Que l’apogée artistique et commerciale des danois de ROYAL HUNT semble lointaine… En cinq albums, les cinq premiers de 1992 à 2001, le groupe s’était positionné comme l’un des leaders de la scène métal progressif européenne. Et puis pendant la décennie suivante le trou noir, les multiples errements de son leader et claviériste André Andersen et une inspiration nettement en berne avaient fini de décourager les plus courageux. Show Me How to Live (2011) et A Life to Die For (2013) ont faire renaître l’espoir, trouvant grâce aux oreilles de mon camarade Baptiste (chronique ici et là). Le retour de DC Cooper derrière le micro n’est pas étrangère à de retour en grâce. Autour de lui et d’Andersen, le line-up avait aussi été très largement remanié avec une nouvelle équipe pleine d’énergie et d’enthousiasme.
Les deux précédents opus cités ci-dessus ne manquaient pas de qualités mais ils avaient tout de même laissé votre serviteur sur sa faim. ROYAL HUNT tourne nettement en rond depuis trop longtemps même si une étincelle peut apparaître ici et là. Malgré tout, ils continuent leur petit bout de chemin avec un troisième album sous le bras, Devil´s Dozen. Ce n’est pas après vingt-cinq années de carrière que le groupe va changer son fusil d’épaule. Les chansons composées à cet occasion contiennent toutes les caractéristiques qui constituent la marque de fabrique des danois : un métal très accessible, mélodique faisant la part belle aux claviers qui mènent nettement le jeu bien soutenus en cela par des guitares en rythmique surtout et parfois en solo et une section rythmique à la fois précise et subtile. DC Cooper fait le reste du travail et impressionne encore une fois par sa large palette vocale et la conviction qu’il met dans sa performance. Il parvient à exprimer beaucoup d’émotions sans tomber dans la caricature. Andersen continue de privilégier les longues chansons, elles frôlent presque toutes ici les six à sept minutes. Il se plait à enrichir sa tapisserie d’orchestrations multiples et de choeurs pour apporter encore plus d’épaisseur à cet album. Reconnaissons que Devil´s Dozen se laisse écouter très facilement écouter et ne laisse apparaître aucune faute de goût majeure. Les habitués du style ROYAL HUNT s’y sentiront immédiatement à l’aise dans un environnement très familier. Cependant, il manque nettement à l’appel des chansons phares, à même de marquer au fer rouge les fans. Nous attentons toujours les « Message to God », « Lies » ou « Fear » du XXIème siècle.
Avec Devil’s Dozen, ROYAL HUNT confirme les bonnes dispositions affichées depuis 2011. Andersen s’est sérieusement remis au travail et parvient à nouveau à composer efficacement dans un style assez facilement reconnaissable. Personne de changera d’avis avec ce troisième album, les fans apprécieront, les autres passeront leur chemin et certains comme votre serviteur continueront de regretter le passé bien plus flamboyant du groupe.
Oshyrya (7,5/10)
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Frontiers Records / 2015
Tracklist (51:12 mn) 01. So Right So Wrong 02. May You Never (Walk Alone) 03. Heart On A Platter 04. A Tear In The Rain 05. Until The Day 06. Riches To Rags 07. Way Too Late 08. How Do You Know (bonus track)
Rappelons pour les plus jeunes de nos lecteurs que PRAYING MANTIS est un groupe anglais de hard rock et de Heavy metal fondé au milieu des années 1970 par les frères Troy. Le groupe a connu son une période de gloire grâce à l'explosion de la NWOBHM (New Wave of British Heavy Metal) au début des années 1980. Après avoir figuré sur la compilation Metal for Muthas, ils signent sur une major pour un premier album avant que de multiples conflits internes et externes ne finissent par mettre fin à l’aventure. Après la reformation du groupe en 1990 pour une tournée au Japon et devant le succès de celle-ci, les frères Troy décidèrent de ressusciter le groupe. Depuis ils avancent sans faire beaucoup de bruit grâce à leur ténacité. Sans connaître forcément leur musique, beaucoup d’entre vous connaissent la pochette de certains de leurs albums, de superbes illustrations signées de l’immensément talentueux Rodney Matthews.
