Archive for février, 2016

Vous avez décidé de maintenir le groupe dans la programmation malgré le dérapage de Phil Anselmo, le chanteur de Down, qui a fait un salut nazi sur scène le 22 janvier, à Los Angeles… 

« Anselmo s’est excusé à plusieurs reprises. Il a même proposé de quitter le groupe pour ne pas nuire à ses camarades, qui doivent d’ailleurs être dégoûtés de ce qui arrive. Tout le monde est d’accord sur le fait que c’est inacceptable et que la scène metal n’est ni raciste ni antisémite. Je connais très bien Phil Anselmo, qui est venu à de nombreuses reprises à Clisson. Et je suis persuadé que ses excuses sont sincères. Au Hellfest, on n’a jamais eu ce genre de comportement, on ne l’a jamais vu arborer ni signe distinctif, ni discours, en concert comme en loge. Je crois profondément que c’est quelqu’un de bien. C’est un provocateur qui joue les gros bras et qui perd pied quand il est ivre. Il a fait une énorme erreur. Mais des gens qui font des raccourcis populistes et qui disent des horreurs quand ils ont trois grammes d’alcool, on peut en trouver beaucoup, y compris en Vendée. » (Source : Ouest-France)

On doit vraiment te rappeler le score du FN en Pays de Loire, Ben ? 19 % au second tour. L'alcool n'excuse pas tout.

Et puis, cette décision de maintenir Down à l'affiche est-elle vraiment courageuse ? Ben Barbaud serait-il devenu le chantre de la liberté d'expression du monde du Metal ? Doit-on VRAIMENT rappeler les annulations d'Anal Cunt (dont le regretté frontman avait un seul talent : celui de trouver les titres de chanson les plus provocateurs au monde) et de Satanic Warmaster (et je me souviens encore de la réaction des gars de Tsjuder quand je leur avais appris que Satanic Warmaster avait été annulé) pour des motifs comparables ? 

En maintenant Down à l'affiche, Ben ne prend AUCUN risque. Tout simplement parce que le sale boulot a déjà été fait par les autres orgas, le Fortarock en premier, qui ont décidé de retirer Down de leur affiche. Le nombre de dates diminue, le groupe est bien parti pour annuler sa mini-tournée européenne et, au final, si Down ne foulera pas les planches du Hellfest, ce sera parce que le groupe aura annulé lui-même. Et soyons tout à fait honnêtes : s'il veut vraiment Down, il pourra le faire venir en exclu s'il met la main au portefeuille (mais irait-il jusqu'à faire cela ?).

Et puis, que serait-il arrivé s'il avait décidé de virer Philou et ses potes, concrètement, pour le Hellfest ? Rien. Le festival est sold out depuis des lunes (et les caisses sont donc pleines), les éventuels mécontents revendraient leur combi à la vitesse de l'éclair à d'autres fans qui discernent personnalité et musique (ou qui s'en foutent, ou qui sont aussi cons que Phil Anselmo), et l'année prochaine, le Hellfest sera à nouveau sold out. Parce que les fans ont la mémoire courte. 

Mais je vais devancer leur décision : qu’ils gardent leur subvention de 20 000 €.

C'est clair, sur un budget total de 16 millions (selon Ouest France), ces 20.000 euros sont une goutte d'eau… Pourquoi avoir alors plié face aux pressions il y a 5 ans ? Le Hellfest avait-il davantage besoin de cette subvention (et ce serait donc uniquement une question d'argent) ? Ou est-ce qu'annuler Phil Anselmo est impensable de par son "importance" et son statut dans la scène Metal ? Quoi qu'il en soit, en maintenant Down, Ben Barbaud fait plaisir à son "électorat", exactement comme il le reproche à Bruno Retailleau, qui, je cite "a voulu faire plaisir à son électorat et aux anti-Hellfest qui ont relayé ce buzz, qui avait déjà fait le tour des sites de metal.". Je ne sais pas si je dois m'en réjouir…

