Ah qu’il est agréable de voir un groupe qui soigne autant la forme que le fond. Vous pouvez consulter toute la discographie des toulousains de NAIVE et vous vous rendrez compte que leur visuels d’albums réalisés à partir de montage photo s’avère à chaque fois profond et superbe. Ce quatrième opus, Altra, ne déroge pas à cette règle et s’avère tout aussi réussi que les pochettes de The End et Illuminatis.
Nourri par des influences aussi diverses que Rock, Metal, Trip-Hop ou encore Electro, le trio forge son identité en brassant divers courants jusqu’à obtenir une identité artistique propre et originale. Ils qualifient eux-mêmes leur musique de “Trip-Hop Metal” et effectivement cette étiquette colle bien à la peau de nos compatriotes. Il faut dire qu’ils ont beaucoup travaillé pour obtenir le subtil dosage désiré. Jouch et Mox fondent le groupe il y a quinze ans mais NAIVE ne trouvera sa forme définitive qu’en 2007, à l’arrivée de Rico. Le trio prend ses marques et enchaînent les sorties depuis avec MOX à la batterie et aux programmations, JOUCH gérant guitares, chant et programmations et enfin RICO supervisant les parties de basse ainsi que le chant.
Nico nous en avait dit le plus grand bien après leur concert au Motocultor Open Air 2014 (live report ici) et effectivement, le métal atmosphérique des toulousains ne manquent pas de charmes et de subtilité. Les atmosphères se construisent par couche, pas après pas, NAIVE joue à merveille du feu et de la glace, de la brutalité typiquement métal des guitares mêlée à la mélodie, la douceur des nappes de claviers denses d’intensité et d’émotions. Les toulousains ne se fixent pas de limite et se plaisent à brouiller les pistes, du métal à l'électro, des arrangements de cordes au trip-hop tout y passe en parfaite cohérence et harmonie. Certains esprits chagrins rétorqueront que le groupe navigue en permanence entre deux eaux et reste désespérément le cul entre deux chaises mais c’est bien ce choix, ou son absence qui constitue l’originalité et l’identité de NAÏVE. Ensuite le reste n’est affaire que de sensibilité, vous succomberez et vous laisserez entraines par ces mélodies ou vous resterez de marbre malgré les efforts du trio. Votre serviteur s’est immergé avec délice dans cet univers et n’a rouvert les yeux qu’à la fin d’Altra, chanson éponyme de douze minutes. Sans les grosses rythmiques de guitares nous ne serions pas très loin d’un TRICKY ou d’un MASSIVE ATTACK.
En une heure la messe est dite et repositionne NAÏVE comme un des groupes novateurs et hyper intéressant de la scène française. Quand on vous dit que l’hexagone regorge de formations intéressantes qui tranchent avec la soupe formatée qui est déversée toute la journée par nos radios nationales. Il reste encore bien du chemin à parcourir avant d’espérer voir changer ce triste état de fait.
Oshyrya (08/10)
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Autoproduction / 2015
Tracklist (60:00 mn) 01. Elevate / Levitate 02. Yshbel 03. Mother Russia 04. Monument Size 05. Surge 06. Waves Will Come 07. Altra
Pas sûr que beaucoup d’entre vous connaissent DISARMONIA MUNDI et pourtant Mind Tricks publié en 2006 reste l’un de mes disques de chevet. C’est même la sonnerie de mon téléphone si vous voulez tout savoir ! Bien sûr la présence aux côtés des italiens de Björn "Speed" Strid (SOILWORK) à partir de Fragments of D-Generation (2004) permet au groupe d’atteindre de nouveaux fans grâce à l’aura grandissante du suédois. Nous aurions pu croire à une collaboration éphémère et pourtant, dix ans plus tard, ce même chanteur continue de participer en tant que chanteur invité à ce cinquième album intitulé Cold Inferno.
Les ressemblances entre le death métal mélodique de DISARMONIA MUNDI et celui pratiqué par les ténors du genre que sont IN FLAMES et SOILWORK ne doit bien sûr rien au hasard. Certains parleraient d’opportunisme surtout avec Speed en guest mais franchement je m’en fous tant un « Celestial Furnace » a pu me faire vibrer. The Isolation Game en (2009) maintenait le cap même si dans l’ensemble le disque apparaissait bien convaincant.
