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01. Nous nous étions vu en 2013 pour la sortie d’Essentia. Qui de neuf depuis ?

Pas grand-chose un album de plus et pas de changement majeur entre temps. Si je résumais en un mot la période Essentia, je dirais évidemment acoustique. Moi c’est vrai que j’ai beaucoup bossé sur le disque pour l’enregistrer mais que j’ai moins participé aux concerts donnés ensuite dans cette configuration réduite. Mais cela nous a permis de clore un chapitre plus métal atmosphérique on va dire, et là on passe à autre chose de différent, plus progressif…

Mais ce projet acoustique a forcément nourri cet album électrique, l’utilisation d’un quatuor à cordes par exemple. Et cela nous a appris à moins chargé la musique au niveau de la quantité des instruments. C’était à posteriori un peu le défaut d’Aerial qui s’avérait être trop chargé avec beaucoup de parties doublées… Cela nous a permis d’équilibrer la musique.

 

02. Après un interlude acoustique, voici l’album électrique. Vous écrivez « le nouveau matériel prend naturellement une tournure plus progressive » pourquoi ?

L’arrivée de Chris le batteur qui comme moi est très fan de rock 70s a aidé à prendre cette direction. Et donc avec le line-up actuel, stable et consolidé, on peut se permettre de travailler une musique plus progressive, plus complexe et difficile à jouer. Nous avons insufflé dans ce nouvel album plus d’influence que nous pouvons chacun avoir, Olivier, moi, Sandy… Ce fut vraiment un mouvement naturel d’aller vers cela en suivant nos aspirations artistiques.

En réalité le travail, les compositions de chacun vont donner la direction générale du disque. Rien de vient de l’extérieur, tout s’impose finalement assez naturellement. Dès l’époque d’Essentia, quand nous avions commencé à composer avec Olivier cette tendance plus prog avait émergé. Les squelettes de certaines chansons existaient déjà, moi au piano et Olivier à la guitare avant que le processus d’Essentia n’aboutisse. Et comme nous nous sommes retrouvés sans batteur, le projet acoustique s’est imposé de lui-même le temps de se retourner et de reconstituer nos forces pour le prochain album électrique.

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03. Pourquoi avoir choisi de travailler avec Francis Caste au Studio Sainte Marthe (et pas à nouveau au White Wasteland studio avec Emmanuel Rousseau) ? Qu’a-t-il pu vous apporter ?

Déjà Manu a eu quelques problèmes avec le fisc et donc avait des soucis financiers à régler avant de pouvoir reprendre sereinement ses activités d’enregistrement et de production d’albums. Nous voulions aussi travailler dans un plus grand studio en bénéficiant des moyens et du savoir-faire de Francis. Nous voulions vraiment bosser avec lui, c’est un gars qui est très dans le côté analogique, organique des choses. Le son n’est pas ultra-compressé, il s’adapte au style.

Donc nous l’avons rencontré, nous avons parlé et il était assez chaud pour faire ce projet-là. Cela a été presque naturel, nous savions ce que nous voulions, il était intéressé et donc tout s’est bien emboité. Et il a vraiment une façon de travailler à l’ancienne avec tous les effets enregistrés directement par pédales… Tout n’est pas fait et ajouté à posteriori. Et cela nous a aussi plu chez lui. Les prises de guitares sont enregistrées de façon brut ce qui au final donne un côté très naturel. Nous avons enregistré piste par piste car sinon c’est très compliqué car il faut alors beaucoup de place dans le studio. J’adorerais faire des prises live mais cela complexifie très nettement le processus. Et faut alors beaucoup plus de moyens.

Nous avions tout maquetté avant et donc quand par exemple le batteur a commencé à jouer, il avait la maquette derrière, le clic, la basse les claviers des démos dans l’oreille. Cela change beaucoup de choses et simplifie le travail. Dès que telle partie était en boite, en enlevait la maquette et on utilisait les pistes réelles enregistrées en studio.

 

04. C’est habituel pour vous de tout maquetter ainsi ?

Non c’est la première fois que nous agissons ainsi. Tout est bossé en amont et quand nous arrivons en studio, tout est fixé à 95 %. Ce n’était pas du tout ainsi pour Aerial qui a été mis en boite sur une période hyper longue. Et donc nous avions procédé différemment. Là tout était fixé d’avance, les violons étaient écris… Il ne restait plus qu’à jouer en fait. Mais l’étape du studio reste nécessaire car nos maquettes sont faites avec les moyens du bord et nous ne pouvons pas atteindre chez nous la même qualité que dans un studio.

