Archive for août, 2015

oshy_25082015_Th_MorganatiLes parisiens de THE MORGANATICS se présentent à nous avec un deuxième album sous le bras, We Come From the Stars qui suit d’à peine un an et demi son prédécesseur, Never Be Part of Your World. Ce premier chapitre publié en octobre 2013 en avait déjà intrigué plus d’un ne serait-ce que par sa pochette, référence moderne et presque perverse à Hamlet. Pour être complet, un EP était également sorti en avril 2012.

Il n’y a pas que le visuel de ce deuxième album qui s’avère être énigmatique. Les détails fourmillent et certains clés sont fournies afin d’éclairer l’auditeur. Le groupe semble prendre un malin plaisir à jouer sur les étiquettes, ils qualifient eux-mêmes leur musique de Spleen Rock ce qui vous me l’accorderez ne veut pas dire grand-chose. La brève description publiée sur leur page Facebook s’avère plus savoureuse et surtout éclaire un peu plus la démarche artistique à l’œuvre ici : « quand la voix de LINKIN PARK rencontre l’atmosphère d’ARCHIVE et les guitares de PORCUPINE TREE ». L’écoute de We Come from the Stars leur donne raison sur ce point, ils brassent de nouvelles influences et se plaisent à brouiller les pistes.

Le disque débute sous les meilleurs auspices possibles avec un « I’m a Mess (but I’m Free) », un titre bourré d’énergie très accrocheur, immédiatement accessible et au refrain imparable. Les deux chanteurs Seb et Chris portent un lourd fardeau sur leurs épaules et s’en tirent très bien, la guitare se fait virevoltante et la batterie enchaine les coups pour notre plus grand plaisir. Difficile de se débarrasser de ce refrain une fois que vous l’avez dans la tête. Toutes les caractéristiques du THE MORGANATICS cuvée 2015 apparaissent dès ce premier morceau : des jeux entre les chants féminins et masculins, des refrains qui font mouche, un mariage intéressant entre guitares, souvent rapides et très tranchantes avec des nappes de claviers, des boucles électro… Dans l’ensemble, l’album est mené pied au plancher, sans temps mort. Il faut attendre « Cycy Stardust » pour reprendre son souffle et voguer sur une composition plus calme et atmosphérique. « Interstellar » est un court interlude dans lequel nous pouvons entendre Bruce Soord (THE PINEAPPLE THIEF) réciter les premiers vers de la villanelle de Dylan Thomas « Do not go gentle into that good night » (que les acteurs du film en question reprennent à plusieurs reprises).

Autre particularité, la chanson « As Blackbirds Say », une composition fleuve de plus de douze minutes. Exercice difficile dans lequel THE MORGANATICS est loin d’être ici ridicule. Très protéiforme, le groupe y tisse une trame complexe, liant tour à tour différentes émotions à travers de multiples rythmes et atmosphères. On passe ainsi de chansons facile d’accès à un plat de résistance bien plus épais et chargé de sens. Comme sur Never Be Part of Your World, les parisiens continuent d’aborder des sujets lourds et difficiles laissant transparaître une grande mélancolie en filigrane. Le terme se Spleen Rock s’éclaire alors… Le feu continue de couver mais l’apparence est plus douce et accessible, presque pop parfois. Ils font la preuve que l’on peut aborder les sujets les plus tragiques sans tomber dans une musique lugubre et dépressive.

Beaucoup avait été un peu déçu d’un manque de maturité et de caractère à travers un Never Be Part of Your World un peu trop lisse et convenu. Autant la pochette frappait l’imagination, autant la musique peinait à susciter l’enthousiasme. Tel n’est pas le cas ici, THE MORGANATICS impressionnent aussi bien dans le tube court et accrocheur que dans le long développement plus profond et posé. We Come From the Stars est un disque très riche et il faudra bien des écoutes pour en percer tous les mystères. Du beau travail !

Oshyrya (08/10)

 

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Autoproduction – Dooweet Records / 2015

Tracklist (63:40 mn) 01. I'm a Mess (but I'm Free) 02. We Come From the Stars 03. Even Terminators Can Cry 04. CyCy Stardust 05. Fucked Serendipity 06. Interstellar (Interlude) 07. My Uncomforter 08. I Just Want Something To Happen Tonight 09. As Blackbirds Say 10. Blue Diamond 11. What Remains

oshy_25082015_Th_Lon_EscapGrâce à cet album, notre rédaction découvre le groupe THE LONG ESCAPE, un quatuor parisien né en 2009 et qui navigue joyeusement sur les eaux toujours surprenantes et tumultueuses des océans rock/métal progressif. Ils n’en sans pourtant pas à leur premiers pas puisqu’un premier opus, The Triptych, a vu le jour en 2011. Ce disque était, à l’époque, passé sous nos radars. Cette omission coupable est en passe d’être réparée.

Petite aparté sans rapport direct avec notre affaire du jour, c’est peut-être le point de vue d’un vieux con de progueux mais il semble que désormais un nombre de groupe grandissant se parent de l’étiquette progressive, parfois dans des styles très variés et bien éloignés des modèles habituels. Cela devient tantôt synonyme de chansons à structure complexe, de morceaux à tiroirs, tantôt cela signifie une musique assez technique avec des parties de claviers. Bref chacun voit midi à sa porte et ces querelles de chapelle s’avèrent franchement stériles.

