Atteindre les vingt années de carrière est une belle consécration pour tous les groupes. Autant fêter cela comme il se doit. Cela peut prendre plusieurs formes, pour certains cela passe pour la publication d’un album live ou encore d’un disque avec orchestre. Les allemands d’EMIL BULLS ont décidé de proposer XX, un album regroupant des réinterprétations acoustiques de quinze de ses chansons. Ici la mélodie est à l’honneur, plus les grosses guitares, les murs de son et les rythmes infernaux. La voix s’avère douce, calme et posée, loin des offensives habituelles.
Ces versions « à la lumière d’une bougie » (candlelight) sont sympathiques à écouter. Cela permet aussi de vérifier le talent de composition du groupe, les compositions ainsi présentées dans leur plus simple appareil sans artifice, montrent leur vrai potentiel. Vous trouverez à boire et à manger sur ce XX, le disque oscille entre le vrai moyen et le plutôt bon. Toutes les chansons passées ainsi à la moulinette deviennent gentilles et facilement accessibles. Les chansons sont courtes et calibrées autour des trois ou quatre minutes et c’est tant mieux car ces tonnes de guimauve finisse par lasser, le cholestérol n’est pas loin. Différents albums sont ici représentés comme Phoenix en 2009 ou encore le petit dernier Sacrifice to Venus (chronique ici) qui comptent trois extraits. Pas facile de faire son choix dans une riche discographie de neuf albums studios.
XX marque le coup et aura donné l’occasion au groupe de faire une tournée pour fêter ça avec leur fan. La démarche reste sympathique à défaut d’être originale, elle me rappelle le clip vidéo de NIRVANA, « In Bloom », où l’on voit par intermittence le groupe gentil et propre sur lui ou le même groupe en mode grunge en train de tout détruire. Avec XX, EMIL BULLS devient fréquentable pour les parents ou les grands-parents de l’ado rebelle qui casse les oreilles de tout le monde avec sa musique.
Tracklist (59:10 mn) 01. Here Comes The Fire 02. The Jaws Of Oblivion 03. The Way Of The Warrior 04. Hearteater 05. The Most Evil Spell 06. Close To The Wind 07. Worlds Apart 08. Nothing In This World 09. Gone Baby Gone 10. Not Tonight Josephine 11. When God Was Sleeping 12. Between The Devil And The Deep Blue Sea 13. Dear Sadness 14. Dancing On The Moon 15. All For You
Amis amateurs d’un métal simple, direct et accrocheur, passez votre chemin, la démarche des italiens d’ASEPTIC WHITE AGE est à l’extrême opposé. Nous sommes ici dans le monde du bizarre, de l’expérimentation et de la créativité foisonnante. Né en 2011, le sextet fait ses grands débuts discographiques en 2014 avec un premier album que voici, Reminiscence.
Projet instrumental, ce disque a été patiemment construit à partir d’innombrables jams sans contrainte ni carcan, seule l’imagination artistique des musiciens présents à guider leurs choix. Signalons la présence assez peu courante d’un saxophoniste dans les rangs du groupe, cela apporte indéniablement une couleur particulière, une certaine originalité à la musique proposée. Avec l’improvisation comme leitmotiv, vous devinez qu’il n’est pas aisé de qualifier la musique du groupe. Eux-mêmes parlent de Reminiscence comme d’une zone indéfinie entre post-metal, avantgarde et expérimentations progressives. Et effectivement l’éclectisme reste de rigueur tant il est périlleux de trouver une ligne directrice sur le disque dans son ensemble. En majorité, chacune des compositions tourne autour des cinq/six minutes à l’exception d’un titre (« Antigravity ») de plus de huit minutes. L’écoute n’est pas un sinécure car une certaine confusion domine. Il faut avancer par petit pas une machette à la main pour progresser dans cette épaisse jungle. Seuls les plus courageux affronteront ce défi. Techniquement parlant, rien à dire, tant sur la forme que sur le fond. Chacun des musiciens offrent une belle prestation et ne s’économisent pas. La production s’avère soignée avec un son à la fois limpide et dynamique. Saluons ainsi le travail d’autoproduction assurée par le groupe dans le studio du guitariste Mike Pelillo.
OVNI musical à ranger, dans la démarche en tout cas, aux côtés d’un CULT OF LUNA période Vertikal (chronique ici). Reminiscence s’adresse à un public très particulier qui ne craint pas l’étrange et le surprenant. ASEPTIC WHITE AGE parle d’un voyage dans les tripes de l’égo de chacun de nous. Nombreux seront ceux qui se perdront dans ce maelstrom de sons et d’ambiances.
Histoire de se rappeler au bon souvenir de ses fans et de les faire patienter en attendant la sortie de son nouvel album, Das Ende aller Lügen, les bavarois de VARG publient un EP touffu autour du personnage du petit chaperon rouge (Rotkäppchen dans la langue de Goethe). A l’origine cette chanson apparaît sur Wolfskult daté de 2011 et tente de rétablir la vérité quant à la responsabilité du loup, la véritable victime de la malice du petit chaperon rouge.
Cet EP se veut copier avec huit titres au compteur mais cela peut être trompeur. En effet, nous retrouvons ici de nombreuses versions alternatives de l’original. L’original de 2011 justement est bien présente ainsi que sa réinterprétation 2015. A cela, il faut ajouter une version chantée en anglais avec Christopher Bows d’ALESTORM, une version chantée en norvégien par TROLLFEST et enfin une version karaoké instrumentale pour égayer les soirées beuveries des fans. Heureusement, deux nouvelles chansons inédites sont aussi de la partie et n’apparaîtront pas sur l’album à venir. "Ein Tag Wie Heute” avec Dom R. Crey d’EQUILIBRIUM et “Abendrot” constitue le véritable intérêt pour les fans. Rien de bien nouveau sous le soleil si ce n’est ce pagan/viking métal aux forts accents folk. Le rouleau-compresseur se met immédiatement en branle à coup de rythmiques rapides, de riffs tranchants, de moult chœurs virils et du chant hurlé de rigueur.
Il fallait bien VARG pour dévoiler au monde entier la vérité concernant la duplicité de ce petit chaperon. C’est maintenant chose faite en long en large et en travers. Les versions alternatives amuseront les fans et permettent de proposer un disque gavé de musique. Les deux chansons originales restent quand même beaucoup plus intéressantes et franchement efficaces.