Archive for mars, 2016

S’il existe une formation française qu’on ne présente plus à présent et m’ayant marqué plus que de raison ces dix dernières années, il s’agit bien des montpelliérains de Hypno5e. Je ne suis pas le seul à avoir succombé aux vues de la chronique de Acid Mist Tomorrow par Clayman dans nos colonnes. Une chronique que je partage entièrement ! Il faut dire que cette créature sonore a pris énormément d’aplombs et de caractères au file des années. C’est une sorte d’hydre à plusieurs têtes brassant Metal expérimental barré ou progressif,  musiques d’Amériques latines et approches cinématographiques,  le tout ayant pris racines aux débuts des années 2000 dans l’esprit fécond de Emmanuel Jessua (Chant, Guitare). Je pense que Hypno5e a à présent une stature internationale indiscutable, fort de 13 années d’existence, de 3 tournées américaines (en support de Gojira et The Dillinger Escape Plan), de plus de 300 concerts ainsi que de trois albums remarquables, il marche sereinement sur les traces et la reconnaissance  d’une formation comme Gojira ! C’est en tout cas ce que je leurs souhaite !

Tout n’a pourtant pas été simple pour Emmanuel et ses compagnons Gredin (Basse), Jonathan Maurois (Guitare), Théo Begue (Batterie) puisque qu’Hypno5e a dû surmonter depuis sa création une somme monumental d’obstacles et d’épreuves. En plus de la complexité de sa musique très audacieuse qui peut paraître à certains hermétique (mais c’est à mon sens nullement le cas) ainsi que le fait que cette musique aux contrastes violents ne fait aucune concession, ils ont décidé de tout gérer (et je dis bien TOUT) par eux-mêmes. Une démarche chargée d’abnégation et qui force le respect par les temps qui courent… 

Hypno5e nous revient donc quatre ans après Acid Mist Tomorrow avec ce tant attendu nouvel opus Shores Of The Abstract Light disponible depuis le 19 Fevrier 2016  via Pelagic Records (Mono, The Ocean, The Old Wind, etc …). Il a été maintes fois repoussé en raison de tous un tas de galères comme la perte intégrale du premier enregistrement,  je vous rappelle que cette formation fonctionne en autogestion et cela ne va pas sans désagréments. Un album accouché dans la douleur donc et c’est peut être ce qui le rend encore plus séduisant voire ultime comme nous allons le voir.  On retrouve tous les éléments qui caractérisent sa musique comme cette production très ample, au spectre large et organique. Je trouve même celle-ci plus chaleureuse que par le passé ! J’ai adoré ! Toutes les facettes de la versatile et complexe musique de Hypno5e sont traitées avec subtilité et justesse. Les arrangements sont toujours aussi impressionnants et c’est un des nombreux points fort de Hypno5e depuis ces débuts. Nos gaillards sont toujours aussi à l’aise et parviennent à conforter l’auditeur dans ce vortex de violentes contorsions épileptiques aux riffs et polyrythmies saccadés contrastant avec les atmosphères climatiques, acoustiques et progressives plus chaleureuses et contemplatives. Les complexes et évolutives compositions contenues dans les deux premiers mouvements de l’album  « East Shore – Landscape in the Mist », « East Shore – In Our Deaf Lands », « West Shore – Where We Lost the Ones » et « West Shore – Memories » sont éloquentes dans ce domaine et auraient très bien pu figurer sur l’album précédent mais attention car tout est plus « efficace » et bien mieux mis en valeurs.

Sur un titre court et très émouvant « Central Shore – Tio » chanté en espagnole et majoritairement acoustique, Hypno5e fait preuve d’une force de persuasion rare et ultime. J’ai adoré la mélancolique avec des cris de désespoirs déchirant la plénitude de ce morceau.  C’est comme les titres « North Shore – The Abstract Line » et « North Shore – Sea Made of Crosses » des compositions là encore assez courtes et qui rappellent Gehenne II et III mais avec encore plus d’amplitude et toujours un accroche plus efficace que par le passé ! L’album se termine sur une très longue composition d’une quinzaine de minutes qui est dans la pure tradition de Hypno5e, une bien belle manière de clôturer l’album !

