial Process (2012) et Eight Pieces One World (2013), afin de battre le fer tant qu’il était chaud, autant là ils ont pris (relativement) le temps en peaufinant ces chansons pendant deux années afin d’en tirer la quintessence qui se présente devant notre jugement sous la forme de ce troisième disque Odd Memories.

Et autant j’avais bien apprécié Eight Pieces One World (chronique ici) autant j’ai pris une bonne grosse claque dès la première écoute de ces dix nouvelles compositions. MAX PIE reste un groupe jeune composé c’est vrai de musiciens expérimentés mais le savoir-faire et la vista présentés ici risque d’en surprendre plus d’un. De l’intro franchement bien foutue jusqu’à la fin de « Fountain of Youth », le belges déploient sous nos yeux un power métal aux relents prog du meilleur niveau. Le quatuor fait feu de tout bois via des chansons racées, techniques et très accrocheuses. Chacun offre une super prestation, mention spéciale à Tony derrière le micro insuffle une âme et une énergie jouissive à ces chansons. Les ressemblances avec Jo Amore de NIGHTMARE sont légions. Mentionnons la présence en guest de Julien Spreutels (EPYSODE et ETHERNITY) sur une chanson. Alors oui le tout n’est pas d’une originalité débordante mais mieux vaut un démarche classique et maîtrisé qu’une innovation débridée et dans queue ni tête. L’ombre du SYMPHONY X de la mouture Iconoclast reste assez présente avec une touche supplémentaire presque joyeuse et entrainante sur un « Promised Land ».

Odd Memories a été composé sur une période d’un mois fin 2014 avant d’être mis en boite en huit semaines environ. Comme pour les précédents, satisfaits de son travail, MAX PIE a collaboré avec Simone Mularoni (DGM/Empyrios) qui a assuré la production du disque au Domination Studio (San Marin). Et ils ont bien eu raison puisque l’album bénéficie d’un très bon son. Enfin, cerise sur le gâteau, les visuels restent toujours aussi soignés et c’est encore le cas ici avec cette pochette signée Didier Scohier d’Artcore Design.

Les vœux que je formulais lors de ma précédente chronique se sont réalisés. Nous retrouvons un MAX PIE en très grande forme, maîtrisant encore plus son propos et près à en découdre avec les ténors de la scène power métal prog. Et ils ont les armes pour en faire tomber plus d’un de leur piédestal. Ils seront au Raismesfest 2015, ne les ratez pas !

Oshyrya (08/10)

 

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Mausoleum Records / 2015

Tracklist (61:32 mn) 01. Odd Memories Opening 02. Age of Slavery 03. Odd Future 04. Promised Land 05. Love Hurts 06. Don't Call My Name 07. Hold On 08. Unchain Me 09. Cyber Junkie 10. The Fountain Of Youth