Là tout est équipé avec les bons micros, les amplis, les pré-amplis, les effets bref tout le matériel nécessaire pour sortir un son de qualité. Tout cela coûte extrêmement cher. Et Francis fait tout, mixage avec Olivier et le mastering à l’exception des violons qui ont été mis en boite avec la même personne que sur Aerial.

 

05. Comment as-tu à nouveau travailler tes orchestrations, as-tu modifié ta façon de les bosser ?

Non je n’ai pas changé de méthode de travail. Mais ce n’est pas du tout mon métier au départ. Je le fait parce qu’il le faut et que j’en ai envie. Je bosse sans doute un peu mieux car à force de faire j’ai appris et donc optimisé le processus mais cela reste long et difficile. C’est la première fois que je m’attaquais à un titre aussi long, plus de dix-huit minutes sur cet album. J’ai travaillé avec des thèmes et des motifs rythmiques qui reviennent avec une approche plus classique du truc, et je dis cela sans aucune prétention.

Nous faisons bien attention de maintenir des fils conducteurs dans ce morceau-là. Et j’espère que cela se ressent à l’écoute. Mais nous prenons toujours des risques avec ce type de titre épique, d’avoir des creux, des zones de respiration, avant que le souffle mélodique ne revienne. Le rock progressif avait vraiment au départ cette volonté de s’inspirer du classique et donc d’avancer par vague, un thème mélodique prend la main sur un autre harmonieusement… Nous avons toujours été difficiles à classer dans un seul genre et cela nous convient bien. Moi-même je ne lis jamais les chroniques, j’essaye de me fier à mon oreille et à mon ressenti. Je lis les interviews d’autres groupes mais le feeling est tellement personnel que tout n’avis n’engage que son auteur.

Nous concernant je ne lis jamais les chroniques publiées. Les autres membres du groupe le font mais moi non car je ne veux pas que cela m’influence ou me fasse modifier ma façon d’agir et de composer. J’ai des retours en échangeant avec les gens. J'ai un peu la démarche d’un Marcel Duchamp qui faisait de l’art et ensuite le laissait aux gens qui en faisaient ce qu’ils voulaient. Certains criaient au génie d’autres à l’imposture. A mon petit niveau, bien sûr, j’ai cet esprit-là. Ce n’est pas du dédain mais c’est créé, enregistré et je passe alors à autre chose.

 

06. Pourquoi le choix de ce titre, The Winding Path ?

Cela vient de musique, du fait qu’elle soit un peu plus sinueuse et par rapport aux textes, les choix de vie qui sculptent nos destins. Et donc ce nom de « chemin sinueux » convenait bien et possédait ce rapport direct avec les textes et la musique. Plusieurs titres ont été proposés mais c’était le seul qui avait ce rendu global qui synthétisait bien l’album. La logique aurait pu être de prendre « The Field Of Minds » cette chanson très longue mais cela ne convenait pas vraiment car cela correspondait moins aux autres chansons. Et nous voulions donner cette direction générale.

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07. En regardant les crédits, on se rend compte que ce disque semble avoir été beaucoup plus un effort collectif que les autres albums. Est-ce bien le cas ?

Oui c’est assez évident et surtout le tout a été travaillé très différemment. C’est toujours Olivier et moi qui amenons les compositions, une structure avec des lignes harmoniques et les thèmes principaux et ensuite c’est réarrangé en répétions. Là nous bossons tous, chacun amène sa partie spécifique, la batterie, la basse et le chant et donc les choses évoluent, éventuellement un thème joué aux claviers qui passe à la guitare… Tout le monde amène sa pierre à l’édifice alors que sur Aerial nous avions tout préparé et maquetté avec Olivier pour entrer ensuite en studio. Il n’y avait pas eu tout ce travail en commun avant. Notre méthode de travail à Oliver et moi s’avère être assez compliquée.