Ce dernier est encore à la manœuvre pour ce nouvel album des britanniques, le dixième, et rend le premier contact très positif. Six ans après Sanctuary, bien de l’eau a coulé sous les ponts et cet album marque l’arrivée de deux nouveaux camarades de jeu aux côtés de la fratrie, Jaycee Cuijpers (chant) et Hans in’t Zandt (batterie). Nous serons nombreux à penser que ce sang neuf ne peut que faire du bien aux vétérans et l’écoute de ces onze nouvelles chansons ne fait que confirmer cette intuition. Ils ont activement participé à l’élaboration de ce disque ainsi qu’à sa concrétisation en travaillant sur le son et la production. Du côté de la musique, vous devinez qu’aucune révolution n’apparaît à l’ordre du jour. Les britanniques ont fait leur preuve et excellent dans ce hard rock / métal mélodique et déploie encore une fois tout leur talent ici. L’inspiration a été solidement au rendez-vous puisque Legacy offre des compositions riches en matière, affichant souvent entre cinq et six minutes au compteur. Le propos reste toujours très accessible, mélodique avec cette touche old-school qui rappelle le glorieux passé des anglais. Les guitares mènent bien entendu les débats mais quelques touches de claviers ici et là rendent le tout plus digeste et accessible au plus grand nombre. Saluons la performance franchement réussie de Jaycee Cuijpers derrière le micro, il chante avec envie et laisse transpirer de solides convictions. Rien à redire non plus au niveau de la production, du travail bien fait.
Peu donnait cher de la peau des britanniques de PRAYING MANTIS et se montrent sous un jour très positif en cet automne 2015. Les frères Troy n’ont cure des doutes et des critiques et tiennent ferme la barre malgré les tempêtes. Revigoré par l’arrivée de sang frais, de nouveaux musiciens enthousiastes et talentueux, le groupe semble avoir repris de la vigueur et fourbis ses armes pour les années à venir. Les plus anciens parmi nous ne peuvent que se réjouir de ce retour sur le devant de la scène.
Oshyrya (7,5/10)
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Frontiers Records / 2015
Tracklist (56:42 mn) 01. Fight for your Honour 02. The One 03. Believable 04. Tokyo 05. Better Man 06. All I See 07. Eyes of a Child 08. The Runner 09. Against the World 10. Fallen Angel 11. Second time around
Les australiens de BLACK MAJESTY se rappellent à notre bon souvenir avec un nouvel opus sous le bras. L’heureux élu se nomme Cross of Thorns et constitue le sixième chapitre d’une respectable carrière débutée en 2001. Au royaume des aveugles les borgnes sont rois, et le groupe ne compte pas beaucoup de concurrence en ses terres lointaines. En même temps, l’Australie n’est pas la terre la plus féconde pour le Power Metal très allemand dans la forme et l’esprit développé ici. Leur salut viendra de l’Europe et ils n’hésitent pas à régulièrement nous voir en tournée pour se faire connaître du plus grand nombre.
Rien à l’écoute de ce Cross of Thorns ne trahit les origines australiennes du groupe. Ils évoluent dans un moule très classique sans vraiment chercher innover et sortir des sentiers battus. Reconnaissons que BLACK MAJESTY sait y faire et démontre un vrai talent pour pondre des hymnes fédérateurs à la chaîne. Dans l’ensemble le disque est mené tambour battant avec des titres rapides et tranchants, des refrains accrocheurs et quelques soli bien sentis. Difficile de rester insensible face à des brûlots comme « Vlad The Impaler » ou encore « Phoenix ». Quand ils ralentissent le tempo le résultat devient, par contre, nettement moins convaincant. Un « Crossroads » peine à vraiment convaincre se voir rapidement zappé lors des écoutes suivantes. N’attendez aucune surprise sur cet album, l’approche classique reste de rigueur. La reprise du « Out if the Fields » de Gary Moore passe bien, pas d’erreur de goût à signaler. Si vous appréciez DIO, JUDAS PRIEST, HELLOWEEN, ou encore HAMMERFALL, vous pourriez trouver Cross of Thorns à votre goût. Sur la forme rien à redire, le son a été confié aux bons offices de Roland Grapow (MASTERPLAN, ex-HELLOWEEN).
Cross Of Thorns a été soigné et s’avère être un travail sérieux et appliqué. Gageons que les australiens ont eu à cœur de donner encore une fois le meilleur puisque le disque est dédié à Dirk Illing, un ami de longue date du groupe récemment disparu. Il s’était chargé de toutes les pochettes d’album précédentes. Sa mémoire est honorée et les fans d’hymnes guerriers seraient bien avisés de laisser sa chance à cet album.
Oshyrya (07/10)
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Pride & Joy Music / 2015
Tracklist (47:15 mn) 01. Phoenix 02. Anneliese 03. Vlad The Impaler 04. Crossroads 05. Out In The Fields (Gary Moore Cover) 06. Misery 07. Make Believe 08. One Life 09. Emptiness Ideal 10. Escape