Archive for septembre, 2015

Son : bon sauf sur Revenge
Lights : pas mal, sauf sur Revenge
Affluence : beaucoup de monde
Ambiance : bon enfant
Moment fort : Krisiun

Ne nous voilons pas la face : l’édition 2014 avait été un fiasco à mes yeux. J’avoue avoir même hésité à me rendre dans le petit village de Méan cette année, et il aura fallu une affiche plus qu’alléchante et une météo clémente pour me convaincre. Retour sur une édition qui avait la lourde tâche de me réconcilier avec ce festival.

Premier constat : l’orga a tiré des enseignements des éditions précédentes, notamment en organisant son parking. Adieu le parking à l’arrache où la moitié des festivaliers se garaient comme des glands, quelques volontaires à l’entrée font le taf et s’assurent que le parking ne tourne pas à l’anarchie. Il aura fallu des années pour en arriver là, mais voilà déjà un bon point tout simple mais appréciable.

Nervosa avait la lourde tâche d’ouvrir les hostilités devant un public déjà bien fourni, et il faut reconnaître que de loin, avec une petite bière (dégueu, c’est de la Bofferding), ces trois thrasheuses brésiliennes font de l’effet et offrent une prestation énergique. Bon, certains compos semblaient parfois un peu longuettes, mais l’impression générale est bonne. Après, était-il nécessaire d’opter pour un groupe brésilien pour ouvrir le fest (tâche réservée jusqu’à présent à un groupe belge… si je ne devais pointer qu’une seule grossière erreur du fest, c’est d’avoir ignoré totalement les groupes belges cette année) ? La question est posée, mais Nervosa fait partie des bonnes surprises de la journée.

Ensuite, l’enchainement Death Metal à tendance occulte Made In Germany avec Drowned et Necros Christos. Du très bon. Du très lourd. Deux styles, deux écoles s’affrontent, et à ce petit jeu, Drowned m’a davantage séduit avec ses petits airs d’Incantation face à un Necros Christos plus touffu et plus ambiancé. Le niveau est déjà monté d’un cran, mais il est 17 heures et nous arrivons déjà à MA tête d’affiche, les Brésiliens de Krisiun.

Et bordel, les frangins font pas semblant. Ces gars ont tout compris quand il s’agit de faire voler du poil dans tous les sens. Piochant allègrement dans leur disco fournie, les trois bûcherons assènent sans répit une setlist qui décrasse bien les conduits. Le son est clair, le groupe content d’être là et le public réceptif. LE concert du jour pour moi avant un Grand Magus lent et poussif. Autant j’ai adoré Krisiun, autant les Suédois me laissent de marbre, et je passe mon set à boire/manger/taper la discute avec des potes.

Et ensuite, les deux « exclus », les ricains de Midnight et les Canadiens de Revenge. Punk ? Hardcore ? Metal ? Personnellement, je me moque éperdument de l’étiquette collée à Midnight. L’intérêt du groupe réside dans son énergie, et on a été servis ! Éclatement de guitare dans le public, compos expédiées pied au plancher, le trio joue fort, joue vite et le public, là aussi, répond présent. Mais ce n’est qu’un échauffement avant la plus grosse imposture de la journée.

Parce que oui, j’attendais beaucoup de la réputation sulfureuse de Revenge. La sécu est sur les dents. Et au final, le concert de Revenge se résumera à une avalanche de bruit. Le son est dégueu (alors qu’il était jusque là très bon), Revenge se subit plus qu’il ne s’apprécie. Radicalisme musical ou simplement Black Metal poussé à l’extrême ? Difficile à dire, mais je tiens là ma déception du jour. Le concert se termine avec l’ensemble de la sécu debout sur les barrières séparant le groupe du public. J’avoue que visuellement, ça faisait presque régiment d’armée sur fond de pilonnage sonore et que ça avait de la gueule… Maigre consolation.

Au niveau de la tête d’affiche, j’avais mes doutes vis-à-vis de Sodom… Et au final, ils se sont vérifiés. Après un début presque prometteur, j’ai rapidement eu l’impression d’avoir un groupe en roue libre devant moi… Je finirai donc par quitter le site du fest avant la fin, quitte à faire l’impasse sur (Dolch), dont j’ai rapidement écouté les sorties et qui me laisse de marbre.

