Pendant la phase de préparation avant la rédaction d’une chronique, la bonne ou la mauvaise disposition (ou à priori) du chroniqueur devant un nouvel album, même avant d’en avoir écouté la moindre note, ne tiens vraiment pas à grand-chose. Une photo promo avec de bonnes bouilles souriantes et amicales ou encore une belle pochette de disque. C’est bien ce dernier élément qui me poussait à l’optimisme à l’aune de découvrir ce disque, j’apprécie cette pochette simple et colorée, sans chichi mais d’une rare efficacité géométrique. Ce fut la même chose avec le dernier DØDHEIMSGARD au visuel hypnotisant avant que je ne déchante devant la brutalité du propos.
Node est le troisième album du groupe australien de metalcore NORTHLANE. Pour la première fois apparaît le nouveau chanteur, Marcus Bridge, suite au départ d’Adrian Fitipaldes en 2014. Originaires de Sydney en Nouvelle Galles du Sud, le quintet fait ses premiers pas en 2009 leur nom fait référence à la chanson « North Lane » d’ARCHITECTS. Ils comptent à leur tableau de chasse un EP, Hollow Existence sorti en 2010 et deux albums, Discoveries (2011) et Singularity (2013).
Les espoirs nés de la pochette signée Patrick Galvin se voient confortés dès les premières écoutes. Pas forcément très simple d’accès, Node affiche une vraie complexité mais impressionne tout de même par l’intelligence et l’éclectisme du propos. Oui les australiens adoptent assez souvent une démarche assez brutale via des riffs rugueux et un chant majoritairement hurlé mais ils savent aussi manier la douceur et la subtilité dans un jeu de miroir entre les deux. Les amateurs de la nouvelle scène progressive, à la fois technique et audacieuse, devraient pouvoir trouver bien des charmes aux complexes arabesques sonores de nos amis de NORTHLANE. Il n’est pas toujours aisé de suivre le quintet dans son parcours sinueux et la surprise s’avère bien souvent au rendez-vous. Bien que les compostions soient, dans l’ensemble, calibrées autour des quatre minutes, les expérimentations et les chemins de traverses mélodiques foisonnent. Un peu à l’image de ce que proposent dans un genre plus doux leurs compatriotes de KARNIVOOL. Tout n’est pas absolument génial mais NORTHLANE laisse quand même une impression très positive à chaque écoute. Node apprend la patience tant son apprentissage s’avère long et tortueux. Le groupe affirme que ce disque a été nourri par la passion et la colère.
Avec le recul, autant l’écrasante majorité de la scène metalcore nord-américaine me donne des boutons, autant l’approche plus colorée et éclectique des australiens de NORTHLANE recèle une richesse et un intérêt sans commune mesure avec leurs concurrents. Dégagés du formatage et des carcans du music business étatsunien, les artistes peuvent laisser libre court à leur talent et leur créativité pour notre plus grand plaisir. Pas simple d’accès, Node vous donnera du fil à retordre mais vous serez récompensé de votre persévérance. Un bel album à tout point de vue.
Oshyrya (7,5/10)
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UNFD Records / 2015
Tracklist (46:25 mn) 01. Soma 02. Obelisk 03. Node 04. Ohm 05. Nameless 06. Rot 07. Leech 08. Impulse 09. Weightless 10. Ra 11. Animate