Killing Joke – Pylon

killingjoke-pylonChroniquer Killing Joke, en mode session de rattrapage (par ma faute, entendons-nous bien) ? Quelle blague. Il faut bien reconnaître que l’exercice remet à l’honneur l’humilité qui devrait caractériser toute personne prétendant écrire sur la musique. Killing Joke, c’est quand même quarante balais de coups dans la tronche, un univers musical marqué par l’ouverture grand angle et le défrichage des zones les plus arides de la création. Pas évident, de prime abord, tant ce Love Like Blood nous semble tellement familier à force d’avoir dansé, bu et peut être même chialé dessus. 
Et repartir de ce titre emblématique, donc forcément mal compris, constitue une bonne entrée en matière pour évoquer Pylon, le 18e opus officiel du groupe britannique mené par l’insaisissable Jaz Coleman. Au fil de 16 pistes (en version deluxe), Killing Joke revisite l’ensemble de ses univers : du post-punk option sombre au metal industriel dont il a posé une bonne partie des bases. N’y voyez pas la marque d’un groupe qui cherche son chemin plutôt la variété des modes d’expression d’un collectif qui a, plus que d’autres, expérimenté les extrêmes, la crasse et autres émotions que le commun réprime.


Dans ce Pylon, sur lequel l’auditeur est cordialement invité à venir se fracasser, comme le conducteur l’était dans Crash de David Cronenberg, on peut retrouver les syhthés, les guitares claires et le chant singulier de Jaz lors de la période new wave ; puis les murs d’accords cinglants déchirant une rythmique de marteau-pilon (encore !) de l’ère Democracy. L’album n’est que rupture de rythmes et alternance d’ambiances, quoi que, comme toujours chez Killing Joke, le sombre l’emporte toujours. En fait, cet opus pourrait se résumer, tout aussi bien, à sa pièce maîtresse : l’exigeant New Jerusalem. A croire que les premiers titres n’ont été écrits que pour nous préparer à son arrivée et, les suivants pour nous permettre de retrouver notre souffle. Entre deux uppercuts de l’acabit de I Am The Virus, le genre de titre qui fait passer Mike Tyson pour un poids-mouche, si vous voyez ce que je veux dire.

Après ces décharges, l’épique Star Spangled prend les allures d’une respiration bienvenue, malgré son rythme effréné. C’est aussi un des morceaux qui renvoie, peut-être, le plus aux débuts de Killing Joke. Si l’on omet, évidemment, l’usage des cordes mises en scène par un Jaz Coleman au sommet de sa maîtrise. Ses collaborations avec l’Orchestre national de Prague et l’Orchestre philharmonique d’Auckland ont laissé des traces sérieuses, qui marquent tant la composition que la production de cet album.
Pour le fan, ce Pylon n’apporte pas – vraiment – grand-chose. Sauf, évidemment, la confirmation que, malgré quelque quarante ans de carrière, la rage et l’énergie lyriques sont toujours au rendez-vous. C’est déjà suffisamment rare pour être salué. Pour les autres, l’écoute de cet album relève de l’indispensable. Si vous voulez savoir pourquoi Ministry, PigFace, Fear Factory et tant d’autres prêtent allégeance à Killing Joke.

Nathanaël Uhl (9/10)

Facebook officiel :www.facebook.com/killingjokeofficial
Site officiel :  www.killingjoke.com 

Spinefarm / 2015

Tracklisting : 1. Autonomous Zone 2. Dawn of the Hive 3. New Cold War 4. Euphoria 5. New Jerusalem 6. War on Freedom 7. Big Buzz 8. Delete 9. I Am the Virus 10. Into the Unknown 11. Apotheosis 12. Plague 13. 14. Star Spangled 15. Panopticon 16. Snakedance (Youth ‘Rattlesnake Dub’ Remix)

 

 


 

