Depuis Coronary Reconstruction, Aborted est “revenu dans le droit chemin”, celui de Goremaggedon, des samples de Hellraiser, du Death brutal avec juste ce qu’il faut de mélodie et une prod’ à décoller les tympans. Pour fêter dignement les 20 ans du groupe, la bande à Sven sort, en guise d’amuse-gueule avant le nouvel album qui sortira d’ici quelques mois, un EP qui cogne juste comme il faut.
Au niveau du personnel, on soulignera le départ de Danny Tunker, remplacé par Ian Jekelis et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce petit nouveau a su immédiatement trouver sa place. Malgré ce nouveau changement de line-up, Termination Redux est du Aborted 100 %, reconnaissable entre mille. Et pourtant, Termination Redux est « différent ».
Différent dans ce sens qu’il commence par un morceau à l’intro presque mid-tempo avant une accélération radicale et le véritable début des hostilités. « Termination Redux » (le morceau) est une synthèse habile de tout ce qui rend Aborted si violemment efficace depuis maintenant quelques années : brutalité, mélodie, petit interlude avec quelques notes de piano et un guest de Julien Truchan avant l’explosion et l’avalanche de blast… Ce morceau reprend tout ce que j’aime chez Aborted et fait très, très mal.
Et les deux autres nouveaux titres (le dernier étant une nouvelle version survitaminée de « The Holocaust Incarnate ») ? Là aussi, la bande à Sven confirme toute sa force de frappe, même si (c’est un sentiment personnel) ces deux pistes sont moins tubesques que le premier morceau (que j’ai écouté en boucle pendant une semaine).
Termination Redux est une mise en bouche parfaite, un hors d’œuvre avant le futur album que j’attends déjà de pied ferme. Aborted est au sommet de son art, en pleine possession de ses moyens, à tel point qu’il pourrait franchement sortir l’album de Death Metal de l’année. Rien que ça.
Century Media Records / 2016
Tracklist (15:17) 1. Liberate Me Ex Inferis 2. Termination Redux 3. Vestal Disfigurement upon the Sacred Chantry 4. Bound in Acrimony 5. The Holocaust Re-Incarnate
Eclipse n'est sans doute pas suffisant pour contenir toute la créativité d'Eric Martesson, son guitariste, chanteur et leader. Et l'on retrouve donc l'homme dans un certain nombre de projets souvent de qualité (W.E.T. par exemple). En voici un nouveau nommé Nordic Union et lancé évidemment par Frontiers, le label spécialiste des groupes montés de toute pièce dans un bureau de Naples. Ici le gros argument a pour nom Ronnie Atkins, le légendaire chanteur de Pretty Maids qui semble avoir un peu de temps libre entre les enregistrements du groupe dannois.
Personnellement, je trouve l'idée assez bonne : Ronnie Atkins n'est pas un vieux canasson fourbu mais un chanteur encore très en forme malgré les années. Et même s'il œuvre dans un registre vocal plus heavy que celui que propose généralement Eric Martesson, il a parfaitement la capacité de moduler sa voix de manière plus mélodique comme il l'a d'ailleurs démontré plusieurs fois dans Pretty Maids sur les titres les plus abordables des Dannois.
Et lui donner comme collaborateur Eric Martesson est loin d'être sot. D'abord car le hard mélodique que compose Eric Martesson est loin d'être mollasson ou fade : moderne et puissante, la musique de Martesson est une excellente mise à jour d'un style ayant son heure de gloire dans les années 80. Il est d'ailleurs significatif que l'album s'ouvre sur un venimeux « The War Has Begun » ; nous ne sommes pas dans la ritournelle sirupeuse. Le single « Hypocrisy » est son gros riff plombé poursuit dans un sillage réellement vigoureux et il n'y a bien que son refrain qui sonnera hard FM aux oreilles des auditeurs.
Eric Martesson est aussi connu pour la qualité qu'il apporte aux disques qu'il mène à bout : son excellent, production impeccable, équilibre parfait entre les instruments… tout est bel et bien là ici sur Nordic Union. Au point d'ailleurs que l'on se prend à penser à Eclipse à l'écoute des pourtants très réussis « Wide Awake » ou « Go ». Il est vrai qu'Eric Martesson a pris en charge tous les instruments sauf la batterie et quelques solos, ce qui en dit long sur sa marque sur ce disque, certes de qualité, mais manquant quand même d'un vrai grain de folie.
Baptiste (7,5/10)
Frontiers / 2016
Tracklist : 1. The War Has Begun 2. Hypocrisy 3. Wide Awake 4. Every Heartbeat 5. When Death Is Calling 6. 21 Guns 7. Falling 8. The Other Side 9. Point Of No Return 10. True Love Awaits You 11. Go
Cela fait maintenant un peu plus de trois ans que le second album de Eryn Non Dae. Meliora (2012) est sorti. C’est donc un album qui date mais je me devais de vous en parler tant la musique de ce groupe m’a marqué au fer rouge lorsque je l’ai découverte dans le courant de l’année 2012. Sous le nom de END cette formation de la région toulousaine a sorti une démo The Never Ending Whirl of Confusion dès 2005. Eryn Non Dae. est donc en activité depuis un certain temps maintenant et il s’est fait le chantre d’un Metal polymorphe aux contours modernes et chaotiques sur son précédent album Hydra Lernaïa (2009) sorti alors via le conséquent Metal Blade Records. Une alchimie insaisissable, sombre, oppressante et violente émanait déjà de ses deux premières réalisations et bien que sonnant très Metal actuel Eryn Non Dae. se présente quand même à la marge des courants dits mainstream de la scène Metal.
