Archive for septembre, 2015

Symphony X – Underworld

oshy_06092015_SymphonJusqu’à présent, les américains de SYMPHONY X ont réalisé un quasi sans faute. Les deux premiers opus de leur discographie montrent encore un groupe à la recherche de son identité mais en quelques disques ils ont su marquer les esprits et devenir des références ultimes dans le genre du métal progressif technique et racé. Ils se font rares, ne proposant un nouvel opus que tous les quatre ou cinq ans avec certains de ces membres très actifs par ailleurs (Russell Allen surtout et un peu Michael LePond). Ayant enfin trouvé depuis près d’une décennie une stabilité du line-up, le groupe enchainent les coups de génie. Iconoclast (chronique ici) en 2011 était un très bon cru dans une veine très directe et agressive. A part les visuels, tout était très bien. Toujours mené de main de maître au niveau créatif par le guitariste Michael Romeo, nous étions impatients de découvrir le cru 2015.

Underworld débute de façon traditionnelle avec une intro instrumentale rappelant le talent de Romeo pour composer des titres majestueux bourrés d’orchestrations et de chœurs enchanteurs. Les choses sérieuses prennent leur envol dès les premières secondes de « Nevermore », chanson surpuissante et d’une effrayante efficacité dans la plus pure tradition SYMPHONY X. Vous trouverez avec délice les rythmiques complexes et virevoltantes de Romeo, ce côté super mélodique des claviers, une section rythmiques imparable et le chant d’un Russell Allen à son meilleur. Quelques claques, un évident futur classique du groupe aux côté des « Sea of Lies » ou « Serpents Kiss ». Les soli arrachent tout comme d’habitude… Cela n’étonnera personne que ce titre devienne le premier single extrait du disque. La grosse baffe ! La patte SYMPHONY X est reconnaissable entre mille, souvent copié jamais véritablement égalé, un peu à l’image d’un DREAM THEATER.

Comme sur Iconoclast et Paradise Lost, SYMPHONY X a choisi de poursuivre sur cette voix du’un métal progressif sanglant et agressif. Nous sommes loin de l’orgasme progressif d’un V : The Mythology Suite. A notre grand bonheur, les américains excellent dans les deux exercices mais nous aimerions quand même bien retrouvé un long album concept faisant aussi la part belle aux longues compositions à la fois belles et complexes. « Underworld » enfonce le clou endiablé de la chanson précédente et personne ne pourra s’empêcher de secouer la tête et de taper du pied. Michael Pinella rappelle à tous qu’il est des meilleurs claviéristes de sa génération, discret mais toujours impressionnant de maîtrise et de justesse. A l’image des deux masques qui apparaissent sur cette pochette et symbolisent le groupe depuis ses débuts, après ces offensives, l’auditeur reprendra son souffle avec un « Without You » plus lent et posé. Mais cette très belle chanson au refrain super catchy ne fait pas retomber la pression et l’enthousiasme demeure intacte. Les clins d’œil à des chansons célèbres du groupe parsèment l’album ici et là et ravira les fans. Ainsi, de suite deux compositions rapides succèdent à un titre plus lent évitant ainsi la lassitude et renouvelant sans cesse l’intérêt de l’auditeur.

De « Run with the Devil » dont l’intro rappelle un peu DREAM THEATER au propos plus doux d’un « Swansong », SYMPHONY X continue de briller de mille feux et reste plus que jamais un des leaders de cette scène métal progressive. Le son est top, à la fois limpide et ultra tranchant, les américains savent y faire. La pochette est plus simple et sobre que dans le passé mais cela passe bien mieux que sur Iconoclast, même si l’artiste reste le même. SYMPHONY X reste un phare rassurant, un étalon qui permet de jauger tous ses concurrents. Et peu parvienne à effleurer ne serait-ce que sa cheville. Un très très bon disque, l’un des tous meilleurs de 2015, sans aucun doute.

