Le groupe Shining a mis en ligne le clip vidéo du titre " The Last Stand ", extrait du nouvel album " International Blackjazz Society" (Spinefarm records), lire la chronique :
Je vous glissais quelques mots à propos de Indesinence il y a encore peu lors de ma chronique de Slow Transcending Agony (10th anniversary edition, Digipak) (chronique ici). Je disais en fin de chronique à quel point je considérais cette formation anglaise de Doom Death Metal / Funeral Doom Metal comme jumelle de notre Ataraxie national. Les deux groupes partagent beaucoup de leur style en passant par leurs influences ou leur parcourt respectif et le fait de découvrir l’une m’ayant amené à découvrir la seconde (en l’occurrence Indesinence) est peut être aussi pour beaucoup dans cette conviction.
Un bref récapitulatif s’impose…
Pour la petite histoire il faut savoir que c’est en balbutiant lors de mes premiers surfs sur le net entre 2006/2007 (sur l’ordi d’un pote vu que je n’avais pas encore de connections à cette période) que je suis pour la première fois entré en contact avec la musique de Indesinence et ce fut par l’intermédiaire du myspace de Ataraxie. Ce fut dès lors pour moi une grande révélation ! Je me suis vite empressé après avoir retrouvé mes pénates de commander leur premier album Noctambulism (2006) : un très bel ouvrage de Doom Death Metal aux compositions déjà très alambiqués et variées rythmiquement puisque tour à tour Death Metal, Black Metal et Doom Metal. Indesinence dégageait une aura vraiment spéciale et que je n’avais jusque là encore jamais ressenti. Son empreinte sonore très particulière m’a grandement marquée avec ce son à la fois ample, profond et puissant mais aussi raw et avec un peu de reverbe ce qui donnait au tout un rendu très frontal et massif mais avec un halo spectral propice à la contemplation. Comme pour ce que je disais à propos du chant dans Ataraxie, Indesinence n’est pas en reste avec l’excellente prestation de Ilia Rodriguez toute en chuchotements, phases narratives, cris de démences et deathgrowls puissamment caverneux. La production sonore alliée des studios Goat Of Mendes (du leader de Akercocke) et Seraph (Londre) était de fait ultime et convenait parfaitement à la musique du groupe.
Il aura fallu aux personnes comme votre serviteur ayant été fortement marqué par le Doom Metal extrême des britanniques attendre 6 longues années afin de pouvoir découvrir Vessels of Light and Decay (2012) qui marqua un tournant dans la carrière du groupe puisque ce fut le début de la collaboration avec le label canadien Profound Lore Records (site ici et facebook ici) qui avait déjà à cette époque dans son escarcelle des formations très réputées au sein de la scène Doom Death Metal / Extrême Doom Metal tels que les piliers du genre que sont Evoken ou Esoteric. Une attente très longue qui peut être en partie expliquée par l’hyper activisme des membres composant le line-up de Indesinence à cette période puisque l'on retrouve leur batteur d’alors Dani Ben-Haim aux seins de Adorior, Cruciamentum, Grave Miasma de même que le guitariste chanteur Ilia Rodriguez se retrouvant aux seins de Binah, Necromaniac, Antigone, Pantheist, Aphonic Threnody (live), Code (live), Esoteric (live) ainsi que le second guitariste Andy McIvor aux seins de Binah, Blutvial, Code, Decrepit Spectre ou Seasonal Code. Ca en fait des projets parallèles !
Ca illustre aussi le fait que tous les membres de Indesinence ont une grande expérience malgré la faible activité studio du groupe et prouve à qui en douterait encore le talent certain de ses musiciens. Quant à la musique de ce tant attendu album, elle est dans la continuité du premier opus avec tout de même une approche plus Death Metal et mid tempo que réellement Doom Metal. On a quand même droit à des phases en suspend et tout en atmosphère ainsi que quelque Down tempo mais majoritairement c’est la couleur Death Metal qui s’exprime sur les longues pièces épiques et progressives de Vessels of Light and Decay. Cet album et aussi important dans la carrière du groupe puisque il marque la collaboration pour l’enregistrement avec Greg Chandler le leader du grand Esoteric. Il a su garder intacte l’identité sonore que je décrivais dans le paragraphe au dessus en travaillant un peu plus les arrangements. Un album colossal et ultime en tout point qui allie efficacité, groove du Death Metal d’obédience oldschool à des errances progressives ainsi que des cirses de démence.
III la dernière pierre…
Comme son nom l’indique III est à considérer comme la troisième et dernière pièce de l’édifice entamé par Indecinence avec Noctambulisme il y a de cela 9 ans maintenant. Dès la prise en main de l’objet on ressent quelque chose de spéciale à la vue de l’artwork, un montage photographique de Pino Fabelo qui avait déjà collaboré par le passé avec le groupe en tant que photographe. Du Indesinence tout craché qui consiste en cette maxime « l’évolution dans la continuité » et qui contribue à imposer cette identité très forte et reconnue de beaucoup au sein de la scène Doom Death / Doom Metal extrême.
On peut faire la même remarque en ce qui concerne l’enregistrement puisque une nouvelle fois Indesinence s’en est remis à Greg Chandler et son Priory Studios (Birmingham) quant au mastering c’est Brad Boatright au Audiosiege Studios (Portland) qui s’en est occupé. La production est d’une profondeur insondable notamment la basse de Andy McIvor qui est vraiment valorisée ici pour mon plus grand plaisir. Une chose assez ardue en ce qui concerne cette production est qu’elle accorde une très grande importance aussi à la face atmosphérique avec de subtils arrangements et une prédominance des lead guitares vous en aurez de bons exemples sur la totalité de l’album. Le tout ne se faisant pas au détriment d’une efficacité au cours des nombreuses boursouflures Death Metal et rentre dedans parfois groovy même qui parsèment l’album sur des titre comme l’instrumental « Seashore Eternal » ou les coups de boutoirs titanesque de « Embryo Limbo », « Nostalgia » ou « Desert Trail ».
