Chaque nouvel opus des norvégiens de GAZPACHO est attendu avec un mélange d’appréhension et d’excitation par votre serviteur. Nos amis sont hyper talentueux, ils ont rarement déçu mais, en même temps, le foisonnement de leur musique et leur démarche musicale parfois alambiquée complique les choses et rende l’immersion dans leur univers musical éprouvant. Après March of Ghosts (2012 – chronique ici) puis Demon (2014 – chronique là), voici le neuvième chapitre de leurs aventures, Molok.
Comme souvent, Molok s’ouvre tout en douceur et en subtilité avec un « Park Bench » bourré d’émotions et de cette légèreté aérienne qui fait tout le charme des norvégiens. Une petite mélodie, discrète accompagne la voix enchanteresse Jan-Henrik Ohme. Quelques chœurs ici et là, des instruments acoustiques et une sensibilité à fleur de peau illumine cette première chanson. L’auditeur n’a qu’à fermer les yeux et se laisser bercer pour cette musique câline et enivrante. « The Master’s Voice » poursuit sur la même lancée avec sa guitare aérienne à la PINK FLOYD et un propos réduit à une très simple expression, une caresse… L’intensité augmente à intervalle régulier mais sans violence ni brutalité. L’éclectisme reste la règle, GAZPACHO prenant un malin plaisir à varier les ambiances et on retrouve les touches slaves (« Bela Kiss ») déjà entrevues sur Demon. Assez doux et contemplatif dans l’ensemble, Molok tranche dans sa musique par rapport au sérieux du sujet abordés et des thèmes balayés. Encore plus que par la passé, les norvégiens ont souhaité épurer au maximum leur musique, les compositions sont plutôt courtes et les envolées restent limitées au strict minimum. Une petite mélodie suffit comme sur un « ABC » tout simple sur la forme comme sur le fond. GAZPACHO a su s’économiser pour extraire la substantifique moelle de son rock progressif. On croirait parfois entendre un Peter Gabriel période Passion. Molok se termine comme il a commencé via un titre long de presque dix minutes, « Molok Rising », très doux et contemplatif. De multiples sonorités exotiques viennent enrichir un propos sans violence ni éruption, aussi épais sur l’émotion et le message qu’il est léger dans l’intensité.
L’écoute de ce neuvième album de GAZPACHO risque d’en dérouter plus d’un. Les compostions riches et colorées, hyper accrocheuses, manquent à l’appel au profit d’un album homogène tout en douceur favorisant la réflexion à long terme sur l’impact immédiat. Molok est un album compliqué, riche de sa simplicité, qui nécessitera bien des écoutes pour se laisser apprivoiser. Les norvégiens sont décidemment des gens surprenant…
Oshyrya (08/10)
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Kscope / 2015
Tracklist (44:41 mn) 01. Park Bench 02. The Master’s Voice 03. Bela Kiss 04. Know Your Time 05. Choir of Ancestors 06. ABC 07. Algorithm 08. Alarm 09. Molok Rising
Dans la carrière d’un groupe, certains passages obligés s’imposent à tous avec l’expérience et les années. L’un de ces exercices de style reste la publication d’un album live témoignant du talent des musiciens pour retranscrire leur musique sur scène. Les italiens d’ELVENKING auront pris leur temps, accumulant progressivement un solide socle de fan et les moyens financiers de mener à bien ce projet. C’est désormais chose faite avec ce The Night Of Nights – Live, fidèle illustration du concert organisé à Pordenone en Italie. Pour cette occasion, les transalpins ont mis les petits plats dans les grands avec un setlist riche de pas moins de vingt-cinq chansons et plus de deux heures de musique au total.
Le power métal à tendance folk d’ELVENKING prend une autre ampleur sur scène mais sa mise en œuvre reste un beau défi. Les orchestrations et les touches folk sont nombreuses mais le sextet parvient à transposer sa musique sur scène sans tomber dans l’écueil de la multiplication des samples. Les interludes qui parsèment le concert s’avèrent souvent être des bandes enregistrées mais cela vient renforcer l’ambiance, rien de plus. Ayant fait les choses en grands, les italiens ont pu piocher allégrement dans leur large biographie. Leurs sept albums sont ici représentés. La part du lion revient à The Winter Wake avec cinq extraits. Heathenreel et The Pagan Manifesto (chronique ici) sont présents à travers trois titres… La pris de son est de qualité et retranscrit assez fidèlement l’énergie qui se dégage de ces chansons. Le public est assez présent et signale assez régulièrement son enthousiasme. Rien à dire du côté technique, les différents musiciens sont tous au diapason les uns des autres et maintiennent une belle énergie, une belle intensité tout au long de ces deux heures.
Plus complexe et moins directe que d’autres groupes folk comme KORPIKLAANI, la musique d’ELVENKING s’apprécie au long court et ne dévoile ses richesses que petit à petit. The Night of Nights enchantera les fans sans toutefois constituer la meilleure introduction possible au travail du groupe. Les néophytes pourraient être rapidement perdus.
Oshyrya (07/10)
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AFM Records / 2015
Tracklist (67:12 mn & 51:07 mn)
CD1: 01. The Manifesto 02. Trows Kind 03. The Wanderer 04. Runereader 05. Pagan Revolution 06. She Lives At Dawn 07. Jigsaw Puzzle 08. Elvenlegions 09. The Cabal 10. A Prayer To Cernunnos 11. Moonbeam Stone Circle 12. Symohn's Bash 13. From Blood To Stone 14. Skywards 15. Disillusion's Reel
CD2: 01. Elven Aftermath 02. Seasonspeech 03. Through Wolf's Eyes 04. The Divided Heart 05. Neverending Nights 06. The Winter Wake 07. Era Theme 08. The Loser 09. The Oak Woods Bestowed 10. Pagan Purity
Quoi de mieux pour un groupe disparu depuis longtemps des radars que de faire son comeback en publiant en nouveau single ? Oui c’est vrai, nous aurions préféré du matériel original mais Mattson et King ont préféré jouer la sécurité en proposant une relecture de « Tomorrow Never Knows », un titre composé par John Lennon et qui apparaît sur Revolver des BEATLES. L’ambiance indienne et ésotérique originale a été conservée mais l’écrin se veut beaucoup plus rock, direct et psychédélique. Le côté planant n’a pas été oublié et les sonorités électroniques enrichissent intelligemment le propos. Mattson assure derrière le micro et cette chanson prend une autre dimension et met à l’honneur le talent gigantesque de Lennon.
L’essentiel reste que ce single ne constitue qu’un apéritif et que le meilleur reste sans doute à venir. CONDITION RED compose en ce moment même et un nouvel album doit débarquer cette année. Douze ans après II, espérons que le jeu en vaudra la chandelle.
Oshyrya (06/10)
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Lion Music / 2015
Tracklist (03:45 mn) 01. Tomorrow Never Knows