Archive for janvier, 2016

Sadist – Hyaena

oshy_30012016_SadiAvoir le statut de groupe culte s’avère souvent être une arme à double tranchant qui mêle une grosse dose de nostalgie pour les artistes par rapport à leur jeunesse et leur créativité d’antan et pour l’auditeur. Ce dernier établit forcément une connexion entre les albums devenus des incontournables et ses bons souvenirs de l’époque.

Et SADIST mérite-t-il un tel qualificatif ? Culte pourquoi ? Oui bien sûr ils peuvent afficher une respectable carrière et leur démarche musicale est assez originale mais pas sûr que cela suffise. En vingt-cing années de carrière (dont un hiatus de cinq années au début des années 2000 ok) Hyaena n’est que leur septième album. Les italiens conservent cette patte et cette identité si particulière. Ils distillent un Death Métal assez étrange avec ses touches progressives, jazzy et ethniques. Ce mélange des genres surprend au premier abord avant de séduire ou de rebuter. Ainsi, « The Lonely Mountain » qui ouvre le bal se présente comme une chanson classique, entre thrash et heavy métal relativement accessible. Trevor Nadir, derrière le micro, n’offre pas une prestation exceptionnelle mais cela reste dans la moyenne. Et puis d’un coup, après quatre minutes, l’ambiance change du tout au tout et le groupe se fait un petit délire jazzy à la guitare sèche. Oui cela interroge, c’est amusant, presque incongru mais sans que cela apporte une valeur ajoutée délirante. La touche Death reste franchement légère en dehors du chant hurlé. Avec « Bouki » nous sommes même carrément dans du rock prog sans éléments extrêmes. Même chose pour « Gadawan Kura », un titre instrumental très marqué musique ethnique.

Cette oscillation sans cesse entre différents styles constitue la marque de fabrique de SADIST mais cela ne conviendra pas à tout le monde. Tout comme la pochette de ce disque, vous adorerez ou vous détesterez ce mélange des genres, cette hétérogénéité intrinsèque. Il faut bien reconnaître que Hyaena s’apparente souvent à un patchwork difficile à digérer, avec un fil conducteur mélodique ténu ou absent. L’expérimentation peut avoir du bon mais le risque est de perdre beaucoup d’auditeur au passage. L’écoute vaut le coup mais pas sûr que vous serez nombreux à y revenir.

Oshyrya (06/10)

 

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Scarlet Records / 2015

Tracklist (46:23 mn) 01. The Lonely Mountain 02. Pachycrocuta 03. Bouki 04. The Devil Riding the Evil Steed 05. Scavenger and Thief 06. Gadawan Kura 07. Eternal Enemies 08. African Devourers 09. Scratcing Rocks 10. Genital Mask

Eldritch – Underlying Issues

oshy_30012016_EldritBeaucoup en rêves et ils ne sont finalement pas si nombreux à atteindre la barre symbolique des dix albums studio en carrière. Sans faire beaucoup de bruit, avec le soutien de fans fidèles, les transalpins d’ELDRITCH viennent d’atteindre ce pallier avec Underlying Issues à sortir chez Scarlet Records. Personne n’attend de feu d’artifice particulier mais reconnaissons que le groupe a presque systématiquement proposé des albums solides et appliqués.

Tasting the Tears (chronique ici), le précédent opus, affichait une ambiance assez sombre qui perdure encore une fois ici. Le power métal tendance progressive des italiens reste toujours très rythmé et assez technique mais ce sentiment d’urgence et cette inquiétude latente rôdent en permanence. Les guitares mènent la danse même si les claviers apportent ici et là un peu de légèreté et de lumière. Finalement assez classique, ELDRITCH continue son bonhomme de chemin après deux décennies d’existence et continue d’arpenter le chemin qu’il maîtrise le mieux. Les différentes compositions tournent autour des quatre ou cinq minutes et vont à l’essentiel sans cacher la misère par des artifices stériles. Rien à redire du côté de la production, le son s’avère propre et dynamique. Underlying Issues a été mis en boite dans deux studio différents sous la houlette de Eugene Simone, guitariste du groupe, qui s’est également chargé de la production. Pour le reste, ELDRITCH a joué la sécurité en confiant son bébé à l’incontournable Simone Mularoni (DGM) et ses Domination studios à San Marino.