En général, nous bossons chacun de notre côté pour les premières idées. Moi j’écris tout au piano évidemment et Olivier tout à la guitare. Ensuite on se voit souvent tous les deux pour commencer à arranger guitares et claviers. Cela fait dix ans que nous bossons ensemble et cela s’est fait assez naturellement ainsi. Et ensuite nous arrivons en répétitions avec nos maquettes que les autres puissent commencer à écouter et bosser dessus. Et ensuite ce fait la mise en commun pour définir les arrangements finaux. Sandy va rédiger les textes, travailler ses mélodies vocales avec donc un nouveau réarrangement avec le chant de la part de chaque instrument et enfin moi derrière je compose les orchestrations, les cordes, les flutes… Et après une dernière mise en commun, le morceau prend sa forme finale. Donc avec toutes ces étapes, le groupe s’est beaucoup plus investi qu’avant, je pense.

 

08. Que peux-tu nous dire de la pochette, encore le travail de Vincent (Dehn Sora) et quelle direction lui avez-vous donné ?

C’est surtout par rapport aux textes que nous luis avons fourni comme base de travail. C’est surtout Olivier qui est charge de cette partie-là car Vincent n’est autre que son beau-frère ce qui facilite forcément les choses. Ils ont surtout bossé ensembles à partir des textes avec quand même une idée générale avant que cela ne soit affiner. Je crois que Sandy a également participé à ce processus de création. Donc je ne peux pas trop t’en dire. Et je dois même avouer que je ne suis pas super fan de la pochette. Elle est très belle, très bien réalisée mais moi je l’aurais fait différemment. Ce n’est pas une question de couleurs, elles me conviennent, mais pas la pochette en elle-même. Je suis très attaché au dessin, aux pochettes dessinées, tout ce qui est plus informatique j’ai plus de mal.

Un exemple la pochette du Fugazi de MARILLION est juste exceptionnelle. J’aime ce côté plus ancien, celles de YES, de Roger Dean, on une patte un graphisme. Pour te parler d’une pochette récente que j’adore, je te cite volontiers le dernier DØDHEIMSGARD, A Umbra Omega, du black progressif, et le visuel est un simple décor sur lequel ils ont rajouté trois pyramides de couleurs. Le reste du groupe le sait ! Dans les couleurs elle est vraiment belle mais j’accroche moins sur l’illustration elle-même.

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09. Vous semblez enfin avoir trouvé la stabilité du line-up, un soulagement, l’impression de vraiment progresser ?

Enfin ! Et nous avons enfin l’impression d’avancer et de construire. Chris c’est super bien intégré et nous retrouvons ce côté familial qui nous sied bien. Là je pense et j’espère que nous sommes partis pour un bon moment à moins que l’un d’entre nous fasse trois gamins et ne puissent plus continuer. Nous avons une cohésion humaine rarement connue. Je sais que nous pourrions partir en tournée ensemble plusieurs semaines sans que cela ne pose problème. Nous avons le line-up idéal, artistiquement et humainement.

 

10. Quelle est la suite pour vous à court et moyen terme ?

Et bien d’abord finir la promo et ensuite quelques dates se présentent déjà à nous. L’idée est de faire un maximum de concerts pour continuer à faire connaître le groupe et notre musique. Et puis commencer à travailler sur le suivant. J’ai commencé de mon côté avec quelques idées mais d’ici trois ans pouvoir donner la suite. Il nous fait ce délai de quelques années car financièrement cela nous a quand même coûté cher. Le studio, le producteur, tous les musiciens supplémentaires… Même si nous les connaissons, il est normal de les défrayer de leurs efforts et de leur travail. Deux viennent de Rouen et deux de Lyon. Donc ils sont remboursés de leurs frais et ensuite pour la session elle-même. Donc si on peut sortir le suivant fin 2017, courant 2018 ce serait pas mal.

 

Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:

01. Dernier album acheté ?

Un groupe anglais de Doom qui s’appelle UNDERSMILE et leur dernier album, Anhedonia

 

02. D’où est venue l’étincelle qui t’as donné envie de devenir musicien ?

J’ai commencé le piano super jeune et donc je dirais le générique des Mystérieuses Cités d’Or. Sans déconner ! J’ai ce souvenir-là de dire à ma mère en regardant ce dessin animé que je ferais bien du piano.

 

03. Chanson que tu aurais adoré avoir composée ?

Peut-être « Supper’s Ready » de GENESIS.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

Chronique de l'album ici

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