Fondé en 2009 à Paris en 2009, OMMATIDIA a dû en surprendre plus d’un dans le petit landerneau hexagonal avec la publication en 2011 d’un premier opus soigné In this Life, or the Next chez Season of Mist. Avec une splendide pochette déjà signée Hicham Haddaji du Studio Strychneen et un style mélangeant allégrement les influences gothiques, doom et atmosphériques, les franciliens frappaient un joli coup d’entrée. Et pourtant la suite ne fut pas vraiment un long fleuve tranquille. Ce toujours crucial deuxième album aura mis près de quatre années à voir le voir et était à l’origine annoncé pour le second semestre 2014.
Mais face à l’adversité, OMMATIDIA a su puiser dans ses ressources et prendre le temps nécessaire pour accoucher sereinement de Let’s Face It avec le soutien de Doowet. Le quintet n’a pas dévié de sa route et confirme les choix artistiques entrevus sur In this Life, or the Next : un métal sombre et mélodique construit par couches successives de riffs tranchants efficacement complétés d’une solide section rythmique. Cette subtile alchimie offre de belles perspectives, entre colère, mélancolie et interrogations existentielles. Comme OMMATIDIA l’affirme lui-même, « Plus que jamais le groupe se présente de manière plus dynamique, plus inventive, plus détaillée et fouillée, et avec une maîtrise de styles plus affirmée ». Les progrès par rapport à 2011 sont sensibles, les parisiens s’éparpillent moins et vont directement à l’essentiel en ayant retiré le superficiel, le superflu. Let’s Face It innove en terminant sur un final épique découpé en 3 parties qui conclut le concept de l'album. En presque treize minutes tout est dit et l’auditeur ressortira exsangue mais heureux de cette expérience. Tout n’est pas ici parfait avec quelques titres un peu moins convaincants dans le ventre mou du disque mais rien de rédhibitoire. Le fond et la forme sont à l’unisson avec une belle pochette simple et limpide à l’image du son du disque en général. Let’s Face It a été enregistré et mixé par François Maxime « Bootz » Boutault et Olivier t'Servrancx alors que le mastering reste l’œuvre de Mobo.
OMMATIDIA confirme sur ce second disque le talent et les bonnes dispositions démontrées en 2011. Malgré l’adversité (changement de line-up) le groupe ne dévie par de son objectif et peaufine encore et encore la construction de son identité artistique. Espérons que le vent tourne et que la parution de Let’s Face It ouvre une nouvelle ère positive pour les parisiens.
Oshyrya (7,5/10)
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Autoproduction – Dooweet / 2015
Tracklist (48:36 mn) 01. Immaculate 02. Sunspot 03. Dark Swelling 04. Soiled 05. Seeping Black 06. Antagonism 07. A Lack Of Contrast In Life 08. Coming Full Circle Pt I 09. Coming Full Circle Pt II 10. Coming Full Circle Pt III
Revigorés par la sortie d’Eviscérer les Dieux en 2013 et les très bons retours qui ont suivi, voici déjà de retour des bressans avec un album toujours aussi soigné et ambitieux, Illusions Barbares. La stabilité a décidément du bon et avec les quatre mêmes croisés, MESSALINE peut avancer plus rapidement et marquer de son empreinte la scène heavy rock hexagonale.
Le temps passe et Illusions Barbares constitue déjà le quatrième opus de nos compatriotes. Et ils restent fidèles depuis leurs débuts à cette démarche de proposer des chansons accrocheuses dans une veine heavy métal classique. Les mélodies font bien souvent mouches et vous resteront longtemps dans la tête. Ajoutez à cela des textes finement ciselés par Eric "Chattos" Martelat et vous obtenez un rafraichissant cocktail. Ce dernier se fait fort de proposer des textes originaux, offrant différents niveaux de lecture, abordant divers thèmes à travers le prisme de l’histoire et de l’humour. Difficile dans ce cadre-là de ne pas penser au travail assez similaire de Christian Decamps (ANGE). Les deux groupes croisent d’ailleurs souvent la route l’un de l’autre et une vraie complicité a su petit à petit se créer entre les deux chanteurs-paroliers. L’orientation plus directe et agressive inaugurée sur Eviscérer les Dieux se voit ici conforter, preuve que l’intégration en 2011 de la nouvelle section rythmique s’est passée à merveille. Encore une fois le fond et la forme ont été particulièrement soignés. La production de cet album est tout à fait honorable et tient la comparaison avec la majortié des sorties européennes. Les visuels et le livret sont magnifiques et donnent encore plus envie de se plonger dans l’univers du groupe.
