« On en avait marre d’attendre le prochain Dark Funeral, alors on l’a fait »
Je devrais créer un nouveau concept, le « slogan-chronique », une phrase accrocheuse qui résume parfaitement l’album. Après, tout dépend de l’album abordé, mais ici, l’occasion était tellement belle, le slogan tellement facile à trouver que je n’ai pas pu m’en empêcher. Oui, Nordjevel fait du Dark Funeral, mais putain il le fait bien.
Tout d’abord, cette section rythmique, ou plutôt devrais-je dire ce batteur (parce que la basse, on s’en fout, elle est noyée dans le tas) : que ce soit dans les (rares) passages posés ou dans ses envolées blastbeatesques, il domine les débats avec une affolante régularité. Bordel, ces enfilades de toms ! Foutredieu, ces blasts venus de nulle part ! Et ces avalanches de double-pédale accompagnées d’une caisse claire un poil ralentie… Tout le manuel du petit cogneur black metalleux y passe, et le bougre le connait sur le bout des doigts.
Puis, il y a le chant, bien haineux, qui n’est pas sans rappeler celui d’un Emperor Magus Caligula (Dark Funeral, bien entendu). À ce niveau-là aussi, rares sont les petites folies ou les expérimentations. Le frontman connaît son taf et a su trouver le timbre qui colle parfaitement au propos. Rien d’audacieux, donc, mais efficace en diable.
Et enfin, la guitare. Nordjevel est une vraie usine à riffs. Et vas-y que je te balance un bon riff qui tronçonne, et pan la petite ligne de gratte un poil mélodico-vicieuse dans les dents, et boum le riff entrainant as fuck qui vient se loger dans ton cortex et n’en décolle plus. Toujours rien de vraiment audacieux, ça titille le subconscient « mais j’ai déjà entendu ça quelque part… non, je me trompe, c’est du neuf… mais si bordel, j’ai le morceau sur le bout de la langue… ».
La performance de Nordjevel est impressionnante, parce que Nordjevel vient de sortir le meilleur album de Dark Funeral depuis 10 ans. Pis encore : Dark Funeral s’apprête à sortir son nouvel opus d’ici quelques semaines / mois, et j’oserais parier que Nordjevel sera un cran au-dessus, tant il a su s’approprier le son de Dark Funeral pour en faire quelque chose d’à la fois neuf et de familier. On appelle ça « l’élève qui dépasse le maître ».
Mister Brute Porn (8,5/10)
Osmose Productions / 2016
Tracklist (45:46) 1. The Shadows of Morbid Hunger 2. Sing for Devastation 3. Djevelen i Nord 4. The Funeral Smell 5. Denne tidløse krigsdom 6. Blood Horns 7. Det ror og ror 8. Når noen andre dør… 9. Norges sorte himmel