Archive for mars, 2016

Pour ceux qui ont connu la rubrique « Black, Death, Doom et ses amis » qui paraissait à l’époque dans Hard Rock magazine, la musique de THE PETE FLESH DEATHTRIP est un peu à l’effigie de tout le Metal extrême typique des 90s qui y était exposé chaque mois. Il s’agit du projet du baroudeur suédois Peter "Pete Flesh" Karlsson (ex-Deceiver, ex-Embryo, ex-Thrown, ex-Flesh, ex-Harmony, ex-Torment, ex-Maze of Torment, ex-The Mortician Dead) qui a sorti son premier album Mortui Vivos Docent en 2013 chez Pulverised Records ( album entier en écoute ici). La formation nous dévoile via Youtube une vidéo de "The Sun Will Fail" extrait de son prochain album Svartnad à paraître chez Critical Mass Recordings (site ici et facbook là) le 16 mai prochain. Affaire à suivre car selon les dires de FalculA, Pete est un artiste doué et un formidable défenseur de cette cause Black Death Doom Metal 90s.

Facbook Officiel

C’est à la suite de Oshyrya qui nous parle très bien du Split EP Råångest rassemblant Cult Of Luna et The Old Wind en chronique ici que je me lance dans le décryptage du second album de The Moth Gatherer. C’est étrange car il m’ait souvent arrivé par le passé d’évoquer Cult of Luna et The Moth Gatherer en même temps et il me semble même avoir acheté A Bright Celestial Ligh et Vertikal quasiment dans la foulée puisque ils sont sortis à 2 mois d’intervalle l’un de l’autre dans le courant de l’année 2013. Tout ça pour vous dire qu’en plus de venir du même pays la Suède ces deux formations sont assez proches et ont des univers musicaux communs. 

 The Moth Gatherer a débuté son aventure courant 2008 sous l’impulsion de Victor Wegeborn (guitares, chants et programing) et  Alex Stjernfeldt (basse et chants) qui souhaitaient à l’époque expérimenter un nouveau son progressif, atmosphérique et emprunt de mélancolie. Ils ont été rejoint peu de temps après par Svante Karlsson un batteur et ont entamé un long processus de compositions qui a abouti en 2010 à démarer les sessions d’enregistrement de leur premier album A Bright Celestial Ligh (en écoute ici) très bien accueilli par la critique qui sortira sur le label polonais Agonia Records trois années plus tard. Ce premier effort reçut un très bon accueil et distillait un envoutant alliage de Doom Metal, de Sludge et de Postcore enrobé de tournures Postrock, atmosphériques ainsi que d’expérimentations Ambient ou Electro. En 2014 le trio est rejoint par un second guitariste Ronny Westphal pour les épauler dans l’objectif de se produire en live.

Avant toute chose je voulais vous dire que j’ai été immédiatement interpellé par la pochette de ce dernier album ! Il s’agit d’une superbe œuvre d’un artiste peintre nommé SCG (instagram ici et facebook là) qui est vraiment très beau. Le travail artistique ne s’arrête pas là puisque une autre artiste peintre suédoise EJG ( facebook ici) a été mise à contribution pour élaborer six illustrations du livret intérieur en rapport avec les six compositions de l’album. Tout ceci fait preuve d’une démarche cohérente et très suave en mettant formidablement bien dans l’ambiance afin de provoquer chez l’auditeur ce sentiment d’évasion qui colle si bien à la musique du concept édifié par The Moth Gatherer. Comme pour le premier album The Earth Is The Sky sort sur Agonia Records et a suscité une très longue période de compositions et d’enregistrements. Il s’est déroulé sur près de deux années ainsi que par l’intermédiaire de plusieurs studios pour les prises de son, le groupe nous explique d’ailleurs que ce processus de composition ne s’est jamais réellement arrêté entre les deux albums. 

Pour en revenir à ce que je disais en préambule à cette chronique, un autre point commun rapproche cet album du Split EP Råångest rassemblant Cult Of Luna et The Old Wind, il  s’agit du son car il a été mixé et masterisé par Daniel Lidén ayant également bossé sur l’identité sonore de The Old Wind ainsi que pour d’autres formations comme Dozer, Switchblade ou Terra Tenebrosa. Autant vous dire que l’album a une superbe production ample et puissante juste comme il le faut et qui regorge néanmoins de subtiles et délicieux arrangements atmosphériques ou électroniques. Il est aussi rempli de contributions ou invités puisque on retrouve David Johansson de Kongh, Wacian de Code, The Cuckoo de Terra Tenebrosa ainsi que Thomas Jäger de Monolord.