Comme je le disais plus haut III se montre plus Doom et atmosphérique que l’était le précédent album Vessels of Light and Decay. Je pense que le départ du batteur historique d’Indesinence Dani Ben-Haim (pour notamment le Death Metal Oldschool de Cruciamentum qui hasard du calendrier sort aussi un nouvel album dont je suis en train de faire la chronique ici) a participé à ce mouvement artistique que je juge plus qu’opportun. D’autant que son remplaçant Paul Westwood qui joue également dans Fen, Landskap et est passé par Skaldic Curse, De Profundis, Rogue Male ou To-Mera, a un touché Doom Metal indubitable et qui convient mieux aux récentes compositions. Dès les premières mesure de l’album et notamment celles de « Nostalgia » on se rend compte que Paul Westwood est l’homme de la situation et que le groupe ne pouvait pas rêver meilleur marteleur !
Indesinence ne se refuse aucune digressions et enrichies énormément son propos musical ! Une autre preuve sur le titre « Mountains Of Mind / Five Years Ahead (Of My Time) » dont la première partie est une sorte de Doom Death Metal comme seul Indesinence en est capable qui aurait copulé avec le Death Metal Progressif de Sir Dan Swanö (Nightingale, Odyssey, Unicorn, Witherscape et ex-Edge of Sanity) et qui s’enchaîne sur la seconde partie avec une reprise du mythique The Third Bardo (groupe far du rock psychédélique des 60s) avec cerise sur le gâteau en guest Robert Roth du groupe de grunge 90s Truly.
Vous l’aurez compris III c’est du pur Indesinence : un Doom Death Metal classieux à l’instar des grands noms du genre que sont les britanniques (My Dying Bride, Paradise Lost, Anathema, Esoteric etc…) à l’ossature Death metal Oldschool persistante qui expérimente à tour de bras et ralenti à outrance le tempo. Les vocalises de Ilia Rodriguez sont toujours aussi géniales et pleines de torpeurs, d’hystéries, de grondements caverneux et de nuances narrées ou chuchotées. Les 17 minutes de l’imposant « Strange Meridian » parle d’elles même : le point d’orgues de l’album !
Indesinence a une nouvelle sorti un classique du genre et tout simplement un grand album de Metal Extrême majestueux, hypnotique et captivant ! Un must à avoir pour tout adorateur de Doom Metal qui se respecte ! Putain mais quelle année mes amis !
Il est amusant de parfois entrer en contact avec des groupes nationaux, des groupes qui ne fonctionnent que dans un pays ou pour un public particulier. Seuls les plus acharnés (ou les plus germanophiles) d’entre vous connaîtront le groupe OHRENFEINDT originaire d’Hambourg. Nos amis teutons ne font pas dans la dentelle et assènent depuis longtemps maintenant un hard rock classique, presque cliché, contenant tous les gimmicks attendus. Motor An! (« Démarrez le moteur » dans le langue de Molière) constitue en effet le sixième opus des allemands. Ces derniers ne tournent qu’en terres germaniques, en Allemagne et en Suisse quasi exclusivement.
La recette du trio est simplissime : prenez quelques riffs tranchants, ajoutez une section rythmique pachydermique, des guitares au son assez rugueux et un chant bien viril et vous obtiendrez le cocktail OHRENFEINDT (et celui de dizaines d’autres groupes). Le chanteur/basiste Chris Laut mène les débats même si cette fois-ci il a reçu le soutien de ses deux camarades Andi Rohde (batterie) et Pierre “Keule” Blesse (guitare) qui ont eux-aussi contribué à la composition. Les chansons s’enchainent sans temps mort et soyons réalistes, ne cassent pas particulièrement des briques. Le résultat s’avère sympathique, mais tellement cliché, déjà entendu des centaines de fois, que le soufflé finit par tomber rapidement. Les allemands ne sont pas des manchots et savent ce qu’ils font. Le savoir-faire est indéniable et Laut mène bien sa barque derrière le micro même si le chant en allemand ne fait pas que des merveilles. Seuls les fans les plus acharnés pourront crier au génie. Un AC/DC ou un AIRBOURNE saura apporter plus de plaisir au final. Le son est propre, Laut a encore une fois travaillé efficacement avec le producteur Olman Viper au sein des Hertzwerk Nullzwei Studios d’Hambourg.
Dans ce genre hard rock classique hyper fréquenté, proposer un travail honnête et solide ne suffit pas. Face aux ténors du genre, il faut pouvoir sortir l’artillerie lourde pour parvenir à émerger de la masse et se faire ainsi une place au soleil. OHRENFEINDT ne démérite pas mais ne propose pas une musique suffisamment attractive et racée pour être compétitif. En concert dans un bar enfumé, entouré de bikers pourquoi pas, sur disque chez soit à la maison, la magie agit nettement moins bien.
Tracklist (41:33 mn) 01. Zeit Für Rock’n’Roll 02. 1910 03. Die Hoffnung Stirbt Zuletzt 04. Nimm Die Kohle Und Renn 05. Gib Mir Mein Problem Zurück 06. Früh Oder Später 07. Motor An! 08. Aus 09. Für Rock’n’Roll Gebaut 10. Reich Würde Schon Reichen