Dès les premières secondes de « Creation Dirge » les italiens annoncent la couleur et lancent une offensive d’une rare violence. Ils ne sont pas venus amusés la galerie et nous retrouvons ces riffs sanglants bien soutenus par une section rythmique lancée sur un rythme infernal. Ajoutez à cela divers artifices électro et un chant extrême particulièrement bourrin en dehors des refrains en voix claires comme de tradition dans ce genre. Si vous craignez les sensations fortes, passez votre chemin, vous risquez de ne pas apprécier la promenade. N’espérez aucune accalmie, l’offensive sonique ne s’arrêtera qu’après quarante-cinq minutes de tabassage en règle. Ettore Rigotti reste encore une fois le grand architecte de ce disque. Il a géré l’ensemble des instruments ainsi que le chant clair. Les parties plus extrêmes ont été assurées à la fois par Björn "Speed" Strid et Claudio Ravinale dans une maestria impressionnante. Tout un chacun sortira exsangue de l’écoute de ce disque mais il y a des fatigues qui laissent un grand sourire sur le visage. Cold Inferno se veut moians immédiatement accrocheur que Mind Tricks mais écoute après écoute la mayonnaise prend et on se surprend alors à secouer la tête frénétiquement. Le son s’avère absolument nickel, à la fois pur et bourré d’énergie. Vous prendrez une grosse mandale concoctée par le même Rigotti qui a assuré lui-même la production, l’ingénierie, l’enregistrement et le mixage au The Metal House studio.
Le temps donnera dans quelques mois son verdict et nous verrons bien si Cold Inferno peut acquérir le même statut, sur la longueur, que Mind Tricks en son temps. Tous les ingrédients sont là mais certaines choses vieillissent mieux que d’autres. Les auspices sont en tout vas bonnes puisque « Creation Dirge », « Toys of Acceleration » et « Oddities From The Ravishing Chasm » squattent allégrement depuis des semaines mon lecteur mp3.
Oshyrya (8,5/10)
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Coroner Records / 2015
Tracklist (45:47 mn) 01. Creation Dirge 02. Stormghost 03. Behind Closed Doors 04. Coffin 05. Oddities From The Ravishing Chasm 06. Slaves To The Illusion Of Life 07. Blessing From Below 08. Magma Diver 09. Clay Of Hate 10. Toys Of Acceleration
WE ARE THE OCEAN est un groupe de post-hardcore et de rock alternatif britannique originaire de Loughton, Essex. Après une éclosion en 2007, les anglais ont déjà fait un bon bout de chemin avec pas moins de trois albums déjà à leur actif: Cutting Our Teeth en 2010, Go Now and Live en 2011 et Maybe Today, Maybe Tomorrow en 2012. Les voici de retour avec un quatrième effort, simplement titré Ark.
Maybe Today, Maybe Tomorrow le précédent opus a constitué une grosse révolution pour le groupe avec le départ de Dan Brown leur chanteur. Petit tremblement de terre interne mais finalement la solution a été rapidement trouvée puisque Liam Cromby a pris lui-même en charge le chant principal depuis lors. Et à l’écoute de cet Ark, il a rudement bien fait tant il s’acquitte de sa tâche avec talent et maîtrise. Et la marque de fabrique de cette scène rock alternative d’Outre-Manche s’impose à l’auditeur dès les premières secondes de ce disque. La chanson éponyme apparait être, en effet, d’une rare efficacité avec cette mélodie simple mais hyper catchy et cette ampleur de la musique proposée grâce à ces orchestrations intelligentes. Nous sommes pris par la main pour un voyage fort en émotion à travers douze chansons franchement soignées, parfois même enthousiasmantes. Les membres de WE ARE THE OCEAN sont très malins et connaissent toutes les ficelles pour nous faire craquer. A l’image de ce que propose IMAGINE DRAGONS ou encore THE INTERSPHERE, difficile de résister à toutes ces vagues acoustiques. Les chansons se veulent assez courtes, calibrées pour maximiser autour des quatre minutes histoire de maximiser leur passage radio potentiel. Reconnaissons quand même que l’intensité baisse avec le temps et le dernier tiers d’Ark se veut un peu plus poussif. L’enthousiasme s’avère vraiment decrescendo.
WE ARE THE OCEAN est d’évidence une groupe doué et talentueux. Dommage qu’ils ne parviennent pas à susciter un grand intérêt tout au long des quarante-cinq minutes de ce quatrième opus. Ils frappent très forts d’entrée avant de la jouer facile et petits bras. Ils n’ont finalement pas tort du point de vue marketing puisque els gens survolent la plupart du temps les albums en écoutant uniquement els deux, trois premiers titres. A ce jeu-là, WE ARE THE OCEAN pourrait faire un joli carton.
Oshyrya (06/10)
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BMG Rights Management Gmbh – Rough Trade / 2015
Tracklist (44:07 mn) 01. Ark 02. I Wanna Be 03. Good For You 04. Do It Together 05. Shere Khan 06. Hope You're Well 07. Letter To Michael 08. Holy Fire 09. Wild 10. There's Nothing Wrong 11. The Midnight Law 12. Remember To Remember Them