L’album s’ouvre sur une composition typique pour The Moth Gatherer  «  Pale Explosion », vous comprendrez là encore aisément le rapprochement que je fais avec la musique de Cult Of Luna (surtout sur leur album Vertikal). En effet les deux formations exposent une même lourdeur, puissance au niveau des  riffs ou des rythmiques lentes qui sont proches du Doom Metal ainsi qu’une effervescence d’effets Industriel Electro aux claviers chargés de couleurs très Cold Wave. Comme lui, il peut se montré chaotique et d’une force d’attraction peu commune cependant et c’est extrêmement bien illustré sur ce morceau, The Moth Gatherer arbore des contours bien plus mélodiques ainsi que certaines fulgurances harmonique souvent proche de la bonne Pop Rock froide comme ce phrasé en vocaux claire à 01:15. Sur « Attacus Atlas » qui évolue là encore sur des rythmiques pachydermiques et des atmosphères Cold Wave, ce sont les ressors rythmiques qui sont d’une fulgurance rare et imposent une dynamique ultime ! J’ai aussi adoré ce titre pour ces vocaux vraiment dark et presque Black Death pour leur style Postcore / Sludge, on retrouvera également sur les deux dernier morceaux que sont « The Black Antlers » et le très long ultra atmosphérique « In Awe Before The Rapture » (wow on dirait presque du My Dying Brise par moments) ces vocaux très Dark. Tout est très bon ici et même quand The Moth Gatherer se lance dans un morceau entièrement instrumental comme « Probing The Descent of Man » ou entièrement Ambient Electro comme « Dyatlov Pass », il fait mouche et reste très attractif ! 

Comme vous pouvez dès à présent le percevoir à ce niveau de ma chronique dans la teneur de mon propos : j’ai énormément apprécié l’invitation au voyage que le groupe expose tout du long des six longue compositions de The Earth Is The Sky. Bon, il est vrai que j’étais déjà assez fan au départ mais là il faut avouer que The Moth Gatherer se surpasse à tous les niveaux et nous assène une œuvre conséquente, contemplative, puissante, très sombre, remplie d’émotions et expérimentale à la fois. Un coup de maître et très certainement pour moi dores et déjà un album incontournable de l’année en matière de Postcore Sludge progressif et atmosphérique. Il n’y a pas à dire : le travail et l’abnégation paie toujours à l’arrivée !

FalculA (9/10)


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Bandcamp Officiel ou l'album est en streaming complet.


Agonia Records / 2016
Tracklist (48:55) : 01. Pale Explosion 02. Attacus Atlas 03. Probing The Descent of Man 04. Dyatlov Pass 05. The Black Antlers 06. In Awe Before The Rapture.

Pay Me, I’m an Artist

C’est grâce à Sven d’Aborted (ou à cause de Sven, je n’arrive pas à me décider) et un de ses posts sur Facebook que j’ai pris connaissance de l’initiative des Australiens de Ne Obliviscaris. Une initiative qui vise à révolutionner l’industrie de la musique. Un crowdfunding récurrent, avec mensualités et contreparties plus ou moins intéressantes en fonction du montant. Il existe même un pack à 250 boules par mois. DEUX CENTS CINQUANTE BOULES. CHAQUE MOIS. Je pense que je ne dépense même plus ce montant en achats musicaux divers et variés, tous groupes confondus. Mais nos amis les kangourous partent sincèrement du principe que quelqu’un sera prêt à leur verser 250 euros par mois… mais pour quoi, au fait ?

La raison sous-jacente de cette initiative est la décision du groupe de pouvoir se consacrer intégralement à la Musique avec un grand M, sans devoir se soucier de ces considérations futiles que sont l’argent et un travail annexe pour en gagner (parce que bon, ils sont de moins en moins nombreux, ceux qui peuvent vivre de leur musique, et c’est en grande partie à cause de nous, de l’évolution de notre comportement vis-à-vis de la musique et de sa consommation, mais c’est un autre point qui mériterait à lui seul un article). Ce sont des Artistes, pas de vulgaires tâcherons réduits à devoir travailler comme le vulgum pecus et à y mettre de leur poche pour concrétiser leurs projets. À l’instar d’un Wintersun, Ne Obliviscaris donne l’impression d’un groupe avançant des arguments certes compréhensibles pour justifier leur décision, mais aussi détachés de la réalité. Certains y voient un nouveau type de mécénat ; d’autres, une nouvelle forme de mendicité.