W.A.S.P. – Golgotha

Les mauvaises langues diront toujours à propos de Blackie Lawless et de sa bande qu’ils capitalisent sur une formule déjà bien rodée depuis les années 80s. Il est clair qui si vous souhaitiez de la nouveauté et de la prise de risque en vous lançant dans l’écoute de ce quinzième album studio : vous seriez pour sûr déçu ! Il y a pourtant eu quelques changements extra musicaux ces dernières années comme le fait que W.A.S.P.  ait signé chez la pieuvre tentaculaire  Napalm Records délaissant Demolition Records qui a fermé boutique et chez qui ils avaient signé leurs deux précédents efforts ou l’absence de Mike Dupke à la batterie qui était pourtant présent dans l’effectif depuis la période Dominator (2007). Le groupe a décidé d’évoluer en trio pour la composition et l’enregistrement de Golgotha à savoir : Blackie Lawless (guitares, chants et claviers), Doug Blair (lead guitares et chants) et Mike Duda à la basse. Un noyau dur stable depuis 2006 et qui avait accouché des albums Dominator (2007) et Babylon (2009). 

Personnellement je suis très friand des albums sortis dans les années 80 et 90 comme W.A.S.P. (1984), The Last Command (1985), The Headless Children (1989), The Crimson Idol (1992) et je n’ai pas trop suivi ce que W.A.S.P. a réalisé dans les 2000s. Je me suis quand même penché sur Dominator et Babylon ces dernières semaines afin de mieux appréhender ce Golgotha qui est sorti le 2 Octobre 2015. 

A la première écoute deux choses m’ont marqué et sont notables sur la totalité de l’album ! Tout d’abord le travail de production avec un son massif à l’unisson et non pas éclaté ou fragmenté comme c’était le cas au par avant ! Tout ici gagne en ampleur, en profondeur et en cohésion que ce soit la mise en valeur du chant et des harmonies vocales qui sont rappelons le la marque de fabrique du grand W.A.S.P. ou le son des instruments et des nombreux arrangements typés classique Rock 70s (l’occasion de rappeler le passif de certains musiciens passés dans les rangs de W.A.S.P. et venant de cette école classique rock 70s comme The Boyzz etc) . En ce sens la contribution additionnée des Fort Apache Studios de New York et Stagg Street Studios de Los Angeles ont donné une véritable cure de jouvence au groupe qui nous propose son matériel sous une forme très flamboyante !

J’ai vraiment apprécié l’ensemble des compositions. Quelles soient  Heavy metal / Hard Rock 80s comme sur « Scream » (ce morceau d’ouverture a un petit quelque chose de The Cult je trouve), « Last Runaway », « Shotgun » ou plus chaloupées avec de superbes arrangements comme « Slaves Of The New World Order », « Hero Of The World »  mais toujours avec un gros dynamisme et ces ligne d’harmonies vocales aux hymnes imparables ou quelles soient dans une veine Powerballade comme sur la très 70s et langoureuse « Miss You » ou les plus classiques « Fallen Under » et « Golgotha ».

Comme je le révélais en préambule W.A.S.P. ne surprend guère mais fait ce qu’il sait faire et propose avec réussite depuis tant d’années : un Hard Rock / Heavy Metal de qualité ! Golgotha est bien mieux peaufiné et je trouve ces compositions bien plus solides que celles qui nous étaient présentées sur les deux derniers albums en date. Je pense que c’est un album qui a les atouts pour partir à la reconquête des personnes comme moi qui avaient un peu lâché l’affaire ou celles plus jeunes qui ne connaissent pas bien ce groupe mythique des 80/90s ! Un album solide, efficace et cohérent qui est aussi un bon récapitulatif de la carrière du groupe et de ses origines musicales … un retour gagnant en somme !

FalculA (7/10) 


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Napalm Records / 2015
Tracklist (55:54) : 01. Scream 02. Last Runaway 03. Shotgun 04. Miss You 05. Fallen Under 06. Slaves Of The New World Order 07. Eyes Of My Maker 08. Hero Of The World 09. Golgotha.