J’ai aussi remarqué un domaine où le groupe fait preuve d’une plus grande diversité là où il était un tantinet plus restreint par le passé, il s’agit des vocaux extrêmes. En effet ils sont moins linéaires qu’ils pouvaient l’être sur Acid Mist Tomorrow et à de nombreux passages sont plus graves en délaissant un peu l’aspect nasillard qui pouvait avoir tendance à lasser un peu sur la longueur au par avant. Pour ce qui est des vocaux clairs c’est une nouvelle fois du grand art et il y a de grandes chances pour que vous y succombiez ! Quant aux séquences narratives et autres samples de dialogues de films, ils sont tout bonnement géniaux et occupent une part telle au sein de l’album qu’ils sont employés pareils à du chant ou à un autre instrument ! C’est un élément primordial et un pur délice !

Bref Hypno5e se surpasse à tous les niveaux et excelle dans tous les domaines de sa musique. Malgré les obstacles qu’il a dû surmonter, on peut dire sereinement que Shores Of The  Abstract Light ne soufre d’aucun défaut ! C’est une œuvre imparable d’un Metal moderne, intense et évolutif qui vient rejoindre les productions de formations telles que Gojira a pu en fournir par le passé ou comme Eryn Non Dae. (chronique ici), Grorr (chronique ici) ou S.U.P. ont su nous gratifier ! Je vais même jusqu'à dire que Hypno5e me rappelle la démarche qu'un Ange avait dans les 70s, vous allez me dire que j'y vais fort mais moi je maintiens ! Hypno5e nous pond des chefs d’œuvres en cultivant l’art de l’évasion toujours avec omniscience et grande philosophie ! J’ai aimé le fond et la forme du travail accompli. Je vous encourage grandement à découvrir et supporter ce groupe si vous ne les connaissez pas déjà. 

FalculA (9/10)

 
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Pelagic Records / 2016 
Tracklist (61:43) :  I. East Shore – Lanscape in the mist II. East Shore – In Our deaf lands III. West Shore – Where we lost the ones IV. West Shore – memories V. Central Shore – Tio VI. North Shore – The Abstract Line VII. North Shore – Sea made of crosses VIII. South Shore – Blind Man's Eye.

oshy_13032016_AmphetamTrois ans après At the Dawn of Twilight (chronique ici) les rémois d’AMPHETAMIN se rappellent à notre bon plaisir avec un deuxième album sous le bras, A Flood of Strange Sensations. Sebastian reste plus que jamais le capitaine de ce navire et même parfois le seul membre de l’équipage. Ce musicien complet s’est occupé de tout (composition à l'enregistrement et du mixage au mastering, jusqu'à la création de la pochette) et livre, comme sur ses disques précédents, une œuvre très personnelle.

Notre ami n’a pas trouvé le bonheur et continue de s’épanouir (créativement parlant en tout cas) dans une atmosphère lourde et mélancolique. Au lieu de jeter un voile pudique sur les peurs et les angoisses ancrées dans son inconscient, il les explore méthodiquement et nous invite à faire avec lui un bout de ce voyage. Les traits de lumière seront rares et précieux. Dans un genre rock progressif / post rock, chaque chanson laisse entrevoir un nouveau paysage sonore. Le ton est majoritairement empreint de tristesse et de gravité avec ici et là des sursauts d’intensité variable. La guitare peut tantôt se faire plaintive tantôt brutale et tranchante. Un « Endless Nights » trsè rock n’est pas sans rappeler un MUSE, mais cela tient beaucoup au chant de Sébastian qui évoquera à certains Matthew Bellamy pour cette façon assez lancinante d’aborder la voix et les montées dans les aigus. Malgré l’ambiance générale, A Flood of Strange Sensations apparait plus positif, plus chaud que son prédécesseur. Cela tient peut-être à une moindre utilisation de cuivres, une musique plus fluide et moins heurtée. Le chanteur semble continuer à prendre confiance au niveau de chant et s’affirme encore plus. L’ombre d’un Jeff Buckley apparait ici et là. Difficile d’extraire deux ou trois titres en particulier de cet album, tous ont leur place et forment un tout riche et cohérent. Les deux plus longues compositions, « The Haunted One » et « Different Colours of Tears » émergent un peu du lot malgré tout par leur foisonnement de mélodies, de rythmes et d’intensités. AMPHETAMIN se montre-là à son meilleur.