J’ai un peu de mal à me positionner face à ce phénomène. J’ai déjà participé à des projets de crowdfunding, parce que le projet m’intéressait, parce qu’il permettait de concrétiser un objectif précis (un nouvel album, par exemple), parce que le groupe avait décidé de s’affranchir de tout label, de tout intermédiaire… Ici, ce n’est pas le cas. Aux dernières nouvelles, les Aussies sont toujours bien au chaud chez les Phocéens de Season Of Mist, et cette nouvelle forme de financement vient s’ajouter à leurs « revenus » actuels (difficiles à estimer). Comment cet argent sera-t-il concrètement utilisé ? N’y a-t-il pas un risque d’utilisation abusive au vu de la description somme toute très vague du projet (parce qu’au fond, ils cherchent un financement suffisant pour ne plus devoir travailler et pour se consacrer à 100 % à leur musique, on n’est pas dans le financement d’un album comme l’a fait The Project Hate MCMXCIX à trois reprises) ? Ce confort financier est-il vraiment nécessaire, surtout lorsque l’on voit ce que d’autres groupes établis arrivent à faire malgré leur « vrai » job ? Prenez Suffocation, par exemple : Frank ne peut tourner que deux semaines par an en raison de son boulot. Le groupe s'est-il pour autant arrêté ? Non. Il fait appel à d'autres chanteurs. Depuis trois ans, c'est Ricky Myers qui aide le groupe en live. En creusant un peu, je pourrais trouver des dizaines d'exemples similaires à celui de Suffocation…

Je me souviens d’une discussion avec deux membres du groupe Red Fang qui me racontaient les conditions de tournée aux States, les salles pourries, la bouffe dégueu, les congés pris pour pouvoir partir en tournée sans la moindre certitude d’avoir toujours son job en rentrant… J’avais pris une claque dans la gueule ce jour-là. J’avais compris que le monde du Metal, ce n’était pas forcément trois semaines de fiesta en backstage avec binouzes à volonté. Et Ne Obliviscaris, aujourd’hui, me donne l’impression d’un groupe qui veut se faire payer son confort (par ses fans) sans pour autant s’affranchir de la main qui le nourrit (son label). Et je comprends tout à fait la réaction de certains artistes choqués par cette démarche.

« On peut être fan et soutenir un groupe sans pour autant lui payer tous ses caprices ».  C’est sur ces mots que j’avais fini mon article sur le crowdfunding. Ne Obliviscaris a ouvert une nouvelle porte, et d’autres groupes risquent bien de s’engouffrer dans cette voie. Une bonne idée ? Oui, pourquoi s’en priver si ça fonctionne ? L’avenir de l’industrie musicale ? Seul le temps nous le dira… Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : on aura jamais autant parlé de Ne Obliviscaris que depuis qu’ils ont lancé cette idée…
 

Addendum (09/03) : à la suite de la remarque d'un confrère qui me faisait remarquer que Ne Obliviscaris est un groupe australien et que cela implique des dépenses imcompressibles, j'ai contacté Psycroptic, un groupe dont la situation géographique est comparable et qui tourne souvent. Voici la réponse de Dave :

well, can still tour as we do things on the cheap – cheap van rental, minimal crew, cheap flights etc. It is still VERY expensive and we all still work day jobs to help pay for it. But when done smart, we can make some money from it. While Im not for or against what NeO are doing, it doesnt feel right for a band such as psycroptic to go down this path. we are hard working, and working other jobs helps us appreciate the touring side more and the effort we put in to make it happen.

Pour ceux qui ne parlent pas anglais : on arrive à toujours tourner parce qu'on fait attention à nos réponses : on loue un van pas cher, on a une équipe réduite au minimum, on prend des vols pas chers, etc. Oui, ça reste TRÈS cher, et nous avons tous un job qui nous aide à payer ses frais. Mais si on fait les choses intelligemment, on arrive tout de même à se faire un peu d'argent. Je ne suis pas pour ou contre l'initiative de NeO, mais ce serait bizarre, pour un groupe comme Psycroptic, de s'engager sur cette voie. On travaille dur, et nos jobs nous aident à encore plus apprécier les tournées et les efforts consentis pour pouvoir partir en tournée.

En bref, c'est une question de choix, de volonté. Comme le disait Airbourne, un autre groupe australien : There ain't no way but the hard way so get used to it