Quand j’emploie le terme insaisissable je veux dire par là qu’il est très difficile de cataloguer sa musique qui est du genre à piocher sans vergogne dans différents genre du Metal et bien au-delà ! Pour vous guider un peu et vous aider à saisir ses champs de pérégrinations, Eryn Non Dae. peut parfois faire penser à un Ulcerate dans la rudesse technique de son propos ou à un Meshuggah pour ces polyrythmies et certain plans jazzy voire Tool car il reste toujours dans une approche très progressive de ses compositions. J’aurais tout aussi bien pu parler de Postcore et de Mathcore car on retrouve certaines accroches avec ces courants et certaines tonalités Noise mais le riffing dans l’ensemble reste quand même très typé Metal d’où le choix de mes trois groupes en guise de références. Tout ça pour dire qu’il est impossible de résumer à une étiquette le contenu de sa musique mais l’emploie du terme Modern Metal se trouve ici également approprié car Eryn Non Dae. n’est pas sans rappeler non plus les démarches de formations tels que Gojira, Grorr, Hypno5e (dont la chronique du dernier album arrive sous peu et dont j'ai la charge) ou Hacride. Du moins c’est mon point de vue !
Pour son second album Meliora, Eryn Non Dae. délaisse Metal Blade pour rejoindre une plus petite structure M – O Music (site ici) où l’ont retrouve des groupes comme Acyl, Gokan, Holophonics, In Arkadia ou Lokurah. Le package allant de l’artwork réalisé par Romain Barbot (site ici) sur des idées de peintures de Mika (le bassiste du groupe), au digipack en passant par les illustrations du livret, est très soigné. Cette pochette sobre et sombre est vraiment adéquat car avant même d’avoir inséré le cd dans le lecteur on est pris sous son charme intrigant ! Un sans faute sur la forme donc !
Cet album s’inscrit dans la droite lignée des deux précédentes réalisations donc tout ce qui est dit ci-dessus y est toujours d’actualité. Cependant il développe un nuancier encore plus large. Eh oui ! Ca va encore être assez galère pour nous autres chroniqueurs à décrypter tout ça mais bon on est là pour ça en même temps ! Tout d’abords on retrouve plus d’instants contemplatifs et de moments de relâchements parfois à l’esthétique très Postrock et Progressive comme sur le break à mi parcourt de « Muto » et « Black Obsidian Pyre » ce dernier ayant le bagout d’un Neurosis lorsque la saturation pointe le bout de son nez. A d’autres moments c’est dans un trip Ambient et Drone que les compositions de Meliora épousent comme sur les entames de « Chrysalis » ou « The Great Downfall ». Mais attention car Eryn Non Dae. ne s’est pas assagit pour autant et les piques de chaos ainsi que les violentes tensions sont toujours présentes sur la quasi-totalité des morceaux, elles sont même mieux mises en valeurs par le contraste avec les zones de relâchements : des titres comme « Scarlet Rising », « Muto » ou « Ignitus » sont vraiment très intenses. Eryn Non Dae. a souvent ouvert pour des groupes très extrêmes comme Gorguts ou Misery Index et je peux vous dire que malgré le fait qu’ils ne fassent pas du Death metal à proprement parlé, ils n’en sont pas moins intenses et violents ! Les vocaux suivent l’éventail des nuances de la musique avec brio, dès lors ils peuvent faire de brèves incursions en voix claires ou de manière chuchotée mais ils sont dans leur grande majorité hurlés et très agressifs.
Le groupe fait preuve durant la totalité de l’album d’une rigueur technique instrumental et rythmique à couper le souffle. On sent que Eryn Non Dae. regroupe en son sein de sacrés instrumentistes qui ne tombent à aucun moment dans la lourdeur et la démonstration stérile. Une large place est accordée au feeling et c’est une des choses qui m’a énormément plu ! C’est comme la production parfaite et plus organique que sur les deux productions précédentes. Les prises de son ainsi que les mixage et mastering se sont déroulés une nouvelle fois sous la houlette de Mobo dans son Conkrete Studio (site ici). J’adore l’ensemble du rendu sonore et trouve ce son de batterie vraiment au top du top ! Les méandres de Meliora pullulent de pleins de petits détails comme de nombreuses reverbes sur les guitares ou de discrètes et subtiles lignes de claviers. On imagine aisément la masse de labeurs… Un travail de production encore plus abouti qu’au par avant et qui parachève de donner à Meliora un aplomb et une profondeur qui me laisse aujourd’hui encore admiratif !
Violent, progressif, léché, chaotique, technique, sombre, oppressant, contemplatif, Meliora est tout ceci à la fois ! C’est tout simplement pour moi un album de Metal incontournable dont il me tarde de découvrir le successeur ! Une dernière chose, si vous avez apprécié la compagnie de Eryn Non Dae je vous encourage grandement à allez découvrir les italiens de Nero Di Marte (facebook ici) qui en plus d’avoir été des compagnons de routes ont des univers musicaux communs que vous serez très certainement susceptibles d’apprécier ! Bon voyage !