Certes, la météo a été clémente. Toujours est-il que le Méan a fait des progrès en termes d’organisation pratique. Ça fait plaisir d’avoir l’impression d’avoir été écouté, même si je n’ai pas été le seul à pointer certains dysfonctionnements par le passé. Cette édition fait (presque) oublier le fiasco 2014… Allez, rendez-vous en 2016, en espérant que les Dieux de la Météo soient à nouveau aussi cléments !

Son label prend un malin plaisir à le rappeler mais il est vrai que les réalisations de THE TANGENT depuis ses débuts a de quoi forcer le respect. En douze ans, le projet d’Andy Tillison aura publié huit albums studio, deux DVD live et assurer des tournées dans un très grand nombre de pays. Sacré rythme quand même… Pour autant, cette abondance n’a pas toujours été heureuse, certains de ces albums manquaient franchement de lustre et l’auditeur perdait rapidement de son enthousiasme. Espérons que le cru 2015 s’avère riche et gouteux.

Solide capitaine à la barre du navire THE TANGENT, Tillison est le seul membre permanent du groupe. A chaque fois il s’entoure de musiciens expérimentés et talentueux pour mener à bien son projet. Notons tout de même que pour la première fois, ses camarades de jeu restent les mêmes pour deux albums consécutifs avec en particulier Jonas Reingold (FLOWER KINGS), Theo Travis (Steven Wilson, Gong) et Luke Machin (MASCHINE). Le lien avec le passé reste bien présent puisque ce nouveau disque fait directement référence au premier album des britanniques, The Music That Died Alone sorti en 2003. Et depuis cette période, la démarche du groupe n’a pas vraiment changé, il continue de proposer un rock progressif éclectique, chamarré et finalement toujours assez ancré dans la première vague prog des années 70. Les sonorités, les compositions longues à tiroir rappelleront forcément cette période aux plus anciens d’entre vous. Le talent du compositeur ne fait aucun doute, parfois il fait des merveilles comme sur Le sacre du travail (chronique ici) et parfois il se fourvoie et précipite l’auditeur dans un abime d’ennui à l’image de COMM (chronique ). Reconnaissons la grande variété des chansons présentées ici, presque jazzy sur un « Aftereugene» surprenant. Le côté old-school plaira à certains alors que d’autres lui trouveront un petit côté suranné pas forcément à leur goût. Les longues digressions instrumentales font souvent mouche sans toutefois toujours éviter l’écueil de la démonstration technique un peu stérile. Les longueurs ne manquent pas sur A Spark In The Aether et finit par gâcher le plaisir.

A enchainer à un tel rythme la composition d’albums, THE TANGENT perd un peu le nord et n’offre une expérience véritablement satisfaisante qu’un album sur deux ou trois. A Spark In The Aether se positionne entre deux eaux, parfois agréable, parfois frustrant. Malheureux cette dernière émotion finit par l’emporter et jette une ombre sur le disque complet.

Oshyrya (6,5/10)

 

Site Officiel

 

InsideOut Music / 2015

Tracklist (59:13 mn) 01. A Spark In The Aether 02. Codpieces and Capes 03. Clearing The Attic 04. Aftereugene 05. The Celluloid Road 06. A Spark In The Aether (Part 2) 07. San Francisco Radio Edit

Slayer – Repentless

slayerrepentlessPour moi, Slayer est mort avec Jeff. Je me souviens exactement du jour de son décès, la préparation du matos pour la route vers le Neurotic Deathfest, les albums de Slayer dans la bagnole, « War Ensemble » à pleins tubes dans la voiture pendant que Castor était parti se chercher à bouffer au Subway à deux pas du 013. C’était la fin d’une ère, et je m’étais juré que tout ce qui viendrait du groupe après cette date funeste ne me toucherait plus. Même si Jeff était absent depuis des mois et que Gary assurait un intérim plus que convaincant. Même si Jeff n’était qu’un quart du groupe (mais quel quart !)…

Et aujourd’hui, quatorze ans presque jour pour jour après la sortie de God Hates Us All et l’effondrement des Twin Towers, je suis là, devant mon PC, à me repasser encore et encore Repentless, le premier opus du groupe sans Jeff, LE compositeur de (presque) tous les hymnes du groupe. Ajoutez à cela le départ forcé de Dave Lombardo (remplacé par Paul Bostaph) et il y a de quoi être inquiet. Mes craintes étaient-elles fondées ? Kerry King a-t-il su faire oublier Jeff ? Slayer fait-il toujours du Slayer ?