Oshyrya (9,5/10)

 

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Nuclear Blast / 2015

Tracklist (64:01 mn) 01. Overture 02. Nevermore 03. Underworld 04. Without You 05. Kiss Of Fire 06. Charon 07. To Hell And Back 08. In My Darkest Hour 09. Run With The Devil 10. Swansong 11. Legend

C R O W N – Natron

C’est avec un réel plaisir que j’ai appris il y a quelques mois le retour de C R O W N le projet (initialement un duo) formé par Stephane Azam et Pascal Guth tous deux ex-Hollow Corp. une formation de Colmar œuvrant dans un mixe de Sludge Thrash Death Metal qui était elle-même une émanation de Coverage un groupe mixant Postcore et Death Metal dans laquelle on retrouvait également Stéphane. Quand je dis un réel plaisir, je ne fais pas semblant ou un genre de politesse !  J’ai vraiment été passionné dans le courant de l’année 2013  lorsque j’ai découvert en fouinant sur le Bandcamp de leur label Candlelight Records l’univers de C R O W N avec leur premier album l’excellent Psychurgy. Cet album faisait suite à un premier EP The One étant sorti un an auparavant en 2012 et dans la même année d’un split Ep C R O W N vs STValley. STValley n’est autre que le projet solo Néo Folk Electro & Ritual de Stephane Azam. Je vous encourage à aller écouter tout le travail de C R O W N qui est entièrement disponible en streaming sur le Bandcamp de la formation ici. C R O W N s’est récemment renforcé puisque il est devenu un trio franco-suisse depuis 2014 qui a vu l’arrivée au sein de la formation du vocaliste et guitariste Frederyk Rotter qui est également membre de Zatokrev.

 

C’est assez difficile de décrire le genre musical pratiqué par C R O W N puisque dès leur Ep The One il consiste à mixer divers courants et éléments comme la musique Industiel et Ambient, le Post Rock / Shoegaze, la Newwave/ Coldwave des 80s ainsi que le Metal  Extrême puisque on y retrouve beaucoup de bases Black Metal, Sludge / Postcore et Doom. Le premier contact avec Natron leur dernière réalisation sortie et disponible via Candlelight Records depuis le 14 Août, s’avère très agréable puisque il nous dévoile un artwork très soigné  entre esthétique moderne et sophistiquée et paganisme ancestral. Le travail de Maks.L Pathologikal (site ici)  est vraiment sublime et nous en met d’emblée plein les mirettes !

 

J’ai aussi remarqué en zyeutant brièvement sur la tracklist de Natron avant de l’insérer dans le lecteur qu’elle s’était allégée avec une durée un peu plus courte et moins de plages que celle de Psychurgy. En effet à la première écoute on récent une certaine épure des compositions par rapport à l’album précédent et une certaine optimisation ou fulgurance en découle. Tout est plus efficace et ramassé au sein de mêmes compositions ! Attention ! Je ne dénigre pas Psychurgy hein !? J’avais en 2013 classé cet album dans mon top 15 en fin d’année et je l’écoute en l’appréciant toujours autant. Je dis juste que j’ai ressenti une approche différente dans la mise en œuvre des compositions de Natron. Comme sur l’album précédant C R O W N use toujours autant avec science de Down-tempo implacables comme sur « Serpents », « The Words You Speak Are Not Your Own »  mais c’est vrai  sur beaucoup de passages de l’album.

 

Il agit de manière mécanique et ressemble un peu à une sorte de version ultra lente et tyrannique de la musique de Godflesh (ou Jesu l’autre projet de Justin Broadrick plus éthéré). Comme s’était également le cas sur Psychurgy on retrouve des compositions qui usent de saillies typiquement Black Metal. Le titre  « Wings Beating over Heaven » en est une parfaite illustration avec ses hurlements hystériques, ses blastbeats ainsi que ses lignes de guitares atmosphériques. J’ai adoré la rupture à  2 :20 est son break très Colwave et Industrial ! C’est une pure merveille ce morceau aux contrastes saisissants !

 

A d’autres moments C R O W N nous montre une facette tout aussi séduisante de sa musique où il œuvre à la lisière de la bonne Pop aux couleurs Newwave 80s. C’est saisissant et rondement mené sur « Fossils »  ou « Flames » et il m’a un peu fait penser à ce que fait un groupe comme Leprous sur sa dernière réalisation (ma chronique ici). J’ai vraiment adoré ce côté lumineux et intimiste de C R O W N autant que son côté implacable à la brutalité granitique ! En ce sens le travail d’arrangements est assez exceptionnel tout comme la production de l’album qui a été enregistré comme c’était le cas auparavant par  Stephane Azam lui-même au  Gartbaum Studio. Par contre une chose nouvelle c’est David Husser qui s’est chargé du mixage au Temple Studio et le mastering a été l’œuvre de Adam Bastard au Warmer Mastering.