Nous ne sommes pas en présence d’un groupe de virtuoses mais chacun sait que qu’il doit faire et tient efficacement sa place. Les titres s’enchaînent et aucun ne provoque particulièrement de saignements d’oreilles. Ce dixième chapitre ne marquera pas les esprits pour des décennies mais il ne jurera certainement pas dans la discographie très respectable d’ELDRITCH. Pas sûr qu’ils puissent atteindre de nouveaux sommets mais leurs fans seront ravis de retrouver rapidement leurs marques.

Oshyrya (07/10)

 

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Scarlet Records / 2015

Tracklist (57:25 mn) 01. Changing Blood 02. Danger Zone 03. Broken 04. All and More 05. The Face I Wear 06. To the Moon and Back 07. Bringers of Hate 08. The Light 09. Piece of Clarity 10. Before I Die 11. Slowmotion K Us

Dark Moor – Project X

oshy_30012016_Dar_MooDepuis ses débuts, les espagnols de DARK MOOR auront fait bien du chemin. L’ersatz de RHAPSODY OF FIRE avec à sa tête Elisa Martin, malgré leur qualité indéniable pour les fans d’orchestrations et de guimauve (dont fait partie votre serviteur), est bien loin maintenant. DARK MOOR ressemble beaucoup aux italiens de SECRET SPHERE avec, à un moment donné, une volonté farouche de sortir du moule écrasant et de l’étiquette peu flatteuse de simples copieurs. Depuis bien des années maintenant, le groupe s’est recentré vers un métal progressif moins touffu mais pas moins mélodique et agréable.

Enfin pour être honnête, cela dépend beaucoup des cuvées. Autant Ancestral Romance (2010) avait su faire son petit effet, autant Ars Musica (2013 chroniques ici) avait déçu. Project X offre deux alternatives, confirmer ce moins bien ou immédiatement corriger le tir. Les étiquettes ont la vie dure et comme Turilli à son époque, DARK MOOR inaugure ici une nouvelle ère, laissant derrière eux la fantasy pour des thématiques science-fiction. « Abduction » ouvre les débats et reste très sage, montrant un groupe appliqué dans son métal mélodique. Il est plaisant de retrouver Alfred Romero et sa voix si caractéristique derrière le micro. Les choses se corsent par le suite avec un « Beyond the Stars » beaucoup plus léger et manquant sensiblement de caractère. Les chœurs sont nombreux et ne manquent pas d’évoquer QUEEN. Le propos s’est très largement adouci et nous ne sommes alors pas loin d’un hard rock FM où le côté mélodique et accessible prend le pas sur le reste. Face aux envolées et aux puissantes calvacade du passé, cette orientation déçoit franchement. Les espagnols remettent un peu le pied sur l’accélérateur avec « Conspiracy Revealed » avant que le soufflé ne retombe encore une fois avec un « I Want to Believe » écoeurant de guimauve. Et le même schéma se répète encore et encore tout au long de l’album. Les titres forts, accrocheurs et ambitieux sont portés disparus et Project X finit par laisser une impression tiède et sans âme.

Avec la présence de Luigi Stefanini (RHAPSODY OF FIRE, LABYRINTH…) aux manettes et une pochette signée Gyula Havancsák (STRATOVARIUS, GRAVE DIGGER), DARK MOOR avait en main quelques arguments pour nous plaire. Malheureusement, l’orientation engagée sur Ars Musica se voit ici confortée. Comme le disait Einstein : « La folie, c'est se comporter de la même manière et s'attendre à un résultat différent ». Les espagnols se perdent et ratent une nouvelle fois la cible.

Oshyrya (5,5/10)

 

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Scarlet Records / 2015

Tracklist (47:23 mn) 01. November 3023 02. Abduction 03. Beyond the Stars 04. Conspiracy Revealed 05. I Want to Believe 06. Bon Voyage 07. The Existence 08. Imperial Earth 09. Gabriel 10. There’s Something in the Skies