Ce qui va suivre est loin d’être objectif. Si l’objectivité était une personne, je lui pèterais les rotules et je lui pisserais sur la gueule. Slayer n’est pas un simple groupe pour moi. Slayer est un des piliers, un repère. Alors oui, je risque d’être plus indulgent (ou justement plus sévère) envers la bande à Kerry qu’envers les autres…

Kiff direct ?

D’un côté, il y a le kiff direct, les morceaux qui font mouche sans pour autant devenir des classiques immédiats. Je pense notamment à « Relentless » et son intro « Delusions Of Saviour » qui, même s’il n’a pas la force de frappe d’un diptyque « Darkness Of Christ » / « Disciple », fait son petit effet en opener, ou à « Implode » et la nouvelle version d’« Atrocity Vendor » qui ont un petit « je ne sais quoi » de sympa. On est loin des brûlots du groupe qui font voler les ratiches à la ronde, mais Slayer a déjà chié ce genre de compos sur les albums précédents sans que personne ne crie à la mort ou à l’imposture.

(C’est ici que vous devez dire que je suis bien trop indulgent)

Mais d’un autre côté, Slayer se vautre aussi plusieurs fois dans la facilité, quand il ne passe pas pour un lion édenté sur plusieurs morceaux d’une pauvreté flagrante. « Cast The First Stone », « Piano Wire » (le dernier morceau composé par Jeff, reconnaissons-le… on comprend d’ailleurs pourquoi il ne l’a jamais finalisé et on se demande pourquoi Kerry a tenu à le coller sur cette galette), « When The Stillness Comes »… autant de morceaux qui me laissent de marbre, qui ne réveillent rien en moi. Le genre de compos que je range sur la même étagère que la majorité des compos de Diabolus In Musica. L’étagère qui prend la poussière.

Autre point négatif : le dernier morceau. Si vous regardez bien la plupart des albums du groupe, le dernier morceau était synonyme de conclusion en coup de poing : « Raining Blood », « Seasons In The Abyss » et, dans une autre mesure mais tout de même, « Payback », « Supremist » ou « Not Of This God ». Slayer mettait un point d’honneur à coller un bon point final à ses albums. « Pride And Prejudice » peut difficilement rivaliser avec ces compos et brise en quelque sorte une tradition.

« Mon » Slayer est mort

Je n’arrive pas à détester cet album. Même s’il est loin d’être prodigieux, même si un ep de 5 titres aurait été plus judicieux, même si, à mes yeux, Slayer est bel et bien mort avec Jeff. « Mon » Slayer est mort. Alors, comment juger cet album sans tout ce passif ? Comment faire abstraction de ce passif, de ces émotions qu’éveillent en moi les albums de Slayer que j’ai usés jusqu’à la corde. C’est impossible. En termes d’émotions et de ressenti, Relentless se place au-dessus de Diabolus In Musica. Avec ses quelques compos efficaces, il parvient à faire illusion un court instant avant que la raison l’emporte à nouveau et que les « mauvais » morceaux ne viennent rappeler qu’on est loin du niveau d’un Divine Intervention (qui est pourtant loin d’être mon album favori de Slayer).

Mon cœur me hurle de lui coller au moins un 6,66/10. Mon cerveau peine à concevoir une note supérieure à 4. Un 5/10 contentera tout le monde… même si cet album n’était franchement pas nécessaire et vient même, à mes yeux, écorner une discographie où les fautes de goût étaient très rares et compensées par des chefs-d’œuvre incontournables. Slayer de la retraite.

Mister Brute Force (5/10)

 

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Nuclear Blast Records / 2015

Tracklist (41:57) 1. Delusions of Saviour 2. Repentless 3. Take Control 4. Vices 5. Cast the First Stone 6. When the Stillness Comes 7. Chasing Death 8. Implode 9. Piano Wire 10. Atrocity Vendor 11. You Against You 12. Pride in Prejudice