 

A l’arrivée avec Natron on obtient une nouvelle fois un très bel objet doublé d’un excellent album d’un étrange mais saisissant crossover de styles aussi divers que le Sludge, le Postcore, le Black Metal, Le Doom Metal, le Metal Industriel, l’Ambient Industriel, la Newwave et le Post Rock. Un album que j’attendais avec impatience et qui ne m’a pas déçu ! Comme en 2013 on retrouvera C R O W N dans mon top en fin d’année ! Tenez-vous le pour dit !

 

FalculA (9,5/10)


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Bandcamp où Natron est en full streaming


Candlelight Records / 2015
Tracklist (49:08) : 01. Serpents 02. The Words You Speak Are Not Your Own 03. Wings Beating over Heaven 04. Fossils 05. Apnea 06. Tension of Duality 07. Flames

Motörhead – Bad Magic

motorhead-badmagicPour le fan inconditionnel que je suis, chroniquer ce 23e (!) album studio de Motorhead s’avère un exercice délicat. Les paroles donnent le ton, qui rend mon approche encore plus délicate : l’ambiance est assez sombre, marquée par l’obsession de la fin quand ce n’est pas, explicitement, de la mort. Faut-il entendre là l’écho des problèmes de santé récurrents de Lemmy Kilmister, charismatique chanteur, bassiste et leader incontestable du groupe désormais mythique ? Malgré les concerts décalés, annulés quand ils ne sont pas, aujourd’hui, interrompus, le vieux Lemmy continue encore et toujours. Comme s’il voulait aller jusqu’au bout (« Till The End ») et crever sur scène. Mais le premier morceau de ce Bad Magic donne aussi un ton de défi face à la maladie : c’est « Victory or Die » (le victoire ou la mort), comme si ce nouvel album, que l’on attendait pas forcément aussi proche du précédent Aftershock, constituait déjà une victoire en soi. 


Avec sa composition stabilisée depuis 1995 autour du trio Lemmy, Phil Campbell à la guitare et Mikkey Dee à la batterie, Motorhead nous livre un treize (encore un pied de nez) titres de facture on ne peut plus classique. Alternant boulets de pur hard rock avec heavy blues suintant, plaçant ça un boogie rageur et poisseux et là une ballade même pas dispensable, Bad Magic n’apporte rien de neuf à la discographie du trio. Vous voulez savoir quoi ? On s’en fout ! Ca fait bien longtemps que Motorhead n’innove plus. Ce n’est pas pour cela qu’on les porte au pinacle. Ecouter un album du combo, c’est se plonger dans un autre temps, celui où la musique valait pour l’émotion qu’elle crée pas pour la technique de son guitariste ou les redoublements de grosse caisse d’un batteur sous amphet’s. Fut un temps, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, où la bande à Lemmy bousculait toutes les certitudes de la scène metal. Mais ça, c’était avant, quand Lemmy était camé jusqu’aux orteils et qu’il se foutait sur la gueule avec Filthy Animal Taylor, son cogneur d’alors.


Aujourd’hui, Motorhead n’a plus rien à prouver. Mais toujours des riffs à cracher et des paroles à hurler (quoi que de moins en moins fort – quand la production ne vient pas en renfort, on sent que le vieux Lem’ a un peu de mal). Ce 23e effort témoigne surtout, au final, d’un effort de volonté, celle de Kilmister d’aller pointer son majeur à la camarde en l’envoyant se faire foutre encore un peu. Ce sera peut-être le dernier des albums, une sorte de chant du cygne noir, mais ce ne sera pas la moindre des victoires de ce groupe désormais inscrit au panthéon de tous les amateurs de musique, la vraie, celle qui te laisse moite et shooté par la seule force d’une ligne de basse jouée en accord.

Nathanaël Uhl (Inclassable/10)

 

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Site officiel : www.imotorhead.com

 

Warner Music – UDR / 2015

Tracklisting : 1. Victory or Die (3:09) 2. Thunder & Lightning (3:06) 3. Fire Storm Hotel (3:35) 4. Shoot Out All of Your Lights (3:15) 5. The Devil (2:54) 6. Electricity (2:17) 7. Evil Eye (2:20) 8. Teach Them How to Bleed (3:13) 9. Till the End (4:05) 10. Tell Me Who to Kill (2:57) 11. Choking on Your Screams(3:33) 12. When the Sky Comes Looking for You (2:58) 13. Sympathy for the Devil