Les ténèbres, froids et obscures possèdent une force d’attraction et de séduction impressionnante. Ce qui est vrai pour un CULT OF LUNA s’applique aussi ici mais si le propos est moins violent et extrême musicalement parlant. A l’image de la pochette, le voyage ne s’annonce pas doux et joyeux mais la vie est faite ainsi. Pour mettre la main sur ce petit bijou, qui sortira en version physique grâce à une campagne Ulule couronnée de succès, rendez-vous sur le site internet ou la page Facebook du groupe !

Oshyrya (08/10)

 

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Autoproduction / 2016

Tracklist (59:52 mn) 01. Devotion 02. The Threshold 03. Once Upon a Tree 04. Stranger on an Island 05. Endless Nights 06. The Haunted One 07. Neverland 08. Favourite Doll 09. Thoughts in the Water 10. Ghostly Place 11. Different Colours of Tears

oshy_13032016_ToothgrinLes américains se réclament de l’école métal progressive. Pourquoi pas même si la signification de cette étiquette semble avoir bien changé depuis quelques années. N’imaginez surtout pas un clone de DREAM THEATER ou QUEENSRYCHE, le quatuor du New-Jersey apprécie peut-être ses groupes mais leur propre cocktail possède bien plus d’agressivité et d’acidité. Nous sommes ici plus proche d’un Death mélodique à la SOILWORK et consorts ou du mouvement djent.

TOOTHGRINDER est né en 2010 à Asbury Park dans le New Jersey. L’année suivante, ils font leurs premiers pas discographiques avec Turning of the Tides, en EP enregistré à The Hang Zone. Fin 2012, la suite logique arrive sous d’un second EP, Vibration/Colour/Frequency. Les voici prend à faire le grand saut et à nous montrer de quoi ils sont vraiment capable sur la longueur d’un album complet.

Les chansons proposées se veulent directes et concises, en grande majorité autour des trois minutes. Dès les premières secondes de « The House (That Fear Built) » le ton est donné avec une offensive en règle avec guitares tranchantes, section rythmique furieuse et chant hurlé rempli de rage et de conviction. Reconnaissons que les américains affichent un belle force de frappe et on tout compris quant à la façon d’accrocher l’auditeur. Les compositions possèdent un joli caractère et un charme certain. Le schéma se répète titre après titre, que nouveau coup de boutoir enfonce le clou un point plus loin. La multiplication des breaks n’est pas sans rappeler l’école djent chère à leurs petits camarades de PERIPHERY. Ces deux groupes se ressemblent d’ailleurs beaucoup et les fans des uns devraient apprécier sans modération les autres. Il faudra attendre « I Lie in Rain » pour que TOOTHGRINDER calme (légèrement) le jeu histoire de laisser à l’auditeur l’opportunité de reprendre son souffle. Les hostilités reprennent par la suite jusqu’au titre final, un « Waltz of Madmen » plus posé mais pas moins riche d’émotions et d’énergie.

Avec Nocturnal Masquerade, les américains de TOOTHGRINDER affichent de belles dispositions et montrent de quel bois ils se chauffent. Ils ne manquent pas d’arguments pour se faire plus largement connaître et multiplier les dates de concert dans nos contrées. Contrairement à leurs compatriotes de PERIPHERY, ils ont fait le choix de la concision en ne multipliant pas les chemins de traverse. Leurs chansons deviennent ainsi beaucoup plus digestes et agréables sans dénaturer ni leut technicité ni leur complexité.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Spinefarm Records / 2015

Tracklist (42:05 mn) 01. The House (That Fear Built) 02. Lace & Anchor 03. Coeur d'Alene 04. I Lie in Rain 05. Blue 06. The Hour Angle 07. Dance of Damsels 08. Diamonds for Gold 09. Nocturnal Masquerade 10. Dejection/Despondency 11. Schizophrenic Jubilee 12. Waltz of Madmen