Si l’on revient à l’essentiel et donc à la musique, ce second opus, The Warning Signal, se présente sous la forme d’une courte intro et de onze nouvelles chansons calibrées autour d’une durée moyenne d’environ quatre minute. Les franches hostilités débutent ensuite par un « Seas of Wasted Men » et son riff d’accueil à la fois lourd et puissant qui évolue petit à petit à travers différentes intensités. Les guitares mènent assez logiquement les débats bien soutenues par un duo basse / batterie au diapason. Le chant de Kimo claque et insuffle un supplément d’âme à ces chansons. Les structures sont loin d’être homogène, toujours basé sur le même schéma. THE LONG ESCAPE n’hésite pas à multiplier les chemins de traverses et les arabesques rythmiques tout en conservant un propos concis et resserré. Les parisiens ne sont pas venus faire de la figuration et même si les refrains sont souvent presque pop et accessibles, le propos général se veut assez agressif. Plus d’un riff taillent nettement dans le vif. Une chanson comme « Million Screens » pourrait s’apparenter à un tube rock classique si ce tranchant ne durcissait pas un peu le propos. Ce constat s’applique à The Warning Escape dans sa globalité, le groupe montre un vrai talent pour manier et équilibrer ces deux dimensions, entre calme et violence, de son identité musicale.

On peut retourner The Warning Escape dans tous les sens, tant sur le fond que sur la forme, peu de défaut sont décelables. Un petit sentiment de répétition et de lassitude peut émerger sur la fin mais cela est peut-être autant dû à l’album qu’à l’auditeur même qui peine à maintenir un attention soutenue pendant plus de quarante minutes. THE LONG ESCAPE peut être fier du travail accompli et la qualité de son travail incitera, nous l’espérons, le plus grand nombre à découvrir leur univers.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Autoproduction / 2015

Tracklist (47:06 mn) 01. The Noise 02. Seas of Wasted Men 03. Awakened Ones 04. Million Screens 05. Digital Misery 06. Carnival of Deadly Sins 07. Crashdown 08. The Search 09. Homo Weirdiculus 10. Slave 11. World Going Down 12. The Last Crying Man

Sunshadows – Red Herring

oshy_25082015_SunshadoDrôle d’objet musical que ce Red Herring, œuvre du trio SUNSHADOWS. La pochette elle-même déjà laisse quelques questions en suspens et le mystère aurait plutôt tendance à s’épaissir à l’écoute de ce rock / métal alternatif parfois assez original et barré. Cela nous laisse au moins une certitude, vous adorerez ou vous détesterez ce disque, pas de demi-mesure. Originaire de Lyon, le trio roule sa bosse déjà depuis quelques années et écument régulièrement les scènes de France et de Navarre. Ils comptent déjà à leur actif un EP, Sunshine, en 2014.

Avant d’attaquer la découverte de Red Herring, aérez-vous bien la tête et ouvrez bien grand vos chakras car SUNSHADOWS ne s’embarrasse pas des étiquettes et n’en fait qu’à sa tête en mélengeant allégrement les genres et les influences. Pour vous donner un idée de la musique protéiforme ainsi distillée, le groupe lui-même cite un panorama large qui va de DEFTONES, LIMP BIZKIT à DEPECHE MODE. Joli grand écart non ? Mais heureusement, à posteriori, à l’écoute de ces onze chansons le puzzle prend forme et le fil directeur commence à apparaître. Dans des formats courts autour de quatre minutes par chanson, le trio déploie ses ailes et nous immerge dans son univers musical, indéniablement rock avec des guitares omniprésentes et des rythmes parfois épais mais ils affichent également un vrai sens de la mélodie et du refrain, de la mélodie qui accroche et capte l’attention de l’auditeur. Sur un « Fly Away » oscillant en divers intensité et le timbre aigu et râpeux de Régis Morin, votre serviteur a tout de suite pensé à THE SMASHING PUMPKINS. SUNSHADOWS démontre une capacité équivalente à mêler intelligemment violence et mélodie, agressivité et séduction. Afin de compléter et parfois d’adoucir ce côté rock direct et violent, les nappes de claviers et les sonorités électros viennent enrichir les guitares et approfondir les atmosphères. Le propos n’est pas vraiment orienté vers une franche rigolade avec des ambiances assez sombres et un petit côté cyber comme sur « Two Lives » et « Lied to Myself ». Dans l’ensemble, les titres s’avèrent assez accrocheurs et ils s’enchainent avec naturel, sans temps mort et surtout sans faute de gout. Côté production, rien à signaler, du travail bien fait.

SUNSHADOWS a au moins le mérite de sortir des carcans et des codes parfois un peu sclérosés. Ils interrogent, ils surprennent à travers une musique forte en caractère tout en restant mélodique, attractive. Pas sûr que tout le monde apprécie cette démarche et l’approche utilisée par les Lyonnais. Mais on ne peut pas leur reprocher de sortir des sentiers battus, ils sont si peu nombreux à le faire. Red Herring ne se laisse pas facilement apprivoiser mais la récompense est au bout de l’effort.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Fromtape Records / 2015

Tracklist (40:35 mn) 01. Fly Away 02. Two Lives 03. Lied To Myself 04. Sunshine 05. Rich Man 06. Starlight 07. My Shooting Star 08. If I Die 09. U Want It 10. Soulmate 11. My Friend In Black