MESSALINE ne laissera personne indifférent mais cette démarche s’avère être rafraichissante à une époque où tout le monde cherche à plaire à tout prix. Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces et de ce côté-là MESSALINE reste droit dans ses bottes et fidèle à sa personnalité. Faites votre choix mais vous auriez tort de ne pas tenter l’aventure.
Oshyrya (6,5/10)
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Brennus Records / 2015
Tracklist (50:49 mn) 01. Morituri te Salutant 02. Les crayons du soleil 03. Fouille de sarcophage 04. Barbie true rick 05. A Jerusalem 06. Mehlinn-hâ 07. Instinct animal 08. Funambule 09. Cadavre esquisse 10. les teufs des heros 11. Memento
C’était leur destin, les suédois de YEAR OF THE GOAT devaient absolument avoir une actualité et sortir un album cette année pour 2015 est justement l’année de la chèvre (huitième signe de l’astrologie chinoise). Je suis bien conscient que cet animal a été choisi pour sa résonnance dans l’imagerie chrétienne mais autant faire d’une pierre deux coups. Un peu à l’image de leurs compatriotes de GHOST (sans le décorum ok) ils s’amusent à jouer de clichés « malsains » tout en proposant une musique très accessibles, ancrée dans le rock des années 60 et 70. Après un très recommandable EP, The Key And The Gate (chronique ici), sorti l’année dernière, les voici de retour avec un album complet, The Unspeakable.
Angels' Necropolis avait montré la voir et YEAR OF THE GOAT reste fidèle à cette veine musicale. Mais les suédois évoluent vers un rock presque progressif. Un titre comme « The Emma » n’est franchement pas loin d’un MUSE avec le chant lancinant de Thomas Sabbathi rappelant vraiment Matthew Bellamy. Par contre un « Vermin » se veut plus foncièrement direct et rock tout en restant diablement mélodique et accrocheur. Les suédois soufflent le chaud et le froid avec des titres courts et directs à même de faire un beau carton sur les radios tout en proposant également un « All He Has Read » fleuve avec ses plus de douze minutes au compteur pour ouvrir ce disque. Drôle de choix mais heureusement le talent est évidemment là pour rendre cette démarche à la fois heureuse et digeste. Sur cette composition à rallonge, nos amis démontrent un vrai savoir-faire pour tisser une atmosphère et plonger l’auditeur dans leur univers à la fois sombre, dur et mélancolique. Le sextet s’en donne à cœur joie et fixe d’emblée la barre assez haute. La suite se veut plus courte, optimisée jusqu’à terminer sur un « Riders of Vultures » lui aussi plus lent et posé (presque doom dans l’esprit) affublé d’un final hypnotique absolument admirable.
Sans faire grand bruit les suédois de YEAR OF THE GOAT poursuivent leur petit bonhomme de chemin et tissent lentement leur toile au sein de la scène rétro-rock (matinée d’occultisme) qui connait en Europe une nouvelle jeunesse depuis quelques années. Ils s’imposent naturellement parmi les leaders en évitant tout opportunisme et en enchainant les sorties de qualité. La scène métal se porterait bien mieux si plus de groupes agissaient ainsi.
Oshyrya (08/10)
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Napalm Records / 2015
Tracklist (52:43 mn) 01. All He Has Read 02. Pillars of the South 03. The Emma 04. Vermin 05. World Of Wonders 06. The Wind 07. Black Sunlight 08. The Sermon